1Dans le cadre de la mise en place de la Ligne à Grande Vitesse Sud-Europe Atlantique devant relier Tours à Bordeaux, un diagnostic a révélé un cimetière médiéval à proximité immédiate d’une occupation du haut Moyen Âge à vocation possiblement artisanale. La fouille, menée d’août à décembre 2011, sur une surface de 16 450 m², a montré la complexité de l’occupation, et des vestiges attribuables à diverses périodes ont pu être mis au jour. Le matériel le plus ancien, attribué au Paléolithique (rares indices) et au Néolithique, est présent de manière résiduelle. Une occupation protohistorique a été observée par la fouille de deux enclos circulaires auxquels semble être associée une crémation en urne, datée par la céramique du bronze final IIIb.

2La fouille exhaustive de l’aire funéraire altomédiévale a permis d’observer environ 400 sépultures organisées en petits groupes. Pour certains, l’étude biologique plaide en faveur de regroupements familiaux. Des hommes, des femmes et des enfants sont inhumés dans des contenants variés : des coffrages et des sarcophages en pierre ainsi que divers contenants en matériau périssable (coffrages en bois ou cercueils chevillés, cercueils monoxyles). De nombreux contenants en pierre remploient des matériaux issus de bâtiments gallo-romains (dalles de bassin, linteau, etc.), témoignant de la proximité d’une occupation antique. L’ensemble du mobilier recueilli (céramique, métal, verre) permet d’attribuer l’utilisation de cette nécropole à la fin de l’Antiquité tardive et au haut Moyen Âge.

3Une aire domestique a été découverte au nord du secteur funéraire. Elle se compose de plusieurs unités d’exploitation, chacune est généralement définie par la présence d’une cabane excavée, d’un silo, de structures de combustion, d’un bâtiment construit au niveau du sol et d’un grenier sur pieux. Il semble toutefois qu’il s’agisse des marges d’un habitat dont les limites ne peuvent être appréhendées. Les datations 14C ainsi que les diverses études de matériel rattachent cet ensemble à une période allant de la fin de l’Antiquité tardive au xii^e s.

4Par ailleurs, douze squelettes de bovins, complets ou pratiquement complets, ont été mis au jour au NE de la nécropole. La similitude dans le traitement des carcasses et dans leur mode d’inhumation plaide pour la contemporanéité des structures. La mise en évidence d’un enfouissement rapide des corps et la non-consommation de la viande suggèrent que ces bovins ont été victimes d’une épizootie. Les datations ¹⁴C effectuées sur trois individus permettent de rattacher cet épisode létal au début du vii^e s., alors que la nécropole et l’habitat sont en fonction.

5Ce site, dont l’occupation principale semble se situer durant le premier Moyen Âge (v^e-xi^e s.) et dont la fonction funéraire a pu être pérenne, permet d’appréhender les relations qui ont pu exister entre le monde des morts et le monde des vivants dans une zone marquée par une forte empreinte antique. De plus, il témoigne vraisemblablement de la première épizootie bien calée chronologiquement pour le haut Moyen Âge.