1Située au nord-est de la commune de Montélimar, rue du Bouquet, la fouille a eu lieu sur une parcelle liée à un projet d’aménagement de logements de la société SDH. L’opération portait sur une surface de 8 021 m², correspondant à l’emprise de la voirie et d’un bassin, les emplacements des habitations à construire ayant pu faire l’objet de prescriptions techniques particulières avec le remblaiement et la protection des vestiges laissés in situ.

2Le site, en grande partie stratifié, se présente sous la forme d’un niveau d’habitat polyphasé, qui concerne des occupations réparties entre le Néolithique moyen, le Néolithique final, le Campaniforme, le Bronze final I, le Bronze final IIa, le premier âge du Fer, l’Antiquité et les périodes médiévale/moderne. Cependant, l’intérêt principal de l’intervention portait sur les occupations du Néolithique et de l’âge du Bronze, dont le décapage a permis de préciser la quasi-continuité entre le Néolithique final et le Bronze final.

3Plusieurs secteurs où les vestiges semblaient plus denses en mobilier ont été privilégiés. Des fenêtres ont été réservées à la fouille fine (sur 9 % de la surface totale), avec la mise en œuvre d’un traitement individuel pièce à pièce, aboutissant au relevé de plus de 16 000 pièces (céramique, faune, macro-lithique, silex, bronze). Deux secteurs particuliers illustrent le degré remarquable de conservation du site : un atelier de taille de silex du Campaniforme et un atelier de bronzier du Bronze final.

4Au nord, un grand édifice à abside simple a été daté, par des trous de poteaux et quelques fosses adjacentes, du Néolithique moyen, culture du Chasséen récent.

5Près de ce bâtiment, se trouvait une série de fosses polylobées avec de nombreux restes de faunes, du macro-outillage et des tessons, permettant de rattacher le tout au Néolithique final, à la culture des Ferrières. Au sud de l’opération, un large fossé avec un matériel équivalent appartient au même ensemble typo-chronologique.

6Au nord-ouest, le niveau de sol a permis de mettre en évidence un atelier de taille de silex qui se trouvait à côté d’un grand bâtiment contemporain appartenant au Campaniforme. Au milieu des nombreux éclats de débitages, on distingue certains objets ébauchés ou finis, dont une série de pointes de flèches typiques de cette période, auxquels sont associés d’autres éléments, parmi lesquels des vases de stockages écrasés en place, de nombreux fragments de faunes et de macro-lithiques en relation avec l’atelier, comme des enclumes et des percuteurs. Un grand bâtiment trapézoïdal y est associé. Deux autres plans partiels, plus récents (Bronze ancien II-III), ont été vus dans d’autres secteurs de la fouille.

7Au sud-ouest, dans un niveau de sol daté du Bronze final IIa, de nombreux objets permettent de mettre en évidence un atelier de bronzier. Près d’un petit four, dont il ne reste que des fragments de terre cuite, on trouve un épandage de charbons de bois et de cendres formant un cercle de 0,70 m de diamètre, autour duquel se concentrent les objets en alliages cuivreux. Parmi ces derniers, on peut citer des éléments de parure (anneaux, épingles, fragment de ceinture), des outils (fragment de rasoir, de faucille), une pointe de flèche. Certains de ces objets concernent le travail du métal, comme des burins, des alênes et des perçoirs, auxquels sont associés des vestiges liés à cet artisanat : un fragment en terre cuite de soufflet à bouche, des fragments de moules, des chutes de découpes, des gouttes de métal, des fragments « scoriacés », des outils en galets et des dalles en calcaire ayant pu être utilisées comme aire de travail. L’atelier comprend aussi bien de la fonte primaire à partir de minerai que de la fonte secondaire, provenant d’objets récupérés.

8L’atelier se trouvait au milieu d’un habitat, entre une palissade et un fossé, et juste à côté d’un édifice. Ce dernier occupe environ 18 m² et possède plusieurs « pièces ». Les objets collectés dans son niveau de sol et les trous de poteaux suggèrent des divisions internes avec, peut-être, certaines pièces ouvertes sous appentis et d’autres fermées par des murs en terre, dont on a retrouvé des traces pendant la fouille. La localisation de ces mêmes objets permet d’imaginer une entrée à l’ouest et une zone foyère dans la pièce se trouvant le plus à l’ouest. Ce bâtiment n’est pas isolé, et au moins un autre, du même type, daté de la même période et de dimension équivalente avec les mêmes divisions internes, se trouvait au sud-est de la fouille, à 75 m de là.

9Au nord-est du site, une série de fosses et de trous de poteaux forme un petit ensemble laissant penser à un secteur d’habitat. Le matériel permet de le dater du Hallstatt C2.

10D’autres périodes postérieures sont représentées par des découvertes fortuites, comme des monnaies, qui permettent de signaler la présence gallo-romaine du i^er s. av. J.‑C., et par une occupation du chemin actuel depuis le Moyen Âge et la période moderne, puisque ce chemin mène à une ferme datée au moins du xvi^e s.