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Chronique des fouilles médiévales en France en 2009
I.- Constructions et habitats civils - Environnement rural et urbain
I 2.- Prospections

Asnières-sur-Vègre, Auvers-le-Hamon, Tassé, Juigné-sur-Sarthe (Sarthe).

Responsable d’opération : Céline Piron
p. 218

Texte intégral

1L’attention a été portée en 2009 sur le manoir de la Cour, classé Monument historique, dont la charpente est datée par dendrochronologie des années 1292-1295, comporte des aménagements témoignant du statut de ses commanditaires : un décor mural, des cheminées monumentales, des latrines, un lavabo à l’étage. La construction est attribuée aux chanoines du chapitre cathédral du Mans. Sa disposition présente deux salles de stockage au rez-de-chaussée, disposées de part et d’autre d’un porche central, et l’espace noble à l’étage avec deux grandes salles sous charpente, séparées par deux espaces intermédiaires dont l’un est surmonté d’une tribune.

2Le parti pris était ensuite de poursuivre le repérage des indices de bâti médiéval dans le village d’Asnières, en listant un ensemble d’éléments disparates se rapportant à des structures d’habitations anciennes et en les reportant sur le plan cadastral napoléonien. Plusieurs maisons peuvent ainsi être déclarées et des relevés archéologiques de cheminées ont été effectués afin d’entreprendre une typologie sur Asnières et ses environs autour des années 1300-1400.

3Le Manoir de la Basse Cour à Asnières-sur-Vègre a déjà fait l’objet d’une fiche réalisée par deux chercheurs de l’Inventaire général dans les années 1980. Les éléments complétés ici permettent de proposer une datation plus ancienne pour le logis principal, en particulier grâce aux moulures des baies géminées présentes sur la façade ouest et attribuables au xive s. Cet ancien logis appartient à un ensemble de bâtiments formant une cour quadrangulaire et fermée, situé en bordure de la rivière de la Vègre et d’un ancien passage à gué. Il est placé de façon stratégique sur l’axe principal de communication médiéval en direction du Mans.

4Le Manoir du Grand Moiré à Tassé s’est, quant à lui, révélé très riche en témoins archéologiques. Une première observation a mis en évidence une chronologie débutant au cours du xive s. avec un premier bâtiment construit sur un rez-de-chaussée maçonné et un étage élevé en pans de bois, aujourd’hui pris dans une gangue maçonnée à l’époque moderne (datable par les baies). Puis est construit un bâtiment perpendiculaire dans la cour, présentant un pignon soutenu par de puissants contreforts, éclairé à l’étage par une croisée partiellement murée et chauffé par une cheminée dont la trémie est encore visible. Un troisième phasage s’appuie sur l’élévation d’un bâtiment reliant les deux structures anciennes, contemporain de remaniements (baies situées au rez-de-chaussée du logis, adjonction d’une tour de défense sur le mur sud). L’aire d’occupation est vaste, décrivant une plateforme d’environ 30 m d’envergure, entourée selon le cadastre napoléonien par des douves encore perceptibles actuellement dans le tracé des haies. Les archives permettent de remonter pour le Grand Moiré jusqu’au début du xve s. Le 2 décembre 1405, Fouquet Pointeau rend « foy et hommage lige et une paire d’esperons blans » et doit « 15 jours de garde dedens la motte de Chources Le Vayer » pour « raison de son habergement et appartenance de Moiré ». Un acte du 19 juillet 1562 renseigne sur un aveu rendu à Sourches par Jehan Le Clerc, seigneur de Moiré, pour la maison et hébergement de Moiré décrits ainsi : « close à murailles, fossés et douves, avec la Mote, fuye et jardins… droit de haute, moyenne et basse justice… ». Les observations de la charpente par Jean-Yves Hunot révèlent une structure à chevrons formant ferme tramée, où chaque travée est composée de quatre fermes secondaires. Par analogie, Jean-Yves Hunot propose une datation du xive s.

5La Jeune Panne à Auvers-le-Hamon est un site déjà identifié par le Service régional de l’Inventaire en 1987 mais qui a suscité notre intérêt car il est à classer dans la typologie des logis-porches. Cet édifice présente des traces archéologiques remarquables du prestige de ses propriétaires, dont l’origine, malgré le travail d’un érudit du début du xxe s., reste à éclaircir. On peut citer ainsi la présence d’une série d’arcades placées au rez-de-chaussée de l’édifice, qui était ouverte sur l’extérieur par d’imposantes baies et couverte d’une charpente, elle-même soulignée d’une corniche en pierre de taille. La partie privative et la distribution interne restent difficiles à restituer car les remaniements modernes et postérieurs sont relativement importants et notamment l’insertion d’un plancher intermédiaire.

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Pour citer cet article

Référence papier

Céline Piron, « Asnières-sur-Vègre, Auvers-le-Hamon, Tassé, Juigné-sur-Sarthe (Sarthe). »Archéologie médiévale, 40 | 2010, 218.

Référence électronique

Céline Piron, « Asnières-sur-Vègre, Auvers-le-Hamon, Tassé, Juigné-sur-Sarthe (Sarthe). » [notice archéologique], Archéologie médiévale [En ligne], 40 | 2010, mis en ligne le 07 septembre 2018, consulté le 16 avril 2024. URL : http://journals.openedition.org/archeomed/14729 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeomed.14729

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Auteur

Céline Piron

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