1Le canton de La Javie, situé au NE de Digne, regroupe aujourd’hui six communes. Ce secteur comptait seize castra au début du xiv^e s. Tout en complétant le corpus des sites fortifiés, la prospection de ce canton permet de préciser l’ancrage de la féodalité dans ces territoires montagnards, à la charnière de la Provence et du Dauphiné.

2D. Mouton avait déjà répertorié deux mottes castrales, sur le secteur : Beaujeu/la Tour et Draix/la Tour. Si l’on suit ses repères chronologiques, quatre nouveaux sites répondraient à cette définition : deux dont la tour est rectangulaire pourraient être du xi^e s. (La Javie/le Serre d’Esclangon et Prads/le Chastel de Mariaud) ; un autre à tour carrée présente des bossages sur deux de ses côtés, il s’agit probablement d’une reprise tardive (fin xii^e ?), le site est mentionné en 1069 dans le cartulaire de Saint-Victor de Marseille (La Javie/N.-D. du château) ; le dernier, au bâti indéterminé (pierrier), pourrait être une motte tardive si l’appellation de bastide est confirmée à ce secteur (fin xii^e ?) (Archail/Coteau de la Tour).

3Avec leurs murailles circulaires, les deux sites qui suivent seraient plutôt représentatifs du xiii^e s. : Blégier/le cimetière reprend peut être une motte déjà en place, il en a la configuration et les proportions ; Le Brusquet/Lauzière est le plus vaste de tous, 2 ha. Sa construction débute au xii^e s., sa tour ronde est du xiii^e-xiv^e s.

4Pour la plupart, ces sites sont des éperons barrés situés à la confluence de cours d’eau, ou à proximité comme Prads/Saint-Marcel. Peu cités au xi^e s., ils forment au siècle suivant un réseau bien structuré.

5En marge de ce thème principal, trois sites ont été répertoriés : La Javie/le Chastelar, un site d’éperon (occupation antique) en vis-à-vis de Chaudol. Deux mentions de fortification (aux ix^e et xi^e s.) pourraient faire référence à ce site.

6Les deux derniers sites concernent l’abbaye de Faillefeu de l’ordre de Chalais fondée vers 1150 sur le territoire de Prads. Les bases de l’abbatiale et celles de l’aile est du couvent, remblayées, sont conservées. La sacristie, devenue la cave d’un cabanon, est toujours accessible. Des scies mécaniques dépendaient de cette dernière en 1304. Au pied de l’abbaye, les vestiges de deux scieries hydrauliques s’échelonnent sur le dévers, mettant à profit son dénivelé. Les élévations de la plus haute pourraient être contemporaines de l’abbaye.

7L’étude documentaire a permis d’identifier un archevêque d’Embrun qui n’apparaît pas dans les listes de référence. Les chartes de Saint-Victor concernant le secteur de Turriers désignent Guillaume archevêque, fils de R. de Beaujeu. Confondu avec Guillaume de Champsaur qui, en fait, prendra sa suite en 1147, il occupe donc cette fonction de 1135-1136 à 1148-1149.

8Cette opération a été faite dans le cadre des activités de l’ARDA HP, je tiens à remercier les divers bénévoles qui y ont collaboré et notamment J. Cazère et R. Zérubia.