1La réalisation de trois sondages au cours de l’été 2018 sur le site de Châtillon La Roche a révélé l’existence d’un habitat gallo-romain du Haut-Empire, prolongé au moins durant l’Antiquité tardive et le haut Moyen Âge. Six grands états d’occupation ont pu être identifiés.

2Les deux premiers, caractérisés par l’implantation de bâtiments ou ensemble de bâtiments, ont été fortement arasés par la reconstruction de l’établissement à la fin du ii^e ou au début du iii^e s. Ces bâtis correspondent aux pars urbana et rustica d’une probable villa domaniale. Au sein du bâtiment central, deux pièces ont pu être identifiées (praefurnium et hypocauste). Au SE, l’exploration d’une pièce à l’aménagement intérieur rudimentaire, intégrée au corps de bâtiment latéral, a confirmé l’existence d’un espace voué aux activités agricoles ou serviles. Au nord, perpendiculairement au bâtiment central, se développe un long édifice compartimenté, dont la vocation thermale est envisagée.

3Au cours de l’état suivant, les bâtiments sont réinvestis. Les vestiges de l’occupation sont représentés par des sols de terre battue, des négatifs de structures porteuses et du mobilier permettant de proposer une datation entre la fin du iv^e et le vi^e s.

4Enfin, après une probable période de désertion du site d’habitat, une activité funéraire est attestée pour la période suivante (vi^e–vii^e s. d’après le contexte céramologique, à confirmer toutefois par une datation ¹⁴C). Matérialisée par la découverte de deux sépultures éloignées d’une quarantaine de mètres, elle pourrait présager l’existence d’une aire d’inhumation plus vaste. La sépulture primaire mise au jour dans le premier sondage, étudiée dans son intégralité, est une inhumation double. La tombe accueille un homme et une femme adultes déposés simultanément au sein d’une fosse pour laquelle aucun aménagement spécifique n’a été reconnu. La femme est décédée à plus de 20 ans et l’homme après ses 30 ans. Ce dernier était probablement habillé, ou au moins muni d’une ceinture, comme en témoignent les indices taphonomiques ainsi que la boucle mise au jour au niveau du bassin. L’orientation des corps répond à la fois à une norme chrétienne (tête à l’ouest, pieds à l’est) et à un alignement intentionnel le long d’un mur mitoyen dont nous ignorons la fonction. Mise au jour en contexte stratigraphique équivalent, la seconde sépulture, partiellement située en limite de sondage, n’a pas été fouillée. Les interventions archéologiques envisagées pour les années à venir devront s’attacher à éclaircir la problématique anthropologique du site.

Châtillon d’Azergues, la sépulture double SP 05–36.

Agrandir Original (jpeg, 994k)

Cl. R. Guichon