1La mise en œuvre d’une rampe d’accès au cloître de l’abbaye du Bec-Hellouin – fondée au xi^e s. – est à l’origine de la fouille archéologique préventive menée en juillet 2018 afin d’étudier une partie de l’ancienne salle du chapitre, construite en 1141, réduite en 1750 d’une travée côté ouest, et détruite en 1816 après que ses tombes aient été pillées. L’opération a permis l’identification d’un minimum de dix sépultures médiévales dans l’emprise du projet (sarcophage monolithe, coffrages de pierres à logettes céphaliques, fosse plâtrée [?]…) et la fouille de sept d’entre elles, pour partie perturbées par les travaux de 1750 ou par les pillages mentionnés ci-dessus. La confrontation de la documentation archéologique et des archives écrites et iconographiques autoriserait l’identification plausible des sépultures de quelques abbés et probablement d’une bienfaitrice de la noblesse locale (quelques seigneurs du Neubourg des xiii^e et xiv^e s. et certaines de leurs proches furent inhumés dans cet édifice prestigieux).

2La fouille a également livré les restes d’un panneau de carreaux de pavement, affaissé, attribuable au xv^e ou xvi^e s., ainsi que ceux d’un autre, plus vaste, composé de carreaux médiévaux, monochromes ou estampés bicolores, remployés pour composer le sol de la salle réduite en longueur au milieu du xviii^e s. La dépose de ces panneaux s’est accompagnée de la collecte de nombreux cassons d’autres carreaux de pavement estampés bicolores, noyés dans les remblais des travaux et des pillages.

3Une infime partie du mobilier funéraire a pu être collectée en dépit de la disparition massive des matériaux organiques et des pillages anciens : un fragment de vêtement brodé ; quelques morceaux de semelles de chaussures en feutre ; de nombreux et très fins rubans en or initialement enroulés autour de fibres textiles disparues ; l’extrémité d’un crosseron en alliage cuivreux doré. Enfin, les remblais déversés par les pillards dans le sarcophage d’un abbé contenaient une grande partie des fragments de la pierre tombale de l’abbé Guillaume II Le Petit († 1211, inhumé hors emprise de la fouille) ; la pierre a été sculptée en relief dans du marbre de Purbeck (Angleterre, identifié par Dominique Beneult) et gravée de l’inscription (abrégée) « Alter Willelmus jacet hic abbas duodenus ». Cette pierre tombale apparaît sur le plan des sépultures des abbés du Bec dessiné au xvii^e s. et conservé à la Bibliothèque nationale de France.

Le Bec-Hellouin (Eure), Abbaye Notre-Dame du Bec, panneau de carreaux de pavement affaissé, xv^e-xvi^e s.

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Cl. G. Deshayes