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Archéologie des savoirs
Dossier Antiquaires & archéologues d’antan

Les antiques de Gustave-Adolphe Beugnot (1799-1861). Histoire et fortune d’une collection oubliée

Christian Mazet
p. 107-131

Texte intégral

Qu’il me soit permis de remercier en premier lieu Vivien Barrière pour l’invitation à présenter et publier cette recherche, les relecteurs anonymes de cet article ainsi que Marie-Amélie Bernard, Cécile Colonna, Louise Detrez et Laurent Haumesser et Natacha Lubtchansky pour leurs conseils avisés

  • 2 Le catalogue de 1840 indique les provenances d’Égypte (province d’Arsinoé et de Louxor), de Grèce (...)
  • 3 Les ventes Canino ont eu lieu à Paris et Londres en 1834, 1837, 1838, 1840, 1843, 1845, 1848 et 1 (...)

1L’avertissement du catalogue de la vente aux enchères parisienne qui a lieu du 5 au 13 mai 1840 sous le marteau du commissaire-priseur Antoine-Benoist Bonnefons de Lavialle, rédigé par Jean de Witte, résume les connaissances partielles jusqu’alors à notre disposition sur la collection d’antiquités du Vicomte Gustave-Adolphe Beugnot (1799-1861). Si les descriptions des objets du catalogue nous apprennent que certaines pièces de la collection proviennent de Grèce et d’Italie, notamment du Latium et d’Étrurie2, les recherches menées dans les minutes du commissaire-priseur aux Archives de la Ville de Paris, conjointement au dépouillement des catalogues de ventes, sont récemment venues éclairer la biographie de certaines œuvres, achetées aux ventes Durand de 1836 et Canino de 1837 et 1840. Cette période correspond à un véritable engouement pour l’objet antique dans le marché de l’art, faisant suite aux nombreuses découvertes archéologiques sur le sol italien : la vente du cabinet du Chevalier Durand de 1836 ainsi que les fouilles à grande échelle et à but commercial des nécropoles de Vulci par Alexandrine et Lucien Bonaparte et les ventes qui s’en suivirent, de 1828 à 1849, marquèrent profondément l’histoire du collectionnisme et le marché parisien des antiquités de la première moitié du xixe siècle3, dans lesquels la constitution, la vente et la dispersion de la collection Beugnot à la fois s’inscrivent mais aussi se démarquent par l’originalité des provenances et des typologies des œuvres qui la composent.

Le parcours diplomatique de Gustave-Adolphe Beugnot (1799-1861)

  • 4 Histoire de la destruction du paganisme en Occident, 1835 ; Coutumes de Beauvoisis, 1842 ; Assise (...)
  • 5 E.-A. Blampignon, « Le comte Beugnot », Mémoires de la Société d’agriculture, sciences et arts du (...)
  • 6 G. C[haix] d’E[st]-A[nge], Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables à la fin du (...)
  • 7 Centre des Archives diplomatiques de la Courneuve, Personnel, Dossiers nominatifs, première série (...)

2Gustave-Adolphe Beugnot est né en 1799 à Bar-sur-Aube et est décédé le 29 mars 1861 à Versailles, à l’âge de 62 ans. Il est le fils du Comte Jacques Claude Beugnot (1761-1835) et de Marguerite Morel (1769-1825). Son père, ministre de la police de Louis xviii, était avocat au Parlement de Paris, député de l’Aube à l'Assemblée Législative et préfet de Seine Inférieure. Il a une sœur, Clémentine Curial, connue pour avoir été l’amante de Stendhal, et un frère aîné avec qui il a pu être parfois confondu, Auguste-Arthur Beugnot (1797-1865), lui-même homme d’état, membre de l’Institut et historien connu pour être l’auteur d’ouvrages sur le droit, la religion et l’époque médiévale4. Un témoignage dans la biographie de son père dresse l’image d’« un collectionneur zélé, bibliophile émérite », fier de sa collection et toujours très lié à la mémoire paternelle. L’extrait, qui évoque une charmante maison près des jardins du palais du Luxembourg, mentionne cependant sa collection de livres et non d’antiquités : « ses livres qui étaient d’une valeur considérable, splendidement reliés, enfermés dans des écrins de velours et, en outre, enveloppés de soie, il baisait avec vénération les plus précieux et les faisait admirer sans permettre qu’on y touchât jamais »5. On ne connaît pas d’écrits de la main de Gustave-Adolphe Beugnot. À vrai dire, peu de sources publiées nous permettent de retracer sa vie, son éducation ou sa carrière, qui reste de prime abord assez mystérieuse. On sait, par certains dictionnaires ou par le Grand Armorial de France, qu’il était capitaine d'État-Major de l’État français, et Secrétaire d'Ambassade à Rome de 1828 à 18356. Toutefois, les archives diplomatiques du Ministère des Affaires étrangères et européennes conservent son dossier nominatif composé de 40 fiches7. La lecture du dossier Beugnot permet de retracer son parcours diplomatique sous la Restauration et la Monarchie de Juillet au sein de différentes ambassades, de Hanovre à Rome.

  • 8 Renoüard 1829, p. lettre V, p. 27-48.

3Ses jeunes années sont peu connues. Ses demandes afin d’obtenir la décoration de Chevalier de la Légion d’honneur, au début infructueuses puis accordées par l’entremise de son père et de sa sœur en 1825, nous apprennent qu’il entre dans la Garde royale en 1814, à 15 ans, dans le régiment des Chevau-Légers (probablement de Westphalie, où son père officiait) et en 1815 dans les Grenadiers à cheval. Ensuite, on sait qu’à l’âge de la vingtaine, en mai 1821, il devient, avec l’appui de son père, attaché aux archives de la légation à Francfort sous la direction du Comte de Reinhard en tant que Lieutenant au Corps Royal d’État-Major. Après avoir sollicité en janvier 1824 la place vacante de troisième secrétaire à Vienne, qui ne lui est pas octroyée, il devient en juin 1825 attaché au département des Affaires étrangères comme troisième secrétaire de légation par intérim à Hanovre. Il est alors décrit par son père comme « l’un des plus anciens des attachés, sujet dévoué, capable (…) dont la bonne conduite et la capacité sont connues dans son ministère ». Le Comte Roger de Caux, sous la tutelle duquel il travaille à Hanovre, évoque un collaborateur utile dont il « se plait à reconnaître le zèle et la capacité ». Six mois plus tard, en décembre de la même année, il est nommé 3e secrétaire de l’Ambassade du Roi à Constantinople, c’est ici, après un court séjour parisien où l’appellent des affaires personnelles suite à la mort de sa mère, qu’il commence probablement à acquérir le goût pour les antiquités. Ce séjour est confirmé par les Lettres sur l’Orient écrites pendant les années 1827 et 1828 du Baron Marie-Théodore Renoüard de Bussierre (1802-1865), lui-même secrétaire d’ambassade, accueilli à Constantinople par Gustave-Adolphe Beugnot et M. Foltz qui lui font visiter le Bosphore et la ville en partant en caïque de la Résidence d’été de l’ambassade à Thérapia, l’actuel quartier de Tarabya8.

  • 9 De Witte, Catalogue Beugnot, p. 72, n° 97 [actuellement L908] « Lécythus en forme de tête de femm (...)
  • 10 Des voyageurs britanniques, germaniques et français y acquéraient des antiques auprès des archéol (...)
  • 11 M.-J. Durry, « Une passion de Stendhal : Clémentine Curial », Éditions du Stendhal Club, n° 22 (1 (...)

4Une lettre de Beugnot père datée du 5 Juillet 1828, qui veilla toujours sur la carrière de son fils, fait la demande en son nom d’une affiliation à Naples sous la direction du Duc de Blacas (1771-1839). Cette affiliation lui sera refusée par manque de place disponible. Un mois plus tard, une lettre datée du 14 août de la Section de l’État-Major du Ministère de la Guerre adressée au Comte de La Ferroneraye, alors Ministre secrétaire d’État des affaires étrangères, nous apprend que Beugnot est sur le point de partir pour Corfou, confirmant ainsi un séjour en Grèce mentionné par Jean de Witte dans l’avertissement du catalogue de la vente de 1840 et supputé par certaines provenances d’objets de sa collection aujourd’hui conservés au Musée Antoine Vivenel de Compiègne9. Enfin, après avoir redemandé un poste à Vienne, Gustave-Adolphe Beugnot, alors Capitaine d’État-Major, est nommé le 13 septembre 1829 comme deuxième secrétaire d’Ambassade à Rome, fonction qu’il occupe jusqu’en 1834. Durant ces cinq années romaines, il rencontra très probablement Henri Beyle (1783-1842), plus connu sous le pseudonyme de Stendhal, qui était alors en poste à partir de 1831 à Civitavecchia près de Rome, en tant que Consul de France dans l'État pontifical et ainsi hiérarchiquement subordonné à Beugnot. Stendhal lui-même est lié à l’archéologie locale, le port de Civitavecchia étant une plateforme de redistribution du marché des antiquités italiennes, notamment des découvertes des nécropoles de Corneto, l’antique Tarquinia, ouverte aux acquéreurs étrangers10. Stendhal était l’ami de la mère de Gustave-Adolphe, la Comtesse Beugnot, et l’amant de sa sœur, Clémentine Curial, durant les années 1824 à 1826. Les autobiographies de Stendhal, son Journal et la Vie de Henry Brulard, nous apprennent qu’il ne l’appréciait guère, le surnommant « Mélodrame » et fustigeant son « gros esprit de commis-voyageur ». Dans son manuscrit de Lucien Leuwen (1834), une note de sa main évoque ainsi G.-A. Beugnot comme la source d’inspiration d’un de ses personnages, M. de Riquebourg : « Modèle : Mélodrame, effet de la noblesse sur un parvenu. Malheur et folie d’un bourgeois qui se vend aux nobles, comme feu Cicéron. (…) La noblesse est, dit-on, ce qui a fait épouser une femme de quarante-cinq ans à Mélodrame. Utilité de tous les avantages »11.

