1Cette fouille a permis d’étudier deux zones distantes de 200 m environ, témoignant d’un site présentant plusieurs phases d’occupation. Après une fréquentation (à proximité immédiate) lors de la période du Paléolithique moyen ou supérieur, il connaît une nouvelle occupation au bronze final, qui n’est toutefois illustrée que par deux fosses dans le sud de la zone fouillée. Le comblement de l’une d’elles indique, à proximité immédiate, un habitat.

2Le site n’est ensuite réoccupé qu’au Moyen Âge classique. L’occupation médiévale (plein et bas Moyen Âge) est illustrée, dans les deux secteurs étudiés (6 500 m² décapés), par 200 structures en creux, les seules conservées partiellement, au nombre desquelles 107 trous de poteau, 96 grandes fosses et fosses à fonction indéterminée, deux structures excavées interprétables comme des fonds de silo, ainsi que par une dizaine de structures linéaires témoins du parcellaire ou vestiges de voirie. Cette occupation, relativement lâche dans la zone sud, se densifie au nord, dans le second secteur. Ce dernier a livré à peu près le même nombre de structures que le secteur 1 dont la surface décapée est pourtant près de quatre fois supérieure.

3Dans un contexte de peuplement déjà bien structuré, il s’agit sans doute ici de l’annexion de nouveaux terrains, dans le cadre de l’expansion économique des xii^e-xiii^e s. Les témoins en sont des fosses d’extraction ou des structures de combustion situées aux marges d’un habitat contemporain, à vocation agricole, ce dont témoignent aussi des enfouissements de bovins.

4Le bas Moyen Âge (fin du xiv^e-début du xv^e s.) est le mieux représenté avec une densité de structures plus importante et l’implantation sur le site même d’un ou plusieurs bâtiments utilisant la pierre. Les autres structures (fosses et trous de poteau) sont excavées et suggèrent des installations annexes d’une exploitation rurale où les bovins occupent toujours une place, puisque se perpétue la tradition d’enterrer ces animaux dans le même secteur nord que lors de la période précédente. Le mobilier recueilli dans les comblements indique encore la proximité de l’habitat, ainsi que des échanges économiques, avec la présence de deux monnaies du xiv^e s.

5Au début de la période moderne (xvi^e-xvii^e s.), les activités humaines ne sont plus illustrées sur le site que par la perpétuation de la coutume d’enterrer des bovins élevés dans les fermes voisines. Ensuite, jusqu’à nos jours, le secteur est abandonné et sans doute mis en culture.

6Cette fouille met en évidence la large utilisation de matériaux périssables et de structures excavées, au moins dans la construction des annexes d’une exploitation rurale, jusqu’à une période avancée du Moyen Âge. L’occupation d’espaces intercalaires, probablement conquis sur des terres plus ingrates, témoigne sans doute de l’évolution provisoire d’un hameau pendant une conjoncture favorable. Cette évolution correspond peut-être à l’expansion d’une exploitation préexistante, au sein d’un terroir probablement bien structuré depuis le xi^e s.