1En sous-bois, la plateforme artificielle complexe et ses fossés signalent la « haie de Nangis », renforcée par des fortifications, frontière féodale du comté de Champagne du xi^e au xiii^e s. Le lieu se distingue toujours très nettement dans un paysage aujourd’hui ouvert. Il s’agissait d’en faire la topographie pour appréhender de manière plus complète la morphologie du site rural. L’intervention capitale consistait à effectuer un relevé topographique en vue de la création d’un modèle numérique de terrain. L’acquisition a permis de remplir l’objectif à raison d’un canevas polygonal et d’un levé de détail. Dans certaines zones, la limite de l’acquisition a été imposée par le couvert végétal encore trop dense. Parallèlement à ces recherches de terrain, un inventaire complet des collections médiévales a été effectué pour garantir commodément l’accessibilité au mobilier pour étude. Le dernier objectif était la réalisation d’une étude documentaire liminaire en lien avec le site. Les archives privées communiquées sont riches et variées : documents d’arpentage, plans, procès-verbaux de visite, etc. L’histoire du site est aussi connue par les sources écrites de l’abbaye cistercienne de Notre-Dame de Jouy (Chenoise, Seine-et-Marne). Cette dernière possédait des terres à Gastins, en la grange de Monthiboust.

2La production d’une référence cartographique historique précise à l’échelle du parcellaire a été réalisée pour la spatialisation des faits et des voies aux premiers aménagements de l’espace rural. Il s’agit d’une aide à la compréhension des pratiques agricoles et forestières aux époques moderne et contemporaine.

3La superficie totale de la zone circonscrite par le fossé est de 3 177 m² sans la plateforme. Il est constitué de 6 tronçons principaux, pour une distance cumulée de 315 mètres. Le profil commun du fossé est en « U » ouvert à bords obliques et fond plat. La profondeur visible est de 2 m pour une largeur de 9,3 m à 11,5 m. Dans l’organisation interne du site, on ne peut distinguer ni avant-corps ni basse cour mais il existe les traces d’un possible franchissement des fossés à l’est. Il serait marqué par une série de blocs de grès équarris ancrée dans le fossé. Il témoignerait de l’existence d’un aménagement, escarpe maçonnée ou ouvrage fortifié dans le talus intérieur ou glacis. La partie centrale est constituée d’une plateforme pentagonale plate recouverte d’une épaisse végétation de formation ancienne, de 80 mètres de long pour 67 m de largeur moyenne et une hauteur conservée de 2 m. Le sol intérieur est au même niveau que celui alentour. La superficie est de 4 147 m² sans les fossés. L’utilisation de la tuile est attestée sur la plateforme. Le site est muni d’un puits identifié au sud. Il mesure 2 m de diamètre à l’ouverture et atteint plus de 7 m de profondeur. Creusé dans le substrat, il s’interrompt à la rencontre de l’argile verte et de la nappe phréatique. Il est comblé par 12 niveaux hétérogènes qui témoignent de son utilisation sur un temps long. Le fond du puits a livré de la céramique attribuable au xv^e s., un seau et une marmite archéologiquement complets.

4La définition du cadre chronologique est liée aux premières observations typologiques. Elles sont contemporaines de la guerre de Cent Ans. La fortification est qualifiée dans l’historiographie comme une motte d’origine médiévale. Un examen morphologique a rendu cette hypothèse approximative. L’organisation générale semble être une plateforme pentagonale surélevée entourée d’un fossé avec des indices de constructions et un puits. Résidence fortifiée, fortification, abri temporaire ou établissement agricole protégé, l’enceinte robuste sise dans le plat-pays a été conçue pour résister. Il s’agira de mettre en œuvre un relevé final en 2019.

Gastins, bois du Thiboust, ensemble mobilier archéologique du puits, objet métallique, céramiques.

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Cl. V. Apruzzese, ARBR