Un acteur du milieu archéologique romain

  • 12 Bullettino dell’Instituto di correspondenza archeologica 1831, p. 77, 121. Sur la collection du M (...)
  • 13 Bullettino 1831, « Lettre concernant le Rapport sur les vases de Volci (Annales de l’Institut 183 (...)
  • 14 Bullettino 1831, p. 195-196.
  • 15 Bullettino 1831, p. 197-198 ; De Witte, Catalogue Beugnot, p. 28-29, n°29 (achat par le Marquis d (...)

5À Rome, on retrouve la trace de G.-A. Beugnot dans les publications de l’Instituto di Corrispondenza Archeologica, dont il est désigné membre honoraire le 21 avril 1831 avec Lord Beverley et Jules Michelet et pour lequel il met à disposition pour étude, comme le Marquis de Northampton, sa propre collection dans le cadre du débat, vif à l’époque, sur l’origine de production des vases découverts dans les fouilles de Vulci12. Une lettre de Gerhard à Panofka à propos de son Rapporto Volcente publié en novembre 1831 indique que la collection Beugnot, accessible à l’étude, comporte déjà nombre de vases provenant des premières fouilles du site : « Quiconque veut avoir une idée des découvertes faites à Volci, doit recourir à la collection de Mr. Féoli (…) ; au cabinet remarquable, récemment formé par notre collègue Mr. le Baron de Beugnot, et à quelques vases disséminés dans le commerce romain, surtout chez Mr. Depoletti ; ce sont là les seuls objets encore visibles à Rome. »13. Le Bullettino du mois suivant, relatant la rencontre des membres de l’Institut du 9 décembre 1831, évoque au cœur de ce même débat della somiglianza del greco coll’etrusco l’intervention de Beugnot sur des vases de sa collection, perfettamente somiglievoli ai volcenti, achetés par lui en Grèce, à Égine14. Le 23 décembre, Beugnot montre encore à l’assemblée divers vases de son cabinet dont une amphore « dionysiaque » figurant un quadrige, des figures athlétiques et Héraclès en lutte contre le lion de Némée, acquise en 1828 toujours à Égine, afin que l’assistance puisse s’accorder de la perfetta somiglianza di questo monumento con quei di simil forma di provenienza volcente15.

  • 16 Annali 1834, p. 43-44, 54-58, 81-82. Il est précisé, p. 83, note I, que les autres vases de la to (...)
  • 17 Il s’agit de trois tombes de la nécropole Monterozzi : la Tombe du Triclinium découverte en 1830 (...)
  • 18 Selon une hypothèse de F.-H. Massa-Pairault, Iconologia e politica nell'Italia antica : Roma, Laz (...)
  • 19 De Witte, Catalogue Beugnot, p. 54-56, n°53 (achat Rollin). BnF, inv. De Ridder.290. Attribué au (...)
  • 20 De Witte, Catalogue Durand, n° 251. British Museum, inv. F480 : Ancienne collection Blacas, 1ère (...)

6Au cœur de ce même débat, deux cratères en calice à figures rouges de la collection Beugnot trouvés à Vulci en 1833, dotés d’inscriptions en étrusque, sont présentés par Christian Karl Josias von Bunsen dans les Annales de l’Institut de 1834 comme des monuments de première importance16. Faisant suite à la demande de Gerhard de se positionner sur la question, Bunsen propose une solution assez radicale : la langue des inscriptions déterminerait la production des vases qui les portent. C’est en particulier leurs inscriptions en étrusque mais aussi leur style et leur iconographie, notamment les figures d’Ajax, Penthésilée et Actéon, vues comme grecques, mais surtout celle de Charun, démon étrusque de l’au-delà reconnaissable par son maillet, qui permettent de les attribuer à une production locale en s’appuyant sur les analogies stylistiques et iconographiques avec les peintures murales de Tarquinia et Vulci alors connues, notamment la Grotta Marzi (procession funèbre avec Charun), la Grotta Stackelberg et la Grotta Querciola17. Ces deux cratères sont aujourd’hui conservés à la Bibliothèque nationale de France et au British Museum (figs. 1 et 2) : ils représentent en effet pour le premier, passé par la vente de 1840, le héros Aivas (Ajax) égorgeant un troyen (Thersite ?18) en présence de Charu, ainsi qu’une scène de Nèkyia figurant le même Charu entouré des ombres de trois amazones dont deux sont nommées par les inscriptions hinθi[al] Aturmucas et Pentasila19, pour le second, ayant appartenu au Chevalier Durand, le suicide d’Aivas (Ajax) et la mort d’Α(κ)ταίων (Actéon)20.

Fig. 1. Cratère en calice attribué au Groupe de Tumurca. Paris, BnF, inv. De Ridder. 920

© S. Oboukhoff BnF-CNRS.

Fig. 2. Cratère en calice étrusque. Londres, British Museum, inv. F480. Ancienne collection Blacas

© The Trustees of the British Museum.

Fig. 3. Plaque d'applique décorative étrusque en terre cuite, vers 520 av. J.-C. Paris, BnF, inv. reg.C.150

© BnF

  • 21 BnF, inv. reg.C.150. Vers 520 av. J.-C. De Witte, Catalogue Beugnot, p. 91, n°198 (achat Raoul-Ro (...)
  • 22 Bullettino 1831, p. 198, 215, 217.
  • 23 Annali 1833, vol. 5, p. 323 (voir aussi « Lettre à M. C. O. Mueller, sur une statue votive de bro (...)
  • 24 L’Apollon de Piombino est désormais connu comme une œuvre rhodienne archaïsante de la fin du iie (...)

7D’autres mentions de Beugnot dans le Bulletin de l’Institut de 1831 confirment son rôle actif dans les débats du milieu archéologique romain : la présentation d’une terre cuite polychrome étrusque d’époque archaïque en forme de sirène, de nos jours au Cabinet des médailles de la Bibliothèque nationale de France, enrichit le discours autour des modi egiziani dans l’art étrusque (fig. 3)21, tandis que sa collection de bronzes, de bijoux et de gemmes est aussi mentionnée à de nombreuses reprises afin d’évoquer la diversité des productions mises au jour22. Beugnot est ainsi considéré, à travers ces attestations, comme un acteur respecté de la vie intellectuelle de l’époque, un statut réaffirmé par une lettre de Désiré Raoul-Rochette à Karl Otfried Müller qui nous apprend qu’il assista en 1832 à l’exceptionnelle découverte sous-marine de l’Apollon de Piombino près de Populonia23. La découverte du bronze et son attribution stylistique faisait alors débat, mais Raoul-Rochette précise à juste titre que « cette assurance donnée par un témoin oculaire, aussi digne de confiance que M. le baron Beugnot, dissipe toute incertitude sur la provenance de cette statue, sans qu’il en résulte aucun motif de doute sur son originalité, comme monument de l’art grec »24.

Beugnot archéologue et collectionneur : Camposcala, Corneto, Chiusi et Bomarzo

  • 25 De Witte, Catalogue Beugnot, p. 123-124, n°365 : « Socle en jaune antique (i), avec base en marbr (...)
  • 26 De Witte, Catalogue Beugnot, p. 118-119, n°349. Dans la collection Vivenel, deux candélabres vulc (...)

8Ce sont durant ces années romaines que Beugnot constitue une partie de sa collection d’antiquités. On sait, grâce au catalogue de vente de 1840, qu’il assiste à certaines découvertes des objets de sa collection : il est notamment précisé que Beugnot trouve en 1830, à la villa Adriana, un « Socle en jaune antique, avec base en marbre noir » sur lequel fut remonté une plaque en bronze trouvée à Herculanum et représentant « le buste ailé d’Hyménée… »25. Un autre objet, un candélabre en bronze, est dit avoir été « trouvé le 27 février 1833, à Vulci, dans une tombe ouverte sous les yeux de M. le vicomte Beugnot »26. Cette provenance et le rôle attribué à Beugnot dans cette découverte sont confirmés par une mention reliant le diplomate au site de la Maremme latiale.

  • 27 D. Raoul-Rochette, Troisième mémoire sur les Antiquités chrétiennes des Catacombes, Paris, 1838, (...)
  • 28 Bullettino 1835, p. 203-205 ; Raoul-Rochette, Troisième mémoire, p. 88-89, note 1 : « Le corps re (...)
  • 29 M. Martelli in M. Cristofani (éd.), Gli Etruschi in Maremma. Popolamento e attività produttive, M (...)
  • 30 Sur le casque voir H.-A. de Luynes, « Casque de Vulci », Nouvelles Annales de l’Institut archéolo (...)
  • 31 Sur le trépied, de production vulcienne, voir H.-A. de Luynes, « Trépied de Vulci », Nouvelles An (...)
  • 32 Sur l’amphore voir Cherici, « Appunti su un corredo vulcente », p. 41-42, pl. IX b). Le catalogue (...)
  • 33 Sur l’anneau voir Cherici, « Appunti su un corredo vulcente », p. 41, note 13.
  • 34 New York, The Metropolitan Museum of Art, inv. 40.11.7–.18, une paire de boucles d’oreilles, un c (...)

