1La construction d’une usine de semences à Pierrelatte au lieu-dit Faveyrolles a justifié la prescription d’une fouille par le SRA suite au diagnostic (Chatellier 2016) réalisé précédemment dans ce secteur des Serres de Pierrelatte. La destruction des sols depuis plusieurs siècles a considérablement diminué les possibilités d’analyses (structures arasées, pas de paléosols conservés) mais de précieuses informations sont néanmoins ressorties de cette fouille, notamment la possibilité d’étudier un site archéologique en lien avec son milieu paysager.
2La superficie totale du décapage est de 3 342,01 m2, réparties en une zone principale et deux zones secondaires (fig. 1). Des structures archéologiques ont été identifiées sur 30 % de l’emprise de fouille. Ces entités, qui sont au nombre de 81, dont 25 ont pu être fouillées, sont réparties sur deux des trois emprises de fouilles. La troisième emprise, au sud de l’emprise principale, a été réservée au sondage profond nécessaire pour l’étude d’un paléochenal.
Fig. 1 – Plan des emprises de fouille et des structures découvertes
DAO : C. Chatellier (Inrap).
3Le recouvrement moyen des structures se situe dans une assiette moyenne de 0,30 m à 0,50 m d’épaisseur. L’analyse géoarchéologique nous indique que les sols situés sur le site ont subi des séquences d’incisions et d’exhaussement par alluvionnement. C’est dans ce contexte qu’un paléochenal (environ 50 m de large et presque 3 m de profondeur : paléo Echaravelles ?) incise les dépôts sédimentaires graveleux avant le iie s. apr. J.-C. puis commence une phase de sédimentation (tourbe) dès le iie s. apr. J.-C., dû certainement à la déconnection du chenal avec le système hydrologique principal. Le comblement du paléochenal se poursuit par des alluvions minérales jusqu’au xixe-xxe s, date où des remblais issus du démantèlement des sols alentours sont amenés (présence de mobilier antique).
4Une occupation laténienne, représentée par quelques fosses et un fossé dans l’emprise occidentale, s’implante en bordure du paléochenal. Ces modestes vestiges sont néanmoins les premières structures agro-pastorales fouillées dans ce secteur (fig. 2).
Fig. 2 – Amphores et céramique du second âge du Fer, contenues dans la fosse F.98
Cliché et DAO : C. Bellon, J.-C. Sarrasin (Inrap).
5Durant le ier s. apr. J.-C., une occupation antique est attestée sur l’emprise principale par la présence d’un trou de poteau et d’une fosse.
6C’est également de la même période qu’est daté le creusement d’une vaste fosse d’extraction de limon (fig. 3), dont les dimensions imposantes (830 m2, plus d’un mètre de profondeur) permettent d’utiliser l’appellation de carrière pour cette structure conséquente. Le comblement de cette entité comprend du mobilier daté des iie s. et iiie s. apr. J.-C. et de rares fragments du Néolithique. Un fossé, daté des ier-iiie s. apr. J.-C., qui s’intercale dans la stratigraphie complexe de cette carrière, indique que le secteur durant, sa phase de remblaiement, est encore entretenu. De nombreuses structures très arasées, dont le mobilier date les comblements des iie s. et iiie s. apr. J.-C., se situent autour de la carrière : puits (fig. 4), trous de poteaux, drains, fossés, fosses et les vestiges de ce qui pourrait être deux bâtiments dont les fonctions n’ont pu être clairement identifiées.
Fig. 3 – Carrière de limon
a, vue en cours de fouille d’après un film promotionnel de l’aménageur 2016 ; b, relevé en plan.
DAO : C. Chatellier (Inrap).
Fig. 4 – Puits antique F.1
Clichés et DAO : C. Chatellier (Inrap).
7Après un hiatus de près de 1 500 ans, l’occupation du site se poursuit avec la création de la ferme Varronier à la fin du xviiie s. et l’installation des Serres de Pierrelatte dans les années 1980, lesquelles engendrent, durant ces deux siècles, de nombreuses transformations des sols.
