1À l’occasion de la construction de la ligne de tramway de l’agglomération tourangelle, une opération s’est déroulée d’octobre à décembre 2011 dans la commune de Joué-lès-Tours. La fouille, conduite par une équipe issue de la collaboration entre le Service de l’Archéologie du Département de l’Indre-et-Loire (SADIL) et l’Inrap, a mobilisé une douzaine d’archéologues dont deux anthropologues (J. Livet, Inrap et C. Vanhove, SADIL).

2Localisée au sud de Tours, sur le rebord du versant de la plaine alluviale du Cher et de la Loire, l’opération se situe dans un milieu aujourd’hui urbanisé de l’ancien village rural de Joué-lès-Tours. Sa localisation avait été précisée par une étude documentaire dans le cadre du diagnostic réalisé en 2010. En particulier, le géoréférencement du cadastre du début du xix^e s. indiquait la présence d’une ancienne église dédiée aux saints Pierre et Paul, entièrement détruite en 1868 pour cause de vétusté et reconstruite à un nouvel emplacement. La problématique de la fouille était ainsi principalement orientée sur l’origine et l’évolution du sanctuaire chrétien et de son cimetière jusqu’à sa destruction.

3Le décapage a été effectué sur une surface d’environ 300 m², centré sur le chevet et le transept méridional de l’ancien édifice, traversé selon une orientation globalement N-S.

4Une première phase d’inhumation au nord apparaît recoupée par les maçonneries les plus anciennes de l’église (époque « romane »), permettant de supposer la présence d’une zone à vocation funéraire dès le haut Moyen Âge. Une petite série de structures excavées (silos, fosses) a également été mise au jour, précédant la construction du premier état maçonné de l’église et l’accumulation des niveaux d’inhumation.

5L’état de conservation des vestiges bâtis de l’église est apparu relativement médiocre : aucun niveau de sol ancien n’a été conservé et seules les fondations ont été observées. Au moins trois principales phases de construction médiévales et modernes ont néanmoins été distinguées. Au cours du Moyen Âge, l’espace cimétérial semble avoir été circonscrit à l’intérieur d’un enclos dont la matérialisation (par des fossés au nord et un mur au sud) a été mise en évidence par la fouille. À l’intérieur de cet enclos, plus de 400 individus ont été identifiés. La dernière phase de sépultures repérée au sud est datée, d’après des monnaies, du courant du xviii^e s.

6La chronologie et la datation de l’ensemble des éléments, qu’ils soient funéraires ou bâtis, restent à préciser à l’aide des analyses et des études de la post-fouille. L’ensemble funéraire constitue une importante collection couvrant une chronologie d’environ 1 000 ans. Elle a notamment la particularité de posséder une majorité d’individus immatures, dont une grande partie a été découverte à l’intérieur même de l’église.

7De nouvelles interventions ponctuelles auront lieu durant le premier semestre de 2012, sur les places attenantes à l’ouest (François Mitterrand) et à l’est (Victor Hugo).