1Le carreau « Sainte-Barbe », situé dans la partie médiane du vallon Saint-Philippe, secteur minier de l’Altenberg (Pb-Cu-Ag), à Sainte-Marie-aux-Mines, est un site polyphasé présentant l’ensemble de la chaîne opératoire de production de l’argent sur des périodes allant du Moyen Âge central au xviii^e s. Une fonderie des xi^e-xii^e s. a été sondée en 2012, un atelier minéralurgique du xv^e s. a été fouillé de 2014 à 2016, et l'étude porte actuellement sur une forge minière du xvi^e s.

2L’atelier a pu entièrement être dégagé en 2018. Il présente une surface particulièrement importante, proche des 40 m², dans un bâtiment quadrangulaire de 8 m x 4,75 m (intérieur). Deux foyers bâtis situés dans les angles se font face suivant une diagonale nord-sud. Ces structures mises au jour en 2018 ont été fouillées lors de la campagne 2019, tout comme le sol d’atelier.

3Le foyer le plus important, situé dans l’angle sud, offre une surface interne de 2,10 x 1,30 m. Son fonctionnement est bien perçu, avec l’emplacement d’un soufflet donnant sur son petit côté, une baie permettant de positionner la tuyère, et un ensemble de structures en creux définissant les gestes du forgeron placé sur le grand côté. En position centrale se trouve une fosse correspondant à l’enclume principale, alors qu’une autre, plus petite, était positionnée dans l’angle du foyer et du mur de façade. Un bac de trempe se situe dans le prolongement, connecté à un caniveau d’évacuation partant vers le nord. La fouille du foyer révèle clairement son organisation interne, avec une séparation nette des zones de travail (sole, arrivée d’air, stock de charbon). Le mobilier est par contre très peu présent, tout comme dans le second foyer. Ce dernier, bien plus arasé que le précédent, a montré un soubassement de sole constitué de scories de réduction en réemploi. Ses abords sont également moins bien conservés. Le sol de l’atelier, en cours de fouille, présente une puissance stratigraphie d’une quinzaine de centimètres. Deux zones fonctionnelles ont été clairement identifiées : l’une de stockage de charbon, proche de l’entrée, et l’autre dédiée au rejet des culots de forge, probablement des deux foyers.

4Les fonctions précises des deux structures ne sont pour le moment pas connues. L’ensemble du mobilier paléo-métallurgique a été prélevé et fait l’objet d’une étude macroscopique et microscopique (R. Jeannot). Des prélèvements de sols en blocs ont également été réalisés aux fins d’observations micromorphologiques (A. Gebhardt). Au rang des découvertes de mobilier, on note un lot important de fils en alliage cuivreux correspondant à des mailles de tamis (possiblement utilisé pour le charbon).

5Les archives tout comme le terrain font de la mine « Sainte-Barbe » une des plus importantes exploitations de l’Altenberg au xvi^e s. Les dimensions de la forge sont en conséquence. L’activité importante de l’atelier s’explique facilement par les besoins en pointerolles, marteaux et autres ferrures nécessaires au travail souterrain. Il n’est pas exclu que l’atelier ait travaillé pour d’autres porches situés à proximité.

Vue générale de la forge minière du carreau Sainte-Barbe depuis le nord-ouest.

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Cl. J. Gauthier