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Les ovales gravés dans l’Adrar des Iforas (Mali) et leurs homologues sahariens. Sur la piste des génies de la protohistoire africaine

The Ovals Engraved in the Adrar of Iforas (Mali) and their Saharan Counterparts. On the Trail of the Genies of African Protohistory
Christian Dupuy
p. 06-89

Résumés

Étude contextuelle de cinquante-neuf gravures rupestres de forme grossièrement ovalaire, parfois décorées et munies d’aménagements périphériques, relevées en situation au nord-ouest de l’Adrar des Iforas. Près de quatre cents motifs comparables sont connus dans la bande saharienne allant de la frontière nigéro-tchadienne à la façade atlantique. Une figurine en terre cuite du bas Tilemsi et douze statuettes en pierre du Sahara algérien méridional peuvent être rapprochées de ces gravures sur des critères morphologiques et stylistiques. Les contextes iconographiques et archéologiques de ces productions permettent de situer leur réalisation entre la fin du ve millénaire et le milieu du iie millénaire BCE. L’aridité alors s’accroissait. L’élevage était connu, et du mil cultivé dans le Sahara malien. L’économie agro-pastorale fit basculer l’Ouest africain dans la protohistoire. L’exposition quasi systématique des ovales face au ciel, leur caractère chimérique, leurs intrications avec des figures animalières et humaines, les parallèles qui s’établissent entre l’iconographie à laquelle ils participent et des données tirées de l’ethnographie ouest-africaine, tous ces éléments conduisent à y voir des représentations de génies, peut-être en relation avec la pluie.

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Texte intégral

Pour les précieux documents qu’ils m’ont transmis, qu’il s’agisse de photos de gravures rupestres et/ou d’articles, pour leurs conseils, pour leur aimable autorisation à publier leurs clichés, je remercie Francis Auvray, Odette et Jean-Louis Bernezat, Robert Di Popolo, Patrick Dumoulin, Bernard Fouilleux†, R. Leonardo García Sanjuán, Annie et Gérard Garcin, Jürgen Kunz, Mark Milburn, Annie Mouchet, Alain Rodrigue, François Soleilhavoup, Bruno Taenzer, Franz Trost, Thierry Tillet, Robert Vernet, Axel et Anne-Michelle Van Albada, Richard Wolff†, Andras Zboray.

Ont également contribué à nourrir mes réflexions, les stimulants échanges de courriels que j’ai eus avec Stéphan Dugast, au sujet des présentifications des génies chez les Bwaba, et avec Éric Jolly, au sujet des Dogon et de leurs croyances telles que les ont rapportées Marcel Griaule et Germaine Dieterlen dans leur livre Le Renard pâle, paru en 1965. Que tous deux trouvent ici l’expression de ma profonde gratitude !

Mes recherches ont pu aussi s’appuyer sur le superbe catalogue d’exposition ĺdolös. Miradas Milenarias que m’a envoyé gracieusement Primitiva Bueno. Je la remercie vivement de sa délicate attention.

Je remercie tout aussi chaleureusement Antoine Chancerel, conservateur au musée national de Préhistoire des Eyzies-de-Tayac, ainsi que Pedro Barros et Tânia Olim, responsables des collections du musée national d’Archéologie de Lisbonne, de m’avoir communiqué respectivement les photographies de la figurine de Smar Smarren et celles de la stèle anthropomorphe de Quinta do Couquinho, et de m’autoriser à les publier ici.

Pour finir, j’adresse mes remerciements aux deux évaluateur·trice·s pour leurs remarques qui m’ont permis d’améliorer ce travail, et à Luc Pecquet pour ses relectures.

  • 1 Ces gravures ont été découvertes au cours de deux missions menées dans l’Adrar des Iforas, en 1986 (...)
  • 2 Est reprise ici l’orthographe la plus commune pour désigner ce massif. Toutefois, il serait plus ju (...)
  • 3 Dans un article de 2022, Jean Loïc Le Quellec (2022 : 175) dénombre 388 gravures de ces motifs. Cet (...)
  • 4 Au lendemain de leurs découvertes, j’ai rangé, par prudence, ces motifs dans la catégorie des « sig (...)
  • 5 Nous retenons ici la définition que Guy Le Moal (1980 : 141, 143-144) donne du terme « génies » («  (...)
  • 6 Depuis les années 1940, ces motifs, ou du moins certains d’entre eux, ont été tour à tour assimilés (...)

1Cinquante-neuf motifs sub-ovalaires à sub-rectangulaires diversement ornés, et parfois dotés d’aménagements périphériques, se trouvent gravés sur les granites de l’Adrar des Iforas1, un massif saharo-sahélien situé au nord-est du Mali2. Près de quatre cents pétroglyphes comparables sont connus dans les gravures rupestres du Sahara marocain, algérien, libyen et nigérien3. Leurs caractères étonnent autant que leur vaste répartition intrigue. Que représentent ces motifs ? À quelle(s) époque(s) et à quel(s) contexte(s) socioéconomique(s) rattacher leur réalisation ? Les relevés et l’étude en situation des exemplaires maliens4, alliés à des données archéologiques enregistrées dans le sud du Sahara au cours de ces trente dernières années, fournissent des éléments de réponse qui, eux-mêmes, orientent les réflexions vers les représentations mentales que les sociétés rurales de l’Afrique de l’Ouest se font des génies5. Ces approches croisées transforment le regard et ouvrent à une piste de lecture qui s’éloigne des interprétations avancées depuis les années 1940 à propos de ces motifs, à savoir qu’ils représenteraient des objets utilitaires – nasses, pièges au gros gibier, récipients, sacs, bracelets d’archet –, ou des pièces de vêtement – pagnes, cache-sexes, ceintures pelviennes, étuis péniens –, ou bien des éléments naturels – vulves de femme, feuilles, denrées alimentaires, pisciformes, insectes, corniformes, bovins vus de dessus ou de derrière6. Ces divergences d’appréciation s’expliquent en grande partie par le choix des auteurs de privilégier dans leurs analyses tel ou tel caractère aux dépens de tel ou tel autre. Il est ici tenu compte de l’ensemble des informations relatives à ces motifs, c’est-à-dire de leurs emplacements, expositions, formes, thèmes, contextes chrono-culturels, socio-économiques et climatique de réalisation.

Une exposition face au ciel privilégiée

  • 7 Les clichés et les relevés à l’appui de ce texte sont de l’auteur, sauf mention contraire.
  • 8 Le délitage du substrat rocheux en blocs de tailles variables selon la composition et la microstruc (...)

2Les cinquante-neuf motifs sur lesquels s’appuie cette étude ont été relevés sur le versant nord-occidental de l’Adrar des Iforas, le long de quatre vallées successives, dans un rayon d’une vingtaine de kilomètres au sud de Tessalit, parmi des milliers de gravures rupestres (fig. 1 et tableau 1). Cinquante-quatre d’entre eux sont rassemblés à Issamadanen7 (fig. 2) aux côtés de plusieurs centaines de pétroglyphes dominés par les signes abstraits, les cupules et les représentations schématiques de taurins, de girafes et d’autruches (fig. 6 à 20). Les cinq exemplaires restants (fig. 3, 4, 5, 21 et 22) sont figurés à l’unité en des lieux où les productions graphiques sont moins nombreuses, mais où les thèmes animaliers sont comparables (Dupuy 1991). L’abondance des gravures à Issamadanen s’explique par la quantité importante des grands pans rocheux surmontant cette imposante montagne constituée de plusieurs éperons parallèles et contigus. Les blocs répartis sur les autres éminences granitiques de la région sont plus morcelés et moins richement ornés8.

3Les motifs sub-ovalaires à sub-rectangulaires réalisés à Issamadanen se distribuent sur seize dalles horizontales ou légèrement inclinées, deux étant situées de plain-pied en bordure de la vallée d’Egharghagh (fig. 12 et 13), les autres sur les talus des escarpements parfois à plus de trente mètres de hauteur. Aucun d’eux n’apparaît sur les parois verticales avoisinantes qui supportent de nombreuses figures animalières, et plus rarement humaines. Les cinq exemplaires répertoriés en dehors d’Issamadanen se répartissent, eux aussi, à des altitudes variables. Deux se trouvent sur des dalles (fig. 3 et 4), contre trois sur des parois verticales (fig. 5, 21 et 22). Ces trois dernières situations sont les seules documentées à ce jour au nord-ouest de l’Adrar des Iforas. De ces observations, on peut déduire que la volonté d’exposer ces motifs face au ciel a déterminé en grande partie le choix des supports.

Des ovales relevant d’une même tradition graphique

4Vingt-deux de ces motifs, soit plus du tiers de l’effectif recensé, sont rassemblés à Issamadanen sur une dalle inclinée, large de 2 mètres, haute de 1,5 mètre, émergeant du sol argileux de la vallée d’Egharghagh à quelques mètres en aval de cuvettes et de chenaux se remplissant d’eau à chaque saison des pluies de mousson (fig. 12). Les autres exemplaires réalisés dans cette même station apparaissent isolés ou groupés par deux, trois, quatre ou six. Leurs hauteurs sont comprises entre 15 et 35 centimètres pour des largeurs allant de 6 à 15 centimètres. Le rapport de leurs médianes vaut 2.4 ± 0.4 (tolérance à un écart type). Il s’établit autour de 2.2 pour les cinq motifs inventoriés par ailleurs dans la région. Le bon recoupement de ces valeurs et leur très faible dispersion confirment l’impression de parenté formelle se dégageant en première observation de ces gravures. Chacune d’elles n’en demeure pas moins originale. Les singularités se jouent au niveau des contours, des décors internes et des aménagements périphériques (fig. 23).

5Concernant les contours, on passe progressivement de formes oblongues plus ou moins pansues à des formes sub-rectangulaires composées de droites légèrement divergentes dans le sens de la longueur et de courbes de convexité variable dans le sens de la largeur. Deux motifs aux grands côtés concaves sont profilés à la manière de corps de guitare. Les transformations géométriques graduelles afférant à ces pétroglyphes invitent à les ranger dans un même ensemble et à les qualifier d’« ovales », par référence aux formes initiales de notre classification. Cette appellation, si réductrice soit-elle, a le mérite d’être simple. Elle présente en outre l’intérêt d’être neutre, en ce sens qu’elle ne laisse rien filtrer de la signification des motifs ainsi désignés. Notons à ce propos que les pétroglyphes du Sahara apparentés aux ovales de l’Adrar des Iforas sont souvent appelés « nasses ». André Simoneau (1971 : 94) est le premier à avoir employé ce terme pour évoquer l’interprétation en espagnol avancée un quart de siècle plus tôt par Martίn Almagro Basch (1946) au sujet de quelques gravures d’ovales du Sahara atlantique. Simoneau identifiait les exemplaires du Sud marocain à des pièges au gros gibier, au simple fait que les tracés de deux d’entre eux se trouvaient intriqués dans les silhouettes d’un rhinocéros et d’une antilope. Il avouait toutefois ne pas comprendre le fonctionnement de ce système de piégeage. Le mot « nasse » s’est ensuite imposé dans la littérature saharienne ; situation curieuse s’il en est quand on sait que la plupart des auteurs n’assimilent pas les motifs en question à des engins de pêche – d’une part, parce qu’aucune figuration de poisson ni aucune activité halieutique ne leur sont associées, d’autre part, parce qu’aucune nasse documentée par l’ethnographie n’est ovalaire.

6Qu’ils soient décorés ou non, les ovales de l’Adrar des Iforas réunis sur des parois communes montrent les mêmes tracés et la même patine. Aussi peut-on les rattacher à une même séquence culturelle. Leurs ornementations intérieures consistent en des piquetages, en des arcs de cercle juxtaposés, en des U contigus au plus petit côté des contours, en des cupules appariées jouxtant le bord opposé auxquelles se substituent parfois deux points peu apparents (fig. 23). Le côté bi-ponctué des ovales se trouve indifféremment tourné vers le haut ou vers le bas des parois verticales et des surfaces faiblement inclinées. Plusieurs exemplaires décorés de la sorte sont disposés tête-bêche. D’une manière générale, les ovales réunis sur les mêmes supports sont basculés à divers degrés. Ces orientations variables créent une impression d’agitation, un peu comme si l’on se trouvait face à des sujets saisis en train de tournoyer en tous sens.

7Le contour le plus éloigné des bi-ponctuations, lorsqu’il n’est pas délimité par un unique trait, est dédoublé ou ouvert, et muni d’un arciforme ou d’une embase. Les branches constitutives des arciformes sont soit filiformes, soit d’épaisseur millimétrique. Elles se greffent sur les pourtours ou les circonscrivent de près, puis longent leurs grands côtés sans les dépasser en hauteur. Les embases, quant à elles, ont l’aspect de fines nageoires caudales aux lobes latéraux symétriques s’étirant sur des longueurs comparables à celles des branches des arciformes. Leur base est plane, faiblement convexe, ou légèrement concave. Les deux filaments subhorizontaux flanquant un ovale (fig. 15, no42) pourraient correspondre à la représentation filiforme d’une embase. Les similitudes d’implantation et de taille de ces aménagements périphériques suggèrent que les graveurs leur accordaient des significations et/ou des fonctions voisines.

8Quelques ovales cumulent double ponctuation, U et arciforme ou embase. D’autres n’associent que deux de ces trois caractères. Les plus dépouillés n’en comprennent qu’un seul ou en sont dépourvus. Ces additions-soustractions d’éléments finis à des emplacements déterminés sur des motifs de géométries apparentées permettent d’y voir les manifestations d’une même tradition graphique (fig. 23). De plus, leur présence au voisinage des vallées, souvent à proximité de dépressions qui, aujourd’hui encore, se remplissent d’eau à chaque saison des pluies, ajoutée à leur exposition quasiment systématique face au ciel, témoignent des préoccupations communes qui motivaient leur réalisation.

De la sensibilité et de l’agilité d’êtres irréels...

9Cinq ovales bi-ponctués sont dotés d’attributs particuliers qui donnent à réfléchir sur leur nature, et plus largement sur celle de leur famille d’appartenance.

10Le double contour encapuchonnant l’un d’eux compte parmi ces singularités (fig. 17a et 17b). L’enveloppe en fer à cheval d’épaisseur millimétrique ainsi délimitée est recoupée à intervalles réguliers par une vingtaine de courts segments rayonnants. Cette structure compartimentée fait songer à une coiffe ou à un couvre-chef enserrant la tête d’une entité au regard bien rendu, à supposer que les bi-ponctuations représentent des yeux. La fine embase en forme de nageoire caudale qui lui est attenante invite à y voir une créature mêlant des caractères anthropomorphes et pisciformes. Mais n’est-ce pas aller un peu loin ? Les données iconographiques et ethnologiques présentées plus en avant appuient plutôt bien cette lecture. Penchons-nous, dans l’immédiat, sur les quatre autres ovales dotés, eux aussi, de caractères singuliers.

11L’un d’eux s’inscrit dans un arciforme muni d’une excroissance en bout de branche latérale gauche lorsque l’on fait face à ce motif (fig. 21). Cette excroissance montre le même profil que celui des haches équipées de lames à tranchant courbe, fixées en leur milieu à des manches coudés que portent des personnages gravés dans l’Atlas marocain et sur son piémont méridional (fig. 24). Ces affinités formelles se doublent d’une contemporanéité de réalisation, comme il est précisé dans la dernière partie de cette étude. Par conséquent, le rapprochement opéré n’a rien de hasardeux malgré le millier de kilomètres qui séparent ces gravures, pas plus qu’il n’est incongru de voir, dans l’ovale de l’Adrar des Iforas, une créature traitée de face brandissant à bout de bras droit une hache, les deux cupules internes et le U sous-jacent pouvant indiquer respectivement ses yeux et sa bouche, à moins que le U ne délimite son menton ou ne représente un pendentif de type lunule.

12La branche latérale droite d’un autre ovale à arciforme se trouve, elle aussi, pourvue d’une excroissance (fig. 4a et 4b). La petite boucle marquant son départ est à l’image des anneaux figurés sur les représentations filiformes d’objets coudés gravées au nord-ouest de l’Adrar des Iforas, soit isolément, soit dans les mains de personnages de taille réduite participant du même contexte iconographique que les ovales (fig. 25 et Dupuy 1994). L’autre branche de ce même arciforme aboutit sous la tête d’un quadrupède. Ces divers éléments engagent à identifier cette gravure à un être doté d’un corps ovalaire, au regard bien rendu, tenant un objet coudé dans la main gauche et touchant un animal de la main droite.

13Des indices ténus d’humanité se dégagent aussi des deux motifs bi-ponctués profilés en corps de guitare. Sur le côté droit du premier, part un trait oblique, juste en dessous de l’axe commun à ses deux ponctuations, tandis qu’une étroite bande piquetée traverse son corps à hauteur d’étranglement (fig. 16a et 16b). Ce dessin évoque un être au regard bien rendu, porteur d’un bâton, et affublé d’une ceinture. Une interprétation de même nature peut être avancée à propos de son homologue gravé non loin de là, aux côtés lui aussi de figures schématiques de taurins (fig. 8a et 8b). La structure à triple appointement sommital le chapeautant fait songer à une coiffe volumineuse, alors que les deux droites verticales sous-tendant son corps doublement renflé et les deux traits pointant de part et d’autre de l’amincissement médian invitent à y voir respectivement deux jambes tendues et deux amorces de bras.

