1À la demande du service des Espaces naturels sensibles du département de l’Isère, représenté par Corinne Ribault et Nathalie de Yparraguyrre, une opération de sondages archéologiques d’évaluation s’est déroulée dans l’Espace naturel sensible du Peuil à Claix du 13 au 24 juin 2016. Outre la présence de Pierre Bintz, président de l’AVDPA (Association pour la valorisation et la diffusion de la préhistoire alpine), l’opération a mobilisé une équipe professionnelle de Paléotime recrutée en CDD sur les deux semaines de l’opération de terrain.
2L’objectif de la mission était d’évaluer le potentiel archéologique, toutes périodes confondues, par la réalisation d’un sondage ciblé sur une station préalablement définie. Cette mission vient en complément de l’étude archéobotanique réalisée par Jacqueline Argant en 2010 (Argant et al. 2010). Une convention a été établie entre l’AVDPA et le département, régissant les modalités financières et scientifiques de l’opération. Le financement a été assuré par le département de l’Isère (19 k€) et l’État (0,8 k€).
3Le bloc no 1, BL1, proposant un surplomb restreint mais « accueillant » pour un bivouac, a fait l’objet d’un sondage de 4 m2. La stratigraphie se compose de trois horizons :
- A – un horizon superficiel épais, charbonneux, d’environ 20 cm ;
- B – une interface « tardiglaciaire »/horizon charbonneux = horizon archéologique ;
- C – un substrat argileux profond, d’origine périglaciaire, stérile.
4L’horizon B, tamisé à l’eau, a livré une série de 198 silex taillés, esquilles comprises, ainsi que plusieurs éléments osseux et des dents de petit(s) ruminant(s) de la taille du chamois. La série de silex, dont l’étude a été confiée à Jocelyn Robbe (Paleotime), propose des éléments hérités de l’Épipaléolithique, comme les burins et les grattoirs, ainsi que des éléments pouvant être attribués à la culture mésolithique au sens large, ceci dans une « ambiance » lamino-lamellaire affirmée. Après une « première lecture », nous attribuons la majeure partie de ces silex à un Mésolithique ancien de tradition épipaléolithique datable provisoirement d’environ 10 000 ans av. J.‑C.
5Il est possible qu’à cette période l’espace ne soit pas encore complètement colonisé par la forêt. L’examen palynologique sera précieux dans ce sens. Le matériau silex utilisé semble provenir du Val de Lans, via le plateau de Saint Ange et le Col de l’Arc (un à deux jours de marche) et du plateau de Vassieux-en-Vercors (Drôme) pour quelques rares objets (trois à quatre jours de marche). Nous sommes en présence d’un probable bivouac de chasseurs de courte durée situé dans cet axe de cheminement. Cette découverte représente une « première », car elle est exceptionnelle du fait de la culture représentée dans ce contexte préalpin et, surtout, sur ce versant du Vercors.
Fig. 1 – BL1, Bloc 1 : stratigraphie schématique
DAO : P. Dutreuil, R. Picavet, P. Tacussel (Paléotime).
Fig. 2 – Plan et profil ouest de BL1, Bloc 1
En haut, vue en plan, implantation du carroyage ; en bas, vue de profil.
DAO : équipe de fouille, P. Dutreuil, P. Tacussel (Paléotime).