• 1 Cet article est la version remaniée de l’intervention orale qui a eu lieu lors du colloque de Pal (...)
• 2 2 Nicolet 1966 et 1974.
• 3 Nicolet 1976a.
• 4 Nicolet 1977 et 1978 éd.
• 5 Nicolet 1988 ; cf. aussi Nicolet 1976b et 2000.
• 6 Nicolet-Ilbert-Depaule éd. 2000.

1Dresser un état des lieux de la recherche en France sur la République romaine revient à parler non seulement d’individualités qui incarnent aujourd’hui une historiographie nationale, si tant est que l’on puisse utiliser une telle formule, mais aussi de ceux qui ont été nos maîtres ou encore les maîtres de nos maîtres. Pour la France, une figure se détache, celle de Claude Nicolet (1930-2010), qui a littéralement fait école à partir des années 60 du xx^e siècle et jusque dans les années 1990. Auteur d’une thèse d’État, travail monumental portant dans son cas sur l’ordre équestre à l’époque républicaine2, il a prolongé ce travail académique par des ouvrages sur la République romaine qui ont fait date non seulement en France, mais aussi à un niveau international : en particulier Le métier de citoyen, qui met pour la première fois en lumière le quotidien des institutions, ainsi que leur vécu dans le fonctionnement du corps civique romain et qui préfigurait à ce titre les travaux à venir sur la communication politique3 ; on citera aussi Rome et la conquête du monde méditerranéen, ouvrage pour lequel il a pris seul en charge la rédaction du premier tome sur les structures de l’Italie romaine et coordonné le second sur la genèse d’un Empire, rédigeant en particulier une conclusion très problématisée sur l’impérialisme romain4 ; ajoutons ses multiples travaux sur la fiscalité en lien avec la naissance d’un État, dont les plus importants ont été rassemblés dans l’ouvrage intitulé Rendre à César. Économie et société dans la Rome antique5, et sur Rome comme mégapole6.

• 7 Pour une analyse qui regroupe les historiens par génération de manière à reconstituer des généalo (...)
• 8 Cf. dans ce sens les propos de Moatti 2019, 325 : « Ceux qui, à vingt ans, voulaient entrer en hi (...)

2Claude Nicolet a non seulement beaucoup écrit, mais il a aussi formé un groupe numériquement important de savants, qui sont devenus à leur tour pour la plupart des maîtres. Il a assumé cette fonction très certainement par goût de la formation, le point de référence et le principal repère ayant été les séminaires dispensés à l’École Pratique des Hautes Études (EPHE) chaque mardi de 16h00 à 18h00 et rassemblant un vaste public hétéroclite. Il faut ajouter qu’il a été à cette époque le seul sur le « marché » de l’histoire romaine, l’autre grande figure de cette époque, Paul Veyne, professeur au Collège de France, n’ayant pas eu – ni souhaité avoir – le moindre élève8. La conséquence de cette situation de monopole assez unique est que certains élèves ont prolongé les thématiques centrales de Nicolet (histoire politique, institutionnelle, sociale et économique) ou ses méthodes (en particulier la prosopographie) en continuant à travailler sur la République romaine ou en étendant l’enquête au début de l’époque impériale. D’autres en revanche ont choisi d’étudier des questions laissées dans l’ombre par Nicolet, telles que la religion, les relations de parenté ou encore les rapports entre Rome et le monde grec. Nicolet est décédé il y a une dizaine d’années, en 2010. Il a laissé un héritage qui est d’une grande richesse et d’une grande diversité, et sur lequel les historiens français de la République romaine vivent toujours, la plupart de ses élèves étant sinon en activité, en tout cas toujours actifs.

• 9 Demougin 1988 et 1992. De ce point de vue, elle s’inscrit autant dans la filiation de Nicolet que (...)
• 10 Cf., notamment, Cosme 2007 et France 2001.
• 11 David 1992 et 2018.
• 12 Hinard 1985.
• 13 Hinard éd. 2000.
• 14 Bonnefond-Coudry 1989.
• 15 Deniaux 1993.
• 16 Virlouvet 1985, 1995 et 2009.

