1À quelques kilomètres de Châtellerault, dans la vallée de la Vienne, un habitat médiéval a été reconnu sur une surface totale de 2 ha. 7 000 m² environ ont été décapés sur trois zones distinctes, révélant une densité de vestiges importante : près de 700 structures, principalement en creux, ont pu être observées.

2La première zone (900 m²) était centrée autour d’un bâtiment quadrangulaire maçonné d’environ 6 m de côté. à proximité, ont été découverts trois autres petits massifs maçonnés en pierres de calcaire de petit et moyen modules, interprétés comme des hérissons de sols. L’arasement important de ces ensembles (seule une arase était conservée pour les murs) n’a pas permis de préciser la nature et la fonction de ces maçonneries.

3La zone principale (5 000 m²) contenait la majorité des vestiges. Ceux-ci étaient organisés selon un axe N-S marqué par une bande sableuse apparue sous le décapage. Cette dernière a fait l’objet d’un sondage mécanique profond sur une longueur de 18 m, mettant en évidence l’existence d’un paléochenal dont l’analyse du comblement est en cours.

4En bordure de ce paléochenal, deux ensembles ont pu être identifiés : le premier au sud, composé en grande majorité de trous de poteau, le second au nord de la zone, constitué en majorité de silos (relativement bien conservés pour la plupart) organisés le long d’un chemin. Il subsistait encore à quelques endroits la bande de roulement, composée de petits blocs de calcaire et marquée par des ornières. Cette voirie orientée E-O semble se diriger vers la berge du paléochenal. Un second axe de voirie, moins important et orienté N-S, se connecte au premier au NE de la zone.

5Bien que les études soient encore en cours, au moins quatre bâtiments sur poteaux ont pu être repérés dans la zone d’habitat. Ils sont organisés autour de foyers plus ou moins centraux et au moins un des bâtiments présente une architecture à deux nefs. Deux sépultures au contact de cette zone d’habitat ont pu également être fouillées. La zone d’ensilage très dense témoigne d’au moins deux grandes phases d’occupation.

6Dans la troisième zone (950 m²), située au SO, la fouille a mis en évidence un fossé orienté N-S, à l’est duquel de nombreux trous de poteau semblent former au moins deux palissades perpendiculaires. Quelques fosses plus ou moins importantes sont associées à cet ensemble dont il est difficile de préciser la nature.

7De trop rares tessons de céramiques issus de la fouille de ces différentes structures ont permis de montrer, malgré tout, la grande homogénéité de cet habitat médiéval dont l’occupation s’organise entre les viii^e et xii^e s., en deux phases principales. Les différents indices tendraient à prouver que le comblement lent du paléochenal a finalement condamné l’occupation du site. Cet habitat semble être un lieu de stockage, d’échanges et de contrôle (?) de denrées en lien avec le réseau fluvial de la Vienne. Ce pôle économique pourrait éventuellement être mis en relation avec les nombreuses mentions du x^e s. relatives à la présence d’une villa à Ingrandes-sur-Vienne.