Martres-Tolosane (Haute-Garonne). Les aménagements fluviaux dans la commune de Martres-Tolosane
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Année de l'opération :
2019Numéro d’opération :
1411207Sujets :
navigation fluviale, flottage, bac, aménagement de berge, digue, barrage, canal, pont, chaussée, port fluvial, villa, moulin à eau, meule, datation au radiocarboneLieux :
France métropolitaine, Occitanie (région administrative), Département de la Haute-Garonne, Martres-TolosaneChronologie :
époque médiévale, Haut Moyen Âge, Moyen Âge classique, Bas Moyen Âge, époque moderne, époque contemporaineNature de l'opération :
prospection subaquatiqueNotes de la rédaction
Organisme porteur de la fouille : Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Texte intégral
1Depuis 2017, dans le cadre d’une thèse en archéologie des périodes médiévale et moderne à l’université Paris 1, portant sur le flottage – à bûches perdues et en radeaux – et sur ses aménagements fluviaux et terrestres entre Fos et Cazères (Haute-Garonne), plusieurs prospections thématiques se sont déroulées en amont de Toulouse allant d’une perception globale du territoire à des études de cas précises. Ces opérations avaient pour objectif d’identifier et de caractériser les aménagements liés au flottage et à la navigation – zones portuaires, épis, passelits – et d’en étudier les paysages fluviaux et nautiques spécifiques au flottage.
2En 2019, la prospection a été resserrée dans son étendue géographique et concentrée sur le territoire compris entre le barrage de Saint-Vidian de Martres-Tolosane et le pont de Mauran. Ce secteur comprend la villa gallo-romaine de Chiragan et le moulin de Martres-Tolosane adjacent. L’objectif principal était d’étudier de manière diachronique les relations entre le fleuve et l’occupation anthropique. Cette opération a mobilisé des archéologues plongeurs – scaphandriers professionnels –, des archéologues terrestres et des membres de l’association ArchéoGaronne.
3L’étude documentaire ainsi que les données de terrain, ont mis en évidence une occupation et un aménagement du fleuve important dans ce secteur, avec une succession de chaussées transversales et de digues longitudinales, ainsi que les canaux associés, liés au moulin de Martres-Tolosane en rive gauche et au moulin de Mauran en rive droite. Une meule a été mise au jour en aval du moulin actuel de Martres-Tolosane, datée par typochronologie des xe-xiiie s., et qui a dû appartenir à un moulin antérieur au bâtiment actuel. Les points de franchissement de type « bac » se sont également succédé dans ce secteur avant la construction du pont actuel, de manière contemporaine ou non, en alternant, suivant la mobilité du fleuve, le franchissement aux lieux-dits Esquerra, Esquéril et au Port, ce dernier étant situé en contrebas du pont actuel reliant les communes de Martres-Tolosane à Mauran.
4Cette opération a permis de se concentrer sur l’étude de cas de la chaussée transversale du moulin de Mauran, dont les vestiges ont été observés dès 2011 par ArchéoGaronne, afin de mieux caractériser cette architecture spécialement conçue pour résister à la force des eaux, notamment aux crues des cours torrentiels. Les 437 éléments visibles ont été relevés au GPS différentiel par Hugo Jantzi (post-doctorant, géomorphologue, UT2J, UMR 5602 Géode) et 30 prélèvements dendrochronologiques ont été réalisés par Vincent Labbas (dendrochronologue, UT2J, UMR 5608 Traces). La corrélation de ces données avec les datations C engagées par le service régional d’archéologie Occitanie a révélé une occupation du seuil de cette chaussée s’étendant sur plus de 600 ans, du xiiie au xixe s.
5À une échelle plus globale, cette étude a mis en relation les connaissances en biophysique à travers les disciplines de géomorphologie et de dendrochronologie, et celles des systèmes sociétaux par l’archéologie. Ainsi, nous pouvons observer que le changement d’hydrosystème à partir de la fin du xviiie s. et au début du xixe s. Il correspond à un changement climatologique dû à la sortie du Petit Âge glaciaire. La fréquence des crues destructrices augmente et fait réagir les riverains qui multiplient les protections de berges. En contrepartie, l’augmentation de la hauteur d’eau permet d’adapter la navigation à l’environnement en lui permettant de remonter encore un peu plus le fleuve. La perception du risque commence aussi à changer, les riverains se détournent progressivement du fleuve en se protégeant de lui. Aujourd’hui, contrairement aux autres fleuves majeurs de France, la Garonne est globalement délaissée. Les communes et les riverains ne possèdent plus de liens avec le fleuve qu’ils redoutent à chaque crue.
6Les méthodologies et problématiques de chaque discipline ont permis de réfléchir ensemble à des questions globales et transdisciplinaires qui trouvent aussi un écho au sein des politiques publiques des ministères de la Culture et de la Transitions écologique et solidaire. À ce jour, il est indispensable de reconsidérer les méthodes d’étude du patrimoine en milieu humide à travers des programmes interdisciplinaires pouvant ainsi prendre en compte les dimensions multiscalaire et multiproxy, essentielles pour comprendre dans sa globalité la co-évolution des systèmes sociétaux et des milieux biophysiques.
Table des illustrations
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Titre | Martres-Tolosane, les aménagements fluviaux dans la commune de Martres-Tolosane, vue depuis l’aval de la chaussée transversale du moulin de Mauran. |
Crédits | Cl. D. Taillefer |
URL | http://journals.openedition.org/archeomed/docannexe/image/33804/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 524k |
Pour citer cet article
Référence papier
Anh Linh François, « Martres-Tolosane (Haute-Garonne). Les aménagements fluviaux dans la commune de Martres-Tolosane », Archéologie médiévale, 50 | 2020, 367.
Référence électronique
Anh Linh François, « Martres-Tolosane (Haute-Garonne). Les aménagements fluviaux dans la commune de Martres-Tolosane » [notice archéologique], Archéologie médiévale [En ligne], 50 | 2020, mis en ligne le 15 février 2021, consulté le 23 mars 2025. URL : http://journals.openedition.org/archeomed/33804 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeomed.33804
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