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Chronique des fouilles médiévales en France en 2009
II.- Constructions et habitats ecclésiastiques
II 1.- Opérations de terrain

Parnoy-en-Bassigny (Haute-Marne). Abbaye de Morimond

Responsable d’opération : Benoît Rouzeau
p. 228-229

Texte intégral

1L’abbaye de Morimond, quatrième fille de Cîteaux, fondée vers 1117, a été implantée dans une zone de marge et de frontières ecclésiastiques et laïques. La fouille de l’été 2009, la deuxième d’une campagne trisannuelle, avait plusieurs objectifs : 1/ dégager la totalité de l’emprise pour obtenir le plan le plus complet possible sur 50 m de long par 15 m de large ; 2/ terminer la fouille des salles 2 et 3 repérées les années précédentes. Une partie des couches archéologiques, situées sous le niveau de l’eau de la nappe phréatique, sont inondées par les eaux du grand égout de l’abbaye.

2La fouille 2009 a permis de faire apparaître que la grande anomalie géophysique, interprétée jusqu’à présent comme un seul et même bâtiment, révèle en fait au moins deux ensembles datant de deux époques différentes (bât. A et bât. C). Le premier, du dernier tiers du xiie s., mesure 30 m sur 11 m. Il est maintenant appréhendé dans sa globalité, même si le phasage de chaque salle n’est pas connu avec précision. La limite orientale de ce bâtiment se situe au niveau du coude que ce dernier forme avec le bâtiment postérieur qui est venu s’appuyer contre le premier. Les deux ensembles longent le collecteur souterrain de l’abbaye et suivent son orientation. Les constructeurs ont été dans l’obligation de rechercher la couche de grès du Rhétien sous les alluvions pour fonder solidement le premier bâtiment. Ces fondations ont une élévation comprise entre 1,6 m et 2,5 m. Celles du second ensemble ne sont pas encore connues.

3Le premier bâtiment est composé de trois salles constituées de deux nefs parallèles au grand égout de l’abbaye, comprenant deux travées pour la salle 1, trois travées pour les deux autres salles. Une porte ouverte dans le mur gouttereau sud dessert chacune des salles. Des portes de communication internes existent entre les salles 2 et 3. L’existence d’une porte entre les salles 1 et 2, quoique probable, est impossible à démontrer à cause de l’arasement du mur de refend. Le bâtiment d’origine est voûté sur croisées d’ogives et possède aussi des arcs-doubleaux de décharge. De nombreux fragments de vestiges de la voûte ont été livrés par la fouille, dont trois clefs de voûte. Chaque élément des piles d’où partent les arcs-doubleaux et les arcs en ogive comportait au départ une marque lapidaire. La pile la plus haute est conservée sur trois assises. Sur la façade, côté sud, visible après le passage de la porterie, le décor est monumental. Des contreforts moulurés contrebutent la poussée interne de la voûte. Les blocs encadrant les portes ont été réalisés en grand appareil. Les niveaux de sol médiévaux des salles 1 et 3 ont été détruits. La salle 2 conserve les vestiges de deux sols anciens : le plus récent, composé de dalles de pierre (fig.), est surmonté d’un remblai contenant des carreaux de pavement de terre cuite glaçurés et estampés. Leurs motifs permettent de les dater de la fin du xiiie s. ou du début du xive s. Les analyses chimiques démontrent une très grande proximité entre les argiles utilisées par la tuilerie monastique et le mobilier archéologique.

4La limite orientale de la fouille est actuellement située au niveau d’un collecteur médiéval dont le voûtement date du xviiie s. L’aménagement de cette conduite a cassé les murs des bâtiments anciens. Chaque salle est traversée par un drain ou un petit égout qui passe par le seuil de la porte au sud et rejoint le grand égout pour s’y déverser sur le mur gouttereau opposé au nord. Le mur gouttereau nord du bâtiment a souffert de la présence de l’égout et, malgré de puissantes fondations, s’est affaissé vers l’extérieur. La voûte sur croisée d’ogives s’est effondrée et les activités qui prennent place dans le bâtiment à la fin du Moyen Âge ne bénéficient plus de la couverture d’origine. Le mobilier archéologique, très varié, témoigne de l’occupation et de l’abandon du site à la fin du xve s. et au xvie s. (une partie de la céramique mise au jour dans les remblais semble appartenir au xve s. et quelques tessons de céramique très décorée aux xiiie-xve s.). La totalité des portes anciennes ont été murées, ce qui entraîne un changement des axes de circulation dans le bâtiment. Dans le bâtiment A, une forge était installée dans la salle 1 et la première travée de la seconde salle. Dans la troisième salle, une écurie a sans doute fonctionné jusqu’au début du xviie s. Enfin, à l’extrémité est de la salle 2, un espace dont le sol dallé est mal conservé a sans doute servi de lieu de remisage et de stockage.

5Après les nombreux saccages de l’abbaye, liés d’abord à la guerre de Trente Ans, puis aux guerres du règne de Louis XIV, le site est partiellement ruiné vers 1646 et 1670. Lors du grand chantier de reconstruction de l’abbaye qui débute à la fin du xviie s., ce qui reste de cet ensemble de bâtiments est détruit par les moines qui aménagent au-dessus des ruines un grand parterre herbagé.

Parnoy-en-Bassigny, abbaye de Morimond.

Parnoy-en-Bassigny, abbaye de Morimond.
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Table des illustrations

Titre Parnoy-en-Bassigny, abbaye de Morimond.
URL http://journals.openedition.org/archeomed/docannexe/image/14820/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 602k
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Pour citer cet article

Référence papier

Benoît Rouzeau, « Parnoy-en-Bassigny (Haute-Marne). Abbaye de Morimond »Archéologie médiévale, 40 | 2010, 228-229.

Référence électronique

Benoît Rouzeau, « Parnoy-en-Bassigny (Haute-Marne). Abbaye de Morimond » [notice archéologique], Archéologie médiévale [En ligne], 40 | 2010, mis en ligne le 07 septembre 2018, consulté le 19 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/archeomed/14820 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeomed.14820

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Auteur

Benoît Rouzeau

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