1Le château de Saint-Germain fait l’objet depuis trois ans d’une étude archéologique programmée, qui vise à caractériser l’organisation et l’évolution de cette place forte majeure du Bugey médiéval. Tenu successivement par les sires de Coligny, les Dauphins du Viennois puis les comtes de Savoie, il a eu un rôle important dans l’histoire du conflit delphino-savoyard, durant les guerres des xiii^e s. et xiv^e s. Mais il s’agit aussi d’une fortification de hauteur occupée dès le haut Moyen Âge, voire l’Antiquité tardive. Plusieurs campagnes de fouilles des années 1970 ont en effet mis en évidence une église et des inhumations attribuées aux vi^e-vii^e s., du fait du mobilier archéologique mis au jour. Ce dernier point, appuyé sur des données archéologiques déjà anciennes, reste à étayer largement, mais il fait de Saint-Germain un lieu au potentiel archéologique particulièrement riche, susceptible de livrer des informations sur la genèse d’un castrum médiéval à l’emplacement d’un habitat de hauteur fortifié précocement. L’opération menée en 2015 comportait deux volets distincts.

2Le premier objectif de cette opération était d’achever le plan topographique général du château et de son premier bourg castral, appelé « bourg vieux » et, semble-t-il, antérieur à la prise du château par le comte de Savoie en 1321. Ce plan, débuté en 2012, a en effet nécessité trois campagnes successives de débroussaillage et de topographie pour parvenir à son achèvement. Il permet aujourd’hui de bénéficier d’un plan d’ensemble détaillé du château, faisant état, non seulement de la localisation des enceintes successives et des bâtiments conservés, mais aussi des irrégularités du terrain signalant les vestiges enfouis, les fossés, les ruptures de pentes.

3Le deuxième volet de l’étude de 2015 visait à reprendre et à réinterpréter la documentation des fouilles des années 1970, restée en grande partie inexploitée et inédite à ce jour. Malgré une documentation de terrain relativement fine (plans pierre à pierre, relevés d’élévations, plans détaillés des sépultures, etc.), seuls des plans de masse ont été publiés. Il était nécessaire de reprendre en totalité la chronologie des bâtiments résidentiels, sur la base des études anciennes et de nos propres recherches des années 2013 et 2014. En outre, le mobilier céramique n’a été que sommairement étudié ; les sépultures n’ont quant à elles fait l’objet d’aucune analyse anthropologique, malgré l’intérêt de ce lot du haut Moyen Âge. Nous avons donc procédé à l’informatisation des relevés anciens et à leur intégration à l’analyse globale du secteur résidentiel du château, ainsi qu’à un état des lieux détaillé de la documentation conservée. Un catalogue préliminaire des tombes a également été réalisé, en préambule à une étude anthropologique future. Ces différentes approches seront suivies par de nouvelles datations en laboratoire, des études de mobilier, ainsi que par la poursuite de l’étude de la documentation ancienne, encore trop partielle pour être satisfaisante.

4À terme, les fouilles sur le terrain pourront reprendre dans le but de caractériser dans la mesure du possible l’habitat du haut Moyen Âge contemporain de l’église primitive et de la nécropole, ainsi que le processus de formation du castrum médiéval à partir de cette première occupation de hauteur.