Poitiers (Vienne). La chaussée du moulin Cornet
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Année de l'opération :
2019Numéro d’opération :
86207040Sujets :
site fluvial, aménagement de berge, barrage, bief, milieu urbain, prospection géophysique, datation au radiocarbone, dendrochronologie, moulin à eauNature de l'opération :
prospection subaquatiqueNotes de la rédaction
Organisme porteur de la fouille : Drac Nouvelle-Aquitaine
Texte intégral
1Les campagnes de prospections sur les rivières de Poitiers s’inscrivent dans un projet de thèse consacré à Poitiers et à son évolution par rapport à ses axes de communication, depuis les premières phases d’occupation à caractère urbain, remontant à La Tène finale, jusqu’à la fin du xviie s., qui scelle la fin de la navigation des rivières de Poitiers. L’archéologie fluviale occupe une place centrale dans la thèse, non seulement à travers les aménagements des rivières (barrages, biefs, berges, etc.), mais aussi ceux qui articulent les voies de communication avec les rivières (points de franchissement), les zones humides et les reliefs qui marquent les alentours de Poitiers. Cinq années de prospections ont été menées sur les rivières de Poitiers. Les diverses prospections réalisées (inventaire, thématique, sonar, subaquatique, géophysique) ont permis de mieux connaître les aménagements du Clain et de la Boivre sur le temps long. En 2019, des datations radiométriques complémentaires ont été réalisées sur le site de la chaussée du moulin Cornet à Poitiers permettant la mise en valeur de plusieurs phases de construction de la structure. Ces résultats, ainsi que l’étude documentaire complémentaire, laissent entrevoir un site meunier unique à Poitiers.
2La chaussée est située en face de l’église Sainte-Radegonde de Poitiers, elle a été découverte en 2015 par le biais d’une prospection inventaire. Elle a d’abord été identifiée comme un éventuel point de franchissement. Les recherches archéologiques supplémentaires, couplées aux recherches archivistiques, planimétriques et iconographiques ont révélé qu’il s’agissait de la chaussée d’un moulin médiéval. La conservation particulièrement bonne de la chaussée nous a poussés à mener de plus larges investigations sur ce site. Les prospections subaquatiques ont permis de découvrir 24 pieux implantés en amont de la structure. Les relevés topographiques montrent une structure irrégulière, de 50 m de longueur et entre 3 et 4 m de largeur. De plus, sept pieux ont été prélevés et datés. Les résultats des cinq datations – deux par dendrochronologie : 1043-1107 (A4) et 1139-1143 (A3), puis trois par radiométrie : 1117-1222 (A1), 1274-1320 (A8) et 1190-1279 (A10) –, s’accordent sur une date d’abattage des bois à partir du début du xiie s. pour les plus précoces et au début du xive s. pour les plus tardifs. Ils indiquent probablement plusieurs phases de mise en place des pieux, avec des réparations et reconstructions de la chaussée au cours de son utilisation.
3Les données textuelles ne mentionnent le site qu’à partir de la fin du xiiie s. Il est ruiné lors du conflit avec les Anglais en 1375 et ne serait plus en fonction à partir de 1383, lorsque la hauteur des écluses du pont Joubert est modifiée, provoquant l’arrêt des moulins situés en amont. Deux moulins sont mentionnés : le moulin de Cornet et le moulin du château, les deux seraient implantés sur cette chaussée. Les sources iconographiques et planimétriques ne mentionnent pas de chaussée de moulin à cet endroit, à l’exception d’un plan parcellaire de 1874 signalant une « ancienne chaussée » (AD 86, 3 W 227).
4Ces résultats montrent l’importance de l’étude archéologique des vestiges fluviaux qui ont permis de reconsidérer la date de mise en place de la chaussée et de faire avancer nos connaissances à la fois sur ce quartier de la ville de Poitiers et sur les techniques de construction des chaussées de moulin en milieu fluvial au Moyen Âge. L’emplacement du moulin n’a pas pu être identifié pour le moment, mais le site constitue la première chaussée de moulin médiéval retrouvée archéologiquement à Poitiers. Les moulins au Moyen Âge occupaient une place importante dans l’économie, mais les témoins archéologiques de ces aménagements sont rares. Ce vestige soulève encore de nombreuses interrogations qui nécessiteraient de nouvelles interventions (sondages, fouilles), même si les premiers résultats permettent déjà de mesurer l’importance de ce site archéologique.
Table des illustrations
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Titre | Poitiers, la chaussée du moulin Cornet, vestiges visibles de la chaussée depuis la berge : à gauche, vue de la chaussée depuis la rive gauche du Clain et à droite, vue d’une partie de l’alignement de blocs à l’aval de la chaussée. |
Crédits | Cl. C. Gorin |
URL | http://journals.openedition.org/archeomed/docannexe/image/33839/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 484k |
Pour citer cet article
Référence papier
Camille Gorin, « Poitiers (Vienne). La chaussée du moulin Cornet », Archéologie médiévale, 50 | 2020, 368.
Référence électronique
Camille Gorin, « Poitiers (Vienne). La chaussée du moulin Cornet » [notice archéologique], Archéologie médiévale [En ligne], 50 | 2020, mis en ligne le 15 février 2021, consulté le 25 avril 2025. URL : http://journals.openedition.org/archeomed/33839 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeomed.33839
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