14L’essence anthropoïde émanant des cinq gravures qui viennent d’être examinées est par trop discrète pour que l’on puisse parler de représentations humaines. Il en serait allé autrement si, en plus des caractères décrits, étaient apparus un cou à la jonction d’une tête et d’un corps, ou un nez entre deux yeux, ou bien une poitrine sur un torse, ou bien encore des mains et des pieds dans le prolongement de membres. L’absence de ces organes pose la question de la nature de ces motifs composés de corps globulaires sur lesquels se greffent des caractères qui semblent puiser au monde des hommes, tantôt à des parties de leur anatomie – yeux, bouche ou menton, taille, bras, amorces de bras, jambes –, tantôt à certains attributs culturels – coiffe, hache, objet coudé, bâton droit, ceinture, peut-être pendentif. Ces curieuses combinaisons invitent à identifier ces représentations à des créatures spirituelles, cette interprétation étant extrapolable à l’ensemble des ovales de l’Adrar des Iforas, eu égard à leurs affinités formelles.

15Cette lecture conduit à s’interroger sur les facultés qui étaient prêtées à ces étranges entités. Celles bi-ponctuées étaient-elles investies d’un regard qui leur conférait une acuité visuelle et une sensibilité esthétique, dons qui expliqueraient l’inclinaison de certaines d’entre elles à porter coiffe, ceinture, arme de poing, trait ? Celles décorées d’un U étaient-elles habitées d’un souffle vital, à supposer que ce trait représente une ouverture buccale ? Celles munies d’antennes latérales étaient-elles agiles au point de manier des instruments tranchants, perforants ou contendants, conçues par et pour les hommes, à la différence de celles pourvues d’embases en forme de nageoire caudale plus aptes à la nage qu’au maniement d’accessoires ? Faut-il assimiler les exemplaires inornés, exempts d’aménagement périphérique, aux archétypes de ces entités surnaturelles qui, en se métamorphosant, en se transformant, en cumulant divers attributs, acquéraient sensibilité, habileté, capacité à gesticuler soit sur terre, soit dans l’eau ? Mais leur dépouillement peut aussi traduire la volonté des graveurs de ne pas donner trop à voir de ces êtres, de n’en tracer que les contours pour simplement témoigner de leur existence. La fréquente exposition de cette famille de gravures face au ciel visait-elle à quelques médiations avec les forces célestes, la magie des images opérant, et ce, peut-être, dans l’objectif de faire venir les pluies afin que les dépressions à l’entour des lieux de gravure se remplissent d’eau ? Reste à voir si le contexte iconographique de réalisation de ces motifs abonde en faveur de ces hypothèses, seulement suggérées jusqu’ici par leurs emplacements, leurs expositions et leurs caractères propres.

Intrications, schématisme, abstraction, hybridations, substitutions

  • 9 L’éventail des formes de ces motifs et la manière dont plusieurs d’entre eux s’intriquent dans les (...)

16Les ovales n’interfèrent ni entre eux, ni avec les animaux qui leur sont juxtaposés, hormis l’exemplaire semblant toucher un quadrupède (fig. 4a et 4b). Cette quasi-absence d’interaction figurative pourrait jouer en faveur de l’identification de ces motifs à des objets matériels ou à des éléments isolés tirés du vivant, comme il est souvent avancé dans la littérature à propos des pétroglyphes similaires relevés dans plusieurs régions sahariennes9. Les expressions animalières auxquelles participent les ovales de l’Adrar des Iforas n’abondent guère en ce sens. À y regarder de près, elles alimentent plutôt l’idée d’entités surnaturelles.

  • 10 Il s’agit le plus souvent de bœufs à dos droits, dénommés Bos taurus dans la nomenclature zoologiqu (...)

17Les figures de bœufs10, d’autruches et de girafes sont prépondérantes à l’entour de ces gravures. Des silhouettes de ces animaux s’intriquent à plusieurs reprises dans leurs contours (fig. 6, 8, 11 et 16). Ce même bestiaire est bien représenté dans une vingtaine de stations d’art rupestre du versant nord-occidental de l’Adrar des Iforas où les ovales sont absents, mais où une figure sur deux en moyenne est un bœuf, une sur quatre une autruche, une sur huit une girafe (Dupuy 1990). La fréquence d’apparition des autres espèces – antilopes, rhinocéros, éléphants, quadrupèdes non identifiables, exceptionnellement chiens, lions, hyènes, singes, marabouts, ibis, serpents, tortues – n’est que d’un huitième. Ces sujets apparaissent isolés ou groupés sur les rochers comme cela est aussi le cas des ovales. Sur les 193 surfaces ornées de plus de trois animaux identifiables, les trois quarts comprennent des bœufs qui, deux fois sur cinq, sont associés à des autruches, une fois sur quatre à des girafes, une fois sur six à des autruches et des girafes. La cinquantaine de panneaux restant rassemble des autruches, ou bien des animaux marginaux, lesquels côtoient, parfois, des bœufs, des autruches et/ou des girafes. Les faibles dimensions des représentations – généralement inférieures à une quarantaine de centimètres – et leur style épuré – moins de dix droites et courbes enlacées composent la plupart des silhouettes – indiquent que l’intention des graveurs n’était pas de magnifier les corpulences de leurs sujets. La même économie de traits se retrouve appliquée aux dessins d’ovales qui relèvent de la même classe dimensionnelle que les figures animalières.

18Les bigarrures des robes des ongulés et les variations de couleurs du plumage des autruches sont traitées schématiquement par cloisonnement et/ou par piquetage. Les ocelles des robes sont omis sur quelques girafes. Les ovales, eux aussi, sont tantôt décorés, tantôt inornés. Les organes sensoriels des animaux sont absents, hormis les oreilles rendues parfois par deux courts segments ou par deux petits lobes, implantés sur le haut des têtes ou à la base des cornes. Cette abstraction des organes des sens fournit une explication à l’absence des doubles ponctuations assimilables à des yeux sur la moitié des ovales, et à la quasi-absence des U susceptibles de représenter des bouches.

  • 11 Font exception quelques vaches reconnaissables à leurs trayons rendus schématiquement par trois ou (...)

19Les animaux rassemblés en composition sont disposés à différents niveaux sans ordre apparent. Le rapport des tailles entre espèces n’est pas respecté. Des corps sont basculés, renversés, ou bien superposés et vus en transparence. Ceux des ovales sont également inclinés à divers degrés jusqu’à apparaître tête-bêche. Aucun panneau ne se fait l’illustration de scènes de vie : les interactions sociales entre individus de même espèce sont inexistantes ; les sexes des sujets indistincts11 ; les femelles et leurs petits non identifiables ; les affrontements absents ; les déplacements des troupeaux non restitués ; les paysages ignorés ; les sols non matérialisés. Les tracés sont par endroit si enchevêtrés qu’il est difficile de déterminer la nature et le nombre de sujets imbriqués. Les vingt-deux ovales réunis sur la dalle inclinée d’Issamadanen s’agrègent de cette manière (fig. 12), sans précision de sexe, ni différenciation de statut.

20Intrications, schématisme et abstractions rapprochent, de fait, les expressions animalières de celles comprenant des ovales. À supposer une équivalence entre unité de traitement graphique et statut des sujets gravés, l’ensemble de ces figures pourrait représenter des êtres sensibles avec, d’un côté des animaux puisant au monde visible, de l’autre des ovales renvoyant au monde invisible.

21Sept gravures d’animaux témoignent de l’existence de passerelles entre ces deux mondes (fig. 26) : quatre ont une tête de girafe et un corps d’autruche, deux une tête de bœuf et un corps de girafe, la septième un protomé de girafe et un corps de bœuf. Cette mixité de caractères peut être rapprochée de la nature composite de certains ovales, notamment de ceux munis d’embases en forme de nageoire caudale évoquant la partie terminale des corps d’animaux aquatiques (fig. 23), et de ceux s’inscrivant dans des arciformes aux branches montantes suggérant des bras en raison des objets coudés dessinés à deux reprises à leurs extrémités, à l’image de ceux brandis par des humains (fig. 24 et 25).

  • 12 Le trait qui part du mufle de ces girafes se referme parfois sur leur cou, ou n’aboutit à rien (Dup (...)

22La position charnière entre le visible et l’invisible que semble occuper les ovales, est documentée d’une autre manière, par un glissement thématique particulier au départ duquel se range un exemplaire au corps oblong à base tronquée, marqué de deux ponctuations peu apparentes en partie haute et d’une discrète cupule en partie basse (fig. 26a). Ce motif est attenant au mufle d’une bête à protomé de girafe et corps d’autruche. Non loin de là, de la bouche d’un monstre de même nature part un trait qui aboutit dans la main d’un petit personnage filiforme (fig. 26b et 26c). Par ailleurs, vingt-six compositions exécutées dans six stations distinctes montrent des humains traités dans ce style épuré et liés de cette manière à des girafes12 (fig. 27). Ce glissement thématique invite à voir dans l’ovale bi-ponctué à base tronquée, le substitut de ces personnages. Tentons à présent d’approcher de plus près le sens et la fonction de ces dessins, en mobilisant des données ethnographiques.

Des présentifications de génies ?

  • 13 La dalle d’Issamadanen ornée de vingt-deux ovales compte parmi les rares surfaces à avoir été gravé (...)

23Les gravures de l’époque des ovales sont situées pour la plupart sur les talus et sur les crêtes de collines granitiques avoisinant les vallées d’où on ne peut les voir1313. De plus, l’espace circonscrit aux rochers les supportant est souvent très exigu. De ces situations, on peut déduire, d’une part, que c’est en solitaire ou en comité très restreint que les graveurs s’exprimaient, d’autre part, que leurs productions graphiques ne visaient pas à retenir l’attention des passants dans les vallées. Mais à qui adressaient-ils alors leurs dessins ?

  • 14 De tels mythes sont répandus chez les Bobo (Le Moal 1980), les Bwaba (Dugast 2015, 2016), les Gourm (...)

24Dans maintes sociétés ouest-africaines, on prête, aux devins et aux chasseurs, des facultés singulières, celles d’être en mesure d’entendre et/ ou de voir en brousse des êtres surnaturels14. Leurs propos confèrent une réalité tangible à ces entités que les ethnologues s’accordent à appeler « génies » (voir note 5). Ces créatures ont l’art du camouflage. Aussi n’apparaissent-elles que rarement à la vue des hommes. Les Gourmantché, à l’est du Burkina Faso, réussissent à les apercevoir lorsqu’elles enlèvent, avant de se baigner, le « filet-sac » les rendant ordinairement invisibles (Cartry 1979 : 283). Le cache-sexe joue ce rôle en pays moba, au nord du Togo (Zwernemann 1998 : 220). Les génies ont la propension à se fondre dans la pluie et la brume. En pays lobi, le souffle de l’harmattan et les convections d’air chaud dans les dépressions trahissent leur présence (Cros 2017 : 114, 2019 : 110). Aux dires des Peuls du Diamaré, certains revêtent des apparences aériennes : rideaux de poussière terreuse emportés par le vent, tourbillons de sable fin se déplaçant à grande vitesse (Tourneux 1999 : 266). Ils évoluent dans les forêts, les collines, les points d’eau, se logent dans les arbres, les buissons, les termitières, les rochers, les grottes, les sources. Les minéraux précieux du sous-sol, tel que l’or en pays lobi, leur appartiennent (Cros 2019 : 123). Dans ce secteur, ils possèdent des volailles – pintades, perdrix, pigeons – et des grands mammifères (Labouret 1931 : 437), auxquels ils confèrent puissance et invulnérabilité face aux armes à feu (Cros 2019 : 120-122). Les Peuls nomades wodaabe du Niger et du Nigeria rapportent, eux aussi, que les génies sont les propriétaires des hardes d’ongulés de la brousse qu’ils se font fort de défendre contre les menaces des chasseurs (Reed 1932 : 441-442 ; de Saint-Croix 1945 : 54). Selon ces mêmes Peuls, c’est de plans d’eau et par l’entremise de génies aquatiques que les pasteurs reçurent leurs premiers troupeaux (Dupire 1962 : 36 ; Stenning 1959 : 19-20). Dans de nombreuses régions, ces êtres s’incarnent dans des animaux sauvages, petits ou grands, inoffensifs ou dangereux (Casajus 1987 : 262-265 ; Fournier 2016, 2019, 2020 ; Tourneux 1999). Ils interfèrent avec les hommes de façon bénéfique ou maléfique. Ils peuvent prendre possession des corps d’individus qui deviennent alors tels des chevaux montés par ces entités (Vidal 1990). Chez les Punu du Bas-Congo, ils garantissent la fécondité des femmes en s’introduisant dans leur ventre au moment de la conception des enfants (Plancke 2014). Cette croyance en des génies aquatiques intervenant dans la procréation humaine est très répandue dans l’aire culturelle voltaïque qui inclut le Nord-Togo, le Nord-Ghana et la majeure partie du Burkina Faso (Bonnet 1988 ; Daugey 2018 ; Dugast 2009). En raison de leur pouvoir surnaturel, des sacrifices et des offrandes, des chants et des danses leurs sont consacrés pour les réjouir, et bénéficier en retour de leur bienveillance. À l’inverse, en pays bassar, des amulettes et des bracelets sont confectionnés pour éloigner les mauvais génies des enfants (Dugast 2012). Les devins bwaba édifient des autels pour les accueillir au sein des villages (Dugast 2016). En Afrique du Nord, ces entités s’invitent dans les maisons et se dissimulent dans les portes, les piliers centraux, les poutres faîtières, dans les pierres des foyers, le feu, les cendres, la fumée, dans les ustensiles du quotidien (Camps-Fabrer 1998).

25Ces relations concernant les génies, loin d’être exhaustives, ne sont pas sans évoquer par plusieurs aspects l’art rupestre du nord-ouest de l’Adrar des Iforas, composé de pétroglyphes se concentrant sur des éminences rocheuses en bordure de vallées jalonnées de dépressions qui se remplissent d’eau à chaque saison des pluies, et encore très boisées par endroits. Était-ce à l’attention de génies qui aujourd’hui sont censés se plaire à évoluer dans un tel cadre, que les graveurs s’exprimaient ? Le bestiaire visait-il à se concilier leur bienfaisance, la magie des images opérant, en mettant à leur disposition, pour l’éternité, des animaux qui les réjouissaient ? Les rares personnages discrètement représentés dans ce contexte étaient-ils de ceux interpellés par ces êtres surnaturels, ou liés à eux d’une façon ou une autre ? Était-ce pour les besoins de ces entités qu’étaient parfois dessinés des objets à lames métalliques, ainsi que des chars sans conducteur ni passager, des roues et des trains de roues, qui étaient prisés dans le sud du Sahara au début de l’âge des métaux pour la richesse et le prestige qu’ils recouvraient ? Ces gravures, quelles qu’aient été leurs fonctions – offrandes, ou supports d’incarnation ? – sont révélatrices des agissements humains et de la haute considération que les dédicants prêtaient aux hôtes de ces lieux, de certains rochers, arbres ou mares. D’autres données ethnographiques invitent à pousser plus loin les interprétations.

  • 15 Chez les Songhay de la moyenne vallée du Niger, les génies évoluent, selon leur famille d’appartena (...)

26La vie des génies est assez similaire à celle des hommes. À type d’exemple, les génies aquatiques de la moyenne vallée du Niger sont classés en mâles et femelles, ont des enfants, vivent dans des villages (Dieterlen 1942 : 150). Ceux de brousse en pays lobi, eux aussi, sont genrés ; là, ils possèdent des troupeaux d’animaux sauvages et des volailles comme il a déjà été précisé, cultivent la terre et défendent leurs biens, arcs et carquois de flèches en main (Cros 2017 : 112, 2019 ; Labouret 1931 : 437). Cependant, plusieurs comportements distinguent ces êtres du commun des mortels : leur silence ou leur faible loquacité (leur langage inarticulé est incompréhensible aux hommes), leur aptitude à se métamorphoser, leur faculté à évoluer aussi bien sur terre que sous terre, dans l’eau que dans l’air15, leurs manières de se déplacer – marche sur la tête jambes en l’air, bonds, tournoiements, vol, reptation, plongeon, nage, monte en amazone des animaux –, leur pouvoir à décider de l’abondance du gibier, du poisson, de la régénération de la végétation. Leur physique, quoiqu’adossé à une ossature humaine, les éloignent aussi des hommes : cheveux lisses et foisonnants ou bien inexistants, un seul œil, une trompe à la place du nez, disproportions, distorsions et asymétries corporelles, unibrassiste, unijambiste, membres démesurément allongés, pieds retournés, petites tailles, abondante pilosité leur servant de vêture (Coquet et Houseman 2006 ; Cros 2019 ; Dugast 2016 : 314 ; Hamberger 2012). Leurs caractères baroques peuvent être mis en correspondance avec les bizarreries formelles des ovales desquelles émanent parfois quelques traits humains. L’étrangeté de ces deux catégories de représentation, gravées pour les unes, révélées pour les autres, invite à y voir les fruits de démarches intellectuelles voisines, et à assimiler, en conséquence, les ovales à arciformes parfois armés à des génies de brousse, ceux sous-tendus d’embases en forme de nageoire caudale à des génies aquatiques, ceux dépourvus d’aménagements à des génies sans spéciation particulière, à moins qu’il ne s’agisse de figures intentionnellement indifférenciées, inabouties ou incomplètes.

