Sorède (Pyrénées-Orientales). El Forn
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Année de l'opération :
2010Numéro d’opération :
118002Sujets :
four à chaux, cabane, carrière (géologie), aménagement du relief, terrasse, foyer, calcaire, chauxLieux :
France métropolitaine, Occitanie (région administrative), Département des Pyrénées-Orientales, SorèdeNature de l'opération :
fouille programméeTexte intégral
1Le four à chaux de Sorède est établi au sommet d’une crête et réparti sur les flancs très pentus de la colline, à proximité d’une probable cabane, de différentes aires de travail et d’une carrière de calcaire située sur la parcelle et la commune voisine d’Argelès-sur-Mer.
2La fouille a consisté à dégager le four dans son ensemble. Une fois entièrement mis au jour, il a révélé un plan approximativement piriforme (2,60 x 2,20 m – forme probablement due à l’adaptation à la forte contrainte topographique), dont l’entrée se situe vers le nord et ouvre sur une aire d’enfournement délimitée par des murs de soutènement formant, en plan, un entonnoir. À l’extérieur, les parois, très épaisses, sont essentiellement bâties en moellons de granite sans liant, et forment une double terrasse, dispositif dû très probablement à la forte déclivité de la pente.
3Dans la chambre de chauffe, les moellons sont liés avec de l’argile qui a durci pendant la cuisson. Les parois internes du four sont quasiment intégralement conservées en hauteur (2,95 m), et présentent une banquette à 1 m de hauteur, large d’environ 20 cm.
4Le seuil de la gueule du four se trouve à plus d’1,50 m au-dessus du fond de la chambre de chauffe, ce qui permet d’affirmer sans aucun doute que la technique de cuisson par gueule haute a été employée sur ce site. Les restes carbonisés du foyer ont été prélevés et les premières analyses effectuées révèlent l’utilisation très majoritaire de broussailles de bruyère arborescente (genre Erica identifié le plus souvent, parfois Erica arborea). Le comblement du four était constitué d’une épaisse couche de chaux carbonatée et d’une couche d’effondrement.
5L’intérêt majeur du site d’El Forn réside dans la conservation exceptionnelle de vestiges liés au traitement de la matière première calcaire destinée à la production de chaux dans le four. Tout d’abord, une zone assez vaste d’extraction de pierre a été repérée sur la parcelle voisine. Cette carrière a été ouverte dans une des rares brèches de calcaire pris et comprimé dans le substrat granitique largement dominant dans le massif des Albères. L’exploitation, qui n’a pas laissé de traces d’outils, s’est donc faite au fil des veines, et a engendré la formation de fronts de tailles irréguliers, mesurant jusqu’à 2 m de hauteur. Dans l’espace créé par cette activité d’extraction, ainsi qu’aux abords immédiats de la carrière, de nombreux épandages d’éclats de pierre calcaire sont encore visibles au sol. La lecture de ces vestiges est, dans le cas du site d’El Forn, facilitée par la présence du substrat granitique blanc très abondant, sur lequel ont été abandonnés tous les éclats en calcaire, de couleur bleue. L’étude de ces déchets est encore à faire, mais les arêtes saillantes montrent bien l’activité de débitage par percussion sur place, très probablement dans le but de préparer les blocs destinés à être chargés dans le four.
6En aval du four à chaux, une seconde aire de concassage a été repérée, mesurant environ 160 m2. Le nombre significativement moins important des éclats que sur les étendues de la carrière pourrait plaider en faveur d’une utilisation secondaire de cet espace dans le processus de préparation des blocs. Un dernier débitage semble donc avoir eu lieu afin de façonner les blocs déjà travaillés aux exigences ponctuelles du chargement du four.
7En attendant les résultats de la datation radiocarbone, peu d’éléments apportant des informations chronologiques sont exploitables. Lors du repérage du site au printemps 2009, un tesson de panse de céramique commune grise, dont la pâte pourrait se rapprocher des productions connues sur le castrum voisin d’Ultrera (haut Moyen Âge) a été trouvé en contrebas du four. L’absence de céramique moderne et l’utilisation de gros blocs placés en orthostates pourraient plaider en faveur d’une datation médiévale du site. Cependant, lors de la fouille, du verre plat, semble-t-il moderne, a été trouvé au sommet de la couche de chaux formée après le défournement du four.
Pour citer cet article
Référence papier
Christophe Vaschalde, « Sorède (Pyrénées-Orientales). El Forn », Archéologie médiévale, 41 | 2011, 354.
Référence électronique
Christophe Vaschalde, « Sorède (Pyrénées-Orientales). El Forn » [notice archéologique], Archéologie médiévale [En ligne], 41 | 2011, mis en ligne le 18 juin 2018, consulté le 12 février 2025. URL : http://journals.openedition.org/archeomed/13240 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeomed.13240
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