9En 1838, dans son Troisième mémoire sur les Antiquités chrétiennes des Catacombes, Désiré Raoul-Rochette évoque la présence de Beugnot lors des fouilles de Vulci, plus particulièrement lors d’une fouille dans laquelle fut trouvé un casque orné de décorations rapportées en argent sur la visière, avec un groupe exécuté en bas-relief27. Raoul-Rochette précise en note que le casque en question fait partie du cabinet du Duc de Luynes et renvoie pour le contexte de la tombe à la description précise donnée par Domenico Campanari dans une lettre retranscrite dans le Bulletin Archéologique de 1835, en réalité datée de 183328. À la suite de Marina Martelli, Armando Cherici, dans un article de 1994 des Studi Etruschi, a retracé le parcours de certains objets de cette tombe localisable dans la nécropole occidentale de Camposcala, trouvée par Vincenzo Campanari en 1832 dans le tumulus dénommé Poggio dei Guerrieri et dont la déposition date probablement du premier quart du ve siècle av. J.-C.29 : le casque, une production vulcienne représentant sur le frontal la lutte d’Héraclès et d’Apollon pour la biche de Cérynie, aujourd’hui conservé au Cabinet des médailles (fig. 4)30 ; un trépied au Museo Etrusco Gregoriano vendu par les frères Campanari au gouvernement pontifical entre 1834 et 183731 ; une grande amphore en bronze au British Museum, décorée de poignées en forme de figures humaines, ayant appartenu à James-Alexandre de Pourtalès-Gorgier (1776-1855)32 ; enfin un anneau en or décoré de têtes de satyres ou d’Achéloos, porté par le défunt à l’annulaire de la main gauche, conservé au Metropolitan Museum of Art33. Le dernier bijou, réuni en un seul lot avec une autre parure de la fin vie – début ve siècle av. J.-C., trouvée dans une tombe adjacente à destination probablement féminine, a appartenu à Beugnot avant d’entrer dans la collection, importante semble-t-il mais dont on ne sait presque rien, du banquier Rougemont de Löwenberg (fig. 5)34.

Fig. 4. Casque (type corinthien) vulcien, 1er quart ve s. av. J.-C. Paris, BnF, Luynes. 598 (inv. 116). Ancienne collection du Duc de Luynes

© S. Oboukhoff BnF-CNRS

Fig. 5. Parure étrusque. New York, The Metropolitan Museum of Art, inv. 40.11.7–.18. Ancienne collection Rougemont de Löwenberg

© The Metropolitan Museum of Art

  • 35 Gerhard 1833, p. 321 ; F. Orioli, « Archéologie. Fouilles à Vulcia », Journal des artistes et des (...)

10L’enquête ne s’arrête pas là, car Eduard Gerhard dans une lettre du 16 mars 1833 publiée dans l’Intelligenzblatt der Allgemeinen Literatur et Francesco Orioli dans un article de 1833 du Journal des artistes confirment le rôle de Beugnot dans cette découverte, qui aurait lui-même financé les fouilles restées pendant 15 jours infructueuses. Y sont préci­sément mentionnés la grande amphore et le casque en bronze, les bijoux, de même qu’une vingtaine d’autres vases, dont les deux cratères à figures rouges aux inscriptions étrusques qui firent tant parler les membres de l’Institut35.

11Dans le même article de 1833 (Journal de artistes et L’Europe littéraire), Orioli mentionne une autre entreprise archéologique de Beugnot, cette fois-ci près de Corneto, l’antique Tarquinia. Beugnot aurait fait rouvrir à ses frais « trois grottes, trouvées par le chevalier Marzi »36, dont il donne, pour chacune, une description précise : « Dans le premier hypogée, dont l'entrée regarde le midi, on voit un tableau qui représente une scène funèbre. Le mort gît sur son lit entre deux femmes. L'une est à son chevet, les cheveux épars, l'autre à ses pieds, avec un bras levé ; toutes deux paraissent occupées à le couvrir d'une mante rouge ; une troisième figure, avec son nom en étrusque, se tient immobile à la tête du lit. Sur le reste de la muraille figurent des danseurs, des buveurs et un joueur de flûte, représentation du festin qui suivait là les cérémonies funèbres (…). La barbe des hommes est en pointe, les physionomies sont anguleuses, le style généralement archaïque. La seconde grotte a son entrée opposée à la première ; son plan est carré comme le monde infernal, et comme l'antique templum. Toutes les peintures en sont effacées ou altérées, à l'exception d'une figure de femme, magnifiquement vêtue, et dont le manteau porte une longue légende étrusque, de laquelle je n’ai pas eu communication. Le troisième hypogée est un des plus curieux qu'on ait encore découverts. Sa forme est un rectangle ; sa voûte plate est soutenue, comme dans les autres, par un pilastre couronné d'un petit chapiteau sculpté avec beaucoup d'élégance. Les murailles sont peintes en figures de grandeur naturelle, dont la description ne m’est pas encore parvenue. La voûte est également peinte ; le style annonce une époque assez avancée. Les murs et les pilastres sont chargés d'inscriptions étrusques, qui ont été de ma part l'objet d'un examen approfondi (…). ». Grâce à l’étiquette « Marzi » et aux descriptions des tombes, il est possible de les identifier comme les hypogées découvertes lors les fouilles du Cavaliere Manzi de la nécropole de Monterozzi, dans la propriété des frères Marzi à Corneto (Orioli – ou l’éditeur – aurait ici mélangé Manzi et Marzi), dont Carlo Avvolta propose une première description dans le Bullettino de l’Institut de 1832, ensuite publiés dans les Monumenti (fig. 6)37 : la Tombe du Mort pour la première, la Tombe avec Pilastre et Figure de femme pour la deuxième, redécouverte en 1963, pour la dernière la Tombe du Typhon38.

Fig. 6a. Relevé de la Tombe du Mort et de la Tombe du Typhon, d’après Monumenti inediti pubblicati dall'Instituto di Corrispondenza Archeologica 2, 1834-1838, pl. II.

Fig. 6a. Relevé de la Tombe du Mort et de la Tombe du Typhon, d’après Monumenti inediti pubblicati dall'Instituto di Corrispondenza Archeologica 2, 1834-1838, pl. II.

Fig. 6b. Relevé de la Tombe du Mort et de la Tombe du Typhon, d’après Monumenti inediti pubblicati dall'Instituto di Corrispondenza Archeologica 2, 1834-1838, pl. IV.

  • 39 Voir infra au sujet du miroir de musée du Louvre.
  • 40 Sur les fouilles de Bomarzo voir M. P. Baglione, Il territorio di Bomarzo, Rome, 1976 et infra à (...)
  • 41 De Witte, Catalogue Beugnot, p. 41, n°41 ; Bullettino 1830, p. 233, note 1 (O.G.) ; L. Vittori, M (...)
  • 42 Etrusco museo chiusino dai suoi possessori publicato con aggiunta di alcuni ragionamenti del Prof (...)

12Enfin, il faut supposer que Beugnot connaît fort bien, durant son séjour en Italie, le marché des antiques de la région de Pérouse et de Viterbe. Les écrits de l’Institut de correspondance archéologique et les provenances d’objets en bronzes et en céramique de sa collection incitent à penser qu’il acquiert de nombreuses antiquités provenant des sites de Chiusi et de Bomarzo, peut-être par l’intermédiaire du marchand romain Ignazio Vescovali39. À Bomarzo, des fouilles commerciales sont menées dès octobre 1830 par Domenico Ruggeri dans les aires de nécropoles de Pianmiano et Piano della Colonna, dont le produit est ensuite dispersé entre l’État pontifical et le marché local40. Si certaines œuvres de Bomarzo et de Chiusi ont pu être identifiées, d’autres ne sont connues que par des écrits ou dessins. À titre d’exemple, une pélikè à figures rouges figurant le combat du guerrier grec Δεινομαχο[ς] contre l’Amazone à cheval Ευμαχε est mentionnée dans le Bullettino de 1830 ainsi que par Luigi Vittori en 1846 comme provenant de Bomarzo, mais nous perdons sa trace à la vente de 1840 malgré son iconographie si particulière41. Aussi, une anse de vase en bronze décorée de la figure d’Héraclès brandissant sa massue et reposant sur une tête d’Achéloos, peut-être une production vulcienne du milieu du ve siècle av. J.-C., proviendrait de Chiusi. Cet objet singulier, mentionné dans le Bullettino de 1831 et acheté par le baron Hope à la vente de 1840, a été reproduit sur une planche du Museo etrusco chiusino (fig. 7)42.

Fig. 7. Anse de vase en bronze (production vulcienne, milieu ve siècle av. J.-C. ?), d’après Etrusco museo chiusino, 1833, fasc. 3, pl. XXXVI.

Fig. 7. Anse de vase en bronze (production vulcienne, milieu ve siècle av. J.-C. ?), d’après Etrusco museo chiusino, 1833, fasc. 3, pl. XXXVI.

Fig. 8. Péliké attique attribuée au Peintre de la naissance d’Athéna. Londres, British Museum, inv. 1849,0620.14

© The Trustees of the British Museum

La vente aux enchères de 1840 et la dispersion de la collection Beugnot

  • 43 J. De Witte, Description des antiquités et objets d'art qui composent le Cabinet de feu M. le che (...)
  • 44 Répertoire des ventes d'antiques en France au xixe siècle - INHA / Musée du Louvre. In AGORHA. 20 (...)