27À suivre ces interprétations, les graveurs auraient donc donné à voir aux génies leurs propres images dans leurs lieux de résidence, de façon répétitive à Issamadanen, où les ovales se comptent par dizaines, exceptionnellement, ailleurs, où ces motifs apparaissent isolément. De telles présentifications ne sont pas totalement pour surprendre. De nos jours, les devins bwaba du Burkina Faso matérialisent, par modelage de l’argile et/ou par sculpture, les génies qu’ils rencontrent en brousse, leurs représentations symboliques étant intégrées dans des autels dédiés aux côtés d’autres dispositifs visant à garantir l’efficacité des rites (Dugast 2015, 2016).

  • 16 Il s’agit de cercles simples avec ou sans cupule centrale, de cercles concentriques desquels parten (...)

28Plus d’une centaine de signes curvilignes16 et de nombreuses cupules apparaissent aux côtés des ovales sur les grandes dalles d’Issamadanen. Le caractère intentionnel de ces juxtapositions ne fait guère de doute, d’une part, parce que cet art abstrait ne s’exprime que dans ce site où les ovales sont bien représentés et, d’autre part, parce que trois intrications plaident en faveur d’une contemporanéité de réalisation : là, le lobe basal d’un ovale bi-ponctué s’implante dans un motif alvéolaire (fig. 15) ; plus loin, une embase de même nature est attenante à un trait issu d’une spirale (fig. 17) ; tout près de là, quatre courbes contigües à sept autres issues des contours de sept cercles concentriques s’infléchissent pour prendre en écharpe deux ponctuations, cet artifice graphique conduisant à la délimitation d’un ovale bi-ponctué dont le contour inférieur s’interrompt sur la cassure de la roche support (fig. 29).

29La nature imposante de la montagne d’Issamadanen, les grands bancs granitiques surmontant ses crêtes et les dépressions de piémont se remplissant d’eau à chaque saison des pluies, sont autant de singularités géomorphologiques qui ont sans doute contribué à faire de ce lieu un sanctuaire particulier ayant motivé l’exécution, sur des surfaces horizontales ou sub-horizontales, de plusieurs dizaines d’ovales, images probables de génies, aux côtés de signes et de cupules qui devaient favoriser l’efficacité des rites. Ces constellations graphiques exposées face au ciel visaient-elles à interpeller durablement les puissances célestes afin que les pluies s’abattent sur la région ? À défaut de certitude, on notera que, dans le nord de l’Afrique, les génies sont tenus pour responsables des micro-cyclones et des tempêtes (Camps-Fabrer 1998). En pays songhay, dans la moyenne vallée du Niger, certains d’entre eux sont censés commander au cycle des saisons, et contrôler les pluies ; Jean Rouch (1953) les qualifie à ce titre de « moniteurs de la nature, maîtres du ciel ». Plus en amont du fleuve, dans le secteur de Bamako, Germaine Dieterlen (1942 : 154) a suivi un rite d’appel à la pluie au cours duquel un bélier et un coq blanc ont été sacrifiés sur un rocher émergeant du fleuve à l’attention du génie faro, afin que s’abatte l’eau du ciel indispensable aux cultures. Dans le bas Congo, la pluie est une manifestation directe des génies (Plancke 2014).

30Intéressons-nous à présent aux données archéologiques qui permettent de délimiter le cadre chronologique des ovales et de définir leur contexte socio-économique de réalisation, ces éléments de connaissance étant indispensables pour pousser plus loin les réflexions.

Des gravures rupestres protohistoriques

31Une petite figurine de terre cuite collectée par Jean et Michel Gaussen (1988 : 132 et fig. 94/6) à Smar Smarren, dans la basse vallée du Tilemsi, un affluent de la rive gauche du Niger, au niveau de Gao, présente un air de famille avec les ovales de l’Adrar des Iforas gravés à quelque trois cents kilomètres au nord de son lieu de découverte. Cette pièce se présente sous la forme d’une tablette argilo-sableuse sub-rectangulaire aux angles et aux bords arrondis, plane d’un côté, faiblement convexe de l’autre, haute de 50 millimètres, large de 30 millimètres, épaisse de 10 à 17 millimètres (fig. 28). Deux trous millimétriques la traversent au tiers de sa hauteur. Leurs contours anguleux et les bavures visibles à leurs débouchés révèlent qu’ils ont été réalisés par enfoncement d’une fine tige alors que la pâte modelée était encore molle. Douze autres trous borgnes plutôt bien alignés, peut-être exécutés au moyen de la même tige, ponctuent le bord le plus proche de l’axe commun aux deux perforations, tandis qu’un sillon entaille superficiellement le bord opposé. La couleur grisâtre de la face bombée peut traduire une cuisson en atmosphère réductrice, à moins qu’elle ne soit due à l’application d’un colorant. Le soin apporté au lissage de cette pièce et la maîtrise subséquente de sa cuisson rendent peu crédible l’idée qu’un enfant l’ait réalisée pour en faire son jouet. L’habileté dont témoigne sa confection permet de l’attribuer à un adulte qui maîtrisait l’art de la terre cuite. Quelle était sa destination ?

32Si les deux trous sont demeurés bruts de perçage après cuisson, c’est parce qu’ils n’ont jamais servi de passage à une ficelle ou à une lanière de suspension. Dans le cas contraire, le frottement du lien dans les orifices en aurait ovalisé et ébavuré les contours. Cette figurine n’a donc jamais été portée en pendeloque. De plus, elle ne montre aucun stigmate d’usure qui peut la faire identifier à un outil ou à une pièce de jeu d’usage courant. Sa taille réduite et sa solidité rendaient sa manipulation aisée. Ses caractères invitent à y voir une entité au regard bien rendu, humanisée par sa coiffe, laquelle se composait d’une douzaine de tiges végétales (paille, brindilles, épines) ou animales (plumes, piquants, os longs et menus) fichées verticalement sur son bord supérieur. Cette pièce évoque les ovales bi-ponctués de l’Adrar des Iforas, et plus particulièrement l’exemplaire d’Issamadanen au double contour compartimenté assimilable à une coiffe ou à un couvre-chef (fig. 17, no 52). Des poteries hémisphériques retrouvées à son entour, décorées par impressions de cordelettes roulées, permettent d’établir son âge, et de dater sensiblement de la même époque les ovales gravés, d’après plusieurs figures associées, riches d’indications chronologiques.

  • 17 La balle se compose des pédicelles, des soies, des glumes et des glumelles constitutives des épille (...)

33Les poteries en question sont bien représentées dans plusieurs gisements archéologiques du bas Tilemsi, dont certains ont livré, comme à Smar Smarren, des petites figurines de terre cuite anthropomorphes et zoomorphes (Arazi et Manning 2010 ; Dupuy 2020b ; Gaussen et Gaussen 1988 ; Smith 1978). Leur pâte a été dégraissée avec de la balle de céréales17. Le rayonnement carbone 14 émis par les restes non consumés de cet ajout organique et, parallèlement, les mesures OSL (Optically Stimulated Luminescence) effectuées sur les petits cristaux qui étaient inclus dans l’argile de départ, ont permis de dater la fabrication de ces poteries entre la seconde moitié du iiie millénaire BCE et la première moitié du millénaire suivant (Manning et al. 2011). La figurine de Smar Smarren a donc été vraisemblablement réalisée à cette époque.

34Un âge similaire peut être attribué aux ovales gravés dans l’Adrar des Iforas grâce aux signes curvilignes réalisés à leurs côtés à Issamadanen, et qui sont semblables à ceux exécutés à Imaoun dans le sud du Maroc (Dupuy et Searight 2005). Ces derniers sont ici gravés aux côtés d’ovales (Garcin et Garcin 2004), et de haches pourvues d’un tranchant courbe à l’image de celle tenue par l’un des ovales bi-ponctués de l’Adrar des Iforas sur lequel nous nous sommes déjà attardés (fig. 24). Ce type de hache fait partie de la panoplie des armes métalliques gravées dans le Sahara marocain et, plus au nord, jusque dans le Haut Atlas (Rodrigue 2016). Plusieurs de ces dessins sont les copies d’armes réelles à lames de cuivre et de bronze qui étaient fabriquées dans la péninsule ibérique entre la fin du iiie millénaire et le milieu du iie millénaire BCE (Chénorkian 1988). À ce premier jalon chronologique s’en ajoute un second tout aussi précieux qui tient à la présence de chars à timon unique dans l’horizon iconographique des ovales (fig. 5, 15 et 19 ; Dupuy 1994 et 2006). Ce type de véhicule a été introduit en Égypte depuis le Proche-Orient aux alentours du xvie siècle BCE. À partir de là, sa transmission à travers l’Afrique septentrionale et autour de la Méditerranée a été rapide. Son apparition dans l’Adrar des Iforas remonte probablement au milieu du iie millénaire BCE, à en juger par les deux méandriformes gravés localement, composés de courbes et de contrecourbes enlacées à l’image de ceux décorant divers objets de prestige prisés par les élites méditerranéennes et nilotiques de l’âge du bronze (Dupuy 2016-2017 : 33-34). Une troisième indication chronologique est fournie par les centaines de représentations gravées en plan frontal de personnages, portant souvent des lances à pointe métallique, et oblitérant sur plusieurs parois les pétroglyphes de l’horizon iconographique des ovales à Issamadanen (fig. 11b ; Dupuy et Searight 2005 : 102). Or l’on sait, grâce aux données archéologiques enregistrées à Iwelen, au nord-est de l’Aïr (Niger septentrional), que l’usage de la lance à des fins ostentatoires s’est généralisé dans les expressions rupestres du Sahara méridional, Adrar des Iforas inclus, à partir du ier millénaire BCE (Dupuy 1998, 2018 ; Paris 1990, 1996 ; Roset 1988, 2007). L’ordre immuable des superpositions à Issamadanen indique que les ovales ont été gravés avant cette époque. Ces diverses données se complètent et s’accordent pour situer leur âge de réalisation entre la fin du iiie millénaire et le milieu du iie millénaire BCE. Cet intervalle recoupe celui établi pour la figurine de Smar Smarren à la limite inférieure un peu plus ancienne. Que deux modes d’expression aussi différents que le modelage et la gravure aient été utilisés concomitamment à trois cents kilomètres de distance pour témoigner de l’existence d’entités d’aspect comparable est révélateur d’un courant de représentations apparentées !

  • 18 Ces macro-traces résultent de l’incorporation des résidus de décorticage des épillets de mil dans l (...)

35Ce phénomène culturel se manifeste à une époque où le bœuf est valorisé, comme le suggèrent ses nombreuses figurations dans l’horizon iconographique des ovales, ainsi que les découvertes, dans le bas Tilemsi, de deux figurines le représentant et d’un sujet inhumé en pleine terre (Gaussen et Gaussen 1988 : 132 et fig. 94/9 ; Manning 2011 ; Smith 1978 : Pl. II.3). Des dessins de vaches aux mamelles magnifiées dans les expressions rupestres de l’Adrar des Iforas nous ramènent à une époque où les éleveurs tiraient bénéfice de la production laitière de leurs femelles. Parallèlement, les ossements de bœufs mis au jour dans le bas Tilemsi, parmi divers restes de repas, indiquent un élevage tourné vers la viande. D’autres fragments d’os témoignent de la consommation de chèvres et/ou de moutons et de gibier ; les autres rebus, celle de produits issus de la pêche et de la cueillette (Finucane et al. 2008 ; Manning 2011). Les plats accordaient sans doute une place éminente au mil (Cenchrus americanus, ancienne désignation Pennisetum glaucum) puisque cette graminée était alors cultivée localement, comme en attestent indirectement les empreintes d’épillets de morphologie domestique de cette céréale observées en surface de plusieurs tessons du bas Tilemsi18 (Manning et al. 2011). Cette pratique culinaire est plus ancienne dans le Sahara malien où elle est datée du ive millénaire BCE, au vu de la largeur moyenne des empreintes de grains de mil visualisées dans des tessons grâce à des micro-tomographies aux rayons X, laquelle largeur moyenne s’avère de 28 % supérieure à celle des graines de la plante spontanée (Pennisetum violaceum) qui pousse encore de nos jours sur les sols sablonneux du Sahara méridional (Fuller et al. 2021).

  • 19 Les imposants monticules de déchets de taille à Ilouk et à Lagreich bien visibles dans le paysage p (...)

36Le développement de cette céréaliculture a permis des récoltes de grains excédentaires dont la redistribution a dispensé des individus de devoir produire leur propre nourriture. Cette situation a favorisé la naissance de corps de métiers spécialisés. On en a pour preuve la fabrication en série de perles en cornaline dans le bas Tilemsi à partir du début du iie millénaire BCE pour répondre à une demande qui dépassait largement les besoins locaux19, alors que la culture du mil se propageait à travers la savane ouest-africaine de la Mauritanie méridionale jusqu’au bassin du lac Tchad. Quelques siècles plus tard sont apparus deux autres artisanats à haut savoir-faire : la métallurgie et le charronnage (Dupuy 2018). Les hommes sont ainsi devenus plus tributaires les uns des autres. La course au prestige et la volonté de contrôler la circulation des richesses ont conduit à l’avènement d’aristocraties guerrières durant le premier millénaire BCE. La multiplication des représentations de guerriers en plan frontal armés de lance à large pointe métallique dans l’art rupestre du Sahara méridional est révélatrice de cette évolution sociétale. La pyramide sociale a fini par atteindre son élévation optimale lorsqu’un personnage hors du commun, reine ou roi, s’est approprié des pouvoirs religieux, politique, judiciaire et militaire. L’existence de royaumes est attestée dans le Bilad al-Sudan (« pays des Noirs ») au ixe siècle de l’ère commune par les premiers chroniqueurs arabes. Les données archéologiques actuelles invitent à situer leur genèse au ier millénaire BCE, voire plus tôt.

37L’agriculture du mil, eu égard à ce qu’elle a induit de transformations socio-économiques, technologiques et politiques, a fait entrer le Sahel dans l’antichambre de l’histoire, c’est-à-dire dans la protohistoire (Dupuy 2015). Les ovales de l’Adrar des Iforas réalisés en contexte agro-pastoral entre les milieux des iiie et iie millénaires BCE peuvent donc être qualifiés de protohistoriques. L’aridité s’intensifiait à cette époque. Aussi la venue des pluies devait-elle faire partie des préoccupations des populations saharo-sahéliennes. La croyance en des génies censés commander aux précipitations avait-elle alors cours ? Les ovales les présentifiaient-ils ? Étaient-ils gravés face au ciel dans ce but ? Si ces questions font sens au regard du contexte, répondre par l’affirmative ne saurait être de mise.

Un phénomène spatio-temporel de vaste ampleur

38Élargissons à présent les horizons afin de voir si les centaines d’ovales répertoriés dans le sud de la Libye et de l’Algérie, au nord-est du Niger et dans le Sahara marocain et atlantique, viendraient conforter l’hypothèse de représentations de génies.

39Où que l’on se situe, ces motifs se trouvent gravés en bordure de vallées sur des dalles horizontales ou subhorizontales, à l’exception de quelques exemplaires réalisés sur des parois verticales ou obliques. Leur exposition face au ciel a donc été très largement privilégiée. Ces gravures apparaissent, comme dans l’Adrar des Iforas, soit isolées, soit groupées et inclinées à divers degrés, parfois, on l’a vu, entrelacées et/ou disposées tête-bêche (fig. 30). Leurs tailles sont comprises entre 20 et 60 centimètres. L’une d’elles, haute de près de 1,50 mètre, sort du lot (Gauthier et Gauthier 2010 : 71). Les trois quarts des contours sont dotés d’excroissances. Les aménagements qui reviennent avec le plus d’insistance sont les embases aux lobes symétriques plus ou moins développés, effilés, cintrés, ornés, et les arciformes aux branches de longueur variable. S’y substituent ou s’y ajoutent parfois des bulbes ronds, oblongs ou bilobés, des paires de petits moignons latéraux, des U sous-jacents. Un motif gravé dans l’Ahaggar central se singularise par ses deux ellipses foliacées et nervurées faisant songer à deux feuilles implantées entre bulbe et corps (fig. 31, no 60 ; Bernezat 2014 : 57).

  • 20 Cette typologie figurative est établie à partir des clichés que m’ont transmis les personnes citées (...)