3Nul ne peut prétendre aujourd’hui être à lui seul l’héritier de Nicolet. Il y eut en effet non pas un seul, mais une multitude d’héritiers, dont certains ont franchi les barrières chronologiques de la période républicaine pour prolonger les thématiques et les méthodes de leur maître. Le meilleur exemple est celui de Ségolène Demougin, qui a consacré sa thèse d’État également à l’ordre équestre en continuant à fonder son analyse sur une enquête prosopographique préalable, mais en traitant de la période julio-claudienne9 ; dans le même ordre d’idées, les travaux de Jérôme France sur la fiscalité et ceux de Pierre Cosme sur l’armée portent essentiellement sur l’époque impériale10. Globalement toutefois, la grande majorité des élèves de Nicolet ont continué à être des spécialistes de la République romaine. Jean-Michel David, qui lui a succédé comme Professeur d’histoire romaine à la Sorbonne (Paris 1), est un spécialiste d’histoire politique et sociale dont la thèse d’État sur le patronat judiciaire est elle aussi fondée sur une enquête prosopographique ; il est devenu un fin connaisseur de Cicéron et de l’aristocratie romaine, dont il n’a cessé d’étudier les comportements, mais aussi des dépendants des magistrats qu’étaient les appariteurs et sans lesquels la res publica romaine – et son Empire – n’auraient pu fonctionner11. François Hinard (1941-2008), Professeur d’histoire romaine dans l’autre université de la Sorbonne (Paris 4), a analysé dans sa thèse d’État une procédure apparue lors des guerres civiles, les proscriptions, à partir d’un catalogue prosopographique12 ; il a en outre coordonné une vaste entreprise éditoriale consistant à retracer l’histoire de la République dans une perspective événementielle13. Marianne Bonnefond-Coudry a creusé le sillon institutionnel en traitant du fonctionnement du Sénat de la guerre contre Hannibal à Auguste un siècle après la publication de l’ouvrage du savant belge Pierre Willems sur le même sujet14. Élizabeth Deniaux a repris la question des liens entre clientélisme et pouvoir essentiellement à partir de la correspondance de Cicéron15. Catherine Virlouvet, qui a été directrice de l’École Française de Rome de 2011 à 2019 comme son maître l’avait été de 1992 à 1995, établit une passerelle entre histoire économique et sociale en étudiant les procédures de distribution gratuite de blé au peuple à Rome à la fin de la République et au début de l’époque impériale, ainsi que le ravitaillement de la ville de Rome16.

• 17 Ferrary 1988 et 2017. Il faut signaler que Jean-Louis Ferrary fut au départ un élève de Pierre Gr (...)
• 18 Scheid 2001 et 2005. Même si John Scheid assistait aux séminaires de Claude Nicolet, il fut un él (...)
• 19 Moreau 1982 et 2002. Il faut signaler que Philippe Moreau ne fut pas non plus à proprement parler (...)
• 20 Moatti 1993.
• 21 Demougin éd. 1994 ; Moatti éd. 1998.
• 22 Moatti 1997.
• 23 Moatti éd. 2004.
• 24 Moatti 2018.
• 25 Cébeillac-Gervasoni 1998 ; Cébeillac-Gervasoni-Lamoine éd. 2003 ; Cébeillac-Gervasoni-Lamoine-Tré (...)

4Parmi celles et ceux qui furent les élèves de Nicolet ou travaillèrent avec celui-ci dans une logique scientifique, d’autres grands noms se sont spécialisés dans d’autres domaines négligés pour des raisons pratiques, Nicolet ne pouvant tout traiter, et dont ils se sont emparés en livrant des travaux fondamentaux. La question des relations entre les Romains et les Grecs à l’époque républicaine a été au centre d’une partie des nombreux travaux de Jean-Louis Ferrary (1948-2020) sur le philhellénisme de l’aristocratie romaine et les réactions des historiens et philosophes grecs à la conquête romaine et à l’empire qui en a résulté17. La religion romaine a été étudiée à nouveaux frais par John Scheid à partir d’un document exceptionnel, les actes des frères arvales, et d’une analyse du fonctionnement d’un collège religieux auquel Auguste donna un nouveau souffle ; le cœur de son enquête porte sur l’époque impériale, mais la nouvelle vision de la religion qui en a résulté et qui fait des rituels et de l’orthopraxie le cœur de la relation des Romains avec les dieux a pu être appliquée à la République romaine18. Philippe Moreau est quant à lui un spécialiste de l’histoire de la parenté qui a étudié en particulier l’inceste et les prohibitions matrimoniales et qui s’est également spécialisé dans l’analyse des procédures et des techniques mises en œuvre pour le vote des lois19. Claudia Moatti a prolongé les travaux de Claude Nicolet sur les archives en tant que production écrite découlant du fonctionnement d’un État d’abord en étudiant un tel aspect dans sa thèse de doctorat consacrée au partage de la terre dans le monde romain (ii^e siècle av. J.-C. - i^er siècle ap. J.-C.)20, puis en prenant en charge avec Ségolène Demougin le programme de recherche intitulée « La mémoire perdue »21 ; elle a ensuite développé d’autres réflexions sur la naissance de l’esprit critique à la fin de la République22 et le thème de la mobilité23, puis tout récemment sur la notion de res publica analysée dans la longue durée24. Il reste à mentionner le nom de Mireille Cébeillac-Gervasoni (1942-2017), dont les nombreux colloques consacrés aux élites municipales s’inscrivent dans la continuité de sa thèse sur les magistrats des cités du Latium et de Campanie25.

