1À la suite des recherches menées antérieurement dans la nef et le chœur de l’église, il était indispensable d’évaluer par sondages le potentiel bâti au sud de l’abbatiale. Aucune des constructions médiévales n’existe plus depuis le xviii^e s. à cet endroit, devenu au xix^e s. une voie publique. Ces recherches, faites dans le cadre du projet collectif sur les premiers monastères de l’est de la France (dir. S. Bully et C. Sapin), ont révélé des maçonneries appartenant au dispositif claustral médiéval et une sépulture. Ces découvertes devraient fournir les bases pour un futur programme de fouille devant s’étendre sur l’ensemble de la surface concernée afin de reconnaître les divers états de construction et d’occupation jusqu’à l’origine carolingienne du site. Rappelons que le monastère de Gigny apparaît en effet dans les sources textuelles à la fin du ix^e s., et qu’au début du siècle suivant, c’est de ce monastère que partira Bernon, son abbé, avec quelques moines, pour assurer la direction de Cluny fondé par Guillaume le Pieux.

2On retiendra plus précisément, de la campagne 2010, l’existence d’un dispositif claustral identifié par la présence de structures bien conservées en fondation et lisibles, en partie, en élévation. Dans le sondage occidental, un large mur retrouvé en fondation et des niveaux en altitude différents (entre parement est et ouest) militent en faveur d’une construction importante, sans doute voûtée, si l’on retient son épaisseur et les traces d’arcs sur l’élévation. Dans cette position occidentale vis-à-vis du préau du cloître, il peut s’agir soit directement du cellier ou plus vraisemblablement du parloir. Les informations sont encore trop minces pour trancher. Plus à l’est, des traces de niveaux de circulation doivent correspondre au cloître médiéval avec des différences de paliers d’ouest en est et certainement entre l’église et le cloître selon les périodes considérées. Une sépulture en cercueil, datée par ¹⁴C de la fin du xiii^e s., confirme l’utilisation de cet espace pour une fonction funéraire – fonction bien identifiée pour certains cloîtres. Enfin, le dernier sondage au sud du chevet montre un potentiel encore plus important vers l’est, avec certainement les premières traces construites de la salle du chapitre.

3Les remblais apportés au sud de l’abbatiale, à la suite des démolitions – datées de la fin du Moyen Âge et du xviii^e s. – des divers bâtiments claustraux, pour compenser la pente du terrain et créer la voie publique représentent des volumes importants. Les sondages montrent que les niveaux en place apparaissent dans la zone décaissée contre l’église entre 382,20 NGF et 381,99 NGF. Une fouille complète de tout l’ancien espace claustral (en dehors de la propriété privée au sud) peut être envisagée un jour et permettre, à la fois, de mieux comprendre l’environnement bâti de l’église abbatiale, de retrouver des états successifs jusqu’à sa période de fondation et de proposer une évocation restituée au sol du dispositif claustral. D’autres recherches archéologiques à l’intérieur de l’édifice restent envisagées au vu des résultats de prospections géophysiques réalisées dans la nef où apparaissent des maçonneries d’orientation N-S à hauteur de la dernière travée avant la croisée.