40Les transformations graduelles des contours conduisent à un classement typologique20 comparable à celui de la figure 23 ayant trait aux ovales recensés dans l’Adrar des Iforas. Les motifs en partie basse, sur la figure 31, regroupent les formes simples, sub-ovalaires à sub-rectangulaires (nos 1 à 13). Ceux qui suivent évoquent, de par leurs décorations internes, des têtes humaines (nos 14 à 19). Viennent ensuite les exemplaires à étranglement basal, sous-tendus d’un bulbe trapézoïdal, hémisphérique ou bilobé, plus ou moins orné (nos 20 à 25), puis ceux flanqués en partie basse de petits moignons appariés (nos 26 à 29) auxquels se substituent, dans un cas, deux appendices ciliés latéraux (no 28). Les registres supérieurs réunissent les motifs sous-tendus d’embases, puis ceux dotés d’arciformes aux antennes latérales plus ou moins longues et effilées, implantés ou non dans les bulbes et les embases. Les décorations internes, lorsqu’elles existent, consistent en des traits rectilignes, curvilignes ou sinueux, tantôt profondément incisés et polis, tantôt superficiels, orientés longitudinalement, transversalement ou entrecroisés, en des plages piquetées, en des semis de points, en des bi-ponctuations peu apparentes ou en des cupules appariées bien marquées. Ces dernières font penser à des yeux, surtout quand s’y adjoignent des dépressions et des incisions évoquant des sourcils ou des arcades sus-orbitaires, des nez ou des épines nasales, des lèvres ou des bouches (fig. 31, nos 12 à 20). Une essence humanoïde se dégage des motifs aux doubles contours faisant songer à des coiffes enveloppantes (fig. 31, nos 13, 14 et 29), et de l’exemplaire muni de deux branches latérales coudées suggérant deux bras levés à demi-pliés (fig. 31, no 62). Les embases en forme de nageoires caudales évoquent, quant à elles, les parties terminales d’êtres aquatiques. Les renflements, les lobes foliacés et les arciformes font penser, de leur côté, aux organes d’invertébrés et/ou d’espèces végétales, tels que bulbes, antennes, barbillons, soies... Cette disparité d’éléments ajoutée à la transformation graduelle des contours invite à identifier ces gravures à des êtres chimériques qui se métamorphosent en transcendant les frontières interspécifiques.

  • 21 Ces compositions sont parfois interprétées comme des captures au gros gibier, les ovales étant assi (...)
  • 22 Dans l’Immidir (massif situé dans le sud du Sahara algérien), un bétyle tronconique de base plane, (...)

41Ces observations conduisent de nouveau à l’hypothèse de génies aptes à changer de formes, une hypothèse qui se trouve étayée autrement par les gravures d’ovales recoupant les silhouettes de gazelles, d’antilopes, de rhinocéros, d’un bovidé et d’une girafe (fig. 32)21. Ces situations ne sont pas sans évoquer en effet cette autre faculté extraordinaire des génies à s’immiscer dans les corps d’animaux sauvages ou à les chevaucher. Dans ce même ordre d’idée, les antilopinés et les humains acéphales contenus dans quelques ovales pourraient représenter des sujets possédés par ces entités (fig. 33). Une gravure incisée à El-Greifa sur une dalle dominant la vallée d’al-Ajal, à la limite nord du Messak libyen, semble participer de cette atmosphère (Barnett 2019 : 129). Elle figure un ovale bi-ponctué se greffant orthogonalement sur l’abdomen d’un personnage au corps bien proportionné (fig. 34). Cette protubérance ventrale peut être rapprochée, d’une part, « des formes oblongues à rayures longitudinales » attenantes au ventre de personnages (Gauthier et Gauthier 1995 : 183), d’autre part, des protomés d’aurochs, de buffle, ou de lion, fixés à la ceinture d’êtres mythiques à tête de lycaon et corps d’humain, ces dessins se trouvant gravés à divers endroits dans le Messak libyen (Van Albada et Van Albada 1995 : 34-35, 40-44). Le personnage d’El-Greifa pourrait symboliser un humain possédé, ou un spécialiste des rituels, voire un être surnaturel, se métamorphosant en génie... En plus de son étrangeté qui interpelle, cette gravure fournit un précieux repère chronologique. Elle fait partie des expressions rupestres régionales à figures naturalistes. Les datations au carbone 14 obtenues sur le matériel organique exhumé de vingt-six monuments cultuels en pierres sèches fouillés localement, qui incorporaient des stèles décorées de pétroglyphes typiques de cet horizon iconographique, permettent de situer dans la seconde moitié du ve millénaire avant J.-C. l’âge d’expression de cet art rupestre (Di Lernia et Gallinaro 2010 ; Di Lernia et al. 2013). La représentation humaine d’El-Greifa est datable de cette époque, ou antérieure au iiie millénaire BCE, avant que se multiplient dans la région des expressions empreintes de schématisme ignorant les ovales. Son âge s’avère donc au moins un millénaire plus ancien que celui des ovales de l’Adrar des Iforas. De fait, la tradition de gravure rupestre ayant présidé aux représentations d’ovales semble bien s’être perpétuée durant plusieurs siècles à travers le Sahara. Que des divergences iconographiques se soient manifestées sur un tel laps de temps n’est pas pour surprendre ! L’absence de motifs curvilignes à l’entour des ovales du Messak en est une (Van Albada et Van Albada 2000, Barnett 2019). En revanche, des spirales, des cercles concentriques, des alvéoles et/ou des méandriformes avoisinent les exemplaires gravés dans l’Ahaggar central (Bernezat 2014 ; Trost 1981 et 1997), dans l’oued Djerat au nord de la Tassili-n-Ajjer (Zboray 2019 : fig. P2092 et P3645), ainsi que ceux dessinés à Imaoun au sud de l’Atlas marocain (Searight 1999 ; Garcin et Garcin 2004) où des dalles à cupules sont présentes ici comme à Issamadanen (Hoek 2019). À propos de singularités régionales, il est important de signaler les découvertes, en surface, dans le sud du Sahara algérien, d’une douzaine de statuettes en pierre hautes de 22 à 50 cm (Camps-Fabrer 1966 : 251-265 ; Le Quellec 2018 : 130-132). Ces sculptures en rondes-bosses présentent des corps ellipsoïdaux ou globulaires (fig. 35). Des méplats, délimités par de discrets bourrelets, sont aménagés dans la partie supérieure de la moitié d’entre elles. Les ornementations à ce niveau permettent d’y voir des visages humains avec arcades sourcilières, épines nasales et yeux. Le dépouillement formel de ces bétyles peut être rapproché du schématisme marqué des gravures d’ovales du Sahara et du traitement figuratif minimaliste opéré sur la petite figurine bi-perforée du bas Tilemsi (fig. 23, 29 et 31). Ces analogies stylistiques alimentent l’idée de représentations apparentées22. La diversité des modes d’expression utilisés – gravure, modelage, sculpture – pour figurer des sujets au corps globulaire, sans cou, ni membres dégagés, et ce dans une vaste aire géographique durant des siècles, est révélatrice de l’importance symbolique que recouvraient ces entités.

42La proximité topographique notée, dans l’Adrar des Iforas, entre l’emplacement des gravures d’ovales et les points d’eau ne peut être généralisée à tout le Sahara. La forte érosion des sols ne permet pas en effet de préjuger des paysages à l’époque d’exécution de ces motifs, excepté à deux endroits. En premier lieu, dans la vallée d’al-Ajal, où des dépôts sédimentaires conservés révèlent la présence d’un lac au moment où fut gravé le fameux personnage à appendice ventral d’El-Greifa. En second lieu, à Imaoun, où les deux promontoires rocheux supportant des centaines de gravures, y compris des ovales, se présentent encore de nos jours comme deux îlots au milieu de la plaine inondée lorsque les crues, parcourant l’oued Akka tout proche, sortent de leur lit.

43Des taurins, des chèvres et des moutons sont élevés au Sahara central à partir du ve millénaire BCE (Dupuy 1989). Les graminées de la savane, en particulier Panicum et Echinochloa, sont récoltées et consommées (Mercuri et al. 2018). Plus au sud, dans le nord du Mali, des groupes s’adonnent à la cueillette de Pennisetum (Fuller et al. 2021). L’aridité s’affirme. La détérioration du biotope encourage à la mobilité. Des constructions funéraires en pierre sèche, de taille imposante – tumulus à couloir et enclos, tumulus en croissant, plates-formes cylindriques – voient le jour à la charnière des ive-iiie millénaires BCE (Berkani et al. 2015 ; Paris 1996). Leur monumentalisme témoigne de l’existence d’élites locales, et leur vaste distribution, d’interactions culturelles à grandes distances (Gauthier et Gauthier 2008 ; Jarry 2018 et 2020).

  • 23 L’analyse des isotopes du strontium devrait permettre de préciser dans un proche avenir l’origine m (...)
  • 24 Pour juger de ces affinités morphologiques et stylistiques, on se reportera au catalogue d’expositi (...)

44De l’ivoire d’éléphant africain23 est introduit dans le sud-ouest de la péninsule ibérique à la fin du ive millénaire BCE. Concomitamment, la poterie en Estrémadure portugaise s’orne d’impressions au peigne, selon une tradition décorative pratiquée au Sahara. Des personnes inhumées au sud de cette région, dans la vallée de la Guadiana, présentent au niveau de leur dentition des caractères morphologiques génétiquement déterminés qui plaident en faveur d’une origine africaine en accord avec l’ADN extrait de leurs ossements (Afonso et al. 2013 ; Cunha 2012 et 2015 ; Schumacher 2017 : 305). L’importation d’ivoire d’éléphant nord africain dans le sud de la Péninsule ibérique a toujours cours, à la charnière des iiie-iie millénaires BCE, lorsque sont fabriquées dans ce secteur des armes en cuivre et en bronze. Une partie de cette production métallurgique atteint le littoral marocain (Camps 1960, 1961 et 1992) et pénètre à l’intérieur des terres, comme en témoignent les centaines de figurations gravées de ces armes sur les dalles de grès de plusieurs massifs du Haut Atlas (Chénorkian 1988 ; Malhome 1959 et 1961 ; Rodrigue 1999). Les ovales figurés un peu plus au sud, à Imaoun, participent de cet horizon iconographique caractéristique de l’âge ancien des métaux (Dupuy et Searight 2005). La capacité qu’ont ces motifs et des bétyles sahariens d’évoquer les « idoles dioculées » de l’Europe sud-occidentale, sculptées et gravées dans de la pierre et de l’os, peintes sur des stèles, et modelées dans de l’argile, au cours des ive-iiie millénaires BCE, a déjà été notée (fig. 36 ; Dupuy 2006 : 42-44 ; Savary 1965)24. Ces affinités morpho-stylistiques posent la question de l’existence d’une transmission de concepts et de croyances de part et d’autre du détroit de Gibraltar dans un contexte d’échanges commerciaux nord-sud/sud-nord alors que les sociétés se hiérarchisent et que l’aridité au Sahara contraint des groupes à la mobilité. Les fouilles archéologiques à venir sur le quart nord-ouest du continent africain devraient permettre à terme de poser les jalons chrono-culturels qui, à l’heure actuelle, font défaut pour préciser la teneur de ces interactions transcontinentales.

Conclusion et réflexion sur l’anthropomorphisation des génies

  • 25 On ne peut exclure que le façonnage de l’argile sans cuisson ultérieure, que la taille du bois et d (...)
  • 26 D’autres rites pouvaient plutôt remplir cet objectif, au rang desquels l’usage de pierres de pluies (...)

45Une même communauté de pensée semble avoir commandé aux réalisations des quelque quatre cents gravures rupestres d’ovales réparties dans la bande saharienne, du Niger oriental à la façade atlantique. Des préoccupations similaires pourraient avoir motivé le modelage d’une figurine en argile dans le bas Tilemsi et la sculpture d’une douzaine de statuettes en pierre dans le sud du Sahara algérien, eu égard à leur parenté formelle avec les gravures25. Ces productions graphiques et plastiques s’inscrivent dans un cadre chronologique allant de la fin du ve millénaire au milieu du iie millénaire BCE. À cette époque, l’aridité s’accroît. Les ressources en eau se raréfient. Les terres se dessèchent. Les biotopes se dégradent. La prolificité des hardes et des troupeaux et l’abondance des grains spontanés et domestiques récoltés sont tributaires des précipitations. Les gravures rupestres d’ovales – seule famille de pétroglyphes du Sahara à se présenter sur des surfaces rocheuses horizontales à si grande échelle – étaient-elles réalisées quasi systématiquement face au ciel pour en appeler aux pluies ô combien vitales26 ? Bien que plausible, cette explication, qui fait la part belle à la géographie et au climat, mérite d’être considérée avec circonspection car on ne peut exclure que des motivations socioculturelles et religieuses, difficiles à saisir en archéologie, aient pu aussi inciter à ces actions de gravures rupestres.

46Les traits particuliers que les graveurs ont figurés avec parcimonie sur les ovales, lesquels évoquent tantôt des yeux, des bouches, des bras, des nageoires caudales, des barbillons, des antennes, des bulbes, des feuilles, alliés à quelques attributs faisant songer à des coiffes, des haches, des bâtons, conduisent à y voir les dessins d’entités qui étaient à la fois sensibles et agiles, et sujettes aux transformations. Le fait que l’une de ces créatures, dans l’Adrar des Iforas, se substitue à des humains en relation singulière avec des animaux à long cou, le fait que plusieurs d’entre elles soient intriquées, par ailleurs, dans les silhouettes de grands ongulés, ou bien qu’elles contiennent les corps d’antilopes ou de personnages acéphales, quand elles ne se greffent pas sur l’abdomen d’anthropomorphes, bref l’ensemble de ces situations iconographiques engage à identifier ces motifs à des génies dotés de capacités comparables à celle des génies peuplant aujourd’hui l’imaginaire de plusieurs populations ouest-africaines. La croyance en l’existence de telles entités vient sans doute du fond des âges, eu égard à sa prégnance et à sa vaste répartition géographique. Elle témoigne d’une constante de fonctionnement de l’esprit humain à vouloir expliquer les mécanismes commandant à la marche du monde afin de pouvoir influer en retour sur eux avec l’espoir de lendemains qui chantent. D’après les relations qu’en donnent de nombreux récits ouest-africains, les génies sont des êtres sociaux à l’instar des humains, mais qui, à la différence de ces derniers, évoluent à la charnière des mondes visible et invisible. Ils ont en outre la propension à se mouvoir dans tous types de milieux, à déroger aux lois de la nature par leur anatomie singulière et par leur faculté à s’hybrider, à se métamorphoser, à s’incarner aussi bien dans des matériaux inertes que dans les corps d’êtres vivants, à se rendre maîtres des animaux sauvages. Certains de ces êtres sont censés commander au climat, notamment à la venue des pluies. Les rites qui leur sont consacrés imposent parfois leur matérialisation par modelage ou par sculpture. Ces troublants parallèles entre ethnographie et iconographie invitent à voir, dans les ovales du Sahara, des génies. Puissent les recherches futures apporter de nouvelles pièces à ce dossier, en espérant que celles-ci soient à même de mieux éclairer et de mieux baliser cette piste interprétative qui, en l’état des connaissances, se perd dans le long cours de la protohistoire africaine !

47En attendant, les contours des ovales, de par leur dépouillement, interpellent, tant ils sont éloignés de l’anthropomorphisme des génies ouest-africains que quelques difformités et bizarreries distinguent des hommes. Les expressions rupestres de l’Adrar des Iforas fournissent une explication à ce basculement formel. Les gravures d’ovales ont été réalisées au moment où l’élevage et l’agriculture se répandaient. Le développement de l’économie agro-pastorale a ensuite transformé la société. La redistribution des surplus céréaliers a favorisé la naissance d’artisanats spécialisés. Les objets de luxe fabriqués, prisés par tous, mais accessibles à une minorité, ont attisé les convoitises. Les inégalités de richesse se sont accentuées. Les hiérarchies sociales se sont accrues. La multiplication des images de porteurs de lance à large pointe métallique, dans l’Adrar des Iforas et, plus largement, dans le sud du Sahara, atteste de l’avènement d’aristocraties guerrières au cours du ier millénaire BCE. À cette époque, les ovales ne faisaient plus partie du registre des graveurs. Comment expliquer l’abandon de ce thème ? On peut supposer que les élites, il y a plus de trois mille ans, se soient fait fort de sceller des alliances avec les génies de formes ovalaires, enveloppées, asexuées, qui prévalaient jusque-là et qui étaient dotées de capacités extraordinaires. On imagine combien de tels liens pouvaient être bénéfiques pour l’exercice du pouvoir par le prestige qu’il y avait à s’en réclamer. Plus qu’un désir de relation, une envie de filiation n’aurait-elle primé ? Auquel cas, une anthropomorphisation des génies devenait nécessaire. Dans cette hypothèse, l’abandon de la tradition d’art rupestre qui avait consisté à graver, durant des générations, des ovales face au ciel en bordure de vallées marquerait une profonde transformation des mentalités, au tournant des iie-ier millénaires BCE, dans l’Adrar des Iforas et au-delà.

Une exposition face au ciel privilégiée

Fig. 1 : Situation géographique des six stations de gravures rupestres où ont été relevés des motifs sub-ovalaires à sub-rectangulaires (image satellite Google Earth).

Fig. 1 : Situation géographique des six stations de gravures rupestres où ont été relevés des motifs sub-ovalaires à sub-rectangulaires (image satellite Google Earth).

Leurs coordonnées géographiques sont indiquées dans le tableau 1. Ces stations se distribuent le long de quatre vallées successives du versant nord-occidental de l’Adrar des Iforas et se répartissent dans un rayon d’une vingtaine de kilomètres au sud-sud-est du village de Tessalit.

Tableau 1 : Toponymes des vallées et des stations de gravures rupestres du versant nord-occidental de l’Adrar des Iforas où sont présentes les cinquante-neuf gravures d’ovales faisant l’objet de cette étude.

Tableau 1 : Toponymes des vallées et des stations de gravures rupestres du versant nord-occidental de l’Adrar des Iforas où sont présentes les cinquante-neuf gravures d’ovales faisant l’objet de cette étude.

La colonne centrale renvoie à l’indexation de leurs relevés à l’encre intégrés dans le corpus de ma thèse (Dupuy 1991). S’y reporter permet de cerner leur contexte iconographique de réalisation.

