1Durant l’Antiquité, le flanc oriental du clos de l’Antiquaille était bordé par un imposant mur de terrasse orienté N-S. Ce mur était formé d’une succession d’arcades en cul-de-four, dont la seule conservée en totalité est située dans l’emprise de la fouille. Ce mur se prolongeait au nord, où les vestiges de trois autres murs ont été observés lors d’un précédent diagnostic, comme au sud jusque sous l’actuelle tour médiane de la façade orientale des bâtiments actuels. Sa longueur totale peut donc être estimée au minimum à 44 m. Ce mur de terrasse peut être mis en relation avec un second mur de soutènement situé dans son prolongement méridional, remployé en tant que soubassement de la façade est du corps de logis sud et étudié au cours d’un précédent diagnostic archéologique. Il est conservé sur au moins 8 m de haut, dont 5 m sont actuellement enfouis, et avait une épaisseur de plusieurs mètres. Ce mur n’est pas formé d’arcades, mais présentait un parement vertical actuellement disparu, peut-être doté de contreforts.

2L’étude du bâti menée sur la partie sud de la façade orientale des bâtiments a permis de confirmer qu’une partie de la façade orientale de la « maison des champs », élevée entre 1605 et 1614 par l’humaniste et écrivain Pierre Sala, était encore en place. Des cinq arcades du mur de soutènement sur lequel était construite la maison, une seule arcade et la moitié d’une autre sont conservées. Construites en calcaire jaune des Monts d’Or, celles-ci chemisent le mur de soutènement antique, dont elles reprennent la forme et le rythme des travées. À la retombée de l’arc nord se situe un contrefort d’angle qui soutient l’angle NE de la maison.

3Il ne semble pas que le soubassement de la façade orientale de la maison de Pierre Sala ait été touché par les travaux réalisés pendant deux cents ans par les visitandines qui s’installèrent à l’Antiquaille en 1630. À l’autre extrémité de la façade orientale des bâtiments de l’Antiquaille, le corps de logis situé au sud de la tour méridionale correspond vraisemblablement à la nouvelle infirmerie du couvent, construite au milieu du xvii^e s. Il s’inscrit dans la continuité d’un bâtiment accolé au cloître et édifié environ quinze ans auparavant (travaux achevés en 1639). La tour sud, adossée à la façade est de l’Antiquaille, date aussi de cette campagne de travaux ; elle sera agrandie vers l’est en 1672-1673. La petite pièce aménagée dans l’angle SE du sous-sol inférieur des bâtiments ayant leur façade sur l’est est adossée à l’ancien mur de terrasse antique. Elle était à l’origine voûtée d’ogives et comportait une porte ouverte sur l’extérieur, côté sud, ainsi qu’une petite fenêtre en façade orientale.

4C’est à la première supérieure que l’on doit notamment, quelques années après l’installation des visitandines, la construction du cloître. La chapelle est consacrée le 1^er octobre 1639. L’homogénéité de ces constructions a pu se vérifier sur les façades sur cour des ailes nord et ouest du cloître, soutenues par des piliers supportant des arcs en anse de panier et formant les arcades de la galerie présente au rez-de-chaussée sur tout le pourtour du cloître. La galerie ouest, également bien conservée, était ouverte sur la petite cour triangulaire située devant la chapelle. En revanche, la maçonnerie formant le mur de fond de la galerie nord a été reconstruite dans sa quasi-intégralité en raison des nombreuses modifications apportées à ses baies. Les bâtiments du cloître s’élevaient sur deux étages, exceptés dans l’angle formé par les ailes sud et ouest, au-devant de la chapelle, où seule la galerie était présente en rez-de-chaussée. Depuis la cour, on avait donc vue sur le mur oriental de la chapelle dont les deux fenêtres pouvaient ainsi recevoir de la lumière.

5À l’extérieur du couvent, le long de la montée Saint-Barthélémy, on observe une continuité de construction entre la façade de l’aile nord du cloître, construite au cours des premières campagnes de travaux entrepris par les visitandines (1627-1634 et 1637-1638), et le mur de clôture situé dans son prolongement, à l’ouest. Ces deux murs remploient dans leurs parties basses un certain nombre de dalles de voie antique en granit. Le rez-de-chaussée de l’aile nord comportait à l’origine quatre fenêtres à meneau dont il ne demeure que de rares traces. À une époque difficile à préciser (probablement durant la seconde moitié du xvii^e s.), le mur de clôture est rehaussé de plus de 2 m. Ces travaux semblent contemporains de l’installation d’un contrefort contre le mur ouest de la chapelle et constituant désormais l’extrémité SO du mur de clôture. Au centre de ce mur, un portail monumental, très classique, s’inscrit pleinement dans une typologie permettant de le placer dans le courant du xvii^e s.

6Installé dans les bâtiments de l’Antiquaille en 1803, l’hospice de l’Antiquaille (devenu hôpital en 1876, fermé en juin 2003) réutilisa les bâtiments. Parmi les transformations et nouvelles constructions, une porte précédée d’un perron est aménagée dès le début du xix^e s. dans la façade sur rue de l’aile nord du cloître puis transformée en fenêtre beaucoup plus tard. Au cours du xix^e s., toutes les fenêtres sur rue du rez-de-chaussée de ce bâtiment sont reconstruites et une importante reprise de maçonnerie est également réalisée à l’extrémité ouest du second étage. L’angle SO des bâtiments du cloître, au-devant de la chapelle, est « rehaussé de deux étages, en poursuivant l´ordonnance des autres façades. Pour compenser cette perte de lumière, le mur-chevet de l’église, primitivement aveugle, est percé de trois baies ». Au cours de ce siècle, voire plus récemment, les fenêtres du premier étage de l’aile nord du cloître donnant sur la cour sont totalement reconstruites en briques, plus larges qu’elles ne l’étaient à l’origine et selon un rythme régulier calqué sur celles du second étage. Plusieurs campagnes de travaux sont également entreprises sur le mur de fond de la galerie nord afin d’en modifier les ouvertures. La galerie ouest semble avoir subi peu de changements. Seule une porte est aménagée à son extrémité nord lors de l’agrandissement de la conciergerie à laquelle elle donne accès. Le grand portail nord de l’Antiquaille était, durant la première moitié du xix^e s., en partie enduit. Ses armoiries sont redécouvertes en 1854, probablement à l’époque de sa restauration : son entablement et son tympan sont refaits en marbre, les chapiteaux des pilastres sont également reconstruits en marbre et ciment prompt et la clé de voûte est changée. Les principales modifications apportées à l’ancien couvent ont lieu en 1881 et 1882, avec la reconstruction complète « de la portion de l’aile orientale bordant le cloître, y compris le pavillon central, de l’aile sud jusqu’au devant du grand escalier et de l’escalier de l’aile nord » et, par conséquent, la disparition de la plupart des arcades antiques soutenant l’ancien logis de Pierre Sala. Enfin, à l’autre bout de la façade orientale des bâtiments de l’Antiquaille, la petite pièce située à l’angle SE du sous-sol inférieur de l’ancienne infirmerie du couvent est transformée dans le courant du xix^e s. en cage d’escalier afin de permettre un accès aux étages directement depuis l’extérieur. Toutes les fenêtres de la façade sud de ce corps de logis sont également modifiées au cours de cette période.