Beaufremont (Vosges). Château
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Numéro d’opération :
137693Sujets :
château, cuisine (pièce), grenier, salle d'apparat, cour, cheminée, logis, rempart, décor peint, blason, moulure, motif végétal, archéologie du bâti, dendrochronologieTexte intégral
1Le programme de la quatrième session du chantier d’archéologie du bâti au château de Beaufremont a été déterminé par une mise au jour fortuite. À l’automne 2008, en enlevant un enduit moderne dans une des chambres basses du logis seigneurial gothico-renaissance, un fragment de décor héraldique peint est apparu. Malgré la faible surface dégagée, le décor s’est révélé porteur d’informations précises car il figure les armoiries de Claude d’Aarberg, seigneur de Valangin (en possession de la terre de Beaufremont de 1487 à 1518), et de sa femme Guillemette de Vergy. Cette découverte confirme l’hypothèse de l’attribution de la construction du bâtiment à ce seigneur, attribution qui était jusque-là étayée par les caractéristiques stylistiques du logis et des données textuelles indirectes.
2Les opérations ont d’abord consisté en une analyse dendrochronologique des poutres d’un plafond à la française encore en place dans la salle du rez-de-chaussée où le décor héraldique a été mis au jour. Deux prélèvements sur des solives en chêne ont été réalisés : le dernier cerne de croissance de la première solive a été formé en 1451 et celui de la seconde solive en 1411. Cependant, ces cernes ne correspondent pas directement à l’année d’abattage des arbres car, pour la réalisation de poutres, l’aubier est enlevé ; pour le chêne, cet aubier varie entre 10 et 30 cernes. De ce fait, on peut envisager qu’il manque au minimum encore 10 cernes de croissance, ce qui donnerait l’année 1461 comme date d’abattage la plus précoce (première solive). Cette datation indique une construction du logis seigneurial postérieure à 1461, ce qui n’infirme pas l’attribution à Claude d’Aarberg, au moment où il prend possession de la seigneurie en 1487.
3Le relevé architectural a ensuite débuté sur le logis. L’édifice se présente sous la forme d’un vaste bâtiment quadrangulaire de 19,50 m de long pour 14 m de large, appuyé contre le rempart nord du château. Ses deux façades nord et sud ont été arasées à la moitié de la hauteur du premier étage, conservant une élévation de 6,50 m sur une hauteur initiale estimée à 8 m. La façade sud comme l’aménagement intérieur ont été fortement transformés depuis la Révolution. On connaît cependant la partition interne du logis grâce à un inventaire détaillé de 1565 qui aide à déterminer le nom et la fonction précise de chaque pièce des trois niveaux ainsi que les espaces de circulation horizontaux et verticaux : rez-de-chaussée à usage domestique, étage noble, et enfin grenier sous une toiture à deux pentes qui devait atteindre 17 m de hauteur. Ce texte permet notamment de localiser les quatre éléments fondamentaux constitutifs de ce type de bâtiment : une vaste cuisine en position centrale au rez-de-chaussée, constituée de deux nefs de trois travées voûtées sur croisée d’ogives, encadrée par deux cheminées monumentales symétriques placées en vis-à-vis contre les murs de refends ; à l’étage, la grande salle seigneuriale donne accès à une chapelle-oratoire hexagonale et à la chambre seigneuriale qui conserve encore son décor peint imitant des lés de tapisserie.
4La façade sud du logis, s’ouvrant sur la cour du château, a été relevée. La construction est réalisée en calcaire à polypiers blanc, extrait localement et particulièrement adapté à la taille. Le relevé met en évidence les transformations successives qu’elle a subies depuis le xviiie s. (percement d’une entrée charretière et de deux ensembles porte-fenêtre), et de retrouver son aspect originel : l’accès à la cuisine au rez-de-chaussée se faisait par une porte piétonne s’encadrant d’une triple moulure torique aux angles amortis retombant sur des bases prismatiques. La façade était percée d’au moins six grandes fenêtres à croisée (trois par niveau). Deux d’entre elles ont conservé en place leur linteau, composé de deux panneaux décorés chacun d’une accolade soutenue par un trilobe au décor végétal de la pointe duquel sort une main supportant un écu sans décor. La nature de ces ornementations pourrait situer l’architecture de ce logis à la charnière des xve et xvie s. Le relevé a également permis de consigner les marques de pose gravées sur les pierres ; en revanche aucune marque de tâcheron n’a été mise en évidence, ce qui exclut la possibilité de rapprocher le chantier de construction de cet édifice d’un autre de la région daté par des livres de comptes. Par ailleurs, les grandes fenêtres ouvrant sur cour et sur fossé ont été relevées en plan, coupe et élévation afin de permettre des comparaisons stylistiques avec d’autres bâtiments. Les opérations se poursuivront en 2010.
Table des illustrations
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Titre | Beaufremont, château, linteau décoré. |
URL | http://journals.openedition.org/archeomed/docannexe/image/15039/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 550k |
Pour citer cet article
Référence papier
Jean-François Proquin, « Beaufremont (Vosges). Château », Archéologie médiévale, 40 | 2010, 255-256.
Référence électronique
Jean-François Proquin, « Beaufremont (Vosges). Château » [notice archéologique], Archéologie médiévale [En ligne], 40 | 2010, mis en ligne le 07 septembre 2018, consulté le 28 avril 2025. URL : http://journals.openedition.org/archeomed/15039 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeomed.15039
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