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Chronique des fouilles médiévales en France en 2008
III. – Constructions et habitats fortifiés
III 3. – Fouilles programmées

Dio-et-Valquières (Hérault). Castrum de Dio

Responsable d’opération : Franck Martin
Notice rédigée avec Isabelle Commandré
p. 275-276

Texte intégral

1Le château de Dio et son hameau castral, dont les premières mentions remontent au début du xiiie s., font actuellement l’objet d’une vaste campagne de restauration et de mise en valeur qui a débuté à la fin des années 1990. L’étude archéologique et historique de ce petit village implanté au cœur de l’Escandorgue, dans les hauts cantons héraultais, visait plus particulièrement trois objectifs. Il s’agissait en premier lieu de réaliser plusieurs sondages sur l’un des secteurs les moins bien connus, au SE du château, et désigné comme la basse cour, et d’autre part d’établir un examen complémentaire des premières études réalisées sur le bâti du hameau. Enfin, ce travail se voulait également enrichi d’une étude historique la plus complète possible.

2Les sondages ont révélé la présence, dans la cour, d’une importante stratigraphie – jusqu’à 4 m – qui est néanmoins le reflet d’une chronologie assez courte. Il apparaît en effet que cet espace ne présente que de très rares indices médiévaux, alors que la majorité des niveaux identifiés se rattachent à la période des xviie-xviiie s. Ce sont plus particulièrement les phases de reconstruction que connut le château, durant le premier tiers du xviie s., qui laissent quelques traces. Elles se manifestent par des niveaux de chantier successifs comprenant notamment plusieurs bacs à chaux et structures bâties. Le vestige le plus notable de cette restauration bien documentée, avec deux comptes rendus de visites d’experts rédigés en 1605 et en 1630, est un four de tuilier qui présente un remarquable état de conservation. Si le dégagement complet de la structure n’a pas pu être fait pour des raisons de sécurité, son étude a toutefois permis d’en proposer une restitution 3D. Chacun des espaces qui caractérisent cette construction massive, laboratoire, sole et chambre de chauffe, relève de modes de fonctionnement déjà connus par ailleurs, et pourtant encore très peu documentés dans notre région. Se substituant à l’achat et à la venue de tuiles produites en d’autres contrées, la présence de cette unité de production à Dio, entre 1605 et 1610, dénote un chantier d’envergure. Le remblaiement massif de la cour intervient sans doute très rapidement à l’issue des travaux, vers le milieu du xviie s., permettant ainsi d’ensevelir, et donc de conserver, les éléments constitutifs de ce chantier moderne.

3Outre ces vestiges, c’est également la topographie médiévale qui est à repenser. En effet, la présence de douves sèches avait été précédemment envisagée aux abords du château, dépourvu, a priori, d’atouts défensifs avec une surface plane, contrairement aux escarpements qui encadrent le reste de la fortification. Or, il apparaît désormais que ce secteur présentait également un flanquement abrupt qui, associé à un imposant glacis, devait sans nul doute constituer une protection non négligeable.

4Les relevés de bâti effectués sur le hameau ont suscité bien plus d’interrogations. On note en effet une large dichotomie entre les résultats mis en avant par les précédentes études, qui livraient la représentation classique d’un castrum largement peuplé par une communauté villageoise dense et ramassée au pied du château dès les xiie-xiiie s., et les témoignages architectoniques qui perdurent au sein de cette agglomération. D’après les analyses effectuées dans le cadre de cette campagne, il n’existe aucun élément, hormis un angle massif de bâtiment, qui puisse attester d’une telle installation au sein de cet espace. La question de la nature et de la fonction de cette construction qui pourrait remonter aux xiiie-xive s. se pose. Le faible nombre d’indices architectoniques réunis exclut un simple habitat vernaculaire. Il convient également d’aborder la question du peuplement dans le hameau durant l’époque féodale. Au regard de l’archéologie du bâti, la morphologie actuelle de l’agglomération reflète les occupations xviie-xixe s. L’extension de l’habitat extra-muros et l’occupation pleine et dense du hameau castral paraît donc tardive.

5L’étude historique, réalisée volontairement à la suite des investigations de terrain, avait vocation à apporter, par l’éclairage des actes, quelques éléments de réponse quant à l’absence d’occupation féodale constatée par l’archéologie. Il ressort de l’analyse des textes que les données concernant Dio et son territoire durant les xiiie-xvie s. sont plus que laconiques et font état d’un maillage de peuplement assez lâche. Le castrum, s’il représente incontestablement une entité juridique, n’engendre pas pour autant un regroupement de population dès sa mise en place, pas plus que l’église Saint-Étienne, implantée pourtant dès le xe s. Les périodes des xviie-xviiie s. sont en revanche bien mieux documentées, notamment par un compoix daté de 1658, et montrent une véritable agglomération à proximité du château. Le reliquat de bâti médiéval apparaît dès lors comme une structure isolée, à relier plus certainement à la forteresse qu’à l’habitat vernaculaire. Il faudra attendre le Grand Siècle pour voir un village, dans l’acception classique du terme, sous les remparts de l’ancienne demeure seigneuriale. Les chantiers de restauration durant le premier tiers du xviie s. pourraient donc annoncer un renouveau pour l’ensemble du territoire, impliquant une redéfinition des modes d’habitats.

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Pour citer cet article

Référence papier

Franck Martin et Isabelle Commandré, « Dio-et-Valquières (Hérault). Castrum de Dio »Archéologie médiévale, 39 | 2009, 275-276.

Référence électronique

Franck Martin, Isabelle Commandré, « Dio-et-Valquières (Hérault). Castrum de Dio » [notice archéologique], Archéologie médiévale [En ligne], 39 | 2009, mis en ligne le 08 mars 2019, consulté le 10 novembre 2024. URL : http://journals.openedition.org/archeomed/20254 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeomed.20254

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Auteurs

Franck Martin

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Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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