1Un projet d’aménagement de la zone commerciale nord de Strasbourg a conduit à la prescription d’une fouille d’archéologie préventive de près de 31 500 m² sur les communes de Lampertheim, Mundolsheim, Reichstett et Vendenheim. Divisée en cinq zones distinctes, elle concernait différentes occupations depuis le Néolithique jusqu'au premier Moyen Âge. Cette dernière période est représentée par un petit ensemble funéraire mérovingien situé sur la commune de Reichstett.

2La nécropole se restreint à un groupe de 38 sépultures. L’emprise de leur implantation a pu être intégralement cernée et semble contrainte par un enclos quadrangulaire (non observé) d’une superficie de 2 300 m² environ. Deux tombes sont incluses dans des cercles funéraires mal conservés. La répartition spatiale des sépultures laisse cependant supposer que d’autres aient pu exister.

3Les tombes sont orientées selon un axe préférentiel O-E, avec de sensibles variations. Deux types de fosses coexistent. Des tombes en chambre funéraire large, coffrée de bois, présentent une organisation de type Morken où le défunt est placé dans un contenant rigide, le long de la paroi nord de la chambre, tête à l’ouest. L’espace laissé libre au sud est dédié à différents dépôts dont ne subsistent généralement que des récipients et des restes de faune. Les autres tombes sont étroites. Des traces ligneuses dans certaines d’entre elles ont montré qu’elles pouvaient également être coffrées de bois avant de recevoir le défunt déposé dans un contenant, toujours tête à l’ouest. En revanche, leur étroitesse a conduit à disposer les dépôts à la tête ou au pied de la fosse.

4Le taux de pillage est relativement restreint. Il est estimé à un tiers des sépultures au maximum, l’état de conservation des tombes et des squelettes n’ayant pas toujours permis d’observations fines. Les défunts sont des deux sexes et de tout âge. Le mobilier d'accompagnement est composé d’assemblages classiques pour la période. Les femmes sont enterrées parées de colliers de perles, de fibules, d’éléments de ceinture et de châtelaines. Les hommes sont inhumés avec des pièces d’armement (lances, scramasaxes, épées et boucliers) et leurs vêtements, dont subsistent des éléments de ceinture et d’aumônière. Des dépôts alimentaires (œufs, pièces de viande et volailles parfois complètes), des céramiques et des récipients en verre complètent le mobilier découvert dans les tombes, daté des vi^e et vii^e s.

5Ce groupe funéraire aux limites bien définies n’est situé qu’à 400 m environ au sud de la petite nécropole mérovingienne de Vendenheim « Entrepôt Fly », entièrement fouillée en 2011. La documentation complète de ces deux ensembles très proches permettra des comparaisons encore inédites en Alsace, ouvrant de nouvelles perspectives de recherche.