1Une opération de fouilles préventives, sur une surface de 4 ha, a révélé un site occupé à partir du i^er s. de notre ère par des installations agricoles.

2Un premier établissement se développe et se transforme jusqu’au iv^e s. Autour et à l’intérieur d’une vaste cour de 5 000 m², la ferme est composée d’un bâtiment principal aux fondations en pierre auquel s’ajoutent des bâtiments annexes construits sur des poteaux en bois et, pour le stockage, des greniers surélevés et des caves maçonnées. Des fossés drainants acheminent les eaux de pluie vers des mares utilisées comme réserves.

3La ferme gallo-romaine est abandonnée à la fin du iv^e s. au profit d’un bâtiment sur poteaux en bois et de quinze cabanes. Ces constructions, qui perdurent jusqu’au milieu du vi^e s., sont érigées à proximité d’un enclos. La plupart des cabanes, d’une surface de 2 à 15 m², sont soutenues par quatre poteaux d’angle. D’autres possèdent seulement deux poteaux latéraux, certaines, plus complexes, six ou huit. Sept des quinze fours du site se trouvent à proximité de cet habitat et utilisent opportunément l’emplacement d’un fossé gallo-romain. Ils sont tous constitués d’une chambre de chauffe circulaire ou ovalaire et d’une fosse servant d’aire de chauffe. Les chambres de chauffe sont partiellement ou entièrement enterrées dans le limon. Ces fours domestiques sont sans doute destinés à une utilisation collective et intensive, telle la cuisson du pain.

4Le faciès des céramiques liées à cette occupation montre une grande homogénéité dans les catégories et les formes observées. Il s’agit essentiellement de coupes biconiques et de pots à pâte granuleuse. Signalons aussi quelques céramiques non tournées de tradition germanique qui pourraient témoigner de la présence probablement courte d’une population exogène.

5Quatorze sépultures, disposées en trois rangées parallèles, de direction NO-SE, composent une petite nécropole à l’est du site d’habitat. Les individus, adultes et enfants, sont allongés sur le dos, probablement dans des coffres en bois. Cinq d’entre eux sont déposés dans leur tombe avec leurs bijoux et leurs armes : un enfant portant deux boucles d’oreilles en alliage cuivreux, un homme adulte inhumé avec un scramasaxe et des garnitures de ceinture damasquinées, un adulte inhumé avec un scramasaxe et une plaque boucle damasquinée allongée à cinq rivets, une contre-plaque et trois appliques, un individu adulte avec plaque boucle et contre-plaque et un objet indéterminé, un adulte jeune avec une étonnante plaque-boucle et contre-plaque avec placage d’argent et âme probablement en étain et plomb. Ces tombes datent du vii^e s.

Gellainville. Le Radray, fond de cabane à quatre poteaux corniers réutilisé pour l’installation d’un four.

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Cl. Jérémie Viret, Service archéologie de la ville de Chartres