1L’église Saint-Pierre-Saint-Paul d’Appoigny témoigne d’un important chantier du début du xiii^e s., mais les sources permettent d’envisager la présence d’un sanctuaire au moins depuis l’extrême fin du vi^e s. Le règlement liturgique établit par Aunaire, évêque d’Auxerre de 561 à 604, mentionne Epponiacus dans la liste des sanctuaires auxerrois, sans que le vocable de l’église d’Appoigny ne soit précisé. Par ailleurs, depuis au moins le ix^e s., une tradition, reprise par les Gesta Pontificum Autissiodorensium, rapporte que le mausolée dans lequel reposent les parents de saint Germain (évêque d’Auxerre de 418 à 448), Rusticus et Germanilla, serait sous l’église Saint-Pierre-Saint-Paul, non pas à son emplacement actuel mais plus probablement là où était encore au xvii^e s. l’église Saint-Jean, à moins de 150 m au sud. Le vocable a manifestement glissé de l’une à l’autre des églises lors du transfert de la paroisse vers la collégiale Saint-Pierre-Saint-Paul élevée au début du xiii^e s.

2La petite agglomération d’Appoigny a connu au cours du Moyen Âge plusieurs lieux de culte dont la chronologie est difficile à établir. Si les textes attestent clairement que l’église actuelle correspond à la collégiale fondée au début du xiii^e s. par l’évêque d’Auxerre, ils ne disent pas si celle-ci est une création de toute pièce ou si elle succède à un édifice plus ancien dont plusieurs indices permettent d’envisager l’existence. Des hypothèses acceptables peuvent être formulées : une chapelle castrale érigée au xi^e s. avec la motte dont les vestiges du « Châtel Bourgeois » sont encore visibles à l’ouest de la collégiale (ancienne résidence de l’évêque) ; l’ancienne église Saint-Jean avant son déplacement au sud où des sarcophages ont été découverts au xix^e s. ; ou enfin l’église Saint-Pierre-Saint-Paul attestée par des textes avant l’an Mil (la tradition y voit le mausolée des parents de saint Germain inhumés dans leur villa d’Epponiacus).

3Depuis de nombreuses décennies, des sarcophages de pierre sont régulièrement mis au jour à l’occasion de travaux dans les rues, les cours ou les jardins des abords de l’église Saint-Pierre-Saint-Paul, mais également plus au sud où l’on suppose l’église Saint-Jean, attestant ainsi d’une occupation très ancienne du centre-ville d’Appoigny. Toutefois, aucune information précise ne permettait jusqu’à présent d’en déterminer la typologie, la chronologie ou encore la provenance, données pourtant capitales pour répondre aux questions posées.

4La réalisation de sondages aux abords de l’édifice, à la demande de l’architecte en chef des Monuments historiques dans le cadre d’une étude préalable, pour vérifier l’état des fondations, ont pu confirmer leur bonne qualité. Les trois sondages ouverts dans le sol ont permis de plus de recueillir suffisamment d’indices pour alimenter le dossier. Trois sarcophages de pierre ont ainsi été mis au jour, renvoyant à des typologies variées. Si l’exemplaire présent au pied de la façade appartient à des productions du sud de l’auxerrois de la fin du vi^e et de la première moitié du vii^e s. (groupe D), les deux cuves mises au jour au sud de la nef sont plus anciennes : l’une, en calcaire, peut dater de la première moitié du vi^e s. (groupe B), alors que l’autre, beaucoup plus rare, en grès de Puisaye ferrugineux (groupe G), pourrait être plus ancienne encore (v^e s. ?). Il y a donc bien une occupation funéraire et sans doute aussi religieuse avant les premières mentions de l’extrême fin du vi^e s.

5Les futurs travaux de restauration, indispensables à la préservation de l’édifice et de ses potentialités archéologiques, devront être précédés puis accompagnés par une étude plus poussée.