13À son retour de Rome, Gustave-Adolphe Beugnot vit à Paris et continue à enrichir sa collection personnelle d’achats dans les ventes aux enchères, notamment en 1836 à la grande vente du Cabinet du Chevalier Edme-Antoine Durand (1768-1835) et en 1837 à celle de Lucien Bonaparte (1775-1840)43, où il a l’occasion d’acquérir des objets de Vulci qu’il a pu hypothétiquement voir à leur sortie de terre ou dans la demeure du Prince de Canino à Musignano, quelques années auparavant. En 1840, il met en vente pour des raisons probablement pécuniaires mais qui nous sont encore inconnues, du 5 au 13 mai, sa propre collection dès lors inexorablement dispersée. À la suite des travaux entrepris à l’Institut national d’histoire de l’art dans le cadre du programme Répertoire des ventes d’antiques en France au xixe siècle, il est désormais possible de mettre des noms et des prix sur les transactions et de recomposer la dispersion de cette collection44.

  • 45 Musée du Louvre inv. G42 ; British Museum, inv. 1849,0620.14, les vases ont été achetés respectiv (...)
  • 46 Sur les vases Panckoucke, voir notamment F. Lissarrague, « Entre livre et Musée : la collection P (...)
  • 47 BnF, inv. 372 et 254. Adjugées à 1020 et 1000 francs. De Witte, Catalogue Beugnot, n°37-38 ; C. C (...)
  • 48 Boston, Museum of Fine Arts, inv. 95.61 et Londres, British Museum, inv. 1865,0103.19 : De Witte, (...)
  • 49 Le miroir est publié pour la première fois dans le Giornale arcadico de 1821, T. IX, p. 91-100, c (...)
  • 50 De Witte, Catalogue Beugnot, p. 129-131, n° 389 ; Annali 1833, p. 343-346 (Panofka) ; D. Raoul Ro (...)
  • 51 Musée du Louvre, inv. Br 1722 ; G. Micali, Storia degli antichi popoli italiani, Edizione seconda (...)
  • 52 De Witte, Catalogue Beugnot, p. 131, n° 390 ; Mazet, Le Muséum étrusque d’Antoine Vivenel, cat. 6 (...)

14Dans la vente Beugnot de 1840, on compte plus de trente acquéreurs pour environ 400 lots d’antiques, pour un peu plus de 600 pièces. On retrouve les noms du baron William Hope (1808-1862), acteur de deux des plus hautes enchères de la vente, une amphore attique à figures rouges attribuée à Phintias et une Péliké attique attribuée au Peintre de la naissance d’Athéna, aujourd’hui conservées au Louvre et au British Museum (fig. 8)45, et Charles-Louis-Fleury Panckoucke (1780-1844), dont la plupart des vases sont de nos jours au musée de Boulogne-sur-mer46. La famille de marchands Rollin, dont on ne saurait dire s’il s’agit du père, Charles-Louis (1777-1853) ou Claude-Camille (1813-1883), est adjudicataire des 4e et 5e plus hauts achats, deux vases attiques passés ensuite dans la collection du Duc de Luynes : une amphore du Peintre d’Achille représentant Euphorbe portant Œdipe enfant et une hydrie à figures noires découverte à Tuscania figurant l’apothéose d’Héraclès et son combat contre le lion de Némée, signée Pamphaios potier et attribuée au Peintre d’Euphiletos47. Le Comte de Pourtalès y acquiert entre autres objets un canthare attique signé Nikosthénès potier et un cratère en cloche apulien attribué au Peintre de l’Ilioupersis provenant d’Armento48. Sont aussi présents Charles-André-Joseph Paravey (1801-1877), Hippolyte de Janzé (†1865), le baron Michel de Trétaigne (1780-1869) ou encore les marchands et experts comme Charles-Armand Signol (1802-1875), Camille Roussel (†1866) et Sigismond Manheim (1798-1880). Ce dernier achète notamment deux miroirs étrusques d'une qualité remarquable. Le premier, un miroir hellénistique de la fin du ive siècle, trouvé en 1820 aux environs de Viterbe, est un achat de Beugnot au marchand romain Igniazio Vescovali49. Dans le catalogue de vente, Jean de Witte propose d’y voir, en suivant l’analyse iconographique de Theodor Panofka dans les Annales de 1833, l’épisode du Jugement de Pâris sous une forme particulière où le prince troyen est remplacé par la figure d’Aplu (Apollon) et le dieu Mercure par Hercle (Héraclès). Cette interprétation, qui n’est plus retenue, est remise en cause par Raoul-Rochette en 1837 qui lit l’image comme la réconciliation d'Apollon et Héraclès en présence des trois déesses50. Le miroir, entré dans les collections du Musée du Louvre, a été publié par Giuseppe Micali dans les planches de la deuxième édition de son ouvrage Storia degli antichi popoli italiani (fig. 9)51. Le second objet, un couvercle de miroir-boîte étrusque de la fin du ive siècle représentant Pâris se réfugiant sur l’autel de Zeus, entouré de Deiphobe et Cassandre, est aujourd’hui conservé au Musée Antoine Vivenel de Compiègne52.

Fig. 9. Miroir étrusque d’époque hellénistique. Paris, Musée du Louvre, inv. Br 1722, d’après G. Micali, Storia degli antichi popoli italiani, Edizione seconda (...) Tomo terzo, Milan, 1836, pl. XLIX.

Fig. 9. Miroir étrusque d’époque hellénistique. Paris, Musée du Louvre, inv. Br 1722, d’après G. Micali, Storia degli antichi popoli italiani, Edizione seconda (...) Tomo terzo, Milan, 1836, pl. XLIX.

Fig. 10. Protomé de lacunari de Tarquinia, fin vie s. av. J.-C. Compiègne, Musée Antoine Vivenel, inv. L 1407

© Musée Antoine Vivenel, Compiègne / Photo Christian Schryve

Fig. 11. Pied de ciste ou de trépied en bronze, Étrurie, vers 525-500 av. J.-C. De Chiusi, d’après J.-B. Muret, Monuments antiques dessinés, Tome IV, pl. 133

© BnF / Gallica.fr

  • 53 De Witte, Catalogue Beugnot, p. 80-83, n° 145-147, 151, 155-156 ; C. Dorion-Peyronnet, Quelques v (...)
  • 54 De Witte, Catalogue Beugnot, p. 5-6, n° 2, p. 44-46, n° 46 ; C. Colonna, Grèce. Musée département (...)
  • 55 De Witte, Catalogue Beugnot, p. 117, n°337 ; L. Haumesser, « Une hache étrusque du musée de Rouen (...)

15Les collectionneurs Achille Deville (1789-1875) et Antoine Vivenel (1799-1862) sont les plus importants acheteurs de la vente de 1840. Le premier y participe pour la constitution des collections du Musée des Antiquités de Rouen. Ses achats reflètent sa passion pour les verres antiques, bien représentés dans la collection Beugnot et dont le catalogue récent des verres moulés du musée porte à notre connaissance certains objets : des verres égyptiens du Nouvel Empire et des verres méditerranéens qui pour certains proviennent de Vulci, de Palestrina et de Tarquinia53. Il y acquiert aussi personnellement deux vases attiques provenant de la collection Durand, une amphore à figures noires et un stamnos à figures rouges attribué à Syriskos54, ainsi que des bronzes étrusques et romains dont une hache en bronze miniature inscrite en étrusque, à laquelle Laurent Haumesser a récemment consacré une étude approfondie55.

  • 56 Mazet, Le Muséum étrusque d’Antoine Vivenel ; C. Mazet, « Des tombes étrusques au musée des Étude (...)
  • 57 Le « relief de Milo » à la sirène, précédemment cité, et une terre cuite de Cerveteri ou du Latiu (...)
  • 58 Mazet, Le Muséum étrusque d’Antoine Vivenel, cat. 35.
  • 59 Mazet, « Des tombes étrusques au musée des Études (…) », p. 69, n° 10. On retrouve aussi dans la (...)
  • 60 Mazet, Le Muséum étrusque d’Antoine Vivenel, cat. 42.
  • 61 Dubois, Catalogue Pourtales-Gorgier, p. 127, n° 660 : « Masque d’un personnage barbu et le front (...)
  • 62 De Witte, Catalogue Beugnot, n° 368 ; Dubois, Catalogue Pourtales-Gorgier, p. 126-127, n° 658-659 (...)
  • 63 Muret, Recueil, IV, pl. 133, 4 ; Berlin, Antikensammlung der Staatlichen Museen, inv. Fr.1516.

16Antoine Vivenel, le principal adjudicataire avec l’acquisition de 117 objets d’origines variées pour près de 8000 francs (50 céramiques, 16 bronzes, 22 terres cuites, 5 verres, 23 lampes et un morceau de marbre), achète à la vente Beugnot dans le but d’enrichir les collections du musée des études qu’il fondera trois ans après, en 1843, dans sa ville natale de Compiègne56. Certaines pièces s’y démarquent d’ailleurs par leur rareté. On recense un lot de terres cuites de productions attique et étrusque57 qui contient un couvercle d’urne canope archaïque de Chiusi58, ainsi qu’une série importante de vases grecs, italiotes et étrusques, dans laquelle figure une pélikè apulienne à figures rouges du Peintre de Darius59. Enfin quelques bronzes étrusques sont d’une très grande qualité et témoignent d’un parcours atypique. Par exemple, une protomé de lacunari en forme de tête de bélier, production archaïque de la cité de Tarquinia, provient selon le catalogue de la vente Beugnot du site de Ruvo di Puglia (fig. 10)60. Cette provenance, à première vue douteuse, pourrait hypothétiquement s’expliquer par la présence de nombreuses décou­vertes de production étrusque sur le site peucétien. Le catalogue de la collection du comte de Pourtalès-Gorgier, dressé par Léon-Jean-Joseph Dubois en 1841 mais complété et publié en 1865 pour la vente aux enchères, mentionne aussi trois protomés de lacunari aujourd’hui disparues, l’une en forme de tête d’Achéloos, les deux autres en forme de têtes de béliers, provenant d’un même contexte de Ruvo61. Bien que l’absence de sources incite à la prudence, ne serait-il pas possible d’imaginer à Ruvo, dans les années 1830-1840, la découverte d’une tombe de la fin du vie siècle av. J.-C. contenant un riche mobilier funéraire importé de Tarquinia, peut-être un lit funéraire dont ces rares objets constitueraient le témoignage, ensuite démembré dans le marché des antiquités ? La relation étroite entre les collections Beugnot et Pourtalès est d’ailleurs confirmée par un autre bronze étrusque de la vente de 1840 originaire de Chiusi : un pied de ciste ou de trépied archaïque en forme de Gorgone acheté par le Comte de Pourtalès afin de réunir un lot dispersé puisqu’il en possédait l’exact pendant dans sa propre collection62. Nous n’en connaissons que le dessin dans le recueil illustré d’antiques de Jean-Baptiste Muret du Cabinet des médailles, mais le troisième pied de l’objet originel, vraisemblablement circulaire, est con­servé au Staatlichen Museen de Berlin (fig. 11)63.

