Fraïsse-sur-Agout (Hérault). Verrerie du Bureau

1L’atelier de verrier du Bureau se trouve en bordure méridionale de la Montagne Noire (Hérault et Tarn) et figure parmi les nombreuses officines de la région, dont les plus anciennes auraient été implantées dès le xv^e s. Le site est connu depuis plus d’un siècle ; Saint-Quirin précise en effet dans son ouvrage : « Le 11 mars 1660, Laurent Bas, gentilhomme, […] obtient du prince de Conti le changement de cette mouline en une verrière à faire toute sorte d’ouvrage de verre ». Cet atelier semble donc avoir fonctionné durant la deuxième moitié du xvii^e s. et n’avoir connu qu’une existence relativement éphémère. Il présente une organisation topographique générale bipartite : un noyau de bâtiments dévolus à l’habitat, situé au nord (le hameau de la Forest), et l’atelier de verrier proprement dit, au sud, avec une grande halle et deux fours : un grand four de fusion et un four à fritte.

2La campagne de fouilles a permis le dégagement du four de fusion, au cœur de la halle, d’un four à fritte, en bordure est du site, et l’étude d’une partie des habitats. Les vestiges du four de fusion étaient en très mauvais état de conservation à la suite de multiples incursions clandestines et de travaux forestiers non maîtrisés. Toutefois, les éléments restants ont permis de saisir la nature et le fonctionnement de cette structure de chauffe : un plan, connu par ailleurs sur d’autres sites de la région, présentant une partie alandier et une partie cendrier. Le four à fritte, éloigné de la halle, n’avait encore jamais été approché depuis l’abandon de l’atelier. Son état de conservation est remarquable. Ce type de structure, encore largement méconnu, figurant les premières étapes de la chaîne de production du verre, est le deuxième observé dans la région, avec celui de Candesoubre (Tarn). Enfin, l’étude des élévations de l’habitat atteste d’une dégradation massive et récente. Subsistent encore quelques murs qui ont fait l’objet de relevés, confirmant qu’en parallèle à la production de verre, une activité agricole existait également.

3Quelques premiers jalons ont pu être posés sur la nature des productions de la verrerie même si le matériel est très fragmenté. Toutefois, il a été possible à l’issue de la première étude du matériel de verre d’établir de larges parallèles avec les productions connues de la Montagne Noire. Bien qu’implantée sur ses marges méridionales, la verrerie du Bureau met en œuvre, à l’instar des ateliers de Peyremoutou, Candesoubre ou de Catalo, une majorité de verre à tiges, des vases à liquide de type « mesures languedociennes », bouteilles ou bien petites fioles et des perles. Si cette officine ne semble pas faire montre d’une originalité particulière, de nombreux indices, tels que de fines baguettes décorées ou bien certaines petites anses, attestent toutefois d’un savoir-faire élaboré, une partie du vaisselier étant vraisemblablement destiné à des marchés privilégiés.

Haut de page

Pour citer cet article

Référence papier

Isabelle Commandré et Franck Martin, « Fraïsse-sur-Agout (Hérault). Verrerie du Bureau », Archéologie médiévale, 39 | 2009, 332.

Référence électronique

Isabelle Commandré, Franck Martin, « Fraïsse-sur-Agout (Hérault). Verrerie du Bureau » [notice archéologique], Archéologie médiévale [En ligne], 39 | 2009, mis en ligne le 08 mars 2019, consulté le 06 octobre 2024. URL : http://journals.openedition.org/archeomed/20831 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeomed.20831

Haut de page