Fig. 2

Fig. 2

a. La station de gravures rupestres d’Issamadanen. Plus d’un millier de pétroglyphes ont été réalisés sur cette montagne granitique du nord-ouest de l’Adrar des Iforas. Ses lignes de crête parallèles dépassent à divers endroits les quarante mètres de hauteur par rapport au niveau de la vallée d’Egharghagh. Les mares qui se forment dans ses dépressions à l’endroit d’Issamadanen, durant les pluies de mousson, sont parmi les dernières du secteur à s’assécher.

b. Blocs à flanc d’escarpement ornés de motifs figuratifs et non figuratifs.

c. Exemple de dalles couvertes de cupules, de signes abstraits et de figures animalières schématiques.

Fig. 3 : Ovale vierge de décor et d’aménagement périphérique (env. 33 x 16 cm) gravé isolément sur la face supérieure horizontale d’un bloc rocheux situé à l’aplomb d’une mare.

Fig. 3 : Ovale vierge de décor et d’aménagement périphérique (env. 33 x 16 cm) gravé isolément sur la face supérieure horizontale d’un bloc rocheux situé à l’aplomb d’une mare.

Plus d’une centaine de gravures sont présentes sur les rochers avoisinants (vallée d’Amboubar, station d’In Tahaten).

Fig. 4 

Fig. 4 

a. Motif sub-rectangulaire bi-ponctué s’inscrivant dans un arciforme (surface horizontale, env. 16 x 9 cm). Sa branche montante gauche aboutit sous la tête d’un quadrupède.

b. L’extrémité coudée de sa branche opposée est munie d’une boucle. Ce motif ainsi que les animaux à son entour ont été gravés par piquetage. Leurs silhouettes se composent de quelques droites et courbes enlacées. Malgré le schématisme des représentations, on reconnaît deux bovidés à cornes en U et trois carnivores. Un singe à queue au sexe démesurément allongé recoupe leur corps. Quelques tracés indéfinissables se mêlent à ces figures (vallée d’Afara, station d’Asenkafa).

Fig. 5 : Paroi verticale ornée, de gauche à droite, d’un char, d’une autruche et d’un motif grossièrement rectangulaire (env. 21 x 8 cm), rempli de piquetages et bi-ponctué en partie haute (vallée d’Egharghagh, station de Chan Taborat).

Fig. 5 : Paroi verticale ornée, de gauche à droite, d’un char, d’une autruche et d’un motif grossièrement rectangulaire (env. 21 x 8 cm), rempli de piquetages et bi-ponctué en partie haute (vallée d’Egharghagh, station de Chan Taborat).

Fig. 6 

Fig. 6 

a. Bloc de granite fracturé orné sur sa face horizontale de deux ovales vierges de décor et d’aménagement périphérique (no 4 : env. 26 x 13 cm ; no 5 : env. 28 x 9 cm), de trois taurins, d’une girafe à lien, de cercles entièrement piquetés munis d’un appendice rayonnant, d’une dizaine de cupules, et de quelques tracés indéfinissables 

b. Vue rapprochée de la girafe au corps décoré par pointillage, du mufle de laquelle part un trait aboutissant sur le bras d’un personnage. Un objet coudé à lame arquée et crochet en partie proximale est gravé entre cet ongulé et l’ovale inorné (vallée d’Egharghagh, station d’Issamadanen).

Fig. 7 : Dalle ornée d’un ovale bi-ponctué à contour ouvert s’inscrivant dans un U (env. 14 x 12 cm).

Fig. 7 : Dalle ornée d’un ovale bi-ponctué à contour ouvert s’inscrivant dans un U (env. 14 x 12 cm).

Le personnage debout sur la bosse du dromadaire, doigts des mains et des pieds écartés, ainsi que la gazelle sur sa gauche et le quadrupède en partie supérieure du cliché sont de réalisation plus récente. Ces figures se rattachent à la période cameline. Les autres tracés sont peut-être contemporains de l’ovale (vallée d’Egharghagh, station d’Issamadanen).

Fig. 8 

Fig. 8 

a. Ovale bi-ponctué à lobe sommital triplement appointé, au corps étranglé duquel partent deux moignons latéraux et deux droites en partie basse (env. 20 x 9 cm).

b. Ce motif apparaît à droite d’une dalle ornée de huit quadrupèdes. Le taurin en position centrale présente une encornure lyriforme et un corps compartimenté. Contrairement à ses congénères aux attitudes figées, il est figuré en marche. Les larges traits piquetés de son contour ont été réalisés sur une gravure plus ancienne aux traits finement incisés dont ne subsistent que les cornes pendantes en tenaille et le toupet terminal de la queue (vallée d’Egharghagh, station d’Issamadanen).

Fig. 9 : Sur la partie prismatique triangulaire centrale de cette grande dalle fracturée en trois morceaux, ovale mêlé à des ponctuations apparaissant en dessous de l’encornure en U d’un taurin (env. 25 x 9 cm).

Fig. 9 : Sur la partie prismatique triangulaire centrale de cette grande dalle fracturée en trois morceaux, ovale mêlé à des ponctuations apparaissant en dessous de l’encornure en U d’un taurin (env. 25 x 9 cm).

D’autres taurins, un canidé et peut-être deux girafes ornent les blocs adjacents. Les corps de ces animaux sont basculés les uns par rapport aux autres. Des tracés curvilignes recoupent leurs silhouettes (vallée d’Egharghagh, station d’Issamadanen).

Fig. 10 : Motif sub-rectangulaire bi-ponctué sur coussinet cintré muni d’antennes latérales.

Fig. 10 : Motif sub-rectangulaire bi-ponctué sur coussinet cintré muni d’antennes latérales.

Env. 33 x 11 cm (vallée d’Egharghagh, station d’Issamadanen)

Fig. 11

Fig. 11

a. Banc granitique à forte densité de gravures, fracturé en deux gros blocs.

b. Le bloc de gauche comprend deux ovales tête-bêche s’inscrivant dans des arciformes recoupés par des quadrupèdes et contigus à des plages piquetées et des cercles concentriques (no 10 : env. 20 x 12 cm ; no 11 : env. 23 x 13 cm). Le no 11 est surchargé par un personnage à tête ronde au corps traité de face.

c. Sur le bloc de droite, un ovale recoupe les jambes de deux autruches (env. 21 x 5 cm). Des cercles concentriques et des cupules participent de son ornementation. L’imbroglio des tracés au centre du panneau est si confus qu’il est impossible de suivre les silhouettes des sujets traités (vallée d’Egharghagh, station d’Issamadanen).

Fig. 12 : Dalle oblique située de plain-pied en bordure de la vallée d’Egharghagh à l’aval de dépressions se remplissant d’eau à chaque saison des pluies.

Fig. 12 : Dalle oblique située de plain-pied en bordure de la vallée d’Egharghagh à l’aval de dépressions se remplissant d’eau à chaque saison des pluies.

Ces marigots sont parmi les derniers du secteur à s’assécher en raison des seuils rocheux qui, à ce niveau, barrent la vallée et bloquent les écoulements d’eau souterraine. Vingt-deux ovales a minima sont discernables. Leur hauteur est comprise entre 19 et 34 cm, pour une largeur allant de 9 à 16 cm. Leur distribution sur toute la surface disponible donne à penser à des réalisations relevant d’un même projet iconographique. Aucun pétroglyphe n’est identique, ni orienté de la même manière. Les bi-ponctuations internes à certains tracés sont tantôt tournées vers le bas, tantôt vers le haut du support incliné. L’ornementation intègre aussi quelques courbes et contrecourbes, un cercle bi-ponctué en haut à gauche du panneau, un quadrupède schématique en haut à droite, plus bas un personnage masculin à silhouette filiforme. D’une de ses mains part une ligne sinueuse entourant partiellement les motifs nos 27 et 28 (vallée d’Egharghagh, station d’Issamadanen).

Fig. 13 : Paroi oblique supportant trois motifs sub-rectangulaires ornés de paires de cupules (no 36 : env. 31 x 10 cm ; no 37 : env. 35 x 11 cm ; no 38 : env. 35 x 11 cm).

Fig. 13 : Paroi oblique supportant trois motifs sub-rectangulaires ornés de paires de cupules (no 36 : env. 31 x 10 cm ; no 37 : env. 35 x 11 cm ; no 38 : env. 35 x 11 cm).

Les exemplaires disposés tête-bêche sont décorés d’un U contigu à des ponctuations appariées peu apparentes. Ces U posent question : représentent-ils une bouche, un collier, un menton, ou autre chose ? (vallée d’Egharghagh, station d’Issamadanen).

Fig. 14 : Dalle fracturée avec au premier plan un ovale pourvu d’une embase en forme de nageoire caudale (env. 21 x 10 cm), et en arrière-plan un motif ovalaire barré d’un trait (env. 20 x 4 cm), lequel est contigu à un motif comparable, sensiblement de même taille (env. 21 x 5 cm) se logeant dans un U.

Fig. 14 : Dalle fracturée avec au premier plan un ovale pourvu d’une embase en forme de nageoire caudale (env. 21 x 10 cm), et en arrière-plan un motif ovalaire barré d’un trait (env. 20 x 4 cm), lequel est contigu à un motif comparable, sensiblement de même taille (env. 21 x 5 cm) se logeant dans un U.

Cette gravure n’est pas repérée car insuffisamment lisible. On notera, à l’entour de ces motifs, la présence de cercles concentriques, de cupules et de quadrupèdes schématiques (vallée d’Egharghagh, station d’Issamadanen).

Fig. 15 

Fig. 15 

a. Imposant banc rocheux brisé en deux gros blocs, situé à plus de vingt mètres de hauteur par rapport au niveau de la vallée d’Egharghagh avoisinante. Se trouvent ici juxtaposés six motifs ovalaires à sub-rectangulaires, tous bi-ponctués, aux hauteurs comprises entre 12 et 29 cm pour des largeurs allant de 6 à 10 cm. Leurs corps disposés à différents niveaux sont diversement inclinés : les nos 41 et 46 sont pourvus d’une fine embase en forme de nageoire caudale ; deux filaments sous-tendent le no 42 ; deux antennes latérales flanquent le no 43 ; le no 44 s’inscrit dans une enveloppe ellipsoïdale ; le no 45 se loge dans un arciforme aux branches latérales remontant au tiers de sa hauteur. S’observent à leur entour, des courbes, des cercles piquetés en leur centre, un motif à six alvéoles, une cupule, ainsi qu’un quadrupède s’intercalant entre les motifs nos 43 et 44. Un char à roues sans rais, équipé d’une plateforme triangulaire centrée sur le timon et attenante à l’essieu par sa partie arrière, apparaît sur la partie ombragée du bloc de droite. La présence de chars à timon unique aux côtés de motifs ovalaires est documentée sur d’autres rochers (fig. 5 et 19) ; b. Relevé synthétique (vallée d’Egharghagh, station d’Issamadanen).

Fig. 16

Fig. 16

a. Ce banc rocheux fracturé en plusieurs gros blocs est orné de quatre ovales bi-ponctués aux hauteurs comprises entre 18 et 11 cm pour des largeurs allant de 8 à 4 cm. Trois représentations schématiques de taurins et seize cupules participent de sa décoration. Les contours des ovales nos 48 et 49 recoupent les silhouettes de deux taurins. Il est impossible d’établir l’ordre de superposition. Le côté gauche de l’ovale no 48 et les piquetages délimitant les antérieurs du taurin à encornure lyriforme sont confondus. Les postérieurs d’un taurin gravé perpendiculairement au sujet précédant traversent le corps de ce même ovale. Toutes ces gravures ont été réalisées selon la même technique de piquetage et offrent les mêmes tons de patine

b. Relevé et vue rapprochée des motifs nos 47 et 48 (vallée d’Egharghagh, station d’Issamadanen).

Fig. 17

Fig. 17

a. Surface bosselée et accidentée d’une dalle, décorée dans sa partie haute bombée d’une spirale liée à deux motifs sub-rectangulaires jumelés (no 51 : env. 35 x 12 cm ; no 52 : env. 35 x 12 cm). Le double contour du motif de droite est rempli de courts segments rayonnants et intègre deux cupules. Une large embase trapézoïdale piquetée le sous-tend. L’ornementation comprend aussi de nombreux signes curvilignes

b. Vue rapprochée des motifs nos 51 et 52 (vallée d’Egharghagh, station d’Issamadanen).

Fig. 18

Fig. 18

a. Banc granitique fracturé dominant la vallée d’Egharghagh d’une trentaine de mètres, supportant une densité élevée de tracés piquetés parmi lesquels s’individualisent un motif sub-rectangulaire bi-ponctué (no 53 : env. 35 x 12 cm) et un exemplaire comparable sous-tendu d’un U contigu à une fine embase (no 54 : env. 35 x 12 cm). On notera, à leur entour, la présence de cinq cercles concentriques à cupule centrale desquels rayonnent une dizaine de lignes parallèles sinueuses, de huit cupules éparses de taille variable, d’un cercle à appendice marqué en son centre d’une cupule centrale, de plusieurs quadrupèdes stylisés aux corps basculés et enchevêtrés. Les orientations de ces sujets sont aussi variables que ceux des motifs bi-ponctués rassemblés sur d’autres dalles. Cinq tracés ovalaires oblitèrent ces gravures. Quatre sont groupés par paires : il s’agit de représentations de sandales d’époque cameline (phase finale de l’art rupestre saharien). Sont figurées sur deux d’entre elles les brides coup de pied recoupant transversalement les semelles.

b. Relevé et vue rapprochée du motif no 54 (vallée d’Egharghagh, station d’Issamadanen).

Fig. 19

Fig. 19

a. Ovale décoré d’un U gravé très superficiellement (env. 27 x 9 cm), associé à un char dételé équipé de deux roues sans rai (roues pleines ?) aux moyeux indiqués. L’engin est pourvu, en outre, d’un joug droit et d’une plateforme posée sur l’essieu.

b. Relevé synthétique (vallée d’Egharghagh, station d’Issamadanen).

Fig. 20

Fig. 20

a. Bancs rocheux à forte densité de tracés. Se trouvent juxtaposés et entremêlés des semis de cupules, des motifs curvilignes, des animaux schématiques. Deux motifs ovalaires bi-ponctués font aussi partie de l’ornementation (no 56 : env. 16 x 6 cm ; no 57 : env. 16 x 4 cm).

b. Vue rapprochée du motif no 56 (vallée d’Egharghagh, station d’Issamadanen).

Fig. 21 : Motif sub-rectangulaire sur paroi verticale, décoré d’une double cupule et d’un U s’inscrivant dans un arciforme dont la branche montante gauche se prolonge par un appendice coudé attenant à un croissant (env. 30 x 12 cm).

Fig. 21 : Motif sub-rectangulaire sur paroi verticale, décoré d’une double cupule et d’un U s’inscrivant dans un arciforme dont la branche montante gauche se prolonge par un appendice coudé attenant à un croissant (env. 30 x 12 cm).

Cette terminaison évoque une hache équipée d’une lame au tranchant courbe fixée à un manche coudé. Ce type d’objet fait partie de la panoplie des armes gravées dans l’Atlas marocain (se reporter à la figure 24) et sur son piémont méridional à la charnière des iiie-iie millénaires BCE (vallée d’Egharghagh, station de Teon Lachnen).

Fig. 22 : Motif ovalaire bi-ponctué logé dans un U (env. 16 x 8 cm).

Fig. 22 : Motif ovalaire bi-ponctué logé dans un U (env. 16 x 8 cm).

Cette gravure a été réalisée sur une paroi verticale aux côtés de nombreux animaux, parmi lesquels on reconnaît des autruches, des antilopes, des canidés, des taurins, un personnage filiforme. Les autres sujets sont difficiles à identifier (vallée de Taghlit, station d’Adarmolen).

Fig. 23 : Typologie des ovales gravés au nord-ouest de l’Adrar des Iforas : 33 des 59 exemplaires relevés se retrouvent rassemblés sur cette planche.

Fig. 23 : Typologie des ovales gravés au nord-ouest de l’Adrar des Iforas : 33 des 59 exemplaires relevés se retrouvent rassemblés sur cette planche.

Le tableau 1 donne leur situation géographique, et les figures 3 à 22 présentent leur photographie. La série du registre inférieur rassemble les exemplaires dépourvus d’aménagements périphériques et de bi-ponctuations. La frise médiane regroupe, de gauche à droite, les motifs bi-ponctués, puis ceux munis d’un U, pour finir par les deux exemplaires aux corps étranglés et affublés d’attributs. Se succèdent de gauche à droite au niveau du registre supérieur, les motifs munis d’embases avec ou sans bi-ponctuations et U en partie intérieure, puis l’exemplaire au contour dédoublé et segmenté, pour finir par les ovales à arciformes avec ou sans bi-ponctuations et U en surface interne. On observera que la branche latérale droite du no 2 ainsi que la branche latérale gauche du no 58 se prolongent par des excroissances assimilables à des objets coudés du type de ceux brandis par des personnages gravés en d’autres lieux, à l’instar de ceux présentés sur les figures 24 et 25.

Fig. 24 : Personnage de Fif Gaguine (massif du Yagour, Haut Atlas marocain) brandissant une hache à tranchant courbe fixée en son milieu à un manche coudé, comparable à celle liée à l’ovale no 58 d’Issamadanen (fig. 21 et 23).