  • 64 Mazet, Le Muséum étrusque d’Antoine Vivenel, 130-132, cat. 70, p. 163-164, cat. 95 ; Mazet, « Des (...)
  • 65 Dans les vases étrusques de la collection Vivenel, parmi les objets Beugnot, quelques exemples d’ (...)
  • 66 Micali, Storia degli antichi popoli italiani, p. 58, pl. XL ; J. De Witte, Description d'une coll (...)
  • 67 Il pourrait s’agir des trois pieds de ciste cylindrique de la collection Beugnot mentionnés dans (...)

17On recense aussi dans la collection Vivenel deux bronzes provenant de Bomarzo : un balsamaire, de production clusienne, daté du IIIe siècle, en forme de tête féminine ainsi qu’un brûle-parfum ou thymiaterion vulcien, daté vers le ive siècle avant notre ère et dont le fût plastique est décoré une figure féminine, peut-être une Lasa64. Ce dernier objet permet d’aborder un autre aspect de la collection Beugnot car il s’agit d’un assemblage moderne : le trépied d’origine falisque a été ajouté afin de vendre l’objet plus cher, car plus complet65. Il en est de même pour une pièce maîtresse de la collection de Compiègne, achetée plus de 1700 francs à la vente de 1840, soit la deuxième plus haute enchère : le candélabre au satyre (fig. 12). Lors de la vente Canino de 1837, Beugnot avait acheté le fût torsadé du candélabre, une production vulcienne du ive siècle, composé d’un satyre écrasant un serpent et d’une figure anguipède au sommet. Une mention de l’objet dès 1832 par Giuseppe Micali, qui l’avait vu dans le cabinet du Prince de Canino, permet de recomposer son aspect initial66. Lors de la vente Beugnot l’objet est recomposé : sont ajoutés une petite coupelle au sommet et un trépied composé d’un marbre jaune de Sienne xixe siècle et de trois pieds de ciste prénestine du iiie siècle av. J.-C., représentant chacun une scène de deux personnages en lutte67. Il semble ainsi que la pratique du faux, connue dans un grand nombre de ventes aux enchères d’antiques du xixe siècle et toujours d’actualité, n’est pas étrangère au Vicomte Beugnot à un moment où, soit désargenté soit désireux de changer ses habitudes de collectionneur, il se sépare de son riche cabinet d’antiques.

Fig. 12. Candélabre au satyre. Pastiche du xixe siècle composé d’éléments antiques et modernes. Compiègne, Musée Antoine Vivenel, inv. L 1842

© Musée Antoine Vivenel, Compiègne / Photo Christian Schryve

18* * *

19Bien que la vente de 1840 paraisse assez représentative d’autres grandes ventes aux enchères parisiennes d’antiques du deuxième quart du xixe siècle, le profil du Vicomte Beugnot se distingue par l’originalité de son parcours et, en conséquence, par la variété des provenances des objets archéologiques qui constituent sa collection. À une période où l’obsession de posséder des vases grecs dominait majoritairement le marché européen et le goût antiquaire, la dispersion de la collection Beugnot a fait découvrir de nouveaux sites (tels Bomarzo, Chiusi ou Tarquinia) et d’autres catégories d’œuvres étrusques (comme les bronzes, les bijoux, les terres cuites et les verres). L’évolution de la carrière diplomatique de ce collectionneur chevronné, de Hanovre à Rome en passant par Constantinople et la Grèce, a également conditionné son rapport à la collection. Ses années romaines, de 1829 à 1834, le virent devenir un membre incontournable du milieu archéologique romain et parisien. La mise à disposition pour étude de son cabinet permit d’enrichir les débats scientifiques alors en cours portant sur l’influence égyptienne de l’art étrusque et plus encore sur l’origine grecque ou étrusque des vases figurés découverts en Méditerranée occidentale, en particulier sur le site de Vulci où, de manière contemporaine, Alexandrine et Lucien Bonaparte fouillaient intensivement les nécropoles orientales. Achetant sur le marché romain, Gustave-Adolphe Beugnot s’est aussi intéressé de près au terrain archéologique en assistant aux fouilles de la Villa Adriana à Tivoli, à la découverte sous-marine en 1832 de l’Apollon de Piombino, en faisant rouvrir quelques tombeaux peints de Tarquinia et en finançant, entre 1832 et 1833, une partie des fouilles Campanari des nécropoles occidentales de Vulci dont il possèdera pour un temps les découvertes.

20À travers l’histoire de la collection Beugnot et la mise en lumière du parcours atypique et des choix de ce collectionneur oublié par la force du temps, réétudier avec minutie les sources de cette période d’intense activité archéologique du deuxième quart du xixe siècle paraît plus que jamais nécessaire. Ce faisant, il est alors possible d’appréhender sous un jour nouveau les modalités complexes des réseaux et des pratiques du marché européen des antiques ainsi que d'approfondir nos connaissances sur la constitution du savoir antiquaire et des collections de nos musées actuels.

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Notes

2 Le catalogue de 1840 indique les provenances d’Égypte (province d’Arsinoé et de Louxor), de Grèce (Athènes, Attique, Milo, Corinthe), de Sicile, d’Italie méridionale (Nola, Armento, Ruvo, Herculanum, Basilicate, Pouilles, Grande Grèce) et centrale (Rome – Thermes de Caracalla, porte Pia, porte Salara, porte Latine –, Velletri, Vulci, Montalto di Castro, Toscanella (Tuscania), Palestrina, Chiusi, Faléries, Tivoli, Tarquinia – indiqué parfois Corneto –, Viterbe, Volterra, Bomarzo ou Pérouse).

3 Les ventes Canino ont eu lieu à Paris et Londres en 1834, 1837, 1838, 1840, 1843, 1845, 1848 et 1849. Il convient également de citer, parmi les grandes ventes aux enchères parisiennes de l’époque, la vente Magnoncour de 1839. À ce sujet, voir notamment R. B. Halbertsma (éd.), The Canino Connections. The history and restoration of ancient Greek vases from the excavations of Lucien Bonaparte, Prince of Canino (1775-1840), Leyde, 2017.

4 Histoire de la destruction du paganisme en Occident, 1835 ; Coutumes de Beauvoisis, 1842 ; Assises de Jérusalem, 1848.

5 E.-A. Blampignon, « Le comte Beugnot », Mémoires de la Société d’agriculture, sciences et arts du département de l’Aube, Tome XXXII, troisième série, Troyes, Paul Nouël, 1895, p. 22-23. Il est également précisé les circonstances de sa mort en 1861 « d’une manière à peu près subite », relatée aussi par R. P. Al. Lefebvre dans les Annales de la bonne mort.

6 G. C[haix] d’E[st]-A[nge], Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables à la fin du xixe siècle, Paris, 1903, tome IV [BER-BLO], p. 202 ; H. Jougla de Morenas, Grand armorial de France, Paris, 1938, tome 2, p. 111.

7 Centre des Archives diplomatiques de la Courneuve, Personnel, Dossiers nominatifs, première série 1850-1900. FRMAE 393QO, Carton 391. Il s’agit principalement des correspondances administratives et des arrêtés de nomination du Ministère de la Guerre sous la Restauration.

8 Renoüard 1829, p. lettre V, p. 27-48.

9 De Witte, Catalogue Beugnot, p. 72, n° 97 [actuellement L908] « Lécythus en forme de tête de femme (…) Trouvé par feu E. Dodwell dans un tombeau près de Corinthe », p. 92, n° 204 [actuellement L800] « Hermès ithyphallique de Priape. Trouvé à Milo », p. 129, n° 387 [actuellement L1424] « (…) petit bas-relief rond, représentant un loup qui dévore un lièvre (…) trouvé dans une des îles de la Grèce ». Voir aussi infra sur Beugnot à Égine.

10 Des voyageurs britanniques, germaniques et français y acquéraient des antiques auprès des archéologues-commerçants comme Donato Bucci (1798-1870) ou Pietro Manzi, mentionnés par Stendhal, qui s’improvisa lui-même archéologue. Voir A. Hus, « Stendhal et les Étrusques », in Mélanges offerts à Jacques Heurgon, Rome, 1976, p. 437-469 ; S. Nardi, Je deviens antiquaire en diable! : io Stendhal, console a Civitavecchia e "cavatesori"; (1831-1842), [Catalogue de l'exposition, Tarquinia, Palazzo dei Priori, 6 juillet-31 aout 1996], Tarquinia, 1996 ; N. Lubtchansky, « Voyageurs français à Corneto (1825-1850) », in M. Royo, M. Denoyelle, E. Hindy-Champion et D. Louyot (éds.), Du voyage savant aux territoires de l’Archéologie. Voyageurs, amateurs et savants à l’origine de l’archéologie moderne, Paris, 2011, p. 187-216.

