Jurado, David, Résilience des images et des récits. Catastrophe et terrorisme d’état en Argentine, au Chili et au Mexique, Rennes, PUR, 2020, 264 p.
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1L’ouvrage de David Jurado en tant que membre du Centre de Recherches Interdisciplinaires sur les Mondes Ibériques Contemporains de l'université Paris-Sorbonne, nous présente sa thèse de doctorat soutenue en 2017 et avec laquelle il montre la force de la culture visuelle et textuelle développée en Argentine, Chili et Mexique dans la période de terrorisme d’Etat et la difficile période de transition vers la démocratie dont les figures de la « résilience » ont un devoir moral d’agir, pour montrer la capacité des individus à surmonter cette « catastrophe » et à rebondir dans la vie.
2Dans un style très académique et grâce à un important corpus cinématographique et littéraire, le texte analyse différentes images et formes représentatives de la « catastrophe », avec leurs sources, leurs significations et leurs classements. En deux parties, l’auteur expose le raisonnement qui confronte les différentes prémisses sur la manière de représenter, dénoncer et contester l’état d’exception. Il surprend par le nombre de sources étudiées, même si parfois nous nous perdons dans ce choix si vaste. L’écriture de Jurado témoigne de plus de dix ans d’expérience dans le domaine du cinéma et la littérature, notamment sur le cinéma documentaire ainsi que dans l’art conceptuel. De ce fait, cette œuvre traduit l’importance du témoignage des exemples étudiés, surtout dans leur rôle communicatif qui par des stratégies discursives cherchent à établir un rapport entre le récit et la dure réalité du terrorisme d’Etat, même lorsqu’il s’agit des impossibilités représentatives tant du point de vue visuel et littéraire de la « catastrophe ».
3Jurado introduit chaque chapitre avec une compilation historique des événement politiques des trois pays de référence afin d’exposer les éléments déclencheurs des discours représentant la « catastrophe ». Son texte décortique les procédés rhétoriques avec des explications concrètes sur le traitement de l’images, les montages, le rôle des témoins, les registres discursifs et la position des médiateurs pour révéler la force et les faiblesses de la dénonciation.
4Dans un deuxième temps, et toujours en quête de cette « résilience » il explore différentes formes de se réapproprier la mémoire en analysant des fictions allégoriques de notoire connaissance publique dans les trois pays étudiés et qui, dans le cas du cinéma, se rapproche de la filmographie américaine. Du coté littéraire, mais aussi pour la construction théorique de son travail, il s’appuie sur les analyses d’auteurs réputés dans la matière, comme Walter Benjamin, Paul Ricoeur ou Jacques Derrida pour montrer comment les ouvres étudiées ont aussi une valeur de traduction, qui par la transformation des narrations, permettent la récupération de la mémoire dans leur rédemption. Ainsi, des nouvelles possibilités de lecture s’ouvrent et assurent la survivance de cette mémoire de l’horreur. Il s’agit de montrer différentes formes d’adaptation de la réalité qui, par au moyen des imaginaires ou des images « déambulatoires » de différents personnages, permettent aux individus (voir les pays) de retrouver des identités qui ont été annihilées par les dictatures militaires.
5La transition vers les démocraties de la fin des années 90 est étudiée ici du point de vue des récits des associations et des familles des victimes qui revendiquent la vérité, ouvrant la voie à une sorte de « résilience » en réajustant de nouveaux discours. Ceux-ci cherchent à faire circuler au moyen de multiples éléments discursifs les traces de la mémoire collective, c'est-à-dire en s’adaptant aux changements politiques post-dictatoriaux et de l'opinion publique, pour entretenir une mémoire en mouvement, en s’attaquant aux stratégies politiques et à leurs prétendus discours réconciliateurs et de désidéologisation.
6Dans chaque exemple, l’auteur exploite au maximum les figures de l’allégorie, de l’hyperbole et de la métaphore qui, en déconstruisant le sens et en rendant mythique la réalité historique soulèvent des exemples concrets qui traduisent la « résilience » des individus qui ont perdu toute humanité et qui, dans la plupart des cas, ont été soumis au silence et à l’indifférence. Avec ces différentes manières de représenter le catastrophisme tant dans la période de l’autoritarisme que des « transitions », cet ouvrage nous semble aussi laisser apparaître une sorte de « résilience » propre à l’auteur qui avec un corpus de source qui livrent un devoir de mémoire, mettent en lumière la censure de la production culturelle à travers les histoires partagées de ces trois pays. Il s’agit de représentations culturelles d’un catastrophisme compensatoire qui sert de lien entre le passé et le présent, en tant que proposition d’un avenir différent que David Jurado présente avec éloquence dans son analyse conceptuelle et narrative des médiateurs, en particulier dans les moments de fragilité et incertitude sociale du contexte historique que chacun a vécu.
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URL | http://journals.openedition.org/alhim/docannexe/image/10015/img-1.jpg |
Ficheros | image/jpeg, 110k |
Para citar este artículo
Referencia electrónica
Jessica Torres Quiroga, «Jurado, David, Résilience des images et des récits. Catastrophe et terrorisme d’état en Argentine, au Chili et au Mexique, Rennes, PUR, 2020, 264 p. », Amérique Latine Histoire et Mémoire. Les Cahiers ALHIM [En línea], 41 | 2021, Publicado el 07 julio 2021, consultado el 24 septiembre 2023. URL: http://journals.openedition.org/alhim/10015; DOI: https://doi.org/10.4000/alhim.10015
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