1L’étude archéologique des lieux d’exécutions se développe depuis plusieurs années en Europe et des études à l’échelle régionale ont déjà pu être menées par de nombreux universitaires et chercheurs étrangers. Le colloque international organisé à Bordeaux en février 2017 par M. Vivas et intitulé (Re)lecture archéologique de la justice en Europe médiévale et moderne, a participé à l’amorce d’une réflexion sur les lieux de justice en pays de Gavot.

2La problématique de recherche était double et portait, dans un premier temps, sur l’identification des sites d’exécutions au sein du pays de Gavot et de ses seize communes actuelles au travers de recherches d’archives. La consultation de l’abondante documentation archivistique et bibliographique concernant la région ciblée par Sidonie Bochaton (doctorante à l’UMR 5138 ArAr) en amont de l’étude a permis un regroupement préalable d’informations à propos de ces lieux d’exécution de la justice. En août 2018, ces recherches ont été approfondies par la visite des dépôts des archives cantonales vaudoises (Lausanne, Suisse), des archives départementales de la Haute-Savoie et de celles du château de Menthon. La consultation de ces données a abouti à l’identification de douze sites qui pouvaient constituer l’objet de prospections pédestres. Afin d’affiner et de préparer au mieux les recherches de terrain, les cartes actuelles ont été consultées afin d’écarter les sites pour lesquels les constructions contemporaines auraient pu masquer les éventuelles traces archéologiques. Leurs comparaisons avec les cartes anciennes ont également permis de repérer les limites de territoires, zones de prédilections pour l’installation de fourches patibulaires et d’affiner ainsi les zones à prospecter.

3Les sites sélectionnés ont donc fait l’objet de prospections pédestres en octobre 2018 au sein des communes du Bouveret (Suisse), de Chevenoz/Vinzier, Meillerie, Novel, Publier, Saint-Gingolph, Saint-Paul-en-Chablais et Larringes. L’aide de bénévoles rencontrés dans le cadre d’un diagnostic du patrimoine réalisé par Sidonie Bochaton a été un atout précieux pour l’identification des sites sur le terrain. Deux piliers déplacés observés près de la bordure du lac Léman au Bouveret, ainsi qu’un pilier en pierre réutilisé dans un muret du centre-ville de Saint-Gingolph portant la date de 1708, constituent les seuls vestiges matériels repérés au cours de ces prospections. Une borne marquant la limite territoriale du village de Champanges a également pu être observée grâce aux indications de Laurent Bermann, ouvrant ainsi une nouvelle piste de recherche.

4Malgré l’absence de traces matérielles, le repérage de terrain s’est avéré très intéressant quant à l’importance de la topographie pour l’installation des dispositifs d’exécutions. En effet, les limites entre les communes ont été parfois clairement identifiées comme cela a été le cas pour le site de Novel. Un amas de pierres a été observé à l’angle même formé par un petit cours d’eau marquant la limite de la commune avec celle de Saint-Gingolph et le chemin actuel du GR20, autrefois seule route reliant les deux localités. De même, aucune trace de vestiges n’a été vue à la limite de Saint-Paul-en-Chablais, Larringes et Neuvecelle, mais une surélévation nette du terrain sur la zone de la seconde commune nous amène très clairement à penser que les fourches patibulaires mentionnées dans les archives ont pu être érigées à cet emplacement. Le traitement des données récoltées durant ces prospections est encore en cours et fera l’objet d’un rapport prochainement rendu. La réflexion sur les lieux de justice se poursuit donc et sera possiblement étoffée par de nouvelles prospections.

Pays de Gavot, lieux d’exécution en Pays de Gavot, vue d’ensemble de deux piliers observés dans la commune du Bouveret (Suisse).

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Cl. A. Gaillard