11 M.-J. Durry, « Une passion de Stendhal : Clémentine Curial », Éditions du Stendhal Club, n° 22 (1927), p. 12 ; H. Martineau, Correspondance. 7 / Stendhal, Paris, 1933-1934.

12 Bullettino dell’Instituto di correspondenza archeologica 1831, p. 77, 121. Sur la collection du Marquis de Northampton, voir M.-A. Bernard, « La collection de vases grecs du marquis de Northampton (1790-1851). Entre archéologie et sciences de la nature », Les Cahiers de l’École du Louvre [En ligne], 5 | 2014, mis en ligne le 01 octobre 2014, consulté le 05 décembre 2017. URL : http://cel.revues.org/396 ; DOI : 10.4000/cel.396.

13 Bullettino 1831, « Lettre concernant le Rapport sur les vases de Volci (Annales de l’Institut 1831, cahier I) », p. 163.

14 Bullettino 1831, p. 195-196.

15 Bullettino 1831, p. 197-198 ; De Witte, Catalogue Beugnot, p. 28-29, n°29 (achat par le Marquis de la Marche pour 101 francs). Des vases du marquis, Barthélémy-Philippe-Félix Fyot de la Marche (1765-1842), ont été légués en 1842 au Musée des Beaux-Arts de Dijon, sa ville natale, mais le vase en question n’a pour l’instant pas été identifié. Le passage de Beugnot sur l’île d’Égine est aussi attesté par Welcker en 1830, à propos d’un relief en terre cuite dit « relief de Milo », à attribuer désormais à un atelier attique, représentant  « Hécate et Éros trainés par des griffons » (Annali dell’Instituto di correspondenza archeologica 1830, p. 65-81) : « L’ouvrage a été acheté à Égine par M. le baron Beugnot, secrétaire de l'ambassade française à Constantinople; c'est là aussi qu'on l'a trouvé, du moins je le présume ; il fut donnée en présent à M. le vicomte de la Passe, premier secrétaire d'ambassade à Naples. ». Nous supposons que d’autres objets du catalogue proviennent d’Égine, comme le bas-relief de même production attique en forme de Sirène aujourd’hui conservé au Musée Antoine Vivenel de Compiègne (Inv. L 810. De Witte, Catalogue Beugnot, p. 91, n° 197 ; J.-B. Muret, Monuments antiques dessinés (1833-1866), livre I, pl. 83, IX, pl. 41 ; C. Mazet, Le Muséum étrusque d’Antoine Vivenel. Catalogue raisonné de la collection étrusque et italique du Musée Antoine Vivenel de Compiègne, Milan-Compiègne, SilvanaEditoriale, 2015, p. 31, fig. 16, note 102).

16 Annali 1834, p. 43-44, 54-58, 81-82. Il est précisé, p. 83, note I, que les autres vases de la tombe dans laquelle furent découverts les deux cratères Beugnot, vus par Bunsen et de même fabrique, sont visibles chez M. Depoletti. Voir aussi Annali 1834, p. 164, note 2, où Jean de Witte précise que le vase figurant Penthésilée, Ajax et Charon est publié dans les Monuments inédits de l’Institut, Tome II, pl. IX ; et Annali 1834, p. 274-277 (Raoul-Rochette, Lettre à Monsieur le Professeur Ed. Gerhard, sur deux vases peints, de style et travail étrusques, 30 novembre 1834, p. 264-294).

17 Il s’agit de trois tombes de la nécropole Monterozzi : la Tombe du Triclinium découverte en 1830 (Base ICAR : http://icar.huma-num.fr/web/fr/icar/support/485), la Tombe des Biges découverte en 1827 (Base ICAR TARQ23 : http://icar.huma-num.fr/web/fr/icar/support/483) et la Tombe Querciola 1 découverte en 1831 (Base ICAR TARQ20 : http://icar.huma-num.fr/web/fr/icar/support/480).

18 Selon une hypothèse de F.-H. Massa-Pairault, Iconologia e politica nell'Italia antica : Roma, Lazio, Etruria dal VII al I secolo A.C., Milan, Longanesi, 1992, p. 133, citée aussi dans A. Rouveret, « Figurer le corps ennemi: quelques remarques sur le thème du sacrifice des prisonniers troyens dans l'art funéraire et italique au ive siècle av. J.-C. », in C. Müller, F. Prost (dir.), Identités et cultures dans le monde méditerranéen antique, Paris, 2002, p. 350, note 24.

19 De Witte, Catalogue Beugnot, p. 54-56, n°53 (achat Rollin). BnF, inv. De Ridder.290. Attribué au Groupe de Turmuca, vers 350-330 av. J.-C. Les ombres, identifiées par des inscriptions de la face B du vase, correspondraient aux amazones Andromaque ou Dorymaché (Atamurca) et Penthésilée (Pentasila). Cf. I. Krauskopf, « Griechisch, skythisch, orientalisch. Das Amazonenbild in der antiken Kunst », in Amazonen. Geheimnisvolle Kriegerinnen, Munich, 2010, p. 46 ; Les Étrusques en toutes lettres. Écriture et société en Italie antique. [Catalogue de l'exposition, Lattes, site archéologique Lattara – musée Henri Prades, 17 octobre 2015 – 29 février 2016], Milan, Silvana Editoriale, 2016, p. 74-75, n° 23 (notice de Cécile Colonna). Voir aussi J. De Witte, « Note sur le mot étrusque Hinthial », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 16ᵉ année, 1872, p. 30-41.

20 De Witte, Catalogue Durand, n° 251. British Museum, inv. F480 : Ancienne collection Blacas, 1ère moitié ive s. av. J.-C. Sur la collection du Duc de Blacas, voir A. Milanese, « Pierre-Louis-Jean-Casimir, duc de Blacas (1771-1839), collectionneur et mécène entre Florence, Rome, Naples et Paris », in M. Preti-Hamard, Ph. Sénéchal, Collections et Marché de l'Art en France, 1789-1848, Rennes, 2005, p. 327-347.

21 BnF, inv. reg.C.150. Vers 520 av. J.-C. De Witte, Catalogue Beugnot, p. 91, n°198 (achat Raoul-Rochette) ; Muret, Recueil, VIII, pl. 61 (la légende qui accompagne le dessin semble identifier l’iconographie de l’objet comme la personnification de « la nuit »).

22 Bullettino 1831, p. 198, 215, 217.

23 Annali 1833, vol. 5, p. 323 (voir aussi « Lettre à M. C. O. Mueller, sur une statue votive de bronze, de style grec archaïque, par Raoul-Rochette », Annales de l'Institut de correspondance archéologique, 1833, 2e cahier, p. 193-210) : « J’apprends de M. le baron Beugnot qui avait vu notre statue, au moment où elle venait d'être retirée de la mer par des pécheurs de Piombino, toute couverte encore de dépôts marins, quelle avait été bien réellement trouvée dans ces parages, près des ruines de l'antique Populonia ».

24 L’Apollon de Piombino est désormais connu comme une œuvre rhodienne archaïsante de la fin du iie siècle av. J.-C. B. S. Ridgway, « The Bronze Apollo from Piombino in the Louvre », Antike Plastik 7 (1967), p. 43-75 ; S. Descamps-Lequime, « Statue of Apollo (Piombino Apollo) », in J. M. Daehner, K. Lapatin (éds.), Power and Pathos: Bronze Sculpture of the Hellenistic World, Los Angeles, J. Paul Getty Museum, 2015, p. 288–291, n°47 ; N. Badoud, « La lame de plomb découverte à l’intérieur de l’Apollon de Piombino », Technè 45, 2017, p. 65-72 ; en dernier lieu N. Badoud, « L’Apollon de Piombino », Journal des savants. juillet-décembre 2018, p. 185-288 : mention de G.- A. Beugnot p. 189-192, 202. L’A. y précise, à la note 25, que l’inventaire des archives de l’ambassade de France à Rome conservées au Centre des Archives diplomatiques de Nantes (fonds 576PO/I) mentionne une « mission du baron Beugnot à Ancône (avril-mai 1832) », mais pas de voyage à Piombino.

25 De Witte, Catalogue Beugnot, p. 123-124, n°365 : « Socle en jaune antique (i), avec base en marbre noir. Sur le devant est incrustée une plaque de bronze, de forme ronde, avec bélière. Cette plaque offre en relief le buste ailé d’Hyménée, vêtu d’une chlamyde. Sa tête est couronnée de lierre. Ce bronze, qui a été tiré des ruines d’Herculanum, a servi d’ornement au timon d’un char. Haut. du socle, 19 centimètres. Diam. de la plaque, 12 centimètres. (i) Cet échantillon de la plus belle couleur a été trouvé par M. le vicomte Beugnot, en 1830, à la villa Adriana ». L’objet a été acheté pour 100 francs par Hippolyte de Janzé (1790-1865), qui achète en tout sept œuvres lors de la vente. Sa collection entre en partie par legs au Cabinet des médailles de la Bibliothèque nationale de France en 1865, tandis qu’environ 500 œuvres (terres cuites, vases et bronzes) sont dispersées par une vente aux enchères à Drouot le 16 avril 1866 : Catalogue des objets d’art et de haute curiosité antiques et de la Renaissance, médailles, composant la collection de feu M. le vicomte de Janzé […], Paris, 1866. Le bronze monté de la collection Beugnot est mentionné au numéro 279 de la vente, p. 36, comme une « Buste d’Hyménée ailé. Plaque ronde avec bélière, incrustée dans un socle en marbre jaune. 12 cent. ». Le procès-verbal de la vente, qui provient des minutes du commissaire-priseur Charles Pillet, indique que l’objet (lot n°180) a été vendu pour 65 francs au marchand Claude-Camille Rollin.