Fig. 24 : Personnage de Fif Gaguine (massif du Yagour, Haut Atlas marocain) brandissant une hache à tranchant courbe fixée en son milieu à un manche coudé, comparable à celle liée à l’ovale no 58 d’Issamadanen (fig. 21 et 23).

Fig. 25 : Objet coudé brandi à bout de bras par un personnage qui applique l’extrémité pointue de son ustensile contre l’arrière-train d’un taurin à longues cornes.

Fig. 25 : Objet coudé brandi à bout de bras par un personnage qui applique l’extrémité pointue de son ustensile contre l’arrière-train d’un taurin à longues cornes.

Trois autres de ces objets sont dessinés devant l’animal (vallée d’Egharghagh, station d’Issamadanen). Leur profil est comparable à celui lié à l’ovale bi-ponctué no 2 (fig. 4 et 23).

Fig. 26 : Animaux fantastiques figurés au nord-ouest de l’Adrar des Iforas.

Fig. 26 : Animaux fantastiques figurés au nord-ouest de l’Adrar des Iforas.

a. Créature à protomé de girafe, corps et pattes d’autruche, à la tête sous tendue d’un motif à base tronquée, marqué de deux ponctuations peu apparentes en partie haute et d’une discrète cupule en partie basse (vallée d’Egharghagh, station d’Issamadanen).

b. Monstre de même nature, du mufle duquel part un trait aboutissant dans la main d’un personnage masculin (vallée de Tessalit, station d’In Tahaten).

c. Relevé de la gravure précédente.

d. Entité surnaturelle à protomé de girafe et corps d’autruche, à côté de deux girafes et d’une autruche (vallée de Taghlit, station d’Adarmolen)

e. Entité de même nature que les précédentes dont le haut du corps est entouré d’alvéoles comparables à celles liées au lobe basal de l’ovale bi-ponctué no 41 présenté en figure 15 (vallée d’Egharghagh, station d’Issamadanen).

f. Relevé de la gravure précédente.

g. Créature à tête de bœuf munie de cornes en avant et à corps de girafe, entourée d’autruches, d’un taurin et de quadrupèdes non identifiables (vallée de Tessalit, station d’In Tahaten).

h. Relevé du panneau gravé précédent

i. Créature à tête de bœuf munie de cornes en U, à corps de girafe, à l’arrière train touché par un personnage (vallée de Tessalit, station d’In Tahaten)

j. Relevé du panneau gravé précédent

k. Protomé de girafe se greffant sur la tête d’un bœuf muni de cornes tournées vers l’avant et traitées en vue de dessus. Plusieurs autruches sont gravées en partie haute du rocher (vallée d’Egharghagh, station de Chan Taborat)

l. Relevé du panneau gravé précédent.

Fig. 27 : Girafe liée à un personnage filiforme, entourée d’autruches et d’un taurin (vallée de Tirist, station d’Adarmolen).

Fig. 27 : Girafe liée à un personnage filiforme, entourée d’autruches et d’un taurin (vallée de Tirist, station d’Adarmolen).

Ce thème de la « girafe à lien » a été traité vingt-six fois dans six stations distinctes au nord-ouest de l’Adrar des Iforas. Voir, comme autre exemple, la dalle d’Issamadanen supportant les ovales nos 4 et 5 (fig. 6a et 6b).

Fig. 28 : La figurine de Smar Smarren (bas Tilemsi, Mali nord-oriental)

Fig. 28 : La figurine de Smar Smarren (bas Tilemsi, Mali nord-oriental)

Photographies de Philippe Jugie, échelle centimétrique (© Musée national de Préhistoire, Eyzies-de-Tayac, collections Gaussen).

Fig. 29

Fig. 29

a. Bancs granitiques fracturés. L’un d’eux est orné d’une spirale contiguë à des cercles concentriques desquels s’échappent plusieurs courbes prenant en tenaille deux ponctuations. Le motif oblong à base tronquée qui se trouve ainsi délimité est comparable à celui gravé non loin de là sous le cou de l’animal imaginaire présenté en figure 26a. On discerne, à droite du cache-objectif, un char constitué de deux roues sans rai aux moyeux bien marqués, et équipé d’une plateforme ogivale posée sur un timon dépourvu de joug (vallée d’Egharghagh, station d’Issamadanen) ; b. Relevé sélectif.

Un phénomène spatiotemporel de vaste ampleur

Fig. 30 : Dalles ornées de plusieurs ovales.

Fig. 30 : Dalles ornées de plusieurs ovales.

a. En rive gauche de l’oued Ważżen, dans l’Ahaggar central.

Photo Jean-Louis et Odette Bernezat.

b. En hauteur, le long de l’oued Affar, dans la Tadrart Akoukas.

Photo Patrick Dumoulin.

c. Le long de l’oued el-Beridj dans la Tadrart algérienne.

Photo Jürgen F. Kunz.

d. et e. Dans la station d’Imaoun, 30 kilomètres au nord de l’oasis marocaine d’Akka.

Photos Annie et Gérard Garcin.

Fig. 31 : Typologie des ovales gravés au Sahara (réductions différentes suivant les figures), à comparer avec celle de la figure 23 établie pour les exemplaires de l’Adrar des Iforas.

Fig. 31 : Typologie des ovales gravés au Sahara (réductions différentes suivant les figures), à comparer avec celle de la figure 23 établie pour les exemplaires de l’Adrar des Iforas.

De 1 à 19 : contours ovalaires de plus en plus richement décorés se terminant par des figures d’essence anthropoïde. De 20 à 25 : série avec étranglement basal et bulbe plus ou moins décoré. De 26 à 29 : série avec corps inférieur flanqué de petits moignons ou de traits ciliés latéraux. De 30 à 53 : ovales sous-tendus d’embases décorées ou non, plus ou moins développées, à base plane, puis cintrée. De 54 à 60 : ovales attenants à un bulbe sphérique flanqué ou non d’antennes plus ou moins dressées et développées. De 61 à 68 : ovales flanqués d’antennes implantées sur des embases. Régions auxquelles renvoient les relevés : Messak, sud-ouest de la Libye (20 à 24, 59, d’après photographies Bruno Taenzer ; 28, d’après photographie Bernard Fouilleux† ; 37, d’après relevé Tertia Barnett ; 24, 59, d’après photographies Axel et Anne-Michelle Van Albada) ; Akoukas, sud-ouest de la Libye (13, 29, 40, 53, 61, d’après photographies Patrick Dumoulin) ; Tassili-n-Ajjer, sud algérien (10, 11, 54, d’après photographies Jürgen Kunz ; 8, 9, 35, d’après photographies Andras Zboray) ; Ahaggar central, sud algérien (1, 4 à 7, 25, 31 à 33, 41 à 50, 56 à 60, 62 à 68, d’après photographies Odette et Jean-Louis Bernezat ; 15, d’après photographie Franz Trost) ; Djado, nord-est du Niger (12, 38, d’après photographies Thierry Tillet ; 39, d’après photographies David Coulson) ; Sud marocain (2, 3, 14, 26, 27, 34, 36, d’après photographies Annie et Gérard Garcin ; 30, 51, 52, 55, d’après photographies Maarten van Hoek) ; Sahara occidental (16, 17, 18, 19, d’après relevés Helena Ventura Almeda).

Fig. 32 : Ovales intriqués dans les silhouettes de différents animaux.

Fig. 32 : Ovales intriqués dans les silhouettes de différents animaux.

a. Dans la silhouette d’un taurin à cornes en lyre, d’après Tertia Barnett 2019 (vallée d’al-Ajal, station d’El-Greifa, Messak Settafet septentrional)

b. Relevé des gravures de la photographie précédente, et de celles présentes à proximité, d’après Tertia Barnett 2019, échelle pinta-centimétrique.

© The Society for Libyan Studies.

c. Dans la silhouette d’un rhinocéros.

Photo de Bruno Taenzer (vallée du Taleschout au sud-ouest du Messak Settafet).

d. Dans le cou d’une girafe au corps bien proportionné.

Cliché de Christian Dupuy (vallée d’In Akatafa, Tassili-n-Ajjer méridionale).

e. Vue rapprochée de l’intrication.

Fig. 33 : Ovales du Messak Settafet contenant des êtres sensibles (photos de Bruno Taenzer).

Fig. 33 : Ovales du Messak Settafet contenant des êtres sensibles (photos de Bruno Taenzer).

a. Ovales et antilopes juxtaposés dont une incluse dans un ovale.

b. Intrications ovales-antilope. L’ovale au centre du cliché intègre un quadrupède non identifiable.

c. Ovale bi-ponctué sous-tendu d’une embase en forme de nageoire caudale. Un personnage sans tête, bras ramenés dans le dos, jambes légèrement fléchies est gravé au niveau de l’étranglement.

d. Vue rapprochée du personnage acéphale gravé au niveau de l’étranglement.

e. Dalle de grés fracturée, décorée de quatre ovales et d’une girafe, vallée d’In Hagarin.

f. L’un des ovales visibles sur la photographie précédente contient un personnage acéphale.

Fig. 34 : Gravure d’El-Greifa sur une dalle dominant le Wadi al-Ajal en bordure septentrionale du Messak Settafet, d’après Tertia Barnett 2019 : fig. 7.20 a-b, p. 129

Fig. 34 : Gravure d’El-Greifa sur une dalle dominant le Wadi al-Ajal en bordure septentrionale du Messak Settafet, d’après Tertia Barnett 2019 : fig. 7.20 a-b, p. 129

© The Society for Libyan Studies

Fig. 35 : Statuettes du Sahara algérien méridional. Les photographies sont tirées de l’ouvrage d’Henriette Camps-Fabrer 1966.

Fig. 35 : Statuettes du Sahara algérien méridional. Les photographies sont tirées de l’ouvrage d’Henriette Camps-Fabrer 1966.

a. Erg Isaouane-n-Irarraren, H env. 38 cm.

b. Puits d’Ouan Sidi dans l’Edeyen, H env. 31 cm.

c. Tabelbalet dans le Tassili-n-Ajjer, H env. 30 cm (noter la ressemblance troublante de cette pièce avec la gravure à double contour elliptique de l’ovale no44 présentée en figure 15).

Fig. 36 : Stèle anthropomorphe en granite de 31 cm de hauteur pour 7 cm d’épaisseur, découverte à Quinta do Couquinho dans le nord du Portugal.

Fig. 36 : Stèle anthropomorphe en granite de 31 cm de hauteur pour 7 cm d’épaisseur, découverte à Quinta do Couquinho dans le nord du Portugal.

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Notes

1 Ces gravures ont été découvertes au cours de deux missions menées dans l’Adrar des Iforas, en 1986 et 1990, qui étaient complémentaires au programme d’inventaire des sites archéologiques du Mali effectué de concert entre l’Institut des sciences humaines de Bamako (ISH) et le laboratoire d’anthropologie et de préhistoire des pays de la Méditerranée occidentale d’Aix-en-Provence (LAPMO). Les relevés en situation de ces pétroglyphes ont conduit à l’élaboration d’un important corpus (Dupuy 1991) et, consécutivement, à des analyses contextuelles auxquelles participe la présente étude. L’indexation des panneaux gravés telle qu’elle apparaît dans le corpus est reprise dans le tableau 1. Ces recherches ont été soutenues financièrement par le ministère de la Coopération française, la fondation Fyssen, la fondation de France et la fondation Singer-Polignac.

2 Est reprise ici l’orthographe la plus commune pour désigner ce massif. Toutefois, il serait plus juste d’écrire « Adagh des Ifughas », étant donné que les Touaregs de la région se considèrent comme des Kel Adagh, c’est-à-dire comme des « gens de l’Adagh » (les lettres gh et r renvoient respectivement au [r] français et au [r] roulé). Adrar, et ses variantes Adghagh ou Adagh, désignent « la montagne » chez les Berbères (Chaker 1985). Maurice Cortier (1908), auteur en 1907 de la première carte de la région, associa à ce mot l’ethnonyme « Ifoghas » par référence aux fractions « Ifoghas », dénommées localement Ifughas (la voyelle u renvoie au phonème [ou]), qui jouaient dans le secteur, au début du xxe siècle, un rôle politique prépondérant (Badi 2001). Le toponyme « Adrar des Ifoghas » a été ensuite simplifié en « Adrar des Iforas ».

3 Dans un article de 2022, Jean Loïc Le Quellec (2022 : 175) dénombre 388 gravures de ces motifs. Cet effectif s’accorde avec mes estimations.

4 Au lendemain de leurs découvertes, j’ai rangé, par prudence, ces motifs dans la catégorie des « signes abstraits » (Dupuy 1990 : 97), avant de noter seize ans plus tard la capacité de certains d’entre eux à évoquer les représentations anthropomorphes du sud-ouest de l’Europe réalisées au cours des ive-iiie millénaires BCE, souvent dénommées « idoles » par les archéologues européens (Dupuy 2006 : 42-43). On m’a parfois prêté, à tort, l’usage de ce qualificatif à propos des gravures ovalaires de l’Adrar des Iforas (voir à ce sujet Dupuy 2019 et 2020a).

5 Nous retenons ici la définition que Guy Le Moal (1980 : 141, 143-144) donne du terme « génies » (« djinns », en arabe) à partir de ses enquêtes chez les Bobo du Burkina Faso : « êtres ayant – ou étant supposés avoir – une réalité tangible, à la différence des dieux et des esprits qui, eux, appartiennent au domaine des puissances incréées ». En pays bobo comme dans maintes sociétés ouest-africaines, certaines personnes, souvent des devins et des chasseurs, ont en effet la réputation d’être en mesure de voir ces créatures qui évoluent à la frontière du visible et de l’invisible. Les génies se rapprochent des hommes par leurs activités socio-économiques et par certains traits physiques. Ils s’en éloignent par d’autres. Leur aptitude à se métamorphoser, à changer d’apparence, à évoluer en milieux souterrains, aquatiques, terrestres, aériens, célestes, comptent parmi leurs caractères sensationnels. Leur faculté à se mouvoir dans tous types de milieux, leur pouvoir à contrôler les espèces du monde sensible, leur mainmise sur les mondes minéral, liquide, végétal, en font aussi des entités à part. Plusieurs des agissements singuliers prêtés à ces êtres extraordinaires, et les relations spirituelles que les humains entretiennent avec eux, sont présentés plus en avant dans cette étude.

6 Depuis les années 1940, ces motifs, ou du moins certains d’entre eux, ont été tour à tour assimilés, parfois non sans réserves : à des éléments de végétation (Puigaudeau et Senones 1941), à des taureaux vus de derrière (Almagro Basch 1946), à des nasses, pièges ou rets (Almagro Bash 1946 ; Simoneau 1971 ; Huard et Leclant 1973 ; Leclant et Huard 1980 ; Le Quellec 1993 ; Faleschini 1999 ; Wolff 1997, 1999, 2007 ; Rodrigue 2009), à des poissons (Védy 1962 ; Faleschini 1999), à des représentations sexuelles (Milburn 1972), à des cache-sexes, ceintures pelviennes ou étuis péniens (Milburn 1972 ; Striedter 1993 ; Ferhat et Striedter 1993 ; Wolff 2007), à des animaux aquatiques, insectes, récipients ou denrées alimentaires (Lutz et Lutz 1995), à des objets en forme de palette ovale (Soleilhavoup 1997), à des pagnes (Hugot et Bruggmann 1999), à des corniformes (Wolff 2001-2002), à des sacs ou poches (Soleilhavoup 2007), à des bracelets d’archers (Le Quellec 2011), à des bovins sauvages ou domestiques vus de dessus (Ventura Almeda 2019), à des vulves (Soleilhavoup et Duhard 2021).

7 Les clichés et les relevés à l’appui de ce texte sont de l’auteur, sauf mention contraire.

8 Le délitage du substrat rocheux en blocs de tailles variables selon la composition et la microstructure des granites, se produit sous les effets conjugués des variations de température et des secousses telluriques.

9 L’éventail des formes de ces motifs et la manière dont plusieurs d’entre eux s’intriquent dans les silhouettes d’animaux et d’humains – aspects qui sont détaillés dans la dernière partie de cette étude – fragilisent ces interprétations.

10 Il s’agit le plus souvent de bœufs à dos droits, dénommés Bos taurus dans la nomenclature zoologique, et qualifiés de « taurins » dans le langage courant. Apparaissent, à leurs côtés, quelques sujets à bosse en position thoracique identifiables, soit à des zébus (Bos indicus), soit à des hybrides de taurins et de zébus appelés sangas (Dupuy 2005).

11 Font exception quelques vaches reconnaissables à leurs trayons rendus schématiquement par trois ou quatre traits parallèles aux longueurs exagérées, disposés sous leur ventre dans des positions irréalistes (Dupuy 1991).

12 Le trait qui part du mufle de ces girafes se referme parfois sur leur cou, ou n’aboutit à rien (Dupuy 1990 : 101 ; Dupuy 1991 : 89). Il est difficile, dans ces conditions, d’assimiler ce trait à un lasso ou à une longe et de voir, dans les ongulés qui en sont pourvus, des sujets capturés ou apprivoisés.

13 La dalle d’Issamadanen ornée de vingt-deux ovales compte parmi les rares surfaces à avoir été gravées de plain-pied en bordure de vallée.

