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Journée "Jean Rouch? Chercheur, africaniste"

« Les cavaliers aux vautours ». Relecture à deux voix d’un texte d’histoire : ses concordances, son actualité

Danouta Liberski-Bagnoud
p. 280

Texte intégral

  • 1 Jean Rouch, 1980, Les cavaliers aux vautours. Les conquêtes zerma dans le Gurunsi (1856-1900), Jour (...)

1Le texte de Rouch1, mobilisant sources écrites et sources orales, retrace l’histoire d’une poignée de cavaliers venus du Niger qui, au milieu du XIXe siècle, ont cherché à se tailler un empire dans l’arrière-pays ashanti, immense région prise en tenaille entre les royaumes mossi au Nord (actuel Burkina Faso) et le royaume dagomba au Sud (actuel Ghana), et peuplée par une mosaïque de petites sociétés lignagères d’agriculteurs sédentaires, allant nus et armés de leurs seuls arcs et flèches, organisées pour certaines en petites chefferies villageoises. Cette tentative de conquête des cavaliers zerma, dont le mouvement fut stoppé par la conquête coloniale, affecta à des titres divers la plupart des peuples de la région qui en ont conservé une mémoire orale très vive, chacun le fragment le concernant, d’une remarquable précision. Ce constat fait par Rouch, lors de ses enquêtes sur les mouvements migratoires entre le Niger et le Ghana dans les années 1950, des ethnologues de la génération suivante ont pu l’établir à leur tour, en deux régions distinctes, le pays kasena (qui fut le théâtre principal de ce mouvement de conquête) et le pays bassar (qui, sans subir directement l’invasion des Zerma, a pâti des conséquences d’un partage des tâches de razzia entre ces derniers et le Roi du Dagomba).

2Ces concordances des mémoires orales, dans le temps et dans l’espace, offrent la démonstration, si besoin était, de la solidité historique de la tradition orale. Mais il est plus. La relecture aujourd’hui du texte de Rouch offre une illustration éclatante de la thèse de l’historien sénégalais Ibrahima Thioub qui attribue l’effarement des contemporains face aux événements actuels en cette partie de l’Afrique Occidentale à une ignorance tenace, voire une forme de déni, portant sur la réalité du XIXe siècle africain, qui vit se succéder une série impressionnante de jihad et de mouvements endogènes de conquête auxquels la domination coloniale mis un coup d’arrêt, que l’on a voulu croire définitif.

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Notes

1 Jean Rouch, 1980, Les cavaliers aux vautours. Les conquêtes zerma dans le Gurunsi (1856-1900), Journal des africanistes 60 (2) : 5-36.

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Pour citer cet article

Référence papier

Danouta Liberski-Bagnoud, « « Les cavaliers aux vautours ». Relecture à deux voix d’un texte d’histoire : ses concordances, son actualité »Journal des africanistes, 91-2 | 2021, 280.

Référence électronique

Danouta Liberski-Bagnoud, « « Les cavaliers aux vautours ». Relecture à deux voix d’un texte d’histoire : ses concordances, son actualité »Journal des africanistes [En ligne], 91-2 | 2021, mis en ligne le 01 novembre 2022, consulté le 28 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/africanistes/11348 ; DOI : https://doi.org/10.4000/africanistes.11348

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