1Lors des prospections thématiques annuelles de l’été 2018, nous avons été alertés de la probable existence d’un chaland monoxyle, découvert dans les rives d’Angoumé, en bordure de l’Adour.

2Une sole d’embarcation reposait à angle droit, enchâssée dans la rive sous un épais couvert de sédiments fluviatiles. Le relevé d’architecture s’est déroulé dans des conditions idéales de hauteur d’eau.

3La longueur conservée du chaland est de 2,60 m pour une largeur maximale conservée de 68 cm. Ce vestige d’embarcation est en chêne et l’on peut imaginer qu’elle pouvait mesurer 5 à 6 m de plus (longueur moyenne de ce type d’embarcation fluviale découvert dans l’Adour).

4Le renfort latéral taillé dans la masse présente un aspect dégradé avec plusieurs manques. Il passe d’une hauteur de 3,8 à 6,1 cm pour une longueur conservée de 32 cm. Sa largeur oscille entre 11,6 et 11,9 cm. On peut y noter la présence de traces d’outils, telle qu’une hache ou une herminette.

5Le flanc conservé monte à angle droit sur une hauteur maximale de 37 cm. Le bouchain présente un angle de 90°. Un second flanc embryonnaire lui fait face. Une levée très marquée par rapport au niveau du sol à 15°, indique une extrémité de l’embarcation, mais à ce stade de l’analyse et au regard de l’état de l’embarcation, il nous paraît difficile d’identifier une proue ou une poupe. Cependant, l’épaisseur de coque au niveau de cette levée avoisine les 15 cm alors que l’épaisseur moyenne de la coque est comprise entre 2,5 et 3 cm.

6Un certain nombre de perforations manuelles ont pu être notées sur les vestiges de l’embarcation. Trois pourraient correspondre à des trous de jauge (destinés à contrôler l’épaisseur de la coque à sa conception lors de son évidement). Un couple de trous est positionné à l’amorce du flanc embryonnaire, mais ces derniers se révèlent fortement dégradés par le milieu de conservation. Ils ne sont pas cependant les vestiges manquants des nœuds de l’arbre.

7Bien qu’incomplet, ce chaland monoxyle n’en demeure pas moins une précieuse source d’information permettant de compléter le corpus de ce type d’embarcation monoxyle. Ces dernières années, plusieurs découvertes sont venues alimenter le corpus, notamment dans la région du Bas Adour (aval et amont de Dax).

8Ces chalands étaient utilisés pour la pêche, pour le déplacement et notamment pour traverser d’une rive à l’autre (fonction de bac) et pour le port de charges légères.

9Il demeure délicat, voire quasiment impossible, de proposer une datation par la simple observation de l’architecture de ce type d’embarcation. Elles furent utilisées et façonnées jusqu’à la première moitié du xix^e s.

Angoumé, découverte d’un chaland monoxyle, extraction du chaland.

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Cl. Gilles Kerlorc'h