Allsworth-Jones Philip, 2019, The Middle Stone Age of Nigeria in its West African Context.
Texte intégral
1Bien qu’il déclare ne parler que du Middle Stone Age du Nigeria dans le cadre ouest-africain, cet ouvrage est appelé à devenir l’ouvrage de référence sur le Middle Stone Age d’une Afrique de l’Ouest étirée du Sénégal jusqu’au Cameroun. Rassemblant et discutant toute la littérature dédiée à cette période du paléolithique moyen ouest-africain (tous les sites importants de sept pays sont passés en revue, chacun avec ses difficultés et ses caractéristiques) en y associant une foule d’illustrations de qualité (tableaux, coupes, artefacts, planches dessinées) ainsi que des photos de terrain pertinentes, Philip Allsworth-Jones produit ici une œuvre considérable et très fouillée de compilation, critique et réflexion, épaulée par une grande connaissance des technologies lithiques (abondamment représentées), une ré-étude des collections anciennes (musée de Jos par exemple) et vivifiée par une fréquentation réelle de la plupart des différents terrains, œuvre qui fera date à deux points de vue :
• Présentation d’un tableau général, cohérent, détaillé et subcontinental de cette période difficile (artefacts, sites et chronologie) et mal connue (le MSA, p. 12, n’est pas un des thèmes de recherche les plus fréquents chez les archéologues africanistes) à partir de chaque pays, en y décelant parfois des unités régionales géostratigraphiques et culturelles (e.g. Nord-Nigeria/ Nord-Cameroun), malgré la dispersion des sites et la variété des paléomilieux résiduels de la forêt aux savanes, au Sahel et au Sahara (eux aussi peu étudiés au sein des recherches géochronologiques difficiles sur une période marquée par des érosions intenses). Présentation réussie car ce tableau est destiné à durer comme source de connaissances de valeur. Notons qu’elle surmonte le fossé qui sépare l’Afrique anglophone de l’Afrique francophone, tout en expliquant leurs différences jadis institutionnelles et parfois conceptuelles (lexique) et leurs convergences. L’avenir appartient désormais aux chercheurs africains déjà sur place, quoique insuffisamment soutenus.
2Allsworth-Jones n’escamote pas, dans cette présentation, l’exposé du Sangoen (p. 12 ; résumé p. 224), période complexe (mélange Sangoen-MSA p. 161, et même en stratigraphie au Ghana p. 163), ni l’exposé des sites en zone forestière beaucoup plus difficiles à caractériser et à situer.
• Proposition subséquente de pistes de recherche potentiellement fructueuses dans chacune des régions représentées, pistes se raccordant souvent, par ailleurs, aux périodes antérieures (ESA ; e.g. Banke ; Acheuléen : e.g. Adrar Bous, Bilma) ou postérieures (Atérien : e.g. Nok ; LSA ; e.g. Yengema p. 176 ou Ténéréen), car essentiellement appuyées sur des séquences paléogéographiques couvrant tout ou partie du Pléistocène. Et ce sont, mis à part les sites déjà connus éventuellement réexploitables – ces séquences très bien discutées par Allsworth-Jones et parfois comparées/parallélisées (Nord-Cameroun/Nord-Nigeria) – qui ouvrent la voie à des découvertes tout en les datant, certes relativement aux stratigraphies, mais souvent absolument (désormais par LSO venant compléter le 14C et la TL).
3Les longues séquences datées d’Ounjougou (Mali) et le long de la Falémé (Sénégal) laissent espérer le développement des recherches jadis parfois individuelles (Nord-Cameroun) vers des recherches en équipes pluridisciplinaires qui permettront, outre d’approfondir nos connaissances, de combler le retard de l’Afrique de l’Ouest sur l’Afrique de l’Est et australe. L’ensemble des découvertes permet de proposer que le MSA ouest-africain se place entre 70 000 et 25 000 ans (M.I.S. [marine isotope stage] 3). Des dates plus jeunes (à partir du 14C) viennent de sites remaniés (e.g. Mayo Louti). Allsworth-Jones rappelle combien la recherche a encore à faire, sur une telle étendue. Un dernier chapitre replace les exposés dans une revue actualisée des recherches effectuées sur tout le continent à propos du MSA. Il apparaît bien plus tôt et s’accompagne de traits annonciateurs d’une cultural modernity (Blombos).
4Ajoutons que l’ouvrage (qui aurait pu s’accompagner d’un lexique des sigles et abréviations) est doté d’une bibliographie considérable qui sera fort utile aux étudiants et chercheurs futurs.
Pour citer cet article
Référence papier
Alain Marliac, « Allsworth-Jones Philip, 2019, The Middle Stone Age of Nigeria in its West African Context. », Journal des africanistes, 91-2 | 2021, 332-333.
Référence électronique
Alain Marliac, « Allsworth-Jones Philip, 2019, The Middle Stone Age of Nigeria in its West African Context. », Journal des africanistes [En ligne], 91-2 | 2021, mis en ligne le 01 novembre 2022, consulté le 17 avril 2024. URL : http://journals.openedition.org/africanistes/11404 ; DOI : https://doi.org/10.4000/africanistes.11404
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