1À l’occasion de la construction de la seconde ligne de tramway à Orléans, la fouille de la place de Gaulle a révélé des vestiges remontant au moins au ii^e s. av. J.-C., même si l’essentiel de l’occupation correspond à la période médiévale. Dès le début de la période antique, l’importance du lieu semble déjà être soulignée par la présence d’une large voie NO-SE, permettant de relier le centre urbain de Cenabum à l’ouest de la cité des Carnutes. Cet axe existe encore aujourd’hui (actuelle rue des Carmes / rue du Tabour).

2La fouille a montré que la division de l’espace semble s’opérer dès le ix^e s. En effet, un fossé, large de presque 7 m, orienté NE-SO, scinde le secteur en deux parties dont le type d’occupation diffère. Ce fossé semble entourer le bourg Dunois (à l’est de l’emprise) attesté par les textes dès le x^e s. Une vingtaine de fosses matérialisent l’occupation à l’ouest du fossé pour cette période. Bien que leurs profils rappellent des silos, il s’agit plus vraisemblablement – si l’on considère la dynamique de comblement – de fosses dépotoirs marquant une zone de rejet du bourg Dunois. La qualité des artefacts (notamment de la céramique) recueillis atteste du caractère privilégié de cette partie de la ville dès la fin du haut Moyen Âge.

3Cet état semble perdurer jusqu’au xiii^e s. C’est à cette époque que semble être construite la première extension médiévale de l’enceinte d’Orléans. Elle enferme définitivement le bourg Dunois en se raccordant au castrum du Bas-Empire. Dans la partie SE de l’emprise, les fondations de la Porte Renart qui permettait d’entrer dans la ville par la voie mentionnée précédemment ont été mises au jour. Cette porte se composait de deux tours semi-circulaires (en façade), d’un avant-corps et d’une culée participant de l’aménagement d’un pont permettant de franchir le fossé de ville, large d’environ 15 m. En avant de cette porte et matérialisant l’abandon définitif du « premier fossé du bourg Dunois » qu’il recoupe, se trouvait un grand fossé en forme de fer à cheval. Il s’agit là d’un élément du dispositif de défense avancé de la Porte Renart. Plusieurs états du terre-plein délimité par ce fossé ont été mis en évidence. Ainsi, en 1428, les Anglais se sont vus arrêter par un boulevard palissadé. Ce n’est qu’au milieu du xv^e s. que le boulevard est construit en dur. Il s’agit d’une imposante maçonnerie, de 3 m d’épaisseur, en forme de « U » et dont la hauteur est inconnue.

4À la fin du xv^e s. commencent les travaux de construction de la dernière enceinte d’Orléans qui agrandit la ville close vers le NO. Dès lors, le système défensif de la Porte Renard n’a plus lieu d’être. Le fossé en fer à cheval sert pendant un temps de dépotoir, comme en témoignent les nombreux rejets liés au travail du cuir, de la boucherie ou encore de la métallurgie. La courtine et la porte sont pour partie démantelées, pour partie intégrées au nouveau parcellaire urbain qui se met en place.

5La véritable reprise de l’urbanisme dans ce secteur débute toutefois beaucoup plus tard, vraisemblablement au xviii^e s., par la construction d’habitations sur caves qui seront détruites lors des bombardements de la seconde guerre mondiale.