26 De Witte, Catalogue Beugnot, p. 118-119, n°349. Dans la collection Vivenel, deux candélabres vulciens, dont l’un, le plus ancien, est dit retrouvé « dans un tombeau aux environs de Canino », pourraient aussi provenir d’achats ou de fouilles du Vicomte Beugnot. Mazet, Le Muséum étrusque d’Antoine Vivenel, cat. 86 et 87, p. 145-147.

27 D. Raoul-Rochette, Troisième mémoire sur les Antiquités chrétiennes des Catacombes, Paris, 1838, p. 59 : « De pareils meubles ont été trouvés encore en place dans d'autres tombeaux de Vulci, récemment fouillés en présence de M. le vicomte Adolphe Beugnot ».

28 Bullettino 1835, p. 203-205 ; Raoul-Rochette, Troisième mémoire, p. 88-89, note 1 : « Le corps reposait sur le sol même du sépulcre, avec ce casque sur la tête ; un bel anneau d’or au quatrième doigt de la main gauche, un amas de lances, d’épées et de javelots, tout brisés, à ses pieds, et un bouclier de métal, doublé de bois, suspendu par un clou au mur de la chambre sépulcrale ».

29 M. Martelli in M. Cristofani (éd.), Gli Etruschi in Maremma. Popolamento e attività produttive, Milan, 1981, p. 253. Pour les fouilles Campanari dans la zone de Camposcala, voir F. Buranelli, Gli scavi a Vulci della Società Vincenzo Campanari – Gorverno Pontificio (1835-1837), Rome, 1992, p. 4-18.

30 Sur le casque voir H.-A. de Luynes, « Casque de Vulci », Nouvelles Annales de l’Institut archéologique, section française, 1837, p. 51-57 ; A. M. Adam, Bronzes étrusques et italiques. Bibliothèque Nationale. Département des Monnaies, Médailles et Antiques, Paris, 1984, p.108-110, n°132 ; A. Cherici, « Appunti su un corredo vulcente », Studi Etruschi vol. LIX (1994), p. 40-41, note 40.

31 Sur le trépied, de production vulcienne, voir H.-A. de Luynes, « Trépied de Vulci », Nouvelles Annales de l’Institut archéologique, section française, II, 1839, p. 237-247 ; Cherici, « Appunti su un corredo vulcente », p. 41-42, notes 17-20.

32 Sur l’amphore voir Cherici, « Appunti su un corredo vulcente », p. 41-42, pl. IX b). Le catalogue de la vente Pourtalès-Gorgier de février 1865 précise que le vase a été découvert dans un tombeau de Vulci avec le casque du duc de Luynes : L.-J.-J. Dubois et alii, Catalogue des objets d'art et de haute curiosité antiques, du Moyen âge et de la Renaissance qui composent les collections de feu M. le comte de Pourtales-Gorgier (…), Paris, 1865, p. 133, n° 718.

33 Sur l’anneau voir Cherici, « Appunti su un corredo vulcente », p. 41, note 13.

34 New York, The Metropolitan Museum of Art, inv. 40.11.7–.18, une paire de boucles d’oreilles, un collier à la bélière en forme de Sirènes, trois fibules et quatre bagues. La parure, présentée par Beugnot aux membres de l’Institut (Bullettino 1831, p. 198) est publiée par Charles Lenormant en 1834 dans les Annales de l’Institut (Ch. Lenormant, « Collier étrusque appartenant à M. Rougemont de Lowenberg », Annales de l'Institut de Correspondance Archéologique, 6, 1834, p. 243-264). On notera que l’A. y évoque le Baron Beugnot comme « notre collègue ». Sur le lot, voir M. Cristofani, M. Martelli, L'oro degli Etruschi, Novara, 1983, nos. 127-34, p. 158-9, 289, 290 ; R. De Puma, C. Lightfoot, Etruscan Art in The Metropolitan Museum of Art, New-York, 2013, p. 252–256. Quant au collectionneur, il s'agit peut-être du neuchâtelois Denis de Rougemont (1759-1839), ou bien de ses fils Denis Marie (1791-1863), Abraham (1802-1868) ou Rodolphe Emile (1805-1844). Ces deux derniers étaient mariés à une nièce et une fille du Comte de Pourtalès-Gorgier, Sophie (1807-1882) et Cécile (1812-1833).

35 Gerhard 1833, p. 321 ; F. Orioli, « Archéologie. Fouilles à Vulcia », Journal des artistes et des amateurs, VIIe année, 2e Vol., n° XI, 15 septembre 1833, p. 170-171. Pour les cratères, voir supra.

36 Orioli, « Archéologie. Fouilles à Vulcia », p. 171.

37 C. Avvolta, « Grotte di Corneto », in Bullettino 1832, p. 213-216 (lettre de Carlo Avvolta à Bunsen). Voir aussi F. Orioli, « Sopra alcuni monumenti figurati della Etruria », Annali 1834, p. 153-190 et F. Orioli, in Monumenti inediti pubblicati dall'Instituto di Corrispondenza Archeologica 2, 1834-1838, pl. 2-5. Le lien entre Beugnot et Stendhal pourrait expliquer l'intérêt du premier pour les tombes peintes de Tarquinia. En effet, Stendhal, qui fit lui-même des fouilles sur le site, dit avoir vu la tombe du Typhon dès sa découverte par Pietro Manzi : voir à ce sujet NARDI, Je deviens antiquaire en diable !, p. 28, et en dernier lieu A. BOTTACIN, « Stendhal ‘archeologo’ nell’antica Etruria meridionale. La nascita di una grande passione (1831-1835) », Studi Francesi, 155, LII-II, 2008, p. 302-303. Je remercie N. Lubtchansky pour cette information.

38 Base ICAR TARQ66 (http://icar.huma-num.fr/web/fr/icar/support/522), TARQ118 (http://icar.huma-num.fr/web/fr/icar/support/433) et TARQ127 (http://icar.huma-num.fr/web/fr/icar/support/441).

39 Voir infra au sujet du miroir de musée du Louvre.

40 Sur les fouilles de Bomarzo voir M. P. Baglione, Il territorio di Bomarzo, Rome, 1976 et infra à propos des objets Beugnot de la collection Vivenel.

41 De Witte, Catalogue Beugnot, p. 41, n°41 ; Bullettino 1830, p. 233, note 1 (O.G.) ; L. Vittori, Memorie archeologico-storiche sulla città di Polimarzio oggi Bomarzo, Rome, 1846, p. 58. Elle est achetée pour 260 francs par un certain « Reiser » (le nom est difficilement lisible).

42 Etrusco museo chiusino dai suoi possessori publicato con aggiunta di alcuni ragionamenti del Prof. Domenico Valeriano e con brevi esposizioni del Cav. F. Inghirami. Parte Prima, Florence, 1833, fasc. 3, pl. XXXVI ; Bullettino 1831, p. 56, pl. XXIII. D’autres objets de la collection Beugnot proviennent de Chiusi, comme la Gorgone en bronze n°368 passée dans la collection Pourtalès, ou bien l’urne canope du Musée Vivenel (cf. infra).

43 J. De Witte, Description des antiquités et objets d'art qui composent le Cabinet de feu M. le chevalier Durand, Paris, 1836 ; J. De Witte, Description d'une collection de vases peints et bronzes antiques provenant des fouilles de l'Étrurie, Paris, 1837.

44 Répertoire des ventes d'antiques en France au xixe siècle - INHA / Musée du Louvre. In AGORHA. 2011-. [Base de données en ligne]. Paris : Institut national d'histoire de l'art. Disponible sur http://www.purl.org/inha/agorha/001/47. Pour la vente Beugnot de 1840 [Lugt n° 15803] : http://www.purl.org/inha/agorha/004/6434. En avril 2020, 605 œuvres de la vente ont été répertoriées dans la base, dont 158 sont identifiées au Musée Antoine Vivenel de Compiègne (77), à la Bibliothèque nationale de France (26), au Musée des Antiquités de Rouen (15), au Musée de Boulogne-sur-Mer (14), au Musée du Louvre (9), au British Museum (8), au Museum of Fine arts de Boston (2), puis des pièces isolées à l’Ashmolean Oxford, au Metropolitan Museum de New York, au Petit Palais, au Musée national de Copenhague, enfin à Munich et à Berlin.

45 Musée du Louvre inv. G42 ; British Museum, inv. 1849,0620.14, les vases ont été achetés respectivement 2520 et 1560 francs : De Witte, Catalogue Beugnot, p. 1-5, n° 1, 7-10, n° 4.

46 Sur les vases Panckoucke, voir notamment F. Lissarrague, « Entre livre et Musée : la collection Panckoucke », in A.F. Laurens et K. Pomian (éd.), L’Anticomanie. La collection d’antiquités au XVIIIe et XIXe siècles, Paris, 1992, p. 219-240.

47 BnF, inv. 372 et 254. Adjugées à 1020 et 1000 francs. De Witte, Catalogue Beugnot, n°37-38 ; C. Colonna, De Rouge et de Noir. Les vases grecs de la collection de Luynes, Paris, 2013, n°42, 50.

48 Boston, Museum of Fine Arts, inv. 95.61 et Londres, British Museum, inv. 1865,0103.19 : De Witte, Catalogue Beugnot, p. 15, n° 12, p. 29-30, n° 3.

