1Implanté sur une colline dominant Chambéry, l’ancien couvent de la Visitation est l’héritier d’un prieuré-cure fondé au xi^e s. par l’abbaye bénédictine lyonnaise d’Ainay dans la villa de Lemenc, connue comme domaine impérial en 867 et offerte par le roi de Bourgogne Rodolphe III et sa femme Ermengarde autour de 1029. Jusqu’à présent, la plus ancienne construction connue sur le site était une rotonde du xi^e s., incorporée dans la crypte de l’église reconstruite de 1490 à 1513. En 2015, un précédent diagnostic, pour la création de jardins familiaux, au pied du couvent, a démontré une occupation du site depuis au moins le Bas-Empire. Il a livré en outre une abside et une absidiole d’un édifice postérieur à 347-348, sans doute une église ou une chapelle.

2La conversion de l’établissement religieux en immeuble de 39 logements a occasionné un diagnostic couvrant les 9 000 m² du projet et portant sur les ailes nord et est du couvent, la terrasse orientale et les parties nord et ouest du clos monastique. Le diagnostic a comporté deux volets : un repérage du bâti antérieur au xix^e s. et des sondages dans les espaces autour des bâtiments, où divers aménagements (piscine, garage et réseaux) étaient susceptibles de toucher au sous-sol.

3Les bâtiments conventuels ont subi de nombreuses transformations au cours des trois siècles précédents. Les cisterciens Feuillants s’installent à Lemenc dans le premier quart du xvii^e s., après l’éviction des bénédictins. Les visitandines achètent le couvent en état de ruine en 1808 et réalisent de gros travaux pour y installer un pensionnat, avec, notamment, le prolongement de l’aile nord vers l’ouest et la construction d’une chapelle qui sera détruite par le bombardement du 26 mai 1944. Enfin, le pensionnat est cédé en 1956 aux Sœurs de Saint-Joseph, qui réalisent à leur tour d’importants travaux de rénovation.

4Les travaux des xix^e et xx^e s. ont profondément remanié l’édifice construit par les Feuillants. Ce dernier n’avait lui-même épargné les maçonneries médiévales qu’à la jonction de l’aile orientale avec l’église. C’est donc sur cette petite zone que s’est concentrée l’étude préliminaire du bâti, avec plusieurs sondages réalisés à l’entresol et au premier étage. Elle a permis d’esquisser une chronologie relative s’étendant du xii^e au xx^e s.

5Les rares vestiges médiévaux sont fragmentés et dispersés, et il est difficile d’établir des liens stratigraphiques entre les différentes maçonneries. L’élément le plus ancien est un mur médiéval nord-sud, identifié au premier étage, délimitant un espace intérieur situé à l’est. Il semble appartenir à l’état ancien de l’église priorale et pourrait correspondre éventuellement au mur occidental d’un transept. Au bas Moyen-Âge, un espace voûté, repéré à l’entresol, a été aménagé à cet endroit lors de la reconstruction de l’église. Sa fonction reste inconnue : passage, chapelle, sacristie, ou autre. Il a été démoli par les Feuillants au xvii^e s. Ils le remplacent par un passage est-ouest. À l’étage, la pièce jouxtant l’église semble avoir été décorée de stucs.

6À l’extérieur du couvent, les sondages réalisés sur la terrasse orientale ont été négatifs, tandis que ceux de la partie ouest du terrain n’ont livré que les décombres de la chapelle bombardée. Un couche de démolition gallo-romaine a été atteinte à 2 m de profondeur dans un sondage réalisé dans la partie accessible de la cour centrale du couvent. Elle comporte des morceaux de tegulae, des débris de maçonnerie et des restes de four.

7C’est au nord du clos que divers murs maçonnés ont été mis au jour dans trois sondages. Ils sont tous d’orientation similaire, conditionnée probablement par celle du socle rocheux. Leur état d’arasement ainsi que l’absence de liaison stratigraphique entre eux et de mobilier archéologique associé n’autorisent aucune datation. Il est toutefois probable que certains d’entre eux soient antiques. La fouille exhaustive de ce secteur permettra peut-être de recueillir des données chronologiques.

Fig. 1 – Murs au nord du couvent

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Cliché : M.-P. Feuillet (SRA Rhône-Alpes).