1Le Rocher des Aures, qui s’élève au pied du massif de la Lance, est un contrefort des Préalpes françaises, dans la partie méridionale de la Drôme. L’occupation de son plateau appartient au type « éperon barré », avec un mur de fortification, construit en pierres sèches, ainsi qu’au moins un mur intermédiaire, construit avec la même technique, structurant l’occupation en une sorte de ville haute et de ville basse.

2Entre 2011 et 2013, trois campagnes de prospections ont permis d’obtenir une impression générale du site, avec une occupation qui, d’après les trouvailles de surface, couvrait surtout le premier millénaire apr. J.‑C. Cette chronologie contraste remarquablement avec les informations antérieures, qui suggéraient toutes une occupation sous forme d’oppidum durant l’âge du Fer, avec éventuellement un établissement précurseur de l’âge du Bronze. Les résultats de la première campagne de fouille en 2014 ont clairement montré que le Bronze final IIIb a été une phase très importante de l’occupation du site. C’est pendant cette époque que le mur de fortification a été construit.

3En 2015, nous avons prolongé la zone excavée par l’implantation de deux sondages, de sorte qu’au total une bande d’environ 15 m de long a été fouillée intra muros (fig. 1 et 2). Malgré sa petite taille par rapport aux autres sondages, c’est avant tout le sondage 3 qui a livré un grand nombre d’informations concernant l’occupation antique du site. À 30 cm de la surface, un mur, M54, assez bien construit (fig. 2) a pu être mis au jour ; d’une largeur d’au maximum 90 cm, avec des fondations atteignant jusqu’à 120 cm de largeur, il est formé de deux parements en pierres calcaires entre lesquels un espace de 20 à 30 cm de large est rempli de terre, d’éclats de pierres et de tessons. En agrandissant la surface de fouille, il est apparu que le mur M54 adopte en fait un tracé légèrement incurvé, et que, précisément à l’angle avec le sondage 4, il forme presque un angle droit, et se prolonge par le mur M55 sur à peu près 1 m (fig. 2). En l’état des recherches, il n’est pas possible de déterminer si le mur M55 s’arrête à cet endroit, formant ainsi une sorte d’ante par rapport au mur M54, ou s’il continue en direction du mur de fortification M1. En revanche, la chronologie paraît évidente, au moins dans le cas du mur M54. Toutes les UF liées à la construction et à l’entourage du mur sont homogènes, et contiennent exclusivement du matériel du Bronze final IIIb. Les dimensions et la technique de construction indiquent que le mur M54 ne correspond pas à un simple mur de construction de type habitat, à moins d’être typologiquement très éloigné de ce que l’on connaît des structures d’habitat du Bronze final IIIb dans la région. Pour le moment, sa fonction demeure obscure, et il reste à espérer que ces aspects pourront être précisés par la poursuite de la fouille.

Fig. 1 – Secteur D/3 avec implantation des sondages

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Cliché et DAO : S. G. Schmid (Humboldt Universität zu Berlin).

Fig. 2 – Secteur D/3 avec implantation des sondages et les murs M1, M53-M55

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DAO : J. Falkenberg.

4Une des questions fondamentales relative à ces vestiges du Bronze final IIIb identifiés lors des campagnes de 2014 et 2015 et qui confirment une occupation importante de l’éperon barré à cette époque, réside dans la localisation des nécropoles liées au Rocher des Aures, pour le Bronze final IIIb, mais aussi pour les autres phases d’occupation du site. Dans cette perspective, notre intérêt s’est tourné vers les secteurs G-I/4-6 du site, à savoir la zone au pied sud du plateau du Rocher des Aures, où, dans les années 1950 et 1960, des tumuli ont été signalés et partiellement fouillés. Après débroussaillage de certains secteurs, nous avons pu identifier plusieurs structures en pierres sèches de forme ovoïde ou semi-circulaire (fig. 3). On distingue de gros blocs formant une sorte de fondation sur laquelle repose un tas de cailloux plus petits. Ces caractéristiques s’accordent avec la description donnée par Jean Guillot et par l’abbé Chauvin dans leurs rapports respectifs de 1957 et de 1961, y compris en ce qui concerne l’aspect instable de la superstructure. En l’état actuel des recherches, la fonction et la chronologie de ces structures ne peuvent être déterminées avec certitude, mais les rapports concernant les activités antérieures, confrontés aux résultats de nos fouilles en 2014 et 2015, permettent de suggérer qu’il s’agit vraisemblablement de structures funéraires de la fin de l’âge du Bronze, hypothèse qui, bien entendu, devrait être vérifiée par des recherches ultérieures.

Fig. 3 – Secteur G/5, vue aérienne (quadrocoptre) de T2, T3 et T4 après nettoyage

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Cliché : S. G. Schmid (Humboldt Universität zu Berlin).