Melle (Deux-Sèvres). La Noblette. PCR Paléométallurgies et expérimentations
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Année de l'opération :
2009Numéro d’opération :
204341Nature de l'opération :
projet collectif de rechercheTexte intégral
1Ces trois ans consacrés à l’expérimentation en paléométallurgie ont vu se dérouler une vingtaine d’expérimentations dont plusieurs ont nécessité le recours à de multiples sessions (les essais de minerai, la frappe, la coupellation etc.). Il s’agit bien là du premier point positif de cette action : avoir la possibilité de développer sur le moyen terme une problématique de paléométallurgie expérimentale. Si certaines approches ne sont pas encore achevées, plusieurs autres ont déjà abouti comme en témoigne la vingtaine d’articles déjà publiés. Les apports de ce travail collectif transparaissent à plusieurs niveaux. À différentes occasions, il y a eu une mise en lumière de la distance existant entre métallurgie moderne et paléométallurgie. Ceci peut donner l’impression de l’évidence. Pourtant, des recréations d’artefacts ne semblent possibles, dans certains cas, que dans les conditions d’« atelier » bien éloignées de celles du laboratoire.
2Caractère constitutif du PCR, les interactions entre les différents partenaires ont été bien réelles. L’exemple de la ventilation naturelle est particulièrement symptomatique du dialogue existant entre les différents partenaires. Il implique effectivement deux métallurgies que tout semble séparer, jusqu’à leurs noms : la métallurgie du fer et la métallurgie des non-ferreux. Pourtant, la réflexion sur le rôle du vent a pu être appliquée tant à des questions portant sur la production du fer qu’à celles traitant de production d’argent. Des actions concrètes et collectives ont pu également être menées, mêlant plusieurs études : le fonctionnement d’un four de fonte d’alliages monétaires fournissant la matière nécessaire à la réalisation d’un atelier de frappe ; la recréation d’une opération de coupellation pour conclure la chaîne opératoire du « saïger prozess » ; l’étude des traitements de surface appliquée à différents types monétaires.
3Parallèlement, il ne semble plus possible en paléométallurgie de ne pas faire appel à une phase de laboratoire pour étudier les produits issus des fours. Un minimum de caractérisation est nécessaire pour apprécier le degré de succès d’une expérience. Toutes les expérimentations, sans exception, ont donné lieu à un développement analytique. Plus encore, certaines avaient pour but avoué de fournir du matériel devant devenir des référentiels comparatifs pour les études de mobilier archéologique (réduction du minerai de Rancié, saïger prozess, essai par coupellation). Ce programme a eu également un rôle fédérateur réunissant autour d’un même enjeu des chercheurs d’horizons différents : archéologues, archéomètres, historiens et restaurateurs. Il est aussi un outil de formation par la recherche. En plus des étudiants intervenant bénévolement, ce programme a servi d’appui au travail de 11 doctorants et post-doctorants.
4L’importance de cette action se comprend par la nécessité de multiplier le geste pour approcher un savoir-faire et en avoir une retranscription scientifique rigoureuse. À cet égard, le cas de la fabrication monétaire est significatif (Arles, 2009). C’est également la reproductibilité de l’expérience qui est nécessaire comme dans toutes les sciences expérimentales. Là encore, à la différence des expérimentations ponctuelles, un travail sur les moyen et long termes est particulièrement bénéfique (les essais de minerai, la coupellation, le plomb de vitrail). On voit aussi que, dans le cas de plusieurs expériences, le PCR a donné la possibilité de prolonger des études de site (l’atelier monétaire de La Rochelle, la grotte de faux-monnayeurs de La Catette, fouille de Montadet etc.), de mobiliers (trésor de Preuschdorf, les objets niellés du Louvre) ou de textes (recettes des patines, traité d’Antoine de Pise). Bien que plusieurs expériences aient abouti, certaines restent en suspens, ou posent des questions auxquelles des développements ultérieurs pourront apporter des éléments de réponse. La production du fer avec le minerai de Rancié (Pyrénées) en est un bon exemple, tout comme le débismuthage du plomb.
5Enfin, le regroupement de plusieurs équipes de recherche renforce notoirement l’efficacité de la plateforme et des expériences entreprises grâce à la mutualisation des outils sur le terrain : sondes thermiques, ventilateurs, générateur de rayons X portable, anémomètres, platine chauffante, caméra etc.
6La vulgarisation est également un des points forts de ce PCR. Ces travaux expérimentaux se déroulant au sein d’une structure à vocation touristique et culturelle donnent l’opportunité de présenter les recherches faites sous le regard même des visiteurs (15 000 visiteurs durant nos sessions sur les 3 ans d’activités). Ils offrent également la possibilité de valoriser les opérations archéologiques qui sont à la base de ces expérimentations ainsi que le travail de laboratoire qui s’ensuit soit par des publications généralistes, soit par des réalisations audiovisuelles.
Pour citer cet article
Référence papier
Florian Téreygeol, « Melle (Deux-Sèvres). La Noblette. PCR Paléométallurgies et expérimentations », Archéologie médiévale, 40 | 2010, 326.
Référence électronique
Florian Téreygeol, « Melle (Deux-Sèvres). La Noblette. PCR Paléométallurgies et expérimentations » [notice archéologique], Archéologie médiévale [En ligne], 40 | 2010, mis en ligne le 07 septembre 2018, consulté le 31 mars 2023. URL : http://journals.openedition.org/archeomed/15743 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeomed.15743
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