Navigation – Plan du site

AccueilNuméros50Chronique des fouilles médiévales...V. – Installations artisanalesV. B1. – Carrières, mines et méta...Le Poinçonnet (Indre). Forêt de C...

Chronique des fouilles médiévales en France en 2019
V. – Installations artisanales
V. B1. – Carrières, mines et métallurgie : opérations de terrain

Le Poinçonnet (Indre). Forêt de Châteauroux – Ferrier F090

Responsable d’opération : Solène Lacroix
p. 356-357

Notes de la rédaction

Organisme porteur de la fouille : Citeres / Laboratoire Archéologie et Territoire

Texte intégral

1Cette opération a eu lieu dans la commune de Le Poinçonnet, au sein de la forêt domaniale de Châteauroux située à 6 km au sud de la ville. Elle concerne la fouille d’un ferrier mesurant 28 m de long et 24,9 m de large. Cette fouille archéologique s’inscrit dans le cadre d’une thèse concernant « La production du fer dans les forêts du Centre de la France, le cas des forêts de Châteauroux (Indre) et de Boulogne/Chambord (Loir-et-Cher) au Moyen Âge ». Des indices de production métallurgique ancienne ont été observés depuis quelques années dans la forêt de Châteauroux sous la forme de ferriers. Des prospections archéologiques ont été réalisées en 2018 et 2019 afin de vérifier, décrire et renseigner chacune de ces structures. Ces ferriers ont été classés en deux catégories, ceux de très grandes dimensions au sédiment rouge et noir (type 1) et ceux de petites dimensions dont le sédiment est uniquement noir (type 2). Le ferrier fouillé ici appartient à cette deuxième catégorie. Une hypothèse naît alors selon laquelle ces deux faciès correspondraient à des périodes de production différentes. La réalisation de quelques datations C sur deux structures de type 1 en 2018 montre qu’il s’agit de productions datées aux environs du iie s. de notre ère. Il était donc intéressant d’étudier les structures de type 2.

2Cette fouille archéologique répond à plusieurs problématiques soulevées au cours des prospections : de quand date l’artisanat implanté sur ce site ? Quelle méthode de production était employée par les artisans ? Avec quel type de structure ? Ou encore comment s’organisait l’espace de travail ?

3Une prospection géomagnétique a été menée sur toute la surface du ferrier afin de déterminer les zones qui avaient chauffé et ainsi l’emplacement de possibles structures de production (fourneau, aire de grillage, etc.). Une zone suffisamment large a été fouillée, afin d’observer l’organisation des différents espaces les uns par rapport aux autres et de recueillir les éléments datant (céramique, TCA, charbon de bois). Une estimation volumique des déchets métallurgique a également été réalisée afin d’appréhender l’ampleur de la production de ce site.

4C’est dans ce cadre que nous avons mis au jour un atelier de production du fer daté par 14C du xiiie -xive s. Ce dernier est composé d’une aire de grillage, de trois bas-fourneaux et d’une zone de rejet des déchets. L’aire de grillage, installée avec un certain soin, signale que le minerai était traité directement à côté des fours de réduction. En outre, l’étude du minerai mis au jour montre que ce dernier devait avoir une origine locale, probablement la formation géologique d’Ardentes, située entre la forêt de Châteauroux et la ville de Bommiers.

5La seule structure en élévation est trop abîmée pour renseigner précisément sur l’architecture des fours, cependant de nombreux indices permettent de les restituer. En effet, la présence de très nombreux fragments de paroi et de scories internes conduit à croire qu’il devait s’agir de fourneaux à scories piégées. Les parois semblent avoir été plus épaisses à la base (15-20 cm) et de plus en plus fines vers le haut de la cheminée (2-5 cm). Ces parois étaient réchappées régulièrement, il a été possible d’observer au moins trois épaisseurs de paroi sur certains vestiges. Deux fours sur les trois sont installés « tête-bêche » dans un creusement d’une quarantaine de centimètres de profondeur, ce qui laisse supposer une utilisation en alternance de ces structures. Cet espace se trouvait à moins de dix mètres au nord-ouest de l’aire de traitement du minerai et au sud de la zone de rejet des déchets métallurgiques. Enfin, très peu d’indices de forge (quelques battitures) et quelques rares objets finis cassés (outils, lames, etc.) ont été mis au jour.

6L’une des particularités de ce site est l’emploi de deux alignements de blocs d’une quinzaine de centimètres de hauteur et de largeur en silex rouges à jaunes et en grès pour délimiter l’espace de travail de l’espace de rejet. On a observé une symétrie dans l’organisation de cet atelier. En effet, les déchets de production ont été rejetés au nord et les sédiments charbonneux à l’est et à l’ouest de la zone de travail. L’atelier métallurgique était donc bien organisé et assez bien géré pour que les déchets et les sédiments mobilisés ne gênent pas la circulation. Cela témoigne d’un savoir-faire assez développé de la part des métallurgistes. Néanmoins, la restitution volumique des déchets de production tend à signaler que cet atelier n’avait pas une ampleur très importante. Il est donc probable que sa création ait eu pour but d’alimenter un marché plutôt local.

7Ce site apporte des informations inédites concernant la production du fer dans la région de Châteauroux au Moyen Âge, période pour laquelle cet artisanat est encore largement méconnu, notamment en région Centre-Val de Loire.

Haut de page

Pour citer cet article

Référence papier

Solène Lacroix, « Le Poinçonnet (Indre). Forêt de Châteauroux – Ferrier F090 »Archéologie médiévale, 50 | 2020, 356-357.

Référence électronique

Solène Lacroix, « Le Poinçonnet (Indre). Forêt de Châteauroux – Ferrier F090 » [notice archéologique], Archéologie médiévale [En ligne], 50 | 2020, mis en ligne le 15 février 2021, consulté le 18 mars 2025. URL : http://journals.openedition.org/archeomed/34056 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeomed.34056

Haut de page

Auteur

Solène Lacroix

Citères/LAT

Articles du même auteur

Haut de page

Responsable d’opération

Solène Lacroix

Citères/LAT

Opération(s) dirigée(s) par cet archéologue

Haut de page

Droits d’auteur

CC-BY-NC-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

Haut de page
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search