1Cette nouvelle campagne de sondages préventifs, menée dans le quartier de Tully à Thonon-les-Bains, était attendue et devait fournir l’occasion d’étudier l’extension du site antique et médiéval mis en évidence en 2013 entre l’avenue de Champagne et la chapelle de Tully. Dix-huit sondages supplémentaires ont pu être implantés sur les 6 426 m² concernés par le projet de construction de quatre immeubles avec parking souterrain, destinés à fournir 80 nouveaux logements dans ce quartier déjà densément peuplé.

2L’emprise diagnostiquée en 2015 est située à cheval sur le ressaut entre deux très basses terrasses würmiennes étagées. Ces niveaux fluvio-glaciaires sont recouverts par un glacis colluvial polyphasé, qui façonne en partie la topographie et atténue le dénivelé entre les deux terrasses. Deux premières phases de colluvionnement sans indice d’anthropisation ont été mises en évidence. La première date d’une période holocène où les sols, au sens pédologique, étaient peu développés sur le versant du lac Léman. La seconde, plus répandue et puissante, est postérieure au développement de sols sur ce même versant. Postérieurement, et, potentiellement, à partir de l’Antiquité, deux nouvelles phases de colluvionnement ont été mises au jour. Elles ont été alimentées essentiellement par l’érosion de sols et contiennent parfois un « bruit de fond » anthropique.

3Si l’hypothèse d’un axe de circulation du sud-est vers le nord-ouest, envisagée à l’issue de l’opération de 2013 semble se confirmer, la forme de ce chemin diffère sur les nouvelles parcelles explorées. Les indices observés cette année évoquent davantage un chemin creux, très arasé, dont le comblement contient à la fois des fragments d’amphore africaine, et un carreau de poêle en céramique verte sur engobe. Ce dernier s’apparente à un carreau plat avec un motif caractéristique de « pointes de diamant » losangiques, modèle que l’on trouve dès le xv^e et surtout au xvi^e s. Ces nouveaux éléments posent la question de l’éventuelle pérennité de cet axe viaire, ou d’une datation plus récente, le chemin ayant pu perturber les niveaux antiques du site voisin. Ce dernier, caractérisé par deux bâtiments identifiés en 2013, perdure, on le sait, au haut Moyen Âge, comme l’atteste la présence d’une tombe d’enfant des vi^e-vii^e s. Le bâtiment le plus au nord ne se prolonge pas sur l’emprise diagnostiquée cette année : les nouveaux sondages permettent d’être formels. Seul un fond de fosse foyère contemporaine du site gallo-romain témoigne d’un contexte périphérique. Le long bâtiment 2 de 2013 doit nécessairement se refermer au niveau de la limite parcellaire séparant les deux emprises diagnostiquées. La nature du site antique de Tully ne peut donc toujours pas être déterminée.

4En revanche, pour l’époque moderne, on sait avec certitude que les terrains concernés par le projet sont plantés en vignes, cette activité agricole ayant laissé dans le sous-sol divers drains et fosses d’épierrement.