1L’ancien logis abbatial de l’abbaye de Nouaillé-Maupertuis, classé Monument historique, fait l’objet depuis le début de l’année 2008 de travaux de restauration et d’aménagements en vue de l’agrandissement de la mairie, accompagnés d’un suivi archéologique (étude de bâti et sondages). La partie du logis abbatial concernée se situe dans l’aile occidentale, orientée N-S. L’étude du bâti a permis de repérer de multiples phases de constructions/aménagements, dont les premières sont antérieures à l’abbatiat de Raoul du Fou (1468-1511) à qui était attribué l’ensemble du logis.

2Les deux maçonneries les plus anciennes ne sont pas calées chronologiquement entre elles, en raison de l’absence de relation stratigraphique (toutes deux situées entre le xii^e et le xv^e siècle). L’une d’entre elles correspond à l’enceinte de l’abbaye qui cerne tout le nord du site, sans aucune tour à l’origine. La seconde correspond au mur oriental d’un grand bâtiment N-S. Il possède une porte, ainsi que des petites baies (de type soupirail) aux deux niveaux conservés. Son implantation ainsi que les techniques de construction employées permettent de le rapprocher d’autres structures de l’abbaye, conservées ou trouvées en fouille, datables de la 2^e moitié du xii^e-début du xiii^e s. Bien que formant un édifice logé dans l’angle NO de l’enceinte, il peut être antérieur à celle-ci, qui l’aurait alors recoupé. Il s’agit d’un grand corps de bâtiment, faiblement éclairé, de 8 m de large (dans l’œuvre) sur plus de 20 m de long, sans mur de refend. On ne peut dire s’il s’agit d’un lieu de stockage ou d’un lieu d’accueil (grande salle d’une aumônerie ?).

3À partir du xv^e s., le bâtiment change nettement de fonction : mur de refend, comprenant une cheminée monumentale, baies percées dans les murs ouest et est (assurant un éclairage abondant), sont plus adéquates pour un bâtiment qui a désormais une vocation résidentielle (logis abbatial). Le premier niveau devient une cave semi-enterrée. La tour NO de l’enceinte semble avoir été construite à ce moment-là. Une 4^e phase, pouvant suivre très rapidement la 3^e, correspond aux travaux de l’abbé Raoul du Fou (fin xv^e-début xvi^e s.). Le bâtiment est surélevé d’un étage, surmonté par un niveau de combles. L’aile nord du logis (avec le porche et la tourelle d’escalier, portant les armes de l’abbé) est construite en même temps. On retrouve de grandes baies et des cheminées au 3^e niveau.

4À la fin du xvi^e s., le bâtiment est partiellement incendié (1569, pillage par les troupes protestantes de Coligny). Les deux sondages réalisés dans la cave ont permis de trouver les traces de cette ruine : planchers et carrelages calcinés ou non, « tombés » en fond de cave. La cave est alors entièrement remblayée et un 2^e mur de refend est construit au sud (fin du xvi^e-début du xvii^e s., phase 5). Une latrine en encorbellement est aménagée au-dessus des douves. Le type de charpente est vraisemblablement transformé à ce moment-là (toiture à faible pente). La 6^e phase correspond au réaménagement du bâtiment : percement de porte, réfection des cheminées (moins monumentales), réfection des baies, contreforts extérieurs (milieu xvii^e-xviii^e s.). Des cloisons en pans-de-bois sont ensuite ajoutées au 2^e niveau.

5Au xix^e s., la moitié orientale de l’ancienne cave est dégagée, un muret venant maintenir les remblais à l’ouest. Une porte y donne accès au sud, depuis la maison qui vient remplacer l’extrémité sud du logis abbatial, détruite. Les planchers sont tous transformés et les baies du mur oriental sont intégralement refaites. Le bâtiment abrite alors un four de boulanger, un café et une habitation à l’étage.

6L’opération doit s’achever par une fouille partielle de la cave et par un sondage réalisé du côté est, à l’extérieur du bâtiment, où la stratigraphie est plus conséquente.

Nouaillé-Maupertuis. Logis abbatial, état à la fin du xve-début du xvi^e s.

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