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Chronique des fouilles médiévales en France en 2008
III. – Constructions et habitats fortifiés
III 4. – Prospections

Serra-di-Scopamène et Sorbollano (Corse-du-Sud). La fortification médiévale de Cuciurpula

Responsable d’opération : Kewin Pêche-Quilichini
Notice rédigée avec Émilie Tomas
p. 296-297

Entrées d’index

Année de l'opération :

2008

Numéro d’opération :

8991

Nature de l'opération :

prospection archéologique
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Texte intégral

1La prospection thématique menée en 2008 sur le vaste site de Cuciurpula, dans la partie montagneuse du sud de la Corse, a surtout concerné la documentation d’un village du premier âge du fer organisé en terrasses sur le versant sud du massif. Elle a également consisté à produire de l’information sur l’occupation castrale médiévale qui coiffe le sommet de la Punta di Cuciurpula. Nous présenterons ici les principaux résultats de cette étude.

2Connu depuis longtemps des historiens, le castrum de Cuciurpula occupe la terrasse rocheuse sommitale du massif et bénéficie ainsi du meilleur point de vue de la région, en situation de co-visibilité avec d’autres sites du même type appartenant à la seigneurie de la Rocca, comme celui de Casteddare. Trois bâtiments y sont observables et le plan général est assez lâche pour un établissement castral. Leur destruction est presque totale. Aucune autre structure médiévale n’a été repérée. Le bâtiment A est une citerne conservée sur quelques pans et reconnaissable grâce à la conservation de l’un des angles qui porte encore l’épaisse couche d’enduit caractéristique de ce type de structure. Installé sur le sommet, le bâtiment B semble constituer le soubassement d’une petite tour trapézoïdale (2,80 m sur 2,5 m) élevée au moyen de petits blocs taillés et placés en assises régulières avec mortier de chaux. Bien que cette structure soit en mauvais état de conservation, l’analyse du bâti met en évidence un remaniement architectural probablement causé par la réoccupation du site au xxe s., caractérisé par l’emploi de petits blocs irréguliers liés au mortier. L’élévation est conservée sur une hauteur de 0,20 à 0,90 m. Les deux premières assises du mur oriental sont constituées de blocs réguliers de granit (d’en moyenne 0,30 m sur 0,20 m), liés au mortier de chaux. Ces assises reposent sur le substrat rocheux et aucune fondation n’est visible. L’état de conservation ne permet pas de documenter l’existence de fenêtres et de portes. L’épaisseur des murs est impossible à estimer. L’espace interne devait être particulièrement réduit (2 m²) confortant l’hypothèse d’un étage en bois. Deux points géodésiques implantés sur et à côté de cet édifice cotent 1164 m NGF. Le bâtiment C, situé en contrebas au sud de la structure B et fortement dégradé, est de plan rectangulaire, amputé de son angle oriental. Seul un mur est conservé sur une seule assise. Il est constitué de petits blocs dégrossis liés au mortier et a une épaisseur moyenne de 0,80 m. Les autres murs sont restitués d’après les traces de ciment visibles sur le sol et la présence de quelques pierres issues des arases. Cette structure semble s’appuyer en plusieurs endroits sur de gros blocs issus du substrat. La technique de construction est identique à celle utilisée pour la structure B : emploi de blocs irréguliers de granit, liés au mortier de chaux. L’épaisseur des murs est d’environ 0,75 m. Les niveaux de fondation n’ont pas été repérés. Aucune ouverture n’a été remarquée. Sous la fortification médiévale, vers le NE, des agencements plus grossiers signalent une occupation protohistorique de la zone sommitale.

3À l’occasion de l’étude architecturale, du mobilier archéologique de surface a été découvert ; il s’agit essentiellement de tessons d’une vaisselle importée de type majolique archaïque et d’une production céramique locale modelée. Cette dernière a pour matrice une pâte non amiantée très friable constituée dans une terre argilo-quartzeuse avec différentes inclusions. Il s’agit donc d’une céramique à pâte grossière, dépourvue de décor et ne présentant aucun souci esthétique. Deux formes ont été reconnues. La première appartient à la catégorie des olle, ou marmites à bord déversé, fréquents jusqu’au xive s. La seconde est une conca, forme qui apparaît dans les contextes du xve s. Le lot de céramique importée est essentiellement constitué de majoliques archaïques, témoignant d’échanges privilégiés avec l’Italie centro-occidentale. Le répertoire typologique se compose de fragments de cruches munies d’une anse verticale et d’un bec pincé, mais également de bols hémisphériques assez profonds, aux parois peu évasées montées sur un pied annulaire. Ces vestiges sont attribuables aux xive-xve s. Une rondelle de bronze, deux clous (en fer) à tête discoïdale et section carrée et un fragment de tige de fer torsadée proviennent également du secteur sommital. Ces éléments n’offrent aucune information chronologique véritablement pertinente à cause de leur caractère ubiquiste. L’essentiel du mobilier superficiel prélevé sur le secteur sommital se rattache à l’occupation protohistorique de la zone. Il faut aussi signaler la découverte d’une armature perçante et pédonculée taillée dans une rhyolite zonée assez caractéristique des contextes insulaires du iiie millénaire.

4La première mention écrite de Cuciurpula date de 1392 avec l’arrivée en Corse de Battista Zoagli. C’est à ce moment qu’il prend Cinarca, Pipilla, Orese, Ornano, Orbinschini, Bozio, Londa, Istria, Vistrilo, la Rocha, Areccio, Cierurpula, Salese, Baracini et enfin Geneparo. L’autre mention du site date de 1426, lorsque le comte Vincentello assiège le château de Cugurpula ou Cochipurla, possession de la maison de la Rocca, malgré une courageuse défense d’Orlando et d’Antone. Peu après, ce fut le tour de Baricini de tomber. On sait par ailleurs que le château a été occupé au moins jusqu’au début du xvie s., comme le montre la correspondance de Renuccio della Rocca signée à Cociorpola et datée du 14 septembre 1502. Si l’architecture de cet édifice castral est trop mal connue pour offrir des indications, le mobilier superficiel trahit une occupation datée entre le xive et la fin du xve s. Les sources semblent confirmer cette chronologie et la précisent : le site est au moins occupé et structuré depuis le dernier quart du xive s. et ce, jusqu’au premier quart du xvie s. (1392-1502), soit durant un peu plus d’un siècle.

Serra-di-Scopamène et Sorbollano. La fortification médiévale de Cuciurpula.

Serra-di-Scopamène et Sorbollano. La fortification médiévale de Cuciurpula.

Relevé D. Bilardi

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Table des illustrations

Titre Serra-di-Scopamène et Sorbollano. La fortification médiévale de Cuciurpula.
Crédits Relevé D. Bilardi
URL http://journals.openedition.org/archeomed/docannexe/image/20442/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 397k
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Pour citer cet article

Référence papier

Kewin Pêche-Quilichini et Émilie Tomas, « Serra-di-Scopamène et Sorbollano (Corse-du-Sud). La fortification médiévale de Cuciurpula »Archéologie médiévale, 39 | 2009, 296-297.

Référence électronique

Kewin Pêche-Quilichini, Émilie Tomas, « Serra-di-Scopamène et Sorbollano (Corse-du-Sud). La fortification médiévale de Cuciurpula » [notice archéologique], Archéologie médiévale [En ligne], 39 | 2009, mis en ligne le 08 mars 2019, consulté le 15 juillet 2025. URL : http://journals.openedition.org/archeomed/20442 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeomed.20442

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Auteurs

Kewin Pêche-Quilichini

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Kewin Pêche-Quilichini

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CC-BY-NC-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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