Navigation – Plan du site

AccueilNuméros43Chronique des fouilles médiévales...VI. – Archéologie subaquatique, é...VI 1. – Opérations de terrainPort-d’Envaux (Charente-Maritime)...

Chronique des fouilles médiévales en France en 2012
VI. – Archéologie subaquatique, épaves et installations portuaires
VI 1. – Opérations de terrain

Port-d’Envaux (Charente-Maritime). Le Priouté

Responsable d’opération : Philippe Moyat
p. 318-319

Texte intégral

1L’épave du Priouté se trouve au fond du fleuve Charente, à 4 km en amont de la zone portuaire alto-médiévale de Taillebourg. Deux analyses 14C permettent de rattacher sa construction à une période comprise entre le milieu du viie s. et la fin du ixe s. La seconde datation, effectuée sur le tableau, livre une fourchette plus resserrée, entre le milieu du viie et le début du viiie s.

2L’opération 2012 avait pour objectif la fouille et le relevé de la seconde moitié de l’épave. Le relevé au cadre a été complété par une mosaïque photo de l’épave en 2D. Il était initialement prévu de réaliser une photogrammétrie en 3D, mais les conditions de visibilité, inférieures à 50 cm, ont limité les prises de vue, tant en qualité qu’en précision. Le manque de lumière et la forte turbidité de l’eau ont ainsi rendu impossible le traitement par le logiciel Photomodeleur. À l’issue de cette campagne, on dispose des principales caractéristiques techniques de cette embarcation en chêne, conservée à 80 %, et qui mesure 6,52 m de long pour 2,36 m de large.

3La proue est constituée d’une étrave sur laquelle s’appuie une pièce en forme de « U », qui pourrait faire office d’apôtre ou de fourcat, terminant cette extrémité de l’embarcation. Son état d’érosion ne permet pas de connaître les éventuels assemblages avec les bordés qui ont en partie disparu.

4L’autre extrémité est fermée par un tableau qui a été dégagé sur sa face externe. Il est composé de deux éléments superposés assemblés par feuillures et tenus par deux gournables. La partie inférieure du tableau, de dimension beaucoup plus importante que la partie supérieure, prend la forme et la fonction d’un couple ou membrure, et sur la sole, elle revêt une forme semi-circulaire qui épouse la courbe du bouchain monoxyle, afin d’en garantir l’étanchéité et de lui donner une résistance accrue. Les bordages sont directement assemblés dessus avec des gournables (deux gournables par bordage). À l’extérieur, sur le bordé, ces gournables dépassent de 1,5 à 3 cm des bordages. Dans l’état actuel de l’étude, il n’a pas été trouvé d’explication à ce dispositif. Il est possible qu’une ou plusieurs pièces aient disparu sous l’effet de l’érosion. De la partie supérieure du tableau ne subsiste qu’une seule pièce comportant des traces d’assemblage avec d’autres éléments qui ont été détruits par l’érosion. Aussi, il sera difficile de restituer l’intégralité de l’arrière du bateau.

5La sole est constituée de cinq bordages disposés à franc-bord, can contre can, un bordage central, de 4,87 m de long pour 40 cm de large, constituant l’élément principal transversal de l’embarcation. Il est placé au centre du bateau et se raccorde avec la pièce d’étrave sous le renfort transversal M10. Du calfatage encore présent entre les bordages de la sole a pu être prélevé et a été analysé par Julian Wiethold (Inrap) : il s’agit de chanvre (Cannabis sativa).

6Les flancs ou bordés sont composés de huit bordages sur lesquels se trouvent douze renforts transversaux ou couples, assemblés par deux de façon asymétrique. Cette solution d’assemblage alterné répartit les éventuels points de faiblesse sur les deux côtés de l’embarcation. Les douze couples sont assemblés de la même manière, à l’aide de gournables enfoncées dans la sole et les bordés. Leur forme épouse parfaitement celle du bouchain monoxyle et des bordés, malgré leur différence d’angle, plus ouvert, et qui est de 21°.

7La capacité de charge et les caractéristiques nautiques de l’embarcation ont été calculées à l’aide du logiciel FreeShip, calculs qui ne pouvaient être effectués qu’une fois le relevé achevé. Il manque cependant des informations sur la partie extérieure de la carène, inaccessibles pour le moment, mais qui n’ont qu’une répercussion très minime sur le calcul. En effet, la partie interne de la coque a été entièrement dégagée, ce qui a permis d’en calculer le volume. Le poids de l’épave atteint 0,9575 tonne, sur la base d’une densité du chêne humide de 0,9. Avec un équipage de deux à trois hommes, le bateau du Priouté devait atteindre à vide les 1 400-1 500 kg, et sa capacité de charge a pu être estimée à 1,5 tonne.

8C’est dans un usage mixte que ce bateau pouvait trouver une réelle aptitude, et il est probable que sa destination n’était pas uniquement le transport de marchandise. Son faible tirant d’eau et la présence d’une étrave devaient favoriser une navigation fluviale et palustre (les zones de marais étaient en effet importantes en Saintonge au haut Moyen Âge), et peut-être dans les limites des pertuis. La pêche, la conchyliculture ou l’exploitation du sel pouvaient offrir autant de cadres d’utilisation à ce type d’embarcation.

Port-d’Envaux, le Priouté.

Port-d’Envaux, le Priouté.

DAO P. Moyat

Haut de page

Table des illustrations

Titre Port-d’Envaux, le Priouté.
Crédits DAO P. Moyat
URL http://journals.openedition.org/archeomed/docannexe/image/10339/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 443k
Haut de page

Pour citer cet article

Référence papier

Philippe Moyat, « Port-d’Envaux (Charente-Maritime). Le Priouté »Archéologie médiévale, 43 | 2013, 318-319.

Référence électronique

Philippe Moyat, « Port-d’Envaux (Charente-Maritime). Le Priouté » [notice archéologique], Archéologie médiévale [En ligne], 43 | 2013, mis en ligne le 15 mai 2018, consulté le 19 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/archeomed/10339 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeomed.10339

Haut de page

Responsable d’opération

Philippe Moyat

Opération(s) dirigée(s) par cet archéologue

Haut de page

Droits d’auteur

CC-BY-NC-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

Haut de page
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search