• 26 Parmi les élèves de J.-M. David, le seul à ma connaissance à ne pas avoir travaillé sur la Républ (...)
• 27 Humm 2005.
• 28 Berrendonner 2001 et 2013.
• 29 Baudry 2008.
• 30 Laignoux 2010.
• 31 Lanfranchi 2015.
• 32 Bur 2018.
• 33 Akar 2013.
• 34 Berthelet 2015.
• 35 Sanz 2013.
• 36 Kübler 2015.
• 37 Lapray 2010.
• 38 Lacam 2010.

5Parmi les collègues cités, François Hinard, Mireille Cébeillac-Gervasoni et Jean-Louis Ferrary sont décédés respectivement en 2008, 2017 et 2020 ; les autres sont toujours actifs, même s’ils ont tous pris leur retraite, plus ou moins récemment. Certains d’entre eux ont eu à leur tour des élèves, dont certains ont continué à travailler sur la République romaine qui constituent aujourd’hui la génération des quinquagénaires et quadragénaires, voire des trentenaires en poste dans des universités françaises – et une université belge – et qui représentent pour les plus jeunes l’avenir de nos études. Jean-Michel David est celui qui en a formé le plus grand nombre. La plupart de ses élèves ont travaillé sur la République romaine à partir d’approches diverses26. On citera les noms suivants : Michel Humm, avec sa thèse sur Appius Claudius Caecus et l’évolution de la République au iv^e siècle av. J.-C.27 ; Clara Berrendonner avec plusieurs travaux académiques portant sur les élites de l’Étrurie septentrionale du iii^e siècle av. J.-C. au i^er siècle ap. J.-C. (thèse) et l’administration et représentations du Trésor public dans la Rome républicaine (Habilitation)28 ; Robinson Baudry, devenu un spécialiste du patriciat à l’époque républicaine et augustéenne29 ; Raphaëlle Laignoux, dont la thèse portait sur le (second) triumvirat et la question de la légitimité du pouvoir durant cette époque troublée30 ; Thibaud Lanfranchi, qui a publié à partir de sa thèse un ouvrage sur le tribunat de la plèbe au début de la République romaine (494-287)31 ; Clément Bur, qui a lui aussi publié sa thèse consacrée à l’infamie à partir de 312 (et jusqu’au i^er siècle de notre ère)32 ; Philippe Akar, qui a étudié la crise de la République romaine à partir de la notion-clé de concordia33 ; Yann Berthelet, dont l’ouvrage issu de sa thèse analyse l’articulation entre potestas, auctoritas et auspices34 ; Anthony-Marc Sanz, dont la thèse a été consacrée aux alliances militaires du v^e au iii^e siècle av. J.-C.35 ; Anne Kübler, qui a soutenu une thèse sur « les usages mémoriels de la deuxième guerre punique »36 ; Xavier Lapray, auteur d’une thèse sur « La cité au combat : traditions littéraires, pratiques militaires et idéal civique dans les récits de bataille latins tardo-républicains (César, Salluste et Tite-Live) »37. Il y a là une école sans doute moins hétéroclite que celle de Nicolet, dans le sens où tous ces collègues dépassent l’analyse des institutions proprement dites pour repérer les pratiques et les notions qui étaient au cœur de la République, et de l’aristocratie romaine en particulier. D’autres élèves de Nicolet ont eu également des élèves, mais la République romaine est loin d’avoir constitué dans ce cas le fil conducteur des différents sujets de thèse. Les collègues actuellement en poste qui ont été formés par Jean-Louis Ferrary sont des spécialistes de l’époque impériale et de l’Orient romain (Arnaud Suspène et Anna Heller) ; les élèves de John Scheid englobent d’ordinaire l’époque impériale dans leurs travaux de recherche, à l’exception de Jean-Claude Lacam, auteur d’une thèse sur les pratiques religieuses en Italie centrale et méridionale au temps de la deuxième guerre punique38.

• 39 Magdelain 1968 et 1990.
• 40 Humbert 1993.
• 41 Humbert 2018.
• 42 Thomas 1984 ; cf. aussi Thomas 1996.
• 43 Kremer 2006.
• 44 Lovisi 1999.
• 45 Andreau 1974, 1987, 1997 et 2010.
• 46 Clavel 1970 ; Chouquer 1991 ; Chouquer-Favory 1980 ; Gonzales 2015a et b.
• 47 Cf., exempli gratia, Caire-Pittia éd. 2006 ; Stouder 2011 ; Engerbeaud 2017.

