Navigation – Plan du site

AccueilNuméros149Comptes rendusLemaître Alain J. et Kammerer Odi...

Comptes rendus

Lemaître Alain J. et Kammerer Odile, L’Alsace au XVIIIe siècle. L’aigle et le lys

Berlin, Erich Schmidt Verlag, 2022, 311 p.
Claude Muller
p. 369-371
Référence(s) :

Berlin, Erich Schmidt Verlag, 2022, 311 p.

Texte intégral

1Attendue avec impatience par les dix-huitièmistes, l’Arlésienne est enfin apparue ou plutôt est enfin parue. A. J. Lemaître et O. Kammerer, tous deux professeurs à l’université de Haute-Alsace à Mulhouse, ont attendu leur retraite pour faire paraître cet important opus. Il se divise en deux parties : un texte introductif, en même temps conclusif, d’A. J. Lemaître sur le difficile passage de l’Alsace du Saint-Empire romain germanique à la France ; suivi par la publication du « mémoire sur la province d’Alsace par Peloux », secrétaire de l’intendant de Brou, rapport conservé à la Bibliothèque nationale de France, manuscrits français, 8152, mis en forme par O. Kammerer, ancienne chartiste.

2L’introduction-conclusion d’A. J. Lemaître constitue une synthèse après une trentaine un tiers de siècle d’investigations. Car même si l’auteur est à l’origine un spécialiste de la noblesse bretonne au XVIIIe siècle, il s’intéresse aussi au pouvoir normatif et à la désagrégation de la société organique à partir des textes réglementaires en France à cette époque. À ce titre, l’Alsace, où il a enseigné de longues années, est devenue son laboratoire privilégié, car on y observe la contestation de la souveraineté du roi de France dans une province nouvellement constituée. Dans cette terre-frontière particulière, l’armée y joue un rôle singulier, ce qui, selon l’historien, freine la croissance économique. Surtout l’usage des langues allemande et française pose un problème politique majeur. Cette introduction, outre son caractère novateur, s’appuie sur une bibliographie à la fois nationale et régionale utile pour stimuler les recherches futures. Travaillent en effet sur cette question Isabelle Laboulais, Éric Hassler et Guido Braun.

3Le mémoire de Peloux occupe les pages 79 à 300. Ce document, disposant d’un fort potentiel descriptif, est copieusement et judicieusement annoté. Il est suivi d’un index bienvenu qui permet de se retrouver parmi des thèmes variés : la géographie de l’Alsace, le traité de Ryswick, les frontières, le Rhin, les bois, les rivières, les cultures, le commerce, les manufactures, les foires, les Juifs, les droits du roi en Alsace, les fiefs, les privilèges des Juifs, les impositions et les contributions, les bailliages, les impositions extraordinaires pendant les guerres, les différences de religion, les luthériens, les catholiques, les évêchés, la longue liste des abbayes et des couvents. Dans sa présentation, A. J. Lemaître le situe dans l’imposante galerie des documents de ce type (p. 23-25). Il le relie fort justement au mémoire de La Grange. Peut-être faudrait-il écrire mémoire dit de La Grange, tant il est vrai qu’un intendant est plutôt une homme d’épée que de plume et qu’il a été démontré que toute la partie concernant la Haute-Alsace a été rédigée par le subdélégué de Colmar, Dietremann (B. M. Poitiers, ms 333) ?

4Fort justement, l’auteur note que l’on ne connaît pas encore l’état-civil de Peloux, même s’il apparaît dans la clientèle de Cély, qu’il suit en fonction des changements d’affectation du maître (p. 20-23). Peut-être que Peloux est l’auteur de deux mémoires identiques datables de vers 1727 conservés aux Archives du ministère des Affaires étrangères, Sources et documents, fonds Alsace, volume 39, folios 159-178 et volume 40, folios 100-118, classés et connus de Georges Livet ? En revanche, un détail semble important. À la page 89 note 39 sont cités les trois diplomates français qui ont négocié les clauses de traité de Ryswick munis des ordres de Louis XIV, à savoir François de Cuillères de la Roncheloy, Louis Verjus comte de Crécy et Nicolas Auguste de Harlay-Bonneuil comte de Cély (1647-1704).

5Or ce dernier n’est autre que le père de Louis Achille Auguste de Harlay de Cély (1679-1728), l’intendant d’Alsace de 1724 à 1728. Ce qui introduit l’idée que ces hommes qui dirigent la province – « L’Alsace est différente en tout des autres provinces du royaume. C’est le théâtre des armées en tant de guerre », écrit Harlay de Cély junior le 13 août 1725 l’avant-veille du mariage de Marie Leszczynska avec Louis XV à Strasbourg – ont aussi une histoire familiale en relation avec cette terre-frontière qui leur permet de mieux comprendre les enjeux. Et choisir de tels hommes pourrait traduire une continuité diplomatique à long terme de la monarchie française.

Haut de page

Pour citer cet article

Référence papier

Claude Muller, « Lemaître Alain J. et Kammerer Odile, L’Alsace au XVIIIe siècle. L’aigle et le lys »Revue d’Alsace, 149 | 2023, 369-371.

Référence électronique

Claude Muller, « Lemaître Alain J. et Kammerer Odile, L’Alsace au XVIIIe siècle. L’aigle et le lys »Revue d’Alsace [En ligne], 149 | 2023, mis en ligne le 01 mars 2024, consulté le 23 mars 2025. URL : http://journals.openedition.org/alsace/5586 ; DOI : https://doi.org/10.4000/11pka

Haut de page

Auteur

Claude Muller

Articles du même auteur

Haut de page

Droits d’auteur

CC-BY-SA-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-SA 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

Haut de page
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search