1Cette opération précédait la construction, sur une parcelle d’environ 3 300 m² située au sud du centre hospitalier de La Rochelle, de logements et d’un parking souterrain.

2L’opération a permis de dégager, sur une longueur totale d’environ 30 m, une partie du flanc nord du bastion Dauphin et de la courtine reliant ce dernier au bastion Bourgogne, situé au nord. La construction de cette enceinte, longue de plus de 5 000 m et pourvue de vastes bastions, a débuté en 1689, sous la direction de l’ingénieur Ferry, pour s’achever dans les années 1700. Elle reste en élévation jusqu’au début du xx^e s., date de son déclassement définitif. Cette enceinte n’a pas inspiré d’étude approfondie hormis celle des portes. Claude Masse, qui participa à l’exécution des plans et des projets auprès de Ferry, reste jusqu’à présent notre principale source concernant cet ouvrage.

3Sous les parkings actuels, les structures sont conservées à faible profondeur (entre 0,45 et 0,50 m). Les maçonneries, d’apparence homogène, montrent cependant quelques différences : notamment l’emploi des mortiers (celui de la courtine est plus riche en chaux et plus compact et celui du bastion, beaucoup plus sableux) ou encore l’épaisseur des murs au niveau de l’arase (la courtine mesure environ 1,80 m et le bastion environ 2,30 m).

4Le parement externe soigné, en moyen appareil calcaire, contraste avec les parements des murs internes. Le flanc nord du bastion se caractérise par l’homogénéité des dimensions des pierres et par leur répartition en boutisse et en carreau (généralement un pour deux). La courtine présente un aspect plus irrégulier. La hauteur des assises, les dimensions des pierres ainsi que la répartition entre carreaux et boutisses est plus aléatoire. Les joints fins (3 à 4 mm d’épaisseur) dévoilent un mortier rouge, dur, recouvert par endroits d’un mortier orangé largement beurré.

5La face interne du rempart, plus hétérogène, se compose de moellons calcaires grossièrement équarris formant de nombreux retraits et ressauts de faible amplitude. Elle est scandée par une succession de contreforts disposés perpendiculairement aux faces parementées. Régulièrement espacés, quatre contreforts ont été mis au jour le long de la courtine et deux au niveau du bastion. Ils sont directement posés sur le substrat naturel et montés au fur et à mesure que sont disposés les remblais à l’intérieur de l’édifice comme le montre la stratigraphie.

6Les matériaux utilisés pour remplir la structure proviennent du creusement des fossés et sont essentiellement composés de marne et de pierraille de calcaire marneux. Ces remblais, dont l’épaisseur est comprise entre 1,50 et 1,80 m, s’étendent sur une distance d’au moins 25 m à l’ouest et au sud. Ils recouvrent une couche de terre argilo-limoneuse, de couleur brun rouille à cailloux calcaire, constituant un paléosol. Les éléments épars dans cette couche (débris d’ardoise, de tuile, coquillages et quelques rares tessons de céramique) semblent être les témoins d’une activité agraire et de l’apport de détritus dans les champs.