6L’école fondée par Nicolet est sans conteste celle qui a été la plus importante en histoire romaine en France d’un point vue quantitatif comme qualitatif et celle qui a eu le plus d’impact sur la perception actuelle de la République romaine en France. C’est ce qui explique une initiative éditoriale récente qui est de dresser un bilan historiographique à propos du Métier de citoyen une quarantaine d’années après sa parution et qui est parue en 2020 sous la forme d’un dossier dans les Cahiers du Centre Gustave Glotz coordonné par Pascal Montlahuc. Mais les perspectives suivies par Nicolet, si elles ont rencontré le plus grand succès, n’ont pas été les seules à être appliquées à l’histoire de la République romaine. Il faut tout d’abord signaler les travaux des juristes. Si l’enseignement du droit romain dans les universités françaises n’a pas et n’a pas eu le même succès qu’en Italie ou en Allemagne, il y a tout de même eu de grands noms qui ressortent, en particulier au siècle passé celui de André Magdelain (1917-1993), qui a publié de nombreux travaux utiles aux historiens de la République romaine39. Actuellement c’est le nom de Michel Humbert qui s’impose dans ce secteur et pour cette période : auteur d’une thèse sur le processus de municipalisation en Italie jusqu’à la guerre dite sociale40, il a publié récemment, en 2018, une nouvelle édition de référence de la loi des XII Tables41. Un autre juriste dont les travaux sur la République romaine se sont révélés d’une grande fécondité pour les historiens sont ceux de Yan Thomas (1943-2008), qui a du reste travaillé avec Nicolet notamment dans le cadre de la réédition en 1984 de la traduction française du Droit public romain de Theodor Mommsen42. On ajoutera les noms de David Kremer et de Claire Lovisi, le premier ayant consacré sa thèse au droit latin sous la République et l’Empire43, tandis que la seconde est une spécialiste de la peine de mort sous la République44. L’histoire économique a été représentée pour l’histoire romaine par Jean Andreau, qui a travaillé sur la banque, les milieux d’affaires et les pratiques financières45 ; il faut y ajouter les travaux de l’École de Besançon, fondée par Pierre Lévêque et poursuivie par Monique Clavel, Gérard Chouquer, François Favory et Antonio Gonzales, qui étudient la production agraire, le poids de l’esclavage dans une telle production et des documents plus techniques comme les cadastres antiques46. On mentionnera pour finir les travaux de Sylvie Pittia et de ses élèves, Ghislaine Stouder, Cyrielle Landrea et Mathieu Engerbeaud47, notamment sur la diplomatie.

• 48 Guilhembet 2016a et b.
• 49 Courrier 2014.
• 50 Cf. le recueil de ses articles : Roddaz 2021.
• 51 Barrandon 2011 et 2018 ; Barrandon-Kirbihler 2010 et 2011 éd.
• 52 Cadiou 2008 et 2018.

7Une autre particularité des travaux sur la République romaine en France est le lien avec l’archéologie qui débouche sur une histoire sociale et urbaine marquée par les travaux de Jean-Pierre Guilhembet sur les domus aristocratiques à la fin de la République48 et ceux de Cyril Courrier sur la plèbe urbaine49 ; de telles analyses contribuent à faire de la ville en général, et de la ville de Rome en particulier, un acteur à part entière de la vie civique, et relèvent autant de l’histoire sociale. Un dernier courant de recherche à mentionner dans ce cadre est celui qui adopte une perspective plus provinciale et qui est le dénominateur commun des travaux menés à Bordeaux au sein de l’ancien centre Pierre Paris, fondé par Robert Étienne et devenu l’Institut Ausonius. Se rattachent à ce courant les travaux sur l’Hispanie romaine à l’époque républicaine publiés par les collègues suivants : Jean-Michel Roddaz, dont une part de la production scientifique a porté aussi sur l’époque triumvirale et augustéenne50 ; Nathalie Barrandon, qui a étudié dans sa thèse les mutations des sociétés indigènes d’Hispanie centrale et septentrionale de 133 à 27 av. J.-C. et a poursuivi ses recherches en organisant avec François Kirbihler deux colloques sur le gouvernement des provinces à l’époque républicaine et en publiant récemment sur le thème des massacres de la République romaine un livre issu de son Habilitation51 ; François Cadiou, qui a consacré sa thèse aux armées romaines de la péninsule Ibérique de la seconde guerre punique à la bataille de Munda et a élargi ses recherches dans le cadre de son Habilitation en traitant du prétendu processus de « prolétarisation » des armées, en démontant tous les présupposés qui sont à l’origine d’une telle idée et en soulignant à quel point l’armée romaine était restée une armée civique52.

8Après le bilan humain fondé sur les historiens français qui ont placé la République romaine au cœur de leurs travaux et qui ont été présentés en vertu du principe de la génération, il faut passer à un bilan plus analytique de manière à mettre en avant les forces et les faiblesses de l’historiographie française sur la République romaine, et surtout les évolutions depuis les travaux fondateurs de Claude Nicolet. En d’autres termes, il s’agira ici de dresser un état des lieux de la situation actuelle et de comprendre comment on est arrivé là où nous sommes actuellement.

• 53 La thèse de Bur compte 700 pages, celle de Lanfranchi 800 pages, qui plus est sans les annexes pr (...)

