1L’abbaye de Morimond fondée vers 1117-1118 développa un patrimoine architectural important. La consécration de la seconde abbatiale, en 1253, marque la fin des grands travaux de construction des bâtiments primitifs. Aux siècles suivants, la baisse du nombre de moines de chœur et des convers entraîne d’importantes modifications qui se poursuivent à l’époque moderne. À l’extrême fin du xvii^e ou début du xviii^e s., la zone fouillée est entièrement arasée pour donner place à un jardin, devant le nouveau palais abbatial. L’abbaye est quasiment totalement démontée sous la Révolution et l’Empire. L’ensemble étudié, qui couvre 45 m², a été mis en évidence au début des années 2000. Il se situe dans la partie ouest de l’enclos, à environ de 100 m en aval du carré claustral. Il est en fait composé d’au moins quatre bâtiments eux-mêmes subdivisés en plusieurs salles. Le sondage de 2012 a permis de mieux appréhender l’aménagement du site primitif et la chronologie relative des bâtiments en connectant la zone de fouille de 2010 et le sondage de 2011 (fig.).

2L’étude a concerné la grande structure perpendiculaire (bâtiment D) au bâtiment primitif de l’hôtellerie (bâtiment A) (fin xii^e s.). Le mur gouttereau ouest de ce bâtiment (D) qui prolonge le mur pignon du bâtiment A, a été très largement démonté lors de divers chantiers de récupération et il n’est conservé dans sa partie méridionale qu’au niveau de l’assise de fondation. Un égout drainant complètement comblé longe ce mur sur sa partie extérieure. Ce mur permet de constater que le site, entre l’égout principal et le talus de la vallée, est étagé sur trois niveaux sur une distance de 22 m pour une dénivellation en altitude de 1,3 m. À l’intérieur, côté est, un sol en terre conservé a livré un grand nombre de fragments de céramiques et de monnaies médiévales féodales dont une main bénissante de l’archevêché de Besançon (fin xii^e-début xiii^e) et plusieurs monnaies royales dont des deniers tournois des xiii^e et xiv^e s., mais aucune monnaie du xv^e s. Il est maintenant clair que ce bâtiment a été recoupé par un bâtiment postérieur, le bâtiment B qui a en partie fonctionné avec lui.

3À l’ouest de ce mur qui a pu servir de clôture interne à l’enclos, diverses extensions ont été mises au jour. Le sol pavé révélé en 2011 a été délimité à l’ouest et occupe une superficie au sol d’environ 24 m². Le plus emblématique est sans doute les deux jeux de marelle inscrits dans deux carreaux de terre cuite. Il représente un ensemble cohérent que nous appelons désormais le bâtiment E.

4Une pièce prend appui sur le mur gouttereau du bâtiment D. Son mur sud a été entièrement mis au jour, à la différence de son mur ouest, uniquement repéré sur sa partie méridionale. Cette pièce représente actuellement une surface au sol de 24 m². Le sol pavé de dalles de terre cuite se développait jusqu’à cette pièce parcourue par un drain. Celle-ci est postérieure au bâtiment D et son aménagement recouvre le drain qui longe le mur gouttereau du bâtiment D.

5Le sondage de 2012 permet de confirmer l’étagement du site et le remaniement très important des structures primitives quasiment arasées au niveau des fondations. Le très large remaniement des bâtiments à l’époque moderne confirme que l’espace des enclos des abbayes cisterciennes est recouvert de bâtiments qui évoluent dans le temps et ce de manière beaucoup plus complexe que ne le laissent apparaître les plans de l’époque moderne.

Parnoy-en-Bassigny, ancienne abbaye de Morimond.

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