1Le projet de restauration d’une partie de l’intérieur de l’église Saint-Pierre-ès-Liens d’Angoulins protégée au titre des Monuments historiques a conduit à la prescription d’un diagnostic dans la nef occidentale dite « basse église ». Si des données ponctuelles sur l’évolution de ce bâtiment sont connues, une grande partie des éléments architecturaux sont masqués par les réfections et aménagements les plus récents. Le diagnostic a été réalisé par le Service départemental d’archéologie du conseil général de la Charente-Maritime.

2L’église Saint-Pierre-ès-Liens est une église paroissiale qui dépendait de l’abbaye de Bourgueil dont le don remonte au tout début du xi^e s. Elle est par la suite donnée à l’abbaye poitevine de Saint-Cyprien puis dépend directement de l’évêque de Saintes au moins dès le début du xv^e s. L’église est fortifiée au cours de la guerre de Cent Ans. À la fin du xv^e s., le chœur est doublé par la création de la chapelle Notre-Dame. La nef occidentale dite « basse église » est une reconstruction de la fin de la période gothique (possible mention d’une campagne de reconstruction en 1490) sur les bases de l’édifice roman. Les voûtes de cette nef ont disparu. Après le siège de La Rochelle (1627-1628), une autre campagne de reconstruction de l’église, qui ne possède alors plus ses voûtes, est marquée par la création de l’actuel portail sud, devenant porte principale, et l’abandon de la nef occidentale dite « basse église ». Une remise en état de cette dernière est mentionnée lors d’une visite en 1723. L’installation de la sacristie dans cet espace date de 1951.

3Les sondages réalisés ont permis de mettre en évidence et de préciser l’évolution et les rôles de la « basse église »ur depuis la fin du Moyen Âge jusqu’au xviii^e s. Un important apport de remblais est venu colmater la base des éléments architecturaux de l’église gothique qui aux endroits explorés ne succèdent pas a priori à des niveaux romans comme on s’y attendait. Outre ces éléments architecturaux (piliers à base décorée et soubassements) qui n’étaient pas connus, une sépulture a été mise au jour (un échantillon fut envoyé en datation ¹⁴C) ainsi qu’un possible four à cloche. Le tout est surmonté par des niveaux de circulations entretenus et rehaussés à plusieurs reprises au cours du xviii^e s. Nous avons pu également constater que l’actuel portail occidental du bâtiment fut démonté puis reconstruit sur ces remblais. Enfin, la mise en relation de ces vestiges avec l’élévation visible au moment de notre intervention a permis de repérer une vingtaine de graffitis inédits le long d’un escalier, aujourd’hui disparu, courant le long du mur sud de l’église. Il s’agit d’une série de bateaux vraisemblablement tracés au cours du xvii^e s. dans un crépi partiellement conservé, dont les graffitis fournissent une datation ante quem. La publication d’un ouvrage consacré à l’histoire de cette église est en cours de finalisation, les données issues de ce diagnostic y seront intégrées (publication prévue pour la fin de l’année de 2012).