1Depuis 2017, la Direction du patrimoine de L’Isle-sur-la-Sorgue accompagne un propriétaire privé dans sa démarche de réhabilitation d’une ancienne chapelle latérale de l’église des Cordeliers. À la fin du xvi^e s., leur couvent fut transféré à l’intérieur des remparts à l’emplacement d’une demeure médiévale d’importance. L’opération a donné lieu à un premier repérage des vestiges architecturaux et à un diagnostic archéologique de la chapelle, conduit en collaboration avec l’Inrap.

2Par achats ou donations successives, le couvent franciscain a progressivement investi un vaste îlot du quartier de Villeneuve, assez proche de la collégiale. L’église orientée, de plus de 37 m de long sur 18 m de large, occupait presque toute sa moitié nord. La nef, probablement charpentée, se divisait en cinq travées bordées de grandes arcades en plein cintre ouvrant sur deux réseaux de cinq chapelles latérales. Les chapelles nord sont les seules conservées. Leur profondeur, inférieure à celles du réseau sud, permit d’adapter le plan général de l’édifice à des contraintes topographiques générées par un tissu urbain préexistant. La nef se terminait à l’est par une abside pentagonale couverte d’un voûtement sommital. Les légers désaxements des pans de mur subsistants proviennent de la réutilisation d’un espace circonscrit par les façades sur rue d’un bâtiment résidentiel du xiii^e s. Ces élévations médiévales, en moyen appareil de pierre de taille, remployées lors de la construction de l’église, débutent au niveau du chevet et se prolongent sur le côté nord de l’église, où une porte couverte d’un arc plein cintre donne accès à l’intérieur de la chapelle étudiée.

3La préservation de cette chapelle latérale est due à sa transformation en petite habitation au xix^e s. La pose de deux niveaux de plancher dans les parties supérieures a entraîné un exhaussement du bâtiment marqué par un retrait de la partie haute de la façade. Au-dessous de ce ressaut, la maçonnerie témoigne de deux états de construction plus anciens. Au deuxième niveau, un moyen appareil en moellons mieux appareillés remonte à l’édification de la chapelle à la fin du xvi^e s et on peut observer en partie centrale les vestiges d’une fenêtre d’origine. L’élévation est venue se poser directement sur les restes de la façade du xiii^e s., visible au rez-de-chaussée sous forme d’un parement en pierre de taille parfaitement conservé. En revanche, pour accroître légèrement la superficie de la chapelle, le parement intérieur du mur fut détruit, ainsi qu’un mur de refend médiéval dont la partie basse fut réutilisée en fondation du mur latéral est de la chapelle. Au rez-de-chaussée, aucune empreinte d’aménagement liturgique n’a été décelée, mais, au centre, est apparue une structure maçonnée correspondant à l’emprise d’un caveau d’époque moderne où près de 41 individus étaient inhumés.

4Toutes les parcelles susceptibles de renfermer des vestiges de l’église et des bâtiments conventuels n’ont pu être visitées, mais la qualité des premiers éléments recensés confirme déjà l’intérêt majeur du site. De nouvelles recherches pourraient être envisagées afin de poursuivre l’étude de cet îlot particulièrement intéressant pour l’histoire de la ville.

L'Isle-sur-la-Sorgue, couvent des Cordeliers, vue des élévations médiévales présentes sur les façades de l’église.

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Cl. N. Duverger, Direction du patrimoine de L’Isle-sur-la-Sorgue