14 De tels mythes sont répandus chez les Bobo (Le Moal 1980), les Bwaba (Dugast 2015, 2016), les Gourmantché (Cartry 1979), les Lobi (Cros 2017, 2019), les Lyela (Pecquet 1998, 2008) et les Sèmè (Fournier 2016, 2019, 2020) du Burkina Faso, chez les Mandingue du Mali (Kedzierska Manzon 2021), chez les Kabyè (Daugey 2016, 2018) et les Moba (Zwernemann 1998) du Nord-Togo, chez les Peuls du Diamaré, au Cameroun, (Tourneux 1999)... Pour une liste plus exhaustive des peuples ouest-africains croyant en l’existence de ces entités, se reporter à l’article bien documenté que leur consacre Klaus Hamberger (2012).

15 Chez les Songhay de la moyenne vallée du Niger, les génies évoluent, selon leur famille d’appartenance, en milieux souterrains, aquatiques, terrestres, aériens ou céleste (Rouch 1989 et 1997).

16 Il s’agit de cercles simples avec ou sans cupule centrale, de cercles concentriques desquels partent parfois des courbes parallèles, de disques entièrement piquetés munis ou non d’un appendice rayonnant, de spirales, d’alvéoles, d’arcs de cercle emboîtés, de faisceaux de lignes ondulées, de semis de cupules, de deux croix entourées de lignes sinueuses et marquées en leur centre d’une cupule, d’un motif à quatre appendices orthogonaux coudés dans le sens antihoraire aux extrémités lobées associé à neuf cupules s’alignant cinq par cinq suivant deux axes perpendiculaires : une cupule est au centre, quatre autres sont disposées à équidistance entre les appendices, les quatre restantes en marquent les extrémités. Ce motif de conception élaborée est identique à plusieurs dizaines de « roses camuniennes » gravées dans le Valcamonica (Lombardie, Italie). Deux exemplaires de ces « roses camuniennes » ont été aussi relevés à Askum Parish (Bohuslän, Suède), un autre l’a été près d’Ilkley (Northumberland, Angleterre), un dernier à Castro di Guifões (Matosinhos, Portugal). Ces pétroglyphes, eu égard à leur singularité et à leur complexité, témoignent d’interactions culturelles à très grandes distances (Dupuy 2010).

17 La balle se compose des pédicelles, des soies, des glumes et des glumelles constitutives des épillets, qui s’accumulent sur le sol au moment du vannage, après que les grains ont été égrainés et décortiqués.

18 Ces macro-traces résultent de l’incorporation des résidus de décorticage des épillets de mil dans l’argile destinée au façonnage des récipients, afin de faciliter leur montage : ce dégraissant organique a laissé ses empreintes dans la pâte céramique par suite de sa consumation lors de la cuisson des pots.

19 Les imposants monticules de déchets de taille à Ilouk et à Lagreich bien visibles dans le paysage permettent de qualifier ces productions de préindustrielles (Gaussen et Gaussen 1988 : 177-181).

20 Cette typologie figurative est établie à partir des clichés que m’ont transmis les personnes citées dans les remerciements. Elle se base aussi : 1o Sur les planches de relevés à l’encre réalisées par Franz Trost (1997 : 312-313) répertoriant ses découvertes dans l’Ahaggar central ; 2o Sur la fiche dressée par Ulrich W. et Brigitte Chr. Hallier (1992 : 187) à partir des pétroglyphes de même nature recensés par leurs soins dans le Djado et ses alentours ; 3o Sur les séries de motifs constituées par Philippe Masy (1998, 2003) intégrant ses découvertes dans le Sud marocain, dans l’Akoukas, aux côtés de gravures connues de plus longue date ; 4o Sur les fiches typologiques d’Helena Ventura Almeda (2019 : 457-459), d’après les relevés qu’elle a effectués dans le Sahara occidental.

21 Ces compositions sont parfois interprétées comme des captures au gros gibier, les ovales étant assimilés à des rets. Or les rets présumés recoupent indifféremment la tête, le cou, le ventre, le bas du dos ou les membres, des animaux supposément piégés. Leur position aléatoire et leur forme ovalaire ne permettent pas de saisir leur principe de fonctionnement. Aussi est-il difficile de se rallier à cette lecture.

22 Dans l’Immidir (massif situé dans le sud du Sahara algérien), un bétyle tronconique de base plane, haut d’une soixantaine de centimètres découvert en 1987 par Jean-Louis Bernezat, porte sur son fût une gravure de personnage (Gauthier et Lluch 1998). Cette pièce n’est pas sans évoquer, d’une part, les ovales du Messak libyen incluant dans leur corps des figures humaines, d’autre part, les exemplaires à base tronquée gravés çà et là au Sahara. La possibilité d’un apparentement culturel entre ce bétyle et ces ovales gravés ne peut être exclue.

23 L’analyse des isotopes du strontium devrait permettre de préciser dans un proche avenir l’origine maghrébine ou saharienne de cet ivoire (Schumacher et al. 2009).

24 Pour juger de ces affinités morphologiques et stylistiques, on se reportera au catalogue d’exposition richement illustré, édité en 2020 par Primitiva Bueno Ramirez et Jorge A. Soler Diaz. En plus des nombreuses figures qui le composent, cet ouvrage contient plusieurs articles synthétiques de grand intérêt.

25 On ne peut exclure que le façonnage de l’argile sans cuisson ultérieure, que la taille du bois et de l’écorce, que le travail des fibres végétales, aient été aussi mis en œuvre pour traiter ce thème, ces modes d’expression n’ayant pas laissé de traces.

26 D’autres rites pouvaient plutôt remplir cet objectif, au rang desquels l’usage de pierres de pluies. Se reporter à l’article d’Olivier Langlois dans ce volume. Ajoutons à propos de ce thème qu’une scène gravée dans l’Akoukas (sud-ouest de la Libye, station de Ti-n-Lalan), datable des vie-ive millénaires BCE, semble attester de préoccupations de fertilité et de fécondité en rapport avec l’obtention de la pluie. Elle montre un personnage ithyphallique à tête de chacal s’accouplant avec une femme nue parée d’un collier, de bracelets, d’un bustier et d’une ceinture à résille. Plusieurs auteurs (Camps 1993 ; Camps et Chaker 1989 ; Le Quellec 2018) établissent un lien entre cette scène et deux expressions berbères très populaires, d’une part, l’expression « le mariage du chacal », qui désigne l’arc-en-ciel, d’autre part l’appellation « la fiancée de l’eau » qu’incarnerait le sujet féminin richement paré, laquelle s’accouplerait avec un thérianthrope symbolisant la pluie par temps ensoleillé.

