1L’habitat médiéval est localisé en bas de pente, sur une ancienne terrasse du lit de la Seine, située à une centaine de mètres au nord. L’occupation est constituée de cinq noyaux disséminés sur deux sites : le site 6, d’une superficie d’1,6 ha (RO : Vincent Marchaisseau), est le plus dense avec 400 structures de cette période ; le site 5 (RO : Sandrine Fournand) comprend un unique noyau d’habitat (superficie estimée : 0,5 ha). Ces noyaux regroupent systématiquement bâtiments sur poteaux, cabanes excavées (parfois groupées par paire), fours domestiques et fosses diverses. Les silos sont parfois groupés en une aire spécialement dévolue au stockage.

2Sur les onze bâtiments fouillés, la plupart sont de plan rectangulaire à nef unique, d’environ 8 à 10 m de long sur 5 de large. Seuls trois édifices font exception : le premier comprend deux nefs et un porche ; un bâtiment est de construction mixte : murs ou fondations en pierres avec deux retours d’angle côté est, murs gouttereaux et pignon occidental en bois et torchis ; le dernier (site 5) se distingue par sa superficie de 192 m² (18 x 10,70 m), matérialisé par des poteaux d’un fort diamètre dont le négatif a été conservé. Une maison excavée de 7 m de long sur 3,30 m, comprenant des trous de poteau assez imposants dans son quart NO, puis des pierres posées à plat ainsi que des trous de piquet dans la moitié SE, a également été reconnue. À proximité, une cabane excavée et des silos contenaient un mobilier important et homogène de prime abord ; la première moitié du xi^e s. peut être retenue. Les fonds de cabane sont de plan quadrangulaire aux angles arrondis ; leurs dimensions moyennes se situent autour de 2,80 x 2,40 m. Quatre exemplaires comprennent deux poteaux médians ; les autres présentent une file de cinq ou six poteaux dans leur axe longitudinal.

3En liaison avec les structures d’habitat, un four appareillé d’1,60 m de diamètre, rubéfié sur 30 cm de profondeur, se trouve entre deux bâtiments sur poteaux. Sa destination reste inconnue. Le site ne contenait que deux puits ; l’un d’eux renfermait notamment un jeune bovidé en connexion qui permettra de dater la phase d’abandon par ¹⁴C.

4L’ensemble de ces structures a livré un mobilier abondant. La céramique est principalement représentée par de nombreuses oules et quelques pichets, certains à décor de molettes ou de flammules rougeâtres ; plusieurs couteaux, pointes de flèches, crochets, éléments d’applique composent le mobilier métallique. Des objets en os ont également été découverts (poinçons de tisserand, tabletterie…). La faune est caractéristique des habitats du haut Moyen Âge : bœufs, porcs et caprins essentiellement, ainsi que quelques espèces sauvages (canards, oies…).

5Trois éléments plus tardifs, mais dont la chronologie exacte reste à définir, sont à signaler. Il s’agit d’un grand fossé orienté N-S, reliant probablement l’ancienne voie romaine et la Seine ; mentionné dans les sources à la fin du xv^e s., il recoupe quelques fosses des x^e-xi^e s. Un chemin, bordé d’un fossé au sud, se dirige vers le village de Pont-sur-Seine ; une ornière a livré un denier des xiii^e-xiv^e s. Enfin, un mur en pierre sèche, conservé sur une seule assise, se poursuivait hors de l’emprise de la fouille. Il pourrait être lié à une pièce d’eau : un texte de 1254 mentionne en effet la construction d’un moulin et d’un étang à La Gravière.