9Il faut commencer par une mise au point formelle sur les exigences académiques du système français et ses conséquences sur la production académique. Jusqu’à une réforme du doctorat datée de 1984, le travail académique de référence était la thèse d’État, œuvre encyclopédique qui avait pour objet de faire le tour d’une question souvent très large et de viser à l’exhaustivité aussi bien pour les sources que pour la bibliographie. Il en a résulté des ouvrages souvent très volumineux qui sont devenus des références bibliographiques majeures. Le système de la thèse d’État a ses forces, mais aussi ses faiblesses. Parmi les premières, on mettra en évidence le fait que la recherche par essence exhaustive fournit sur les sujets étudiés un traitement censé rendre compte de tous les aspects de la question et représente donc une mine d’informations ; parmi les secondes, on notera que la longueur de certaines de ces thèses – plus de 1000 pages – rend leur utilisation et leur exploitation parfois malaisées pour les collègues étrangers, et même pour les collègues français et francophones en raison du caractère naturellement non synthétique de l’analyse. En supprimant la thèse d’État et en la remplaçant par une thèse dite nouveau régime, qui est davantage alignée sur les standards internationaux, une réforme datée de 1984 a modifié les conditions de la production académique, mais progressivement et sans faire disparaître cette particularité française : d’une part des thèses d’État ont continué à être soutenues après 1984 par celles et ceux qui s’étaient inscrits avant la réforme ; d’autre part les collègues inscrits après 1984 continuent à considérer la thèse d’État comme un modèle, voire un horizon d’attente, consciemment ou non peu importe, et il n’est pas rare que des thèses publiés récemment, et par ailleurs excellentes, comptent au moins 700 pages et dépassent dans certains cas le millier de pages53. Ces indications sont nécessaires pour comprendre l’arrière-plan institutionnel commun de tous les travaux académiques qui portent sur la République romaine. Plusieurs thèmes peuvent être abordés pour chercher à mieux comprendre les principales lignes directrices de l’historiographie française.

• 54 Cf. dans ce sens Müller 2019, 519-520 qui parle à propos des deux grandes figures d’historiens de (...)

10Il n’y a pas une historiographie française sur la République romaine, de même qu’il n’y a pas une historiographie allemande, italienne, espagnole ou anglo-saxonne qui irait chacune dans la même direction. Ce constat vaut même pour le cas français, où l’emprise exercée par une personnalité féconde comme Claude Nicolet fut très forte. Le fait est qu’il y a en France non pas un système, mais avant tout des chercheurs qui ont en commun une même langue pour penser la relation au passé et un même cadre académique, mais qui ont chacun leur personnalité, leur vécu et leurs expériences. C’est avant tout l’addition des compétences possédées par des individus ayant en commun l’appartenance à une même communauté nationale qui forme une historiographie nationale ; il est en ce sens illusoire et artificiel de postuler l’existence d’une manière d’écrire l’histoire de la République romaine qui serait commune à tous les historiens français. L’historiographie française est de ce point de vue trop diverse pour être ramenée à un seul modèle interprétatif. Il n’en reste pas moins que pour la République romaine, l’intérêt pour l’histoire sociale a été très marquée en France avec les travaux de Claude Nicolet et ceux de la plupart de ses élèves, en particulier Jean-Michel David. On peut donc parler d’un contexte français, celui de la deuxième génération des Annales, qui était plus sensible à l’histoire sociale54 et considérait la prosopographie comme un substitut à l’histoire quantitative.

• 55 Bruhns-David-Nippel éd. 1997.
• 56 Itgenshorst-Le Doze éd. 2017.
• 57 Hölkeskamp 2008.
• 58 https://journals.openedition.org/trivium/6971.

14c. La question est assurément plus complexe dans le cas des relations avec l’historiographie allemande, la question de la langue constituant dans ce cas une barrière. Il faut préciser d’emblée qu’il est impossible de généraliser et qu’il faut compter avec la sensibilité de chacun dans le développement ou non des relations entre ces deux historiographies. C’est ainsi que Nicolet n’a jamais travaillé ni de près ni de loin avec Christian Meier, qui n’a été invité à Paris que par l’entremise de Paul Veyne. En revanche, Jean-Michel David est à l’origine du colloque de Strasbourg de 1997 portant sur la fin de la République romaine et conçu comme « un débat franco-allemand d’histoire et d’historiographie »55 ; il s’est associé à un collègue allemand travaillant au CNRS et parfaitement bilingue, Hinnerk Bruhns, indispensable dans ce dispositif en tant qu’interface. Plus récemment, une collègue allemande nommée comme professeur à l’Université de Reims, Tanja Itgenshorst (qui est désormais à l’Université de Fribourg en Suisse), a organisé avec un collègue français, Philippe Le Doze, un colloque consacré à la question de la norme sous la République romaine et le Haut-Empire et rassemblant les meilleurs spécialistes français, belges et allemands56. Il faut noter également que l’essai de Karl-Joachim Hölkeskamp sur la République romaine paru en 2004 a été traduit en français en 200857, réalisation à souligner dans un pays qui n’a pas l’habitude de traduire en français des ouvrages scientifiques publiés dans d’autres langues. Dernière initiative en date, la revue électronique Trivium, qui se présente comme un instrument d’échanges et de coopération entre les cultures scientifiques francophone et germanophone en sciences humaines et sociales à travers la traduction en allemand d’articles scientifiques publiés à l’origine en français et en français d’articles scientifiques publiés à l’origine en allemand, a consacré en 2020 le numéro 31 à la République romaine58.