49 Le miroir est publié pour la première fois dans le Giornale arcadico de 1821, T. IX, p. 91-100, comme nous l’apprend Félix Lajard en 1845 dans les Mémoires de l’Institut : F. Lajard, « Sur une urne cinéraire du Musée de la ville de Rouen », Mémoires de l’institut royal de France. Académie des inscriptions et des belles lettres, Tome XV, 1845, p. 111-114. D’autres antiquités de la collection Beugnot proviennent du marchand, comme un scarabée inscrit au nom de Castor ou un anneau d’or représentant une chimère et une sphinx : Bullettino 1831, p. 195-196, 214-215. Sur Ignazio Vescovali, voir aussi T. Ceccarini, A. Uncini, « Antiquari a Roma nel primo ottocento: Ignazio e Luigi Vescovali », Bollettino - Monumenti, musei e gallerie pontificie, 10 (1990), p. 115 185.

50 De Witte, Catalogue Beugnot, p. 129-131, n° 389 ; Annali 1833, p. 343-346 (Panofka) ; D. Raoul Rochette, « Description d’une collection de Vases peints et Bronzes antiques, provenant des fouilles de l’Étrurie, par M. de Witte (…) Paris, 1837. Deuxième article », Journal des Savants, septembre 1837, p. 521-522.

51 Musée du Louvre, inv. Br 1722 ; G. Micali, Storia degli antichi popoli italiani, Edizione seconda (...) Tomo terzo, Milan, 1836, p. 75-78, pl. XLIX ; CSE Louvre III, 1997, p. 23-25, n° 2, pl. 2a-d.

52 De Witte, Catalogue Beugnot, p. 131, n° 390 ; Mazet, Le Muséum étrusque d’Antoine Vivenel, cat. 67.

53 De Witte, Catalogue Beugnot, p. 80-83, n° 145-147, 151, 155-156 ; C. Dorion-Peyronnet, Quelques verres antiques moulés, Rouen, 2017. Un tube à kohol égyptien est acheté à la vente Beugnot par le marchand Signol, acquis par Deville pour le musée en 1845 : De Witte, Catalogue Beugnot, n° 142, p. 81.

54 De Witte, Catalogue Beugnot, p. 5-6, n° 2, p. 44-46, n° 46 ; C. Colonna, Grèce. Musée départemental des Antiquités, Rouen : Guide des collections, Rouen, 2012, p. 80-83, n° 13, p. 122-125, n° 24. Un autre vase attique de la collection Beugnot et provenant de la vente Durand, une hydrie à figures rouges attribuée au Peintre de Cléophradès, est achetée par le Musée de Rouen directement au commissaire-priseur Bonnefonds de Lavialle en 1845 : De Witte, Catalogue Beugnot, p. 22, n° 27 ; Colonna, Rouen, p. 158-161, n° 34.

55 De Witte, Catalogue Beugnot, p. 117, n°337 ; L. Haumesser, « Une hache étrusque du musée de Rouen et la tombe des reliefs de Cerveteri. Contribution à l’étude des insignes de pouvoir en Étrurie », Revue archéologique, vol. 60, n° 2 (2015), p. 347-368. Sur les achats Deville à la vente Beugnot, voir en particulier p. 349-350, notes 14-20.

56 Mazet, Le Muséum étrusque d’Antoine Vivenel ; C. Mazet, « Des tombes étrusques au musée des Études. Histoire de la collection d'antiques d'Antoine Vivenel (1799-1862) », La Revue des Musées de France. Revue du Louvre 2016 - n°4, p. 63-74.

57 Le « relief de Milo » à la sirène, précédemment cité, et une terre cuite de Cerveteri ou du Latium représentant un couple : Mazet, Le Muséum étrusque d’Antoine Vivenel, cat. 37, fig. 22, p. 31, fig. 16.

58 Mazet, Le Muséum étrusque d’Antoine Vivenel, cat. 35.

59 Mazet, « Des tombes étrusques au musée des Études (…) », p. 69, n° 10. On retrouve aussi dans la collection Vivenel des pièces en bucchero nero, des vernis noirs provenant de Chiusi et produits à Volterra, datés du iiie siècle av. J.-C., du vernis noir de Calès et de la vaisselle étrusque en bronze : Mazet, Le Muséum étrusque d’Antoine Vivenel, cat. 9-10, 17, 28-29, 32, 33, 71, 73. Mentionnons aussi, concernant les pièces en bucchero nero de la collection Beugnot, un rhyton plastique en forme de protomé de cheval publié dès 1832 dans Micali, Storia degli antichi popoli italiani, Tome III, Florence, 1832, p. 28, pl. XXVII, 10, puis acquis à la vente de 1840 par Charles-Louis-Fleury Panckoucke, conservé à Boulogne-sur-Mer (inv. 578.R3).

60 Mazet, Le Muséum étrusque d’Antoine Vivenel, cat. 42.

61 Dubois, Catalogue Pourtales-Gorgier, p. 127, n° 660 : « Masque d’un personnage barbu et le front orné de deux cornes. Cet ouvrage, exécuté au repoussé, appartient à une très ancienne époque. – Trouvé à Rouvo, avec les deux bronzes décrits sous le n° 710. – Haut., 19 cent.  p. 132, n° 710 : « Deux têtes de béliers, exécutées en repoussé sur un fond de forme ronde, qui contient en outre quelques ornements. – Trouvé à Rouvo, avec le n° 660. – Diam. 12 cent. ». Le catalogue Pourtalès mentionne aussi « une cuirasse complète avec sa ceinture – Découverte à Rouvo », p. 116 n° 585. D’après le procès-verbal de la vente de 1865, les trois protomés de lacunari ont été achetées par Rollin 56 et 30 francs, la cuirasse et le ceinturon par Napoléon III pour 650 francs, aujourd'hui au Musée du Louvre, inv. Br 1137. On note d’ailleurs que le nom du site est orthographié « Rouvo » dans les catalogues Beugnot et Pourtalès.

62 De Witte, Catalogue Beugnot, n° 368 ; Dubois, Catalogue Pourtales-Gorgier, p. 126-127, n° 658-659. Les deux pièces ont été achetées 50 francs à la vente Pourtalès par August Boeckh (1785-1867).

63 Muret, Recueil, IV, pl. 133, 4 ; Berlin, Antikensammlung der Staatlichen Museen, inv. Fr.1516.

64 Mazet, Le Muséum étrusque d’Antoine Vivenel, 130-132, cat. 70, p. 163-164, cat. 95 ; Mazet, « Des tombes étrusques au musée des Études (…) », p. 68, fig. 8. Le comte de Pourtalès a aussi acheté deux statuettes de satyres en bronze à la vente Beugnot, l’un provenant de Bomarzo, une cimaise de candélabre de nos jours conservée au Staatliche Museen de Berlin (inv. Fr. 715 e) : De Witte, Catalogue Beugnot, cat. 373 et 375, Dubois, Catalogue Pourtales-Gorgier, p. 121, n° 624, p.121-122, n° 625. Il s’agit peut-être, pour le dernier, de la statuette dessinée dans Muret, Recueil, IX, pl. 145.

65 Dans les vases étrusques de la collection Vivenel, parmi les objets Beugnot, quelques exemples d’assemblages ou de faux sont attestés : un calice en bucchero à décor estampé, auquel a été ajouté une anse de kyathos d’une production différente, censée provenir de Chiusi, ou encore une Olpé étrusco-corinthienne au décor moulé. Mazet, Le Muséum étrusque d’Antoine Vivenel, cat. 88 et 90.

66 Micali, Storia degli antichi popoli italiani, p. 58, pl. XL ; J. De Witte, Description d'une collection de vases peints, p. 123-124, n° 258 ; De Witte, Catalogue Beugnot, p. 120, n° 352 ; Mazet, Le Muséum étrusque d’Antoine Vivenel, p. 158-162, cat. 94 ; Mazet, « Des tombes étrusques au musée des Études (…) », p. 68, fig. 8.

67 Il pourrait s’agir des trois pieds de ciste cylindrique de la collection Beugnot mentionnés dans le Bullettino de 1834, p. 9, provenant aussi de Vulci : « (…) tre piedi di cista con gruppi a bassorilievo, che furono acquistati dal barone di Beugnot, si dicessero provenuti da quelle scavazioni e sembrassero avere appartenuto ad una stragrande cista mistica. ».

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Titre Fig. 6a. Relevé de la Tombe du Mort et de la Tombe du Typhon, d’après Monumenti inediti pubblicati dall'Instituto di Corrispondenza Archeologica 2, 1834-1838, pl. II.
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Titre Fig. 7. Anse de vase en bronze (production vulcienne, milieu ve siècle av. J.-C. ?), d’après Etrusco museo chiusino, 1833, fasc. 3, pl. XXXVI.
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Titre Fig. 9. Miroir étrusque d’époque hellénistique. Paris, Musée du Louvre, inv. Br 1722, d’après G. Micali, Storia degli antichi popoli italiani, Edizione seconda (...) Tomo terzo, Milan, 1836, pl. XLIX.
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Pour citer cet article

Référence papier

Christian Mazet, « Les antiques de Gustave-Adolphe Beugnot (1799-1861). Histoire et fortune d’une collection oubliée »Anabases, 32 | 2020, 107-131.

Référence électronique

Christian Mazet, « Les antiques de Gustave-Adolphe Beugnot (1799-1861). Histoire et fortune d’une collection oubliée »Anabases [En ligne], 32 | 2020, mis en ligne le 20 octobre 2022, consulté le 07 février 2025. URL : http://journals.openedition.org/anabases/11268 ; DOI : https://doi.org/10.4000/anabases.11268

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Auteur

Christian Mazet

Membre de l’École française de Rome
UMR 8546 AOrOc [CNRS-PSL Université (ENS-EPHE)]
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