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Chronique des fouilles médiévales en France en 2012
III. – Constructions et habitats fortifiés
III 1. – Opérations de terrain

Monthoiron (Vienne). 1, chemin du Château

Responsables d'opération : Julien Noblet et Franck Tournadre
p. 268

Entrées d’index

Année de l'opération :

2012

Numéro d’opération :

205446

Chronologie :

époque moderne

Nature de l'opération :

fouille préventive
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Texte intégral

1En avril 2012, l’étude archéologique préalable à de futurs travaux de restauration a porté sur les vestiges de la Grosse Tour Ronde du château de Monthoiron, dont la construction est attribuée, sur la foi de graffitis, à Jacques II Turpin de Crissé et datée des alentours de 1527. Les objectifs fixés par le SRA Poitou-Charentes portaient d’une part, sur la réalisation de deux sondages d’emprise limitée destinés à reconnaître la stratigraphie jusqu’au niveau du substrat et, d’autre part, sur l’observation archéologique générale du bâtiment, notamment de ses différents états et modes de construction.

2La tour a connu diverses modifications et détériorations qui ont pu être précisées. L’ensemble des maçonneries ont été observées afin d’établir une chronologie relative de la construction et de définir son aspect originel. La tour, ceinturée par une galerie annulaire, comportait quatre niveaux desservis par un escalier à vis dans œuvre. Il a été possible de confirmer la contemporanéité des huit becs visibles et de la tour. Un neuvième est décelable grâce aux traces laissées lors de sa suppression. Seule la question d’un dixième bec, axé sur l’entrée de la tour à l’est, reste en suspens en raison des reprises qui ne permettent plus la lecture sur cette partie du bâtiment. De même, le dispositif d’entrée – souricière ? – ne peut être précisé sans fouille au sol.

3Aux alentours de 1600, l’aspect de la tour est extérieurement profondément modifié, sous l’impulsion de Charles II Turpin de Crissé, dont les armes entourées du collier de l’ordre du Saint-Esprit ornent une clef de voûte. Il fait ajouter, à l’est, à trois étages desservis par l’escalier à vis de la tour, un corps de logis comprenant trois unités distinctes. Cette adjonction entraîne la suppression de deux et peut-être trois becs ainsi que celle d’une partie de la galerie annulaire. Une telle transformation témoigne d’un changement radical de fonction de la tour, qui, privée d’une grande partie de son potentiel défensif, devient plus résidentielle. Le souvenir de cette importante campagne de travaux nous est parvenu grâce à la reproduction d’une peinture visible sur le trumeau d’une cheminée du château et réalisée avant l’incendie des années 1850. Elle a pu être confrontée aux vestiges observés (niveaux de plancher, piédroits de porte…). Lors de la même campagne, la voûte d’ogives du rez-de-chaussée a été remplacée par une voûte en coupole et un soupirail a été aménagé au NO, afin de procurer un éclairage direct à ce volume. La reprise en sous-œuvre de la voûte du rez-de-chaussée, moins d’un siècle après sa construction, témoigne vraisemblablement d’une fragilité du couvrement initial peut-être lié à une faiblesse des soubassements.

4Les sondages visaient à observer le système de fondations à l’intérieur de la tour et à vérifier à l’extérieur l’existence de la base d’un des becs. L’extension de ce dernier sondage vers le nord a permis de réaliser la coupe stratigraphique du monticule sur lequel est posée la tour, elle a révélé l’existence d’un fossé – comblé par la suite – et les fondations d’un mur d’escarpe, confirmant ainsi, en partie, la représentation picturale. Une épaisse couche d’éboulis, recouverte de terre végétale, témoigne d’un abandon de la tour associé à une récupération des matériaux de construction, principalement ceux des becs et du parement de la tour, vraisemblablement au début du xixe s. Enfin, une maçonnerie, au droit d’un bec, présentant une extrémité en pointe, a été retrouvée sur 1 m de hauteur. La partie saillante, située à environ 2,50 m de la tour, correspond probablement aux vestiges de la casemate formant la base de l’éperon, dispositif dont la jonction avec la galerie a été observée en élévation. Cette maçonnerie repose à 70,15 m NGF sur un niveau de construction, dont la hauteur varie entre 10 et 20 cm de hauteur. Ce niveau est équivalent au niveau de sol de la galerie qui se situe à 70,20 m NGF de moyenne et plaide donc en faveur de la contemporanéité du massif de maçonnerie découvert et de la galerie, accréditant donc la théorie de Nicolas Faucherre, selon laquelle la tour avait un plan étoilé à sa base, composé de becs abritant en partie basse une casemate. Toutefois, la restitution d’un bec à l’arête linéaire filant jusqu’à la base du monticule, et dont l’extrémité inférieure se situerait à environ 6 m de la maçonnerie circulaire, est infirmée par la découverte de l’extrémité de l’éperon à seulement 2,50 m environ du pourtour de la construction. Il faut donc nécessairement imaginer que l’arête du bec présentait un changement d’inclinaison, modifiant la physionomie générale de la tour sans pour autant en atténuer la singularité dans le paysage architectural du premier quart du xvie s.

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Pour citer cet article

Référence papier

Julien Noblet et Franck Tournadre, « Monthoiron (Vienne). 1, chemin du Château »Archéologie médiévale, 43 | 2013, 268.

Référence électronique

Julien Noblet, Franck Tournadre, « Monthoiron (Vienne). 1, chemin du Château » [notice archéologique], Archéologie médiévale [En ligne], 43 | 2013, mis en ligne le 15 mai 2018, consulté le 19 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/archeomed/10147 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeomed.10147

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Auteurs

Julien Noblet

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Droits d’auteur

CC-BY-NC-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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