• 59 David 2006 ; Hurlet 2012 ; Benoist 2010 ; Moatti 2009.

15d. Reste la question des relations de l’historiographie française avec le monde, très divers, de l’historiographie de langue anglaise. Il faut rappeler que quelques collègues français, Jean-Michel David, Frédéric Hurlet, Stéphane Benoist et Claudia Moatti, ont pris part au débat lancé par Fergus Millar sur la nature de la République romaine et entretenu par Karl-Joachim Hölkeskamp (démocratie directe ? aristocratie ?)59 ; l’idée qui domine aujourd’hui est de dépasser une telle dichotomie. Pour le reste, le monde dit anglo-saxon est si varié qu’il est difficile, voire impossible de généraliser une situation qui est plurielle et qui dépend aussi des rapports personnels de chaque collègue français avec les collègues dont la langue scientifique de communication est l’anglais. On notera seulement que dans un contexte général marqué par une globalisation de plus en plus forte du monde de la recherche et dominé par la production scientifique de langue anglaise, les antiquisants français continuent d’ordinaire à publier dans leur langue maternelle, même si l’évolution générale conduit un nombre de plus en plus élevé d’entre eux à utiliser l’anglais pour une partie de leurs écrits de manière à ce que ceux-ci touchent un public plus large.

• 60 Nicolet 1976a, 19.
• 61 Nicolet 1976a, 406-505.

16Pendant longtemps, les historiens français de la République romaine ont adopté les deux principales méthodes en vigueur en histoire romaine depuis la seconde moitié du xix^e siècle : ils ont placé au centre de l’enquête soit les hommes principalement à travers le recours à la démarche prosopographique, soit les structures essentiellement à partir de la notion-clé d’institution. Une des particularités de la thèse de Nicolet est d’avoir combiné ces deux méthodes a priori antithétiques en partant de la prosopographie des chevaliers romains de l’époque républicaine pour mettre cette méthode au service de l’histoire sociale (et non plus seulement politique) et étudier ainsi le fonctionnement de l’ordre équestre. Il restait fondamentalement un historien des institutions, même s’il savait parfaitement que les institutions de la République romaine n’obéissaient pas à des règles aussi strictes qu’on avait bien voulu le faire croire et étaient loin d’avoir été figées à un moment ou un autre. Il a précisé en ce sens dans Le métier de citoyen que c’était dans les notes de bas de pages du Droit public romain de Mommsen qu’il fallait se reporter pour avoir une meilleure idée du fonctionnement des institutions civiques dans leur vécu quotidien60 ; il a en outre montré que la vie politique reposait aussi sur qu’il appelait « les langages parallèles » (contio, jeux …) et ouvert ainsi la voie aux travaux sur le mode de communication politique entre l’aristocratie et l’ensemble du corps civique61.

• 62 http://telma.irht.cnrs.fr//outils/lepor/accueil/ ; cf. aussi Ferrary 2012.
• 63 France-Hurlet 2019 ; pour une approche institutionnelle de la dictature de Sylla, cf. Hurlet 1993

17Le poids de l’histoire des institutions est resté présent en France durant ces dernières années. Il n’est pas innocent que Jean-Louis Ferrary ait donné à sa chaire à l’École Pratique des Hautes Études l’intitulé suivant : « Histoire des institutions et des idées politiques dans le monde romain ». Le terme d’institutions était toujours présent, même s’il était associé à celui d’idées politiques. Une des réalisations en cours est le projet LEPOR, mis en place par Jean-Louis Ferrary et Philippe Moreau, qui est une base de données reprenant et étendant de manière substantielle le travail de Rotondi de 1912 sur les lois des Romains et qui prévoit d’arriver à environ 880 notices, dont chacune sera consacrée à une loi du peuple romain62. Je viens moi-même de publier avec Jérôme France un manuel sur les institutions romaines63, dans lequel nous recommandons de ne pas nier l’existence de règles partagées par l’ensemble des membres de la res publica : il ne faut surtout pas jeter le bébé avec l’eau du bain !

• 64 David-Hurlet 2020.
• 65 Bastien 2007.
• 66 Baudry-Hurlet 2016.
• 67 Jacotot 2013.
• 68 Itgenshorst-Le Doze 2017.
• 69 Laignoux 2014 ; Guilhembet-Laignoux-Montlahuc à paraître.
• 70 Montlahuc 2019.