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Table des illustrations

Titre Fig. 1 : Situation géographique des six stations de gravures rupestres où ont été relevés des motifs sub-ovalaires à sub-rectangulaires (image satellite Google Earth).
Légende Leurs coordonnées géographiques sont indiquées dans le tableau 1. Ces stations se distribuent le long de quatre vallées successives du versant nord-occidental de l’Adrar des Iforas et se répartissent dans un rayon d’une vingtaine de kilomètres au sud-sud-est du village de Tessalit.
URL http://journals.openedition.org/africanistes/docannexe/image/11663/img-1.jpg
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Titre Tableau 1 : Toponymes des vallées et des stations de gravures rupestres du versant nord-occidental de l’Adrar des Iforas où sont présentes les cinquante-neuf gravures d’ovales faisant l’objet de cette étude.
Légende La colonne centrale renvoie à l’indexation de leurs relevés à l’encre intégrés dans le corpus de ma thèse (Dupuy 1991). S’y reporter permet de cerner leur contexte iconographique de réalisation.
URL http://journals.openedition.org/africanistes/docannexe/image/11663/img-2.jpg
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Titre Fig. 2
Légende a. La station de gravures rupestres d’Issamadanen. Plus d’un millier de pétroglyphes ont été réalisés sur cette montagne granitique du nord-ouest de l’Adrar des Iforas. Ses lignes de crête parallèles dépassent à divers endroits les quarante mètres de hauteur par rapport au niveau de la vallée d’Egharghagh. Les mares qui se forment dans ses dépressions à l’endroit d’Issamadanen, durant les pluies de mousson, sont parmi les dernières du secteur à s’assécher.
URL http://journals.openedition.org/africanistes/docannexe/image/11663/img-3.jpg
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Légende b. Blocs à flanc d’escarpement ornés de motifs figuratifs et non figuratifs.
URL http://journals.openedition.org/africanistes/docannexe/image/11663/img-4.jpg
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Légende c. Exemple de dalles couvertes de cupules, de signes abstraits et de figures animalières schématiques.
URL http://journals.openedition.org/africanistes/docannexe/image/11663/img-5.jpg
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Titre Fig. 3 : Ovale vierge de décor et d’aménagement périphérique (env. 33 x 16 cm) gravé isolément sur la face supérieure horizontale d’un bloc rocheux situé à l’aplomb d’une mare.
Légende Plus d’une centaine de gravures sont présentes sur les rochers avoisinants (vallée d’Amboubar, station d’In Tahaten).
URL http://journals.openedition.org/africanistes/docannexe/image/11663/img-6.jpg
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Titre Fig. 4 
Légende a. Motif sub-rectangulaire bi-ponctué s’inscrivant dans un arciforme (surface horizontale, env. 16 x 9 cm). Sa branche montante gauche aboutit sous la tête d’un quadrupède.
URL http://journals.openedition.org/africanistes/docannexe/image/11663/img-7.jpg
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Légende b. L’extrémité coudée de sa branche opposée est munie d’une boucle. Ce motif ainsi que les animaux à son entour ont été gravés par piquetage. Leurs silhouettes se composent de quelques droites et courbes enlacées. Malgré le schématisme des représentations, on reconnaît deux bovidés à cornes en U et trois carnivores. Un singe à queue au sexe démesurément allongé recoupe leur corps. Quelques tracés indéfinissables se mêlent à ces figures (vallée d’Afara, station d’Asenkafa).
URL http://journals.openedition.org/africanistes/docannexe/image/11663/img-8.jpg
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Titre Fig. 5 : Paroi verticale ornée, de gauche à droite, d’un char, d’une autruche et d’un motif grossièrement rectangulaire (env. 21 x 8 cm), rempli de piquetages et bi-ponctué en partie haute (vallée d’Egharghagh, station de Chan Taborat).
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Titre Fig. 6 
Légende a. Bloc de granite fracturé orné sur sa face horizontale de deux ovales vierges de décor et d’aménagement périphérique (no 4 : env. 26 x 13 cm ; no 5 : env. 28 x 9 cm), de trois taurins, d’une girafe à lien, de cercles entièrement piquetés munis d’un appendice rayonnant, d’une dizaine de cupules, et de quelques tracés indéfinissables 
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Légende b. Vue rapprochée de la girafe au corps décoré par pointillage, du mufle de laquelle part un trait aboutissant sur le bras d’un personnage. Un objet coudé à lame arquée et crochet en partie proximale est gravé entre cet ongulé et l’ovale inorné (vallée d’Egharghagh, station d’Issamadanen).
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Titre Fig. 7 : Dalle ornée d’un ovale bi-ponctué à contour ouvert s’inscrivant dans un U (env. 14 x 12 cm).
Légende Le personnage debout sur la bosse du dromadaire, doigts des mains et des pieds écartés, ainsi que la gazelle sur sa gauche et le quadrupède en partie supérieure du cliché sont de réalisation plus récente. Ces figures se rattachent à la période cameline. Les autres tracés sont peut-être contemporains de l’ovale (vallée d’Egharghagh, station d’Issamadanen).
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Titre Fig. 8 
Légende a. Ovale bi-ponctué à lobe sommital triplement appointé, au corps étranglé duquel partent deux moignons latéraux et deux droites en partie basse (env. 20 x 9 cm).
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Légende b. Ce motif apparaît à droite d’une dalle ornée de huit quadrupèdes. Le taurin en position centrale présente une encornure lyriforme et un corps compartimenté. Contrairement à ses congénères aux attitudes figées, il est figuré en marche. Les larges traits piquetés de son contour ont été réalisés sur une gravure plus ancienne aux traits finement incisés dont ne subsistent que les cornes pendantes en tenaille et le toupet terminal de la queue (vallée d’Egharghagh, station d’Issamadanen).
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Titre Fig. 9 : Sur la partie prismatique triangulaire centrale de cette grande dalle fracturée en trois morceaux, ovale mêlé à des ponctuations apparaissant en dessous de l’encornure en U d’un taurin (env. 25 x 9 cm).
Légende D’autres taurins, un canidé et peut-être deux girafes ornent les blocs adjacents. Les corps de ces animaux sont basculés les uns par rapport aux autres. Des tracés curvilignes recoupent leurs silhouettes (vallée d’Egharghagh, station d’Issamadanen).
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Titre Fig. 10 : Motif sub-rectangulaire bi-ponctué sur coussinet cintré muni d’antennes latérales.
Légende Env. 33 x 11 cm (vallée d’Egharghagh, station d’Issamadanen)
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Titre Fig. 11
Légende a. Banc granitique à forte densité de gravures, fracturé en deux gros blocs.
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Légende b. Le bloc de gauche comprend deux ovales tête-bêche s’inscrivant dans des arciformes recoupés par des quadrupèdes et contigus à des plages piquetées et des cercles concentriques (no 10 : env. 20 x 12 cm ; no 11 : env. 23 x 13 cm). Le no 11 est surchargé par un personnage à tête ronde au corps traité de face.
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Légende c. Sur le bloc de droite, un ovale recoupe les jambes de deux autruches (env. 21 x 5 cm). Des cercles concentriques et des cupules participent de son ornementation. L’imbroglio des tracés au centre du panneau est si confus qu’il est impossible de suivre les silhouettes des sujets traités (vallée d’Egharghagh, station d’Issamadanen).
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Titre Fig. 12 : Dalle oblique située de plain-pied en bordure de la vallée d’Egharghagh à l’aval de dépressions se remplissant d’eau à chaque saison des pluies.
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Légende Ces marigots sont parmi les derniers du secteur à s’assécher en raison des seuils rocheux qui, à ce niveau, barrent la vallée et bloquent les écoulements d’eau souterraine. Vingt-deux ovales a minima sont discernables. Leur hauteur est comprise entre 19 et 34 cm, pour une largeur allant de 9 à 16 cm. Leur distribution sur toute la surface disponible donne à penser à des réalisations relevant d’un même projet iconographique. Aucun pétroglyphe n’est identique, ni orienté de la même manière. Les bi-ponctuations internes à certains tracés sont tantôt tournées vers le bas, tantôt vers le haut du support incliné. L’ornementation intègre aussi quelques courbes et contrecourbes, un cercle bi-ponctué en haut à gauche du panneau, un quadrupède schématique en haut à droite, plus bas un personnage masculin à silhouette filiforme. D’une de ses mains part une ligne sinueuse entourant partiellement les motifs nos 27 et 28 (vallée d’Egharghagh, station d’Issamadanen).
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Titre Fig. 13 : Paroi oblique supportant trois motifs sub-rectangulaires ornés de paires de cupules (no 36 : env. 31 x 10 cm ; no 37 : env. 35 x 11 cm ; no 38 : env. 35 x 11 cm).
Légende Les exemplaires disposés tête-bêche sont décorés d’un U contigu à des ponctuations appariées peu apparentes. Ces U posent question : représentent-ils une bouche, un collier, un menton, ou autre chose ? (vallée d’Egharghagh, station d’Issamadanen).
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Titre Fig. 14 : Dalle fracturée avec au premier plan un ovale pourvu d’une embase en forme de nageoire caudale (env. 21 x 10 cm), et en arrière-plan un motif ovalaire barré d’un trait (env. 20 x 4 cm), lequel est contigu à un motif comparable, sensiblement de même taille (env. 21 x 5 cm) se logeant dans un U.
Légende Cette gravure n’est pas repérée car insuffisamment lisible. On notera, à l’entour de ces motifs, la présence de cercles concentriques, de cupules et de quadrupèdes schématiques (vallée d’Egharghagh, station d’Issamadanen).
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Titre Fig. 15 
Légende a. Imposant banc rocheux brisé en deux gros blocs, situé à plus de vingt mètres de hauteur par rapport au niveau de la vallée d’Egharghagh avoisinante. Se trouvent ici juxtaposés six motifs ovalaires à sub-rectangulaires, tous bi-ponctués, aux hauteurs comprises entre 12 et 29 cm pour des largeurs allant de 6 à 10 cm. Leurs corps disposés à différents niveaux sont diversement inclinés : les nos 41 et 46 sont pourvus d’une fine embase en forme de nageoire caudale ; deux filaments sous-tendent le no 42 ; deux antennes latérales flanquent le no 43 ; le no 44 s’inscrit dans une enveloppe ellipsoïdale ; le no 45 se loge dans un arciforme aux branches latérales remontant au tiers de sa hauteur. S’observent à leur entour, des courbes, des cercles piquetés en leur centre, un motif à six alvéoles, une cupule, ainsi qu’un quadrupède s’intercalant entre les motifs nos 43 et 44. Un char à roues sans rais, équipé d’une plateforme triangulaire centrée sur le timon et attenante à l’essieu par sa partie arrière, apparaît sur la partie ombragée du bloc de droite. La présence de chars à timon unique aux côtés de motifs ovalaires est documentée sur d’autres rochers (fig. 5 et 19) ; b. Relevé synthétique (vallée d’Egharghagh, station d’Issamadanen).
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Titre Fig. 16
Légende a. Ce banc rocheux fracturé en plusieurs gros blocs est orné de quatre ovales bi-ponctués aux hauteurs comprises entre 18 et 11 cm pour des largeurs allant de 8 à 4 cm. Trois représentations schématiques de taurins et seize cupules participent de sa décoration. Les contours des ovales nos 48 et 49 recoupent les silhouettes de deux taurins. Il est impossible d’établir l’ordre de superposition. Le côté gauche de l’ovale no 48 et les piquetages délimitant les antérieurs du taurin à encornure lyriforme sont confondus. Les postérieurs d’un taurin gravé perpendiculairement au sujet précédant traversent le corps de ce même ovale. Toutes ces gravures ont été réalisées selon la même technique de piquetage et offrent les mêmes tons de patine
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Légende b. Relevé et vue rapprochée des motifs nos 47 et 48 (vallée d’Egharghagh, station d’Issamadanen).
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Titre Fig. 17
Légende a. Surface bosselée et accidentée d’une dalle, décorée dans sa partie haute bombée d’une spirale liée à deux motifs sub-rectangulaires jumelés (no 51 : env. 35 x 12 cm ; no 52 : env. 35 x 12 cm). Le double contour du motif de droite est rempli de courts segments rayonnants et intègre deux cupules. Une large embase trapézoïdale piquetée le sous-tend. L’ornementation comprend aussi de nombreux signes curvilignes
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Légende b. Vue rapprochée des motifs nos 51 et 52 (vallée d’Egharghagh, station d’Issamadanen).
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Titre Fig. 18
Légende a. Banc granitique fracturé dominant la vallée d’Egharghagh d’une trentaine de mètres, supportant une densité élevée de tracés piquetés parmi lesquels s’individualisent un motif sub-rectangulaire bi-ponctué (no 53 : env. 35 x 12 cm) et un exemplaire comparable sous-tendu d’un U contigu à une fine embase (no 54 : env. 35 x 12 cm). On notera, à leur entour, la présence de cinq cercles concentriques à cupule centrale desquels rayonnent une dizaine de lignes parallèles sinueuses, de huit cupules éparses de taille variable, d’un cercle à appendice marqué en son centre d’une cupule centrale, de plusieurs quadrupèdes stylisés aux corps basculés et enchevêtrés. Les orientations de ces sujets sont aussi variables que ceux des motifs bi-ponctués rassemblés sur d’autres dalles. Cinq tracés ovalaires oblitèrent ces gravures. Quatre sont groupés par paires : il s’agit de représentations de sandales d’époque cameline (phase finale de l’art rupestre saharien). Sont figurées sur deux d’entre elles les brides coup de pied recoupant transversalement les semelles.
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Légende b. Relevé et vue rapprochée du motif no 54 (vallée d’Egharghagh, station d’Issamadanen).
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Titre Fig. 19
Légende a. Ovale décoré d’un U gravé très superficiellement (env. 27 x 9 cm), associé à un char dételé équipé de deux roues sans rai (roues pleines ?) aux moyeux indiqués. L’engin est pourvu, en outre, d’un joug droit et d’une plateforme posée sur l’essieu.
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Légende b. Relevé synthétique (vallée d’Egharghagh, station d’Issamadanen).
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Titre Fig. 20
Légende a. Bancs rocheux à forte densité de tracés. Se trouvent juxtaposés et entremêlés des semis de cupules, des motifs curvilignes, des animaux schématiques. Deux motifs ovalaires bi-ponctués font aussi partie de l’ornementation (no 56 : env. 16 x 6 cm ; no 57 : env. 16 x 4 cm).
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Légende b. Vue rapprochée du motif no 56 (vallée d’Egharghagh, station d’Issamadanen).
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Titre Fig. 21 : Motif sub-rectangulaire sur paroi verticale, décoré d’une double cupule et d’un U s’inscrivant dans un arciforme dont la branche montante gauche se prolonge par un appendice coudé attenant à un croissant (env. 30 x 12 cm).
Légende Cette terminaison évoque une hache équipée d’une lame au tranchant courbe fixée à un manche coudé. Ce type d’objet fait partie de la panoplie des armes gravées dans l’Atlas marocain (se reporter à la figure 24) et sur son piémont méridional à la charnière des iiie-iie millénaires BCE (vallée d’Egharghagh, station de Teon Lachnen).
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Titre Fig. 22 : Motif ovalaire bi-ponctué logé dans un U (env. 16 x 8 cm).
Légende Cette gravure a été réalisée sur une paroi verticale aux côtés de nombreux animaux, parmi lesquels on reconnaît des autruches, des antilopes, des canidés, des taurins, un personnage filiforme. Les autres sujets sont difficiles à identifier (vallée de Taghlit, station d’Adarmolen).
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Titre Fig. 23 : Typologie des ovales gravés au nord-ouest de l’Adrar des Iforas : 33 des 59 exemplaires relevés se retrouvent rassemblés sur cette planche.
Légende Le tableau 1 donne leur situation géographique, et les figures 3 à 22 présentent leur photographie. La série du registre inférieur rassemble les exemplaires dépourvus d’aménagements périphériques et de bi-ponctuations. La frise médiane regroupe, de gauche à droite, les motifs bi-ponctués, puis ceux munis d’un U, pour finir par les deux exemplaires aux corps étranglés et affublés d’attributs. Se succèdent de gauche à droite au niveau du registre supérieur, les motifs munis d’embases avec ou sans bi-ponctuations et U en partie intérieure, puis l’exemplaire au contour dédoublé et segmenté, pour finir par les ovales à arciformes avec ou sans bi-ponctuations et U en surface interne. On observera que la branche latérale droite du no 2 ainsi que la branche latérale gauche du no 58 se prolongent par des excroissances assimilables à des objets coudés du type de ceux brandis par des personnages gravés en d’autres lieux, à l’instar de ceux présentés sur les figures 24 et 25.
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Titre Fig. 24 : Personnage de Fif Gaguine (massif du Yagour, Haut Atlas marocain) brandissant une hache à tranchant courbe fixée en son milieu à un manche coudé, comparable à celle liée à l’ovale no 58 d’Issamadanen (fig. 21 et 23).
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Titre Fig. 25 : Objet coudé brandi à bout de bras par un personnage qui applique l’extrémité pointue de son ustensile contre l’arrière-train d’un taurin à longues cornes.
Légende Trois autres de ces objets sont dessinés devant l’animal (vallée d’Egharghagh, station d’Issamadanen). Leur profil est comparable à celui lié à l’ovale bi-ponctué no 2 (fig. 4 et 23).
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Titre Fig. 26 : Animaux fantastiques figurés au nord-ouest de l’Adrar des Iforas.
Légende a. Créature à protomé de girafe, corps et pattes d’autruche, à la tête sous tendue d’un motif à base tronquée, marqué de deux ponctuations peu apparentes en partie haute et d’une discrète cupule en partie basse (vallée d’Egharghagh, station d’Issamadanen).
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Légende b. Monstre de même nature, du mufle duquel part un trait aboutissant dans la main d’un personnage masculin (vallée de Tessalit, station d’In Tahaten).
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Légende c. Relevé de la gravure précédente.
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Légende d. Entité surnaturelle à protomé de girafe et corps d’autruche, à côté de deux girafes et d’une autruche (vallée de Taghlit, station d’Adarmolen)
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Légende e. Entité de même nature que les précédentes dont le haut du corps est entouré d’alvéoles comparables à celles liées au lobe basal de l’ovale bi-ponctué no 41 présenté en figure 15 (vallée d’Egharghagh, station d’Issamadanen).
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Légende f. Relevé de la gravure précédente.
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Légende g. Créature à tête de bœuf munie de cornes en avant et à corps de girafe, entourée d’autruches, d’un taurin et de quadrupèdes non identifiables (vallée de Tessalit, station d’In Tahaten).
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Légende h. Relevé du panneau gravé précédent
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Légende i. Créature à tête de bœuf munie de cornes en U, à corps de girafe, à l’arrière train touché par un personnage (vallée de Tessalit, station d’In Tahaten)
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Légende j. Relevé du panneau gravé précédent
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Légende k. Protomé de girafe se greffant sur la tête d’un bœuf muni de cornes tournées vers l’avant et traitées en vue de dessus. Plusieurs autruches sont gravées en partie haute du rocher (vallée d’Egharghagh, station de Chan Taborat)
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Légende l. Relevé du panneau gravé précédent.
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Titre Fig. 27 : Girafe liée à un personnage filiforme, entourée d’autruches et d’un taurin (vallée de Tirist, station d’Adarmolen).
Légende Ce thème de la « girafe à lien » a été traité vingt-six fois dans six stations distinctes au nord-ouest de l’Adrar des Iforas. Voir, comme autre exemple, la dalle d’Issamadanen supportant les ovales nos 4 et 5 (fig. 6a et 6b).
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Titre Fig. 28 : La figurine de Smar Smarren (bas Tilemsi, Mali nord-oriental)
Crédits Photographies de Philippe Jugie, échelle centimétrique (© Musée national de Préhistoire, Eyzies-de-Tayac, collections Gaussen).
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Titre Fig. 29
Légende a. Bancs granitiques fracturés. L’un d’eux est orné d’une spirale contiguë à des cercles concentriques desquels s’échappent plusieurs courbes prenant en tenaille deux ponctuations. Le motif oblong à base tronquée qui se trouve ainsi délimité est comparable à celui gravé non loin de là sous le cou de l’animal imaginaire présenté en figure 26a. On discerne, à droite du cache-objectif, un char constitué de deux roues sans rai aux moyeux bien marqués, et équipé d’une plateforme ogivale posée sur un timon dépourvu de joug (vallée d’Egharghagh, station d’Issamadanen) ; b. Relevé sélectif.
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Titre Fig. 30 : Dalles ornées de plusieurs ovales.
Légende a. En rive gauche de l’oued Ważżen, dans l’Ahaggar central.
Crédits Photo Jean-Louis et Odette Bernezat.
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Légende b. En hauteur, le long de l’oued Affar, dans la Tadrart Akoukas.
Crédits Photo Patrick Dumoulin.
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Légende c. Le long de l’oued el-Beridj dans la Tadrart algérienne.
Crédits Photo Jürgen F. Kunz.
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Légende d. et e. Dans la station d’Imaoun, 30 kilomètres au nord de l’oasis marocaine d’Akka.
Crédits Photos Annie et Gérard Garcin.
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Titre Fig. 31 : Typologie des ovales gravés au Sahara (réductions différentes suivant les figures), à comparer avec celle de la figure 23 établie pour les exemplaires de l’Adrar des Iforas.
Légende De 1 à 19 : contours ovalaires de plus en plus richement décorés se terminant par des figures d’essence anthropoïde. De 20 à 25 : série avec étranglement basal et bulbe plus ou moins décoré. De 26 à 29 : série avec corps inférieur flanqué de petits moignons ou de traits ciliés latéraux. De 30 à 53 : ovales sous-tendus d’embases décorées ou non, plus ou moins développées, à base plane, puis cintrée. De 54 à 60 : ovales attenants à un bulbe sphérique flanqué ou non d’antennes plus ou moins dressées et développées. De 61 à 68 : ovales flanqués d’antennes implantées sur des embases. Régions auxquelles renvoient les relevés : Messak, sud-ouest de la Libye (20 à 24, 59, d’après photographies Bruno Taenzer ; 28, d’après photographie Bernard Fouilleux† ; 37, d’après relevé Tertia Barnett ; 24, 59, d’après photographies Axel et Anne-Michelle Van Albada) ; Akoukas, sud-ouest de la Libye (13, 29, 40, 53, 61, d’après photographies Patrick Dumoulin) ; Tassili-n-Ajjer, sud algérien (10, 11, 54, d’après photographies Jürgen Kunz ; 8, 9, 35, d’après photographies Andras Zboray) ; Ahaggar central, sud algérien (1, 4 à 7, 25, 31 à 33, 41 à 50, 56 à 60, 62 à 68, d’après photographies Odette et Jean-Louis Bernezat ; 15, d’après photographie Franz Trost) ; Djado, nord-est du Niger (12, 38, d’après photographies Thierry Tillet ; 39, d’après photographies David Coulson) ; Sud marocain (2, 3, 14, 26, 27, 34, 36, d’après photographies Annie et Gérard Garcin ; 30, 51, 52, 55, d’après photographies Maarten van Hoek) ; Sahara occidental (16, 17, 18, 19, d’après relevés Helena Ventura Almeda).
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Titre Fig. 32 : Ovales intriqués dans les silhouettes de différents animaux.
Légende a. Dans la silhouette d’un taurin à cornes en lyre, d’après Tertia Barnett 2019 (vallée d’al-Ajal, station d’El-Greifa, Messak Settafet septentrional)
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Légende b. Relevé des gravures de la photographie précédente, et de celles présentes à proximité, d’après Tertia Barnett 2019, échelle pinta-centimétrique.
Crédits © The Society for Libyan Studies.
URL http://journals.openedition.org/africanistes/docannexe/image/11663/img-62.jpg
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Légende c. Dans la silhouette d’un rhinocéros.
Crédits Photo de Bruno Taenzer (vallée du Taleschout au sud-ouest du Messak Settafet).
URL http://journals.openedition.org/africanistes/docannexe/image/11663/img-63.jpg
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Légende d. Dans le cou d’une girafe au corps bien proportionné.
Crédits Cliché de Christian Dupuy (vallée d’In Akatafa, Tassili-n-Ajjer méridionale).
URL http://journals.openedition.org/africanistes/docannexe/image/11663/img-64.jpg
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Légende e. Vue rapprochée de l’intrication.
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Titre Fig. 33 : Ovales du Messak Settafet contenant des êtres sensibles (photos de Bruno Taenzer).
Légende a. Ovales et antilopes juxtaposés dont une incluse dans un ovale.
URL http://journals.openedition.org/africanistes/docannexe/image/11663/img-66.jpg
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Légende b. Intrications ovales-antilope. L’ovale au centre du cliché intègre un quadrupède non identifiable.
URL http://journals.openedition.org/africanistes/docannexe/image/11663/img-67.jpg
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Légende c. Ovale bi-ponctué sous-tendu d’une embase en forme de nageoire caudale. Un personnage sans tête, bras ramenés dans le dos, jambes légèrement fléchies est gravé au niveau de l’étranglement.
URL http://journals.openedition.org/africanistes/docannexe/image/11663/img-68.jpg
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Légende d. Vue rapprochée du personnage acéphale gravé au niveau de l’étranglement.
URL http://journals.openedition.org/africanistes/docannexe/image/11663/img-69.jpg
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Légende e. Dalle de grés fracturée, décorée de quatre ovales et d’une girafe, vallée d’In Hagarin.
URL http://journals.openedition.org/africanistes/docannexe/image/11663/img-70.jpg
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Légende f. L’un des ovales visibles sur la photographie précédente contient un personnage acéphale.
URL http://journals.openedition.org/africanistes/docannexe/image/11663/img-71.jpg
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Titre Fig. 34 : Gravure d’El-Greifa sur une dalle dominant le Wadi al-Ajal en bordure septentrionale du Messak Settafet, d’après Tertia Barnett 2019 : fig. 7.20 a-b, p. 129
Crédits © The Society for Libyan Studies
URL http://journals.openedition.org/africanistes/docannexe/image/11663/img-72.jpg
Fichier image/jpeg, 123k
Titre Fig. 35 : Statuettes du Sahara algérien méridional. Les photographies sont tirées de l’ouvrage d’Henriette Camps-Fabrer 1966.
Légende a. Erg Isaouane-n-Irarraren, H env. 38 cm.
URL http://journals.openedition.org/africanistes/docannexe/image/11663/img-73.jpg
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Légende b. Puits d’Ouan Sidi dans l’Edeyen, H env. 31 cm.
URL http://journals.openedition.org/africanistes/docannexe/image/11663/img-74.jpg
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Légende c. Tabelbalet dans le Tassili-n-Ajjer, H env. 30 cm (noter la ressemblance troublante de cette pièce avec la gravure à double contour elliptique de l’ovale no44 présentée en figure 15).
URL http://journals.openedition.org/africanistes/docannexe/image/11663/img-75.jpg
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Titre Fig. 36 : Stèle anthropomorphe en granite de 31 cm de hauteur pour 7 cm d’épaisseur, découverte à Quinta do Couquinho dans le nord du Portugal.
Crédits © DGPC, Musée national d’Archéologie de Lisbonne, photo José Pessoa, inv. 18708.
URL http://journals.openedition.org/africanistes/docannexe/image/11663/img-76.jpg
Fichier image/jpeg, 237k
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Pour citer cet article

Référence papier

Christian Dupuy, « Les ovales gravés dans l’Adrar des Iforas (Mali) et leurs homologues sahariens. Sur la piste des génies de la protohistoire africaine »Journal des africanistes, 91-2 | 2021, 06-89.

Référence électronique

Christian Dupuy, « Les ovales gravés dans l’Adrar des Iforas (Mali) et leurs homologues sahariens. Sur la piste des génies de la protohistoire africaine »Journal des africanistes [En ligne], 91-2 | 2021, mis en ligne le 01 novembre 2022, consulté le 13 novembre 2025. URL : http://journals.openedition.org/africanistes/11663 ; DOI : https://doi.org/10.4000/africanistes.11663

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