18Un autre courant de la recherche qui s’est développé depuis au moins trois décennies consiste à étudier non pas uniquement les institutions romaines, mais de façon plus large les pratiques politiques de manière à reconstituer ce que l’on peut appeler une grammaire du politique dans la Rome de la République. Il est né avec Le métier de citoyen de Claude Nicolet. Il s’est ensuite développé à partir des travaux de Jean-Michel David, qui a montré à quel point le pouvoir aristocratique reposait aussi sur une axiologie des comportements et des notions extra-institutionnelles telles que l’auctoritas par exemple64. Les cérémonies publiques sont à ce titre au centre de l’attention des historiens, par exemple le triomphe, étudié en tant que rituel politique central dans la thèse de Jean-Luc Bastien65. Il en a résulté une ouverture des historiens actuels de la République romaine vers les sciences sociales, dont l’apport est désormais davantage pris en compte. On relit aujourd’hui plus qu’avant les œuvres des sociologues tels que Max Weber, Alexandre Kojève, Jürgen Habermas ou encore Pierre Bourdieu de manière non pas à appliquer servilement à l’Antiquité leurs modèles théoriques, mais à les adapter et à les ajuster. Cette nouvelle manière de concevoir l’histoire de la République romaine conduit à la publication d’ouvrages, individuels et collectifs, sur des notions telles que le prestige66, l’honneur67, la norme68, le charisme69 ou sur des pratiques comme le rire (et le faire rire) dans la vie politique70.

• 71 Baudry 2008.
• 72 Lanfranchi 2015.
• 73 Bur 2018.
• 74 Etcheto 2012.
• 75 Ferriès 2007.
• 76 Landrea 2013.
• 77 de Meritens de Villeneuve 2018.

19Et la prosopographie aujourd’hui ? Elle continue à être pratiquée par les historiens français de la République romaine, mais avec la conscience qu’elle n’est qu’une étape, et un moyen d’obtenir des résultats dépassant la mise en série de personnages ayant un point en commun. C’est ainsi que la thèse de Jean-Michel David sur le patronat judiciaire au dernier siècle de la République romaine est fondée sur une prosopographie qualifiée de « sociale » et débouchant sur des conclusions analytiques. Cette méthode a été suivie par plusieurs de ses élèves et par des élèves de Jean-Michel Roddaz, dont les thèses reposent sur des enquêtes prosopographiques relatives à différents acteurs de la vie civique : les patriciens (Baudry)71, les tribuns de la plèbe (Lanfranchi)72, les infâmes (Bur)73, les Scipions (Etcheto)74, les partisans de Marc Antoine (Ferriès)75. On ajoutera une thèse sur les Valerii Messalae (Landrea)76 et celle sur les fils de Pompée et leur entourage politique (de Meritens de Villeneuve)77. Est actuellement en cours un projet, « le Broughton augustéen », piloté par Robinson Baudry et moi-même, qui veut étendre les fastes à l’ensemble de l’époque augustéenne et qui reprendra également toutes les données sur les magistrats d’époque triumvirale.

• 78 Besnier 1902.
• 79 Prim 2018 et 2020.
• 80 Bonnefond-Coudry 1987 et Bonnefond-Coudry 1989.
• 81 Guilhembet 2016a et b.

20Il faut signaler une ultime particularité de l’historiographie française qui est l’attention portée à l’espace et à la dimension spatiale de l’action politique. Il y a là sans doute une conséquence du cursus universitaire français qui associe d’ordinaire histoire et géographie de manière à former des enseignants du secondaire, qui sont toujours des professeurs d’histoire et de géographie. Ce lien fort entre deux disciplines pourtant bien distinctes, si spécifique quand on compare l’enseignement de l’histoire en France et dans les autres pays européens, est à l’origine d’une sensibilité à la topographie de Rome, les monographies sur tel quartier ou telle colline de Rome étant une spécificité de l’historiographie française depuis le livre très ancien de M. Besnier sur l’île Tibérine78 jusqu’à la thèse de Joëlle Prim sur l’Aventin79. Une partie de la réflexion de Marianne Bonnefond-Coudry porte sur les lieux de réunion du Sénat et sur les règles institutionnelles en vigueur en la matière80, ainsi que sur la dimension politique du parcours suivi au moment du départ du magistrat pour sa province – ainsi que sur la signification politique des modifications de ce parcours. Les travaux de Jean-Pierre Guilhembet ont de leur côté montré dans quelle mesure et comment les domus de l’aristocratie romaine étaient aussi et à leur manière un des lieux du pouvoir81.

• 82 Briquel 2000.
• 83 Humm 2017a.
• 84 Humm 2012 et 2017b.
• 85 Bourdin 2012.

21Sur ce sujet, il faut partir de nouveau de Claude Nicolet, qui considérait que l’état de la documentation ne permettait pas d’écrire une véritable histoire de la République romaine avant le début du iii^e siècle. Le jugement était excessif, comme le montrent l’existence de livres importants publiés sur l’époque médio-républicaine et la vitalité des débats actuels sur le v^e siècle, mais il a tout de même contribué à orienter ses élèves vers l’étude de l’époque tardo-républicaine. Cette situation explique que l’on continue à s’intéresser à la crise de la République et à la notion même de crise, mais elle a tout de même passablement évolué. Dominique Briquel, sans doute l’un des rares antiquisants à continuer à utiliser les travaux de Georges Dumézil, a consacré aux débuts de la République romaine des analyses érudites aussi bien que des études de synthèse82. Les travaux de Michel Humm n’ont sans doute pas réglé de façon définitive la question si complexe de la transition de la royauté à la république, mais ils ont avancé à ce sujet de nouvelles hypothèses en étudiant le cas de Rome à l’aune des évolutions qui avaient lieu au même moment dans les autres cités d’Italie83. Ils ont également contribué à montrer comment l’organisation des magistratures romaines – le cursus honorum – se mit progressivement en place du v^e au iii^e siècle av. J.-C.84. Ils ont été complétés par plusieurs thèses qui ont étudié le processus de formation de la res publica romaine et l’histoire de l’Italie avant le iii^e siècle. Si la thèse de Robinson Baudry sur les patriciens ne se limite pas à cette époque, elle a naturellement été amenée à étudier à nouveaux frais la lutte politique qui opposa au début de la République les patriciens aux plébéiens aux v^e et iv^e siècles ; quant à Thibaud Lanfranchi, il a choisi comme borne chronologique de sa thèse sur les tribuns de la plèbe les années 494 et 287 ; pour sa part, Stéphane Bourdin a placé au centre de sa thèse les peuples de l’Italie préromaine (viii^e-i^er s. av. J.-C.)85. De ce fait, notre connaissance de l’Italie pré-romaine et de la Rome des v^e et iv^e siècles en est ressortie passablement améliorée et affinée.

• 86 Verboven 2002.
• 87 Vervaet 2014.
• 88 Dubuisson 1985.
• 89 Famerie 1996.
• 90 Berthelet 2015.
• 91 Van Haeperen 2002
• 92 Assenmaker 2014.

22Il faut ajouter pour finir quelques réflexions sur l’historiographie de la République romaine en Belgique parce qu’elle ne constitue pas par son histoire spécifique un simple appendice de l’historiographie française. Dans la mesure où le cas de la Suisse est traité dans le cadre de cette présentation historiographique, le cas de cet autre (petit) pays en partie francophone mérite d’être présenté. La division de la Belgique entre deux communautés linguistiques et culturelles, celle des Francophones et celle des Néerlandophones, s’est accentuée non seulement d’un point de vue politique, mais aussi pour ce qui relève de l’historiographie. En la matière, les évolutions ont été majeures ces dernières décennies, la première étant que les historiens néerlandophones de Rome publient désormais en anglais, alors qu’auparavant, ils considéraient le français comme leur principale langue de communication. Ce choix, que l’on peut parfaitement comprendre dans le contexte scientifique actuel, a naturellement rapproché les Néerlandophones des réseaux anglophones. Pour la République romaine, le grand spécialiste de l’économie romaine, Koen Verboven, a publié un ouvrage important sur The Economy of Friends86. Un autre spécialiste flamand de la République romaine, Frederik Vervaet, a trouvé un poste à l’université de Melbourne après avoir soutenu en 2002 à Gand une thèse sur les grands commandements et pouvoirs extraordinaires de la République romaine ; il a depuis lors publié en anglais une partie de sa thèse et de nombreux articles dans la perspective d’une histoire des institutions politiques87. De leur côté, les Francophones ont continué à se tourner vers la France, par attraction naturelle. Le tableau de l’historiographie francophone de Belgique est nécessairement complexe dans un pays éclaté où chaque université a été et est toujours fière de son autonomie. L’Université de Liège a été dominée par une forte tradition philologique, dont le plus beau fruit est l’étude du bilinguisme à Rome et qui a débouché sur deux ouvrages consacrés à deux historiens grecs majeurs et à leur manière de traduire en grec des réalités institutionnelles romaines d’époque républicaine : celui de Michel Dubuisson tout d’abord, intitulé Le latin de Polybe88 ; celui d’Étienne Famerie ensuite, portant sur le lexique d’Appien89, lequel prépare en ce moment une réédition de l’ouvrage de Sherk sur les Roman Documents from the Greak East – projet qui permettra de disposer d’une édition à jour de nombreuses inscriptions reproduisant en grec des lettres de magistrats romains et des sénatus-consultes dont la grande majorité remonte à l’époque républicaine. La nomination récente dans cette université de Yann Berthelet, spécialiste de l’auctoritas à l’époque républicaine et augustéenne et des institutions (politiques et religieuses)90, redynamisera sans nul doute dans cette université les travaux dans le domaine de l’histoire romaine. Pour l’Université de Louvain, le nom qui ressort est celui de Françoise Van Haeperen, qui est une spécialiste reconnue de la religion romaine91. Pour finir, on mentionnera pour l’Université de Namur Pierre Assenmaker, qui intègre à l’analyse les sources numismatiques en les combinant avec les sources épigraphiques et littéraires et dont la thèse était consacrée au développement et aux manifestations de l’idéologie impératoriale à l